10 mars 2009

Le Vatican et le lave-linge

Dans un article paru dans l'Osservatore Romano, le journal officiel du Vatican, une journaliste (il fallait bien que cela soit une femme) écrit à l'occasion de la journée 8 mars que la femme n'a pas été libérée par la pilule ou l'avortement mais par l'invention du lave-linge. Si je pense à ma mère, cette journaliste n'a pas complètement tort dans la mesure où, pendant longtemps, les femmes furent aussi des lavandières compte tenu du nombre d'enfants par famille. Dire que la machine à laver le linge a libéré la femme plus que la pilule c'est comme dire qu'un lapin est à la fois rapide et comestible. On n'est pas dans le même ordre d'idée.
Je préfère que la journée de la femme soit célébrée par Gisèle Halimi, par exemple, ancienne présidente de l'association « Choisir » dont l'action en faveur de la liberté et de l'émancipation des femmes est historiquement forte. Ce qui ajoute à la valeur de son engagement c'est que le combat de Gisèle Halimi a largement dépassé les frontières de tel ou tel sexe. Elle s'est située dans une dimension humaine mêlant les relations des hommes et des femmes, des femmes et du travail, des femmes et de l'égalité ou de la parité en politique…
La machine à laver le linge a permis aux femmes de gagner du temps pour elles-mêmes ce qui demeure très théorique, encore aujourd'hui, dans la mesure où elles restent, majoritairement, celles qui s'occupent des enfants, de l'aide aux devoirs, qui cuisinent…il arrive que certains hommes partagent ces différentes activités mais les statistiques sont intraitables : les hommes préfèrent rendre leur tablier plutôt que de le porter.
Revenons au lave-linge. Ou au Lave-vaisselle. Au mixeur. Au batteur. A tous ces outils ménagers qui évitent de la peine, épargnent de l'énergie et laissent du temps disponible au cerveau pour penser. Le Vatican n'a pas inventé la poudre en découvrant les avantages de la modernité. On aimerait que le pape Benoit XVI soit aussi moderne quand il réintègre dans l'Eglise des évêques intégristes voire négationnistes. Ou quand le Vatican fait savoir que l'avortement est plus grave que le viol après qu'il a excommunié une maman brésilienne et sa fille violée contrainte d'avorter alors que le violeur n'a subi aucune sanction ecclésiale ! Ou encore quand le Vatican n'autorise pas l'emploi du préservatif alors que l'épidémie de SIDA continue de frapper dans bien des pays pauvres et riches. Et finalement, comme Pilate, s'en lave les mains.…
Alors oui, vive le lave-linge vaticanesque pour laver les péchés de certains curés pédophiles américains ou français ! Vive le lave-linge qui a sorti la femme de sa condition mécanique ! Et vive la laïcité à la française qui permet à ceux qui croient et ceux qui ne croient pas au ciel de bien vivre ensemble…

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Dimanche 8 mars, journée internationale des femmes, j'ai eu la chance de pouvoir entendre (et voir) Gisèle Halimi à Paris, au Zénith, où elle a fait une intervention remarquée, en ouverture du meeting de lancement du "Front de gauche".
Depuis 2005, Choisir* a mené une réflexion sur les droits des femmes en Europe. Cette étude a donné lieu à un ouvrage :
"La clause de l'européenne la plus favorisée".**
Il s'agit de prendre, dans les droits des différents États membres, les dispositions les plus favorables aux femmes, pour en faire le socle de la législation européenne, une sorte de bouquet législatif, constitué de 14 lois choisies parmi les meilleures en Europe, qui constitue en soi un projet législatif pouvant être appliqué au plan européen.
Quelle belle idée ! Quel beau projet ! L'harmonisation européenne par le haut !

Ghislaine

*L'association "Choisir la cause des femmes" a été fondée en 1971 par Simone de Beauvoir et Gisèle Halimi.
**"La clause de l'européenne la plus favorisée" Éditions des femmes - mai 2008.

Anonyme a dit…

Le Vatican lave plus blanc. En ayant participé au recyclage des anciens nazis après la Deuxième Guerre mondiale ; en ayant blanchi l'argent de la mafia si chèrement acquis par l'entremise du banco Ambrosiano ; et en ayant ostracisé Dom Helder Camara, archevêque de Recife qui avait eu le grnd tort de vouloir défendre les droits des pauvres : un comble ! Des spécialistes on vous dit !
Reynald Harlaut