6 avril 2013

« Marine Le Pen, enfant du carbone », un article de Jean-Marc Jancovici


« Quel rapport entre la première place dans les sondages de Marine Le Pen et le carbone ? Posée comme cela, la question rappelle fortement les blagues absurdes de notre adolescence. Et pourtant, non seulement la réponse existe, mais elle permet d’affirmer que, tant que nous ne nous mettrons pas la décarbonisation de l’économie au sommet de nos actions, ce qui nous attend au bout du chemin est hélas uniquement le chaos et le totalitarisme. En 2004 déjà, Marcel Boiteux, peu suspect d’être partisan de l’abandon de la démocratie, proposait ce genre de conclusion. Le grand homme avait-il abusé des mêmes substances que votre serviteur ?
Commençons par le commencement : l’économie n’est qu’une machine à transformer des ressources. De l’ordinateur sur lequel je tape ce manuscrit au papier sur lequel vous lirez ces lignes, tout ce qui a permis d’aller de l’un à l’autre (réseau télécom, photograveurs, rotatives, usines de papier, usines de camions, puits de pétrole et raffineries, centrales électriques, magasins de journaux, et j’en passe) sont constitués de ressources naturelles transformées par l’homme. Or, par définition même en physique, l’énergie est la grandeur qui quantifie le degré de changement d’un système. Il n’y a donc pas de transformation sans énergie, et donc pas d’économie sans énergie, fût-ce celle de nos muscles.
Cette dépendance est devenue massive dans le monde moderne, car depuis un siècle pétrole, gaz, charbon et uranium ont permis de multiplier par plusieurs centaines la seule force de nos bras et de nos jambes, et par ce même multiple les flux de matière qui alimentent notre système productif. Sans énergie, plus de transports, de tracteurs et d’engrais, d’hôpitaux, d’usines, de chaîne du froid, d’ordinateurs (et donc plus de banques ni de téléphone), de pompes (donc d’eau potable), etc. ; sans exagérer, on peut dire que si demain matin la France devait être privée d’énergie le PIB serait divisé par n’importe quoi entre 2 et 20, et évidemment notre pays sombrerait dans le chaos… et la dictature. 
Or la France importe 99% de son pétrole, 97% de son gaz, 100% de son charbon, et 100% de son uranium, même si ce dernier se stocke facilement. Et la quantité de pétrole et de gaz à la disposition des européens (65% du total à eux deux) a déjà commencé à baisser sous l’effet de la contrainte globale de stock. Rappelons que l’extraction d’un stock donné une fois pour toutes - ce qui est le cas pour le pétrole, le gaz, et le charbon, qui ont mis des centaines de millions d’années à se former - ne peut rien faire d’autre, au cours du temps, que de passer un jour par un maximum pour décliner inexorablement ensuite.
Le maximum mondial, nous y sommes pour le pétrole, et nous y serons bientôt pour le gaz, même avec les gaz de schiste qui déchaînent tant les esprits aujourd’hui. Comme les européens sont en compétition croissante avec les pays producteurs (qui ont de plus en plus de voitures), et les « émergents » (qui ont déjà pas mal émergé !), dès lors que la production mondiale de pétrole n’augmente plus, la quantité que nous pouvons importer décroît. La production de la Mer du Nord, pour sa part, baisse depuis 2000. Résultat : -10% de pétrole disponible en Europe entre 2004 et 2009, et la tendance n’a aucune raison de s’inverser.Pour le gaz, c’est pareil : la Mer du Nord a passé son pic de production il y a quelques années, et les importations ne compensent pas le déclin (et ne le feront pas à l’avenir) ; de 2005 à 2009, le Vieux Continent a eu 7% de gaz en moins. Enfin l’Europe importe déjà 40% de sa consommation de charbon, et comme c’est un matériau qui voyage mal et ne peut remplacer le pétrole dans les transports, la substitution ne se décrète pas si facilement.
Nous allons donc avoir moins de combustibles fossiles. Comme ces derniers fournissent 80% de l’énergie mondiale (et 83% en Europe), et que, pour des raisons physiques, nucléaire et renouvelables auront du mal à compenser en totalité, nous allons probablement avoir moins d’énergie tout court, donc moins de transformation, donc moins de valorisation monétaire de cette transformation, donc… moins de PIB. Quelques petits artifices financiers permettent de temporairement cacher la misère, en mélangeant bulles spéculatives (y compris sur l’immobilier) ou production de crédits (avec de l’endettement à la clé), mais la réalité physique nous rattrape désormais tous les 5 à 10 ans, sous forme d’une crise plus ou moins grave, qui se manifeste par choc pétrolier puis une récession. La seule question pour la prochaine est juste de savoir si elle sera en 2012 ou 2013 !
Tant que nous conserverons cette dépendance mortelle aux combustibles fossiles, nous connaîtrons périodiquement des récessions, et Marine Le Pen montera dans les sondages, même si elle n’a pas l’ombre d’un plan pour faire face au problème. Éviter l’extrémisme porte donc un nom : c’est la décarbonisation de l’économie. Que tous les adversaires politiques de Marine Le Pen y travaillent un peu plus sérieusement qu’aujourd’hui ! »
Jean-Marc Jancovici (article publié dans Les Echos et reproduit sur ce blog avec l'autorisation de l'auteur)
Site de l'auteur : www.manicore.com - contacter l'auteur : jean-marc@manicore.com





5 avril 2013

Des indices graves OU concordants pas graves ET concordants

En matière de justice, il convient d'être précis et de ne pas s'en tenir aux informations radiodiffusées ou rendues publiques par certains journaux. Un ami me confiait ce matin avoir entendu sur une radio que Nicolas Sarkozy allait bénéficier d'un non-lieu dans le cadre de l'affaire Bettencourt. Voilà ce qui se répète et n'est pas du tout conforme à la réalité. Le Figaro et Le Parisien libéré ont indiqué ce matin que le procureur de la République de Bordeaux avait l'intention de solliciter des juges d'instruction ayant mis l'ancien président en examen un non lieu (autrement dit un retrait total du dossier) eu égard à des confrontations n'ayant rien apporté de nouveau.
Le Parquet de Bordeaux s'est trouvé dans l'obligation de publier un communiqué affirmant que la position du procureur de la République était encore à l'étude et que, par conséquent, les journaux avaient raconté des bobards. Que ce bobard émane du Figaro n'est pas étonnant, c'est plus surprenant de la part du Parisien Libéré en général assez bien informé.
Attendons donc la position définitive du procureur laquelle, je le rappelle, ne sera émise que pour avis, un avis que pourront suivre ou non les juges d'instruction. Si le parquet n'est pas satisfait de leur décision, un appel pourrait avoir lieu devant la chambre prévue à cet effet. Mais nous n'en sommes pas encore là.

Je profite de l'occasion qui m'est donnée pour préciser un autre point de droit. « Conformément à l'Article 80-1 Modifié par Loi n°2000-516 du 15 juin 2000 - art. 19 JORF 16 juin 2000 en vigueur le 1er janvier 2001 . A peine de nullité, le juge d'instruction ne peut mettre en examen que les personnes à l'encontre desquelles il existe des indices graves ou concordants rendant vraisemblable qu'elles aient pu participer, comme auteur ou comme complice, à la commission des infractions dont il est saisi.

Il ne peut procéder à cette mise en examen qu'après avoir préalablement entendu les observations de la personne ou l'avoir mise en mesure de le faire, en étant assistée par son avocat, soit dans les conditions prévues par l'article 116 relatif à l'interrogatoire de première comparution, soit en tant que témoin assisté conformément aux dispositions des articles 113-1 à 113-8. Le juge d'instruction ne peut procéder à la mise en examen de la personne que s'il estime ne pas pouvoir recourir à la procédure de témoin assisté. »
Si je rapporte cet article du code de procédure pénale c'est parce que la majorité des journaux écrits, radiodiffusés ou télévisés évoquent « des indices graves ET concordants » alors que l'article rapporté ci-dessus indique des « indices graves OU concordants. » Autrement dit, dans l'affaire qui nous préoccupe, les juges ont estimé que Nicolas Sarkozy pouvait se voir opposer des indices graves sans être éventuellement concordants ou des indices concordants sans être assurément graves. La nuance est d'importance car elle élargit considérablement le champ des possibilités des magistrats instructeurs. Il n'est guère que les papiers du site Médiapart et certains articles du journal Le Monde (pas tous) pour rapporter fidèlement l'article du code de procédure pénale.

L'affaire Cahuzac ne doit pas conduire les militants socialistes à quitter le navire. Pourquoi il faut croire en la politique.

Retrouver l'esprit de la campagne présidentielle et ne pas baisser les bras. (photo JCH)
La lettre adressée par Harlem Désir aux militants socialistes m’inspire plusieurs commentaires. A l’heure où nombre de camarades déchirent leur carte ou s’indignent fort légitimement qu’un parti de gauche recèle tricheurs ou malfaiteurs, elle m’invite à rappeler comment et pourquoi j’ai adhéré au PS en 2006.
Je n’étais pas un homme de parti. Jusqu’à cette époque, le seul parti qui me convenait était celui du camp de la gauche représenté par différents mouvements et courants. Et depuis 1965. Co-fondateur du Comité d’action de gauche de Louviers aux côtés d’Ernest Martin, Serge Bove, et quelques autres amis, je ne connaissais que trop les défenseurs des chapelles sans âme plus acharnés à défendre le contenant que le contenu. Pendant des décennies, mon slogan a été : « Votez à gauche pour des candidats de gauche » ! Ceux que Pierre Mendès France appelait les candidats de progrès pour les opposer aux conservateurs.
La politique initiée par le Docteur Martin — rédacteur d’une charte toujours valable aujourd’hui — politique humaniste, redistributive, juste et avant-gardiste, prouvait qu’on pouvait mettre ses paroles en actes. Le minimum qu’on puisse demander à un homme de gauche cohérent. Son fils, Franck, a été élu sur cette plateforme programmatique et a prospéré sur le terreau du CAG mais au fil des ans, il en a oublié l’essentiel. Lors de sa seconde élection cantonale puis lors de l’élection municipale de 2001, il s’est engagé et ses amis avec, au Parti radical de gauche. Un acte en contradiction avec les fondements du CAG. Mais c’était pour lui le moyen d’éviter le trop plein au PS et la certitude de pouvoir peser lors de négociations locales et départementales. Un moyen d’exister, quoi. Le PRG ne correspond ni à mes options ni à mes envies. Le radicalisme Baylet n’a que peu à voir avec les radicaux d’hier. Il ne m’est donc pas venu à l’idée de rejoindre ce parti présidé par un homme de petite dimension.
Ayant soutenu dès 1978 François Loncle et plusieurs autres candidats socialistes à Louviers et autour de Louviers, ayant à mon tour compris que l’esprit du CAG n’était plus, localement, qu’un souvenir mais souhaitant m’investir dans un combat collectif global , j’ai choisi le Parti socialiste tout en en connaissant ses limites et ses imperfections. Le socialisme authentique répond cependant aux aspirations de nombreux Français. C’est pourquoi j’ai accepté d’être candidat aux élections cantonales et municipales sous cette étiquette PS signifiante aux yeux des électeurs de la gauche de gouvernement en opposition à la gauche protestataire réfugiée…dans la seule contestation.
J’ai participé activement depuis (comme avant d’ailleurs) à toutes les campagnes électorales. J’ai collé des affiches, distribué des tracts, écrit des textes, milité pour que les socialistes deviennent ce qu’ils sont : majoritaires au Parlement et responsables au gouvernement. Lors de la campagne des primaires internes, j’avais choisi la candidature de Martine Aubry. La maire de Lille a fait preuve, tout au long de sa vie politique, de rigueur, de cohérence, d’engagement et de volonté. Elle aurait fait, j’en suis certain, une très bonne présidente et en aurait remontré à Angela Merkel car il n’y a pas plus européenne que Martine Aubry. La majorité des électeurs-citoyens ayant choisi François Hollande, j’ai soutenu loyalement sa campagne et ai été heureux de sa victoire.
A l’heure où tous les clignoteurs sont au rouge, il faut raison garder. L’affaire Cahuzac et les placements aux îles Caïman d’un ami de François Hollande démontrent une fois de plus que se charger du combat contre ses ennemis n’exonère pas de faire preuve de prudence à l’égard de ses amis. Je sais depuis belle lurette la fascination de certains pour le pouvoir et l'argent. Les attaques des dirigeants de l’UMP ? Elles n’ont pas cessé depuis le mois de mai. Copé, Fillon, Sarkozy, ne se sont pas résignés à la défaite. Ils jouent la revanche tous les jours. Les agressions de Marine Le Pen ? Elles sont constantes contre « l’UMPS » et la présidente du FN attend son heure. Les reproches véhéments de Jean-Luc Mélenchon ? Il déteste la sociale-démocratie et fait de son combat contre François Hollande une affaire personnelle. Il abhorre tout ce qu’il a un jour adoré chez les socialistes dont il a été camarade pendant trente ans.
Faut-il quitter le navire quand il tangue, quand la tempête de déchaîne ? Certainement pas. Mais le président, le gouvernement, la majorité doivent se souvenir des larmes de Gérard Filoche, membre du conseil national du PS, sidéré par les aveux de Jérôme Cahuzac. Ils doivent donc en tirer toutes les conséquences : politiques, institutionnelles, éthiques. Les deux minutes de mise au point du président de la République ne suffisent pas. Il doit très rapidement envoyer des signes forts aux militants de gauche et à tous les Français. Il ne faut plus louvoyer. Alors que les policiers perquisitionnent le bureau et le domicile de Patrick Buisson (1) il faut placer l’UMP devant ses contradictions et renvoyer ses leaders à leurs turpitudes. Elles n’exonèreront pas certains socialistes de leurs erreurs et de leurs fautes. Elles ne conduiront sans doute pas à des attitudes plus modestes voire plus humbles car les dénégations de Cahuzac pendant quatre mois en disent long sur le sentiment d’impunité qui l’animait et sur la certitude qu’il avait de parvenir à se faire oublier. Nous ne sommes plus en 1960. En 2013, il existe des journalistes — des vrais — pour rappeler les règles élémentaires de l’engagement collectif : probité, désintéressement, responsabilité. On en voit tant accrochés au pouvoir, aux mandats, aux indemnités…
Remaniement, serrage de boulons, employons l’expression qu’on veut. François Hollande est le patron. A lui de démontrer qu’il tient les rênes et qu’il sait où il va. Il ne doit rien céder : ni sur le vote des étrangers, ni sur la PMA, ni sur la nécessité de la croissance, ni sur les 75 %. Il doit prendre très rapidement des initiatives s’il veut éviter ce que je crains : le coup dur avec violence, suivi d’un retour de la droite aux affaires dans tous les sens du terme.
(1) Patrick Buisson, éminence grise de Sarkozy, est le dirigeant d’une société de conseils et de sondages qui a passé des marchés sans appel d’offres avec l’Elysée. Son domicile et ses bureaux ont été perquisitionnés, hier, dans le cadre d’une information judiciaire pour détournement de fonds publics, notamment.

4 avril 2013

Harlem Désir écrit aux militants socialistes : Stupeur et colère !


« Cher camarade,
Je t’écris aujourd’hui pour te dire à quel point je comprends la stupeur et la colère qui doivent être les tiennes après les aveux de Jérôme Cahuzac. Je les comprends d’autant mieux que je ressens la même stupeur et la même colère. Par ses actes d’une extrême gravité, la détention d’un compte dissimulé à l’étranger pour frauder le fisc, et ses mensonges inacceptables, il a trahi la confiance du président de la République, du Premier ministre, du Gouvernement auquel il appartenait, de la représentation nationale, des citoyens, mais aussi des militants socialistes.
Ces actes sont incompatibles avec les exigences de la vie politique et des mandats publics qui lui avaient été confiés. Ils constituent une blessure pour tous les socialistes. Être socialiste, c’est avant tout avoir des devoirs envers la République et envers les Français. Par ses agissements, Jérôme Cahuzac s’est exclu de fait de notre Parti.
Lors de son intervention télévisée de ce mercredi 3 avril, le président de la République a fait preuve d’une fermeté absolue. Le président de la République et le Premier ministre ont respecté scrupuleusement l’indépendance de la justice. Celle-ci n’a jamais été entravée dans son action. Ils ont fait preuve à cet égard d’un respect exemplaire du principe fondamental de séparation des pouvoirs. Enfin, ils ont pris, dès l’ouverture d’une information judiciaire, les décisions fermes et rapides qui s’imposaient, en mettant fin aux fonctions de Jérôme Cahuzac. Respect absolu de l’indépendance de la justice et des principes démocratiques, réaction prompte et appropriée: l’UMP ne peut se prévaloir d’une telle attitude, pas davantage hier au pouvoir qu’aujourd’hui dans l’opposition.
François Hollande a annoncé trois décisions majeures pour une République exemplaire, digne de la confiance des Français: renforcer l’indépendance de la justice avec la réforme du Conseil Supérieur de la Magistrature, lutter contre les conflits d’intérêt avec la publication obligatoire et le contrôle du patrimoine des parlementaires et des ministres, et interdire tout mandat public aux élus condamnés pour délit de corruption ou de fraude fiscale.
La droite et l’extrême-droite essaient de tirer profit aujourd’hui de cette situation pour se livrer à une surenchère politicienne dangereuse : elles instrumentalisent une affaire individuelle à des fins de déstabilisation du Président et du Gouvernement. Nous ne devons pas l’accepter. Il est particulièrement inacceptable de voir l’UMP et le Front national se réunir derrière le même langage et la même exploitation indigne de cette affaire, exploitation délétère qui alimente l’anti-républicanisme. La situation exige au contraire des dirigeants politiques qu’ils fassent preuve d’un grand esprit de responsabilité et d’éthique républicaine. Je te demande d’apporter ton soutien le plus complet à l’action déterminée du président de la République au service de notre pays. La meilleure réponse face à l’adversité et à la crise, c’est l’unité la plus grande des socialistes dans le soutien aux réformes économiques et sociales mises en œuvre pour la croissance, l’emploi, la justice sociale, pour redresser et transformer notre pays dans la durée.
Face à l'adversité, j’appelle à faire preuve de courage et d'engagement, avec pour seule boussole nos valeurs. Tu peux compter sur ma détermination totale: plus que jamais, nous devons mobiliser notre Parti pour la réussite de notre pays et pour la modernisation de nos institutions. Ensemble nous continuerons de mettre notre énergie au service de la gauche qui agit pour la France et les Français. »

Amitiés socialistes,
Harlem Désir, Premier secrétaire

Et si Hollande changeait de premier ministre ?

Depuis la création du site et encore plus depuis les révélations de Médiapart concernant l’affaire Jérôme Cahuzac, je défends bec et ongles Edwy Plenel et son équipe de journalistes d’investigation. Avec la publication de la bande enregistrée sur laquelle on entend distinctement la voix de Jérôme Cahuzac, je n’avais plus de doute sérieux sur l’existence du compte en Suisse de l’ex-ministre du budget. Cahuzac a avoué, il est donc coupable, il sera donc puni.
Je n’en suis que plus à l’aise pour m’amuser des cris d’orfraie de l’UMP, de Copé et de Jacob. Copé, dont le rôle dans la manipulation des résultats du scrutin au sein de l’UMP est mis au jour. Copé a triché, c’est de notoriété publique et c’est lui le donneur de leçons de morale. Quant à Jacob, président du groupe UMP à l’Assemblée nationale, il va avoir fort à faire pour défendre Sarkozy et Woerth tous deux mis en examen dans l’affaire Bettencourt. Ils devront d'ailleurs rendre des comptes sur d’autres affaires tout aussi importantes pour les Français. En un mot, la droite devrait être plus silencieuse.
J’y reviendrai au fur et à mesure de l’évolution des découvertes, perquisitions, témoignages dont rendra compte Médiapart, n’en doutons pas un seul instant. En fait, s’il y a bien un point commun entre Cahuzac et Sarkozy, c’est l’amour de l’argent. Cet argent qui pourrit tout, salit tout et dont François Hollande se méfiait déjà en 2007 mais qu’il semble avoir du bien du mal à affronter en 2013. Même au sein de son gouvernement !
Le bouquet est dû à Marine Le Pen. La fille à papa demande (sans y croire évidemment) la dissolution de l’Assemblée nationale et par la même occasion la dissolution de sa nièce et de l’avocat Gilbert Collard. C’est risible. Pour une raison simple que nous apprend « Le Monde » de ce jour : Cahuzac a  été proche d’une bande de Gudards (du nom du GUD) ce mouvement d’extrême-droite toujours à l’ouvrage aujourd’hui notamment lors des récents incidents de la manif pour tous. Cahuzac y a connu un conseiller aujourd'hui proche de Marine Le Pen. Il l’a si bien connu que c’est cet homme-là qui l’a aidé à ouvrir le compte chez UBS en 1992. Autrement dit, Marine Le Pen aurait dû la boucler et se montrer plus circonspecte. Alors Marine, toujours favorable à la dissolution ?
De ce grave accident démocratique, je tire quelques conclusions : Médiapart doit continuer de nous alimenter et François Hollande doit agir plus que parler. Toutes les mesures qu’il propose pour améliorer le fonctionnement de la démocratie sont bonnes à prendre mais les trois propositions avancées hier seront-elles suffisantes ? J’en doute. Sans céder un seul pouce du terrain de l’honnêteté à la droite (on l’attend au virage sur cinq ou six affaires) François Hollande doit accomplir un geste spectaculaire, créer un vrai choc dans l’opinion. Et, pourquoi pas, changer le Premier ministre et les quelques ministres dont la faible épaisseur saute aux yeux. Au moins, eux, ils sont vertueux.

3 avril 2013

« Rétablir la confiance… »

« Quand on demandait début 2012 à François Hollande, candidat à la présidence de la République, quelle serait la première mesure qu’il prendrait s’il était élu, sa réponse était invariablement : « Rétablir la confiance ».
Réponse quelque peu surréaliste, tant il semblait que les Françaises et les Français attendaient l’annonce d’une mesure concrète marquant le changement tant attendu dont François Hollande se prévalait après cinq années de sarkozysme.
Après l’immense gâchis que représentent les aveux de Jérôme Cahuzac, ex-ministre du budget, sur son compte en Suisse et dans les paradis fiscaux, la tâche paraît désormais insurmontable.
Il apparaît, semble t-il, que Bercy connaissait l’existence du compte en Suisse de Jérôme Cahuzac depuis 2008. Et que l’ancien président de la République, avait donné ordre par l’intermédiaire du Garde des Sceaux et du Procureur général de la République de suspendre toute enquête concernant l’UBS, l’Union des banques suisses, sur les agissements illégaux de cette banque sur le territoire français. C’est ce qu’affirme le journaliste Antoine Peillon, spécialiste de la question de l’évasion fiscale.
La connaissance de ces informations éclaire d’un jour nouveau la première mesure que prit le ministre Cahuzac quelques jours après sa nomination comme ministre du budget. Celle de nommer deux « experts » qui en quelques jours blanchirent Éric Woerth, l’ancien ministre du Budget de Nicolas Sarkozy, de l’accusation qui lui était faite d’avoir volontairement largement sous estimé l’évaluation de ses services dans l’affaire de la vente par l’État des terrains bordant l’hippodrome de Compiègne. Mesure et conclusions incompréhensibles dans le contexte de l’époque.
S’agissait-il d’un renvoi d’ascenseur de la part de Jérôme Cahuzac à l’égard d’Éric Woerth ? C’est la question qui vient immédiatement à l’esprit et qu’on se pose naturellement.
Le président de la République n’a apporté dans sa courte allocution, aucune réponse qui soit à la hauteur du scandale que déclenche cette affaire. Il n’avait pourtant qu’une annonce à faire : celle qu’il donnait ordre au Garde des sceaux, et sous les ordres de celui-ci, au Procureur général de la République, afin que la justice puisse en toute indépendance reprendre son travail dans l’enquête qu’elle avait engagé contre l’UBS. Ce travail permettait de mettre au jour l’ensemble des réseaux d’évasion fiscale entre la France et la Suisse, la liste des Françaises et des Français possédant ces fameux comptes ainsi que les montants déposés. Et d’engager les poursuites qui s’imposent à leur encontre. Antoine Peillon parle de 600 milliards d’euros déposés sur ces comptes et au minimum de 40 milliards d’euros de manque à gagner annuel pour le fisc français. Au lieu de proposer de diminuer les retraites, les prestations sociales, d’assécher les budgets de la Recherche, de l’Éducation, de la Santé et de réduire drastiquement les dotations aux collectivités territoriales. Au lieu d’infliger au pays la cure de rigueur réclamée par l’Union européenne, ou de nous répéter comme François Fillon que l’État est en faillite, que c’est normal de travailler plus longtemps puisque nous vivons plus longtemps et que nous vivons toutes et tous au-dessus de nos moyens.
Au passage verrait-on également les mouvements de fonds inverses venant sous la forme d’enveloppes alimenter en argent liquide les campagnes de certains partis politiques et découvrirait-on les noms de ces généreux donateurs, parmi ceux du premier cercle, par exemple, mais pas seulement ? »

Reynald Harlaut

Jérôme Cahuzac, la honte de la République !

Jérôme Cahuzac a avoué. Il avait bien un compte en Suisse et cela depuis une vingtaine d’années. Médiapart a dit vrai et je suis fier d’avoir été de ceux qui, dès le 5 décembre 2012, ont pris au sérieux les révélations du site dirigé par Edwy Plenel. Face aux agressions des politiques et à l’absence de solidarité des principaux médias de ce pays, Médiapart a tenu son cap, le cap de l’intransigeance avec les faits. Je suis heureux du dénouement, il conforte le sérieux et la crédibilité d’un média devenu adulte et indispensable dans le paysage médiatique français. Qu’il s’agisse de l’affaire Karachi, de l’affaire Bettencourt, de l’affaire Takiedine-Kaddafhi, de l’affaire Tapie-Lagarde, ou de l’affaire Cahuzac, le site Médiapart et ses journalistes ont été à l’origine de révélations utiles pour la bonne santé de l’information, d’une part, et le bon fonctionnement de la démocratie d’autre part. Sans une presse libre, indépendante des puissances d’argent et des pouvoirs, il n’y a pas de vraie démocratie. Edwy Plenel, pourtant, n’avait rien d’un justicier ou d’un triomphateur, hier, sur les chaînes de télévision. Il était un journaliste à la tête d’une équipe sans laquelle rien n’eût été possible.
Je suis également très triste. Qu’un homme de l’intelligence de Jérôme Cahuzac, qu’un député apprécié pour sa compétence, son expérience, trouve le moyen de mentir effrontément au Président de la République, au Premier ministre et à tous les députés, voilà qui ne manque pas de m’interpeller. Cahuzac, la honte de la République ! Que s’est-il donc passé dans la tête de ce ministre du budget chargé de lutter contre la fraude fiscale et de trouver des recettes nécessaires à la réduction des déficits pour qu’il tienne des propos indignes d’un élu responsable ? Que s’est-il donc passé dans la tête de ce politicien expérimenté lorsqu’il a menti à la représentation nationale ? Est-il l’arbre qui cache la forêt ? Défend-il d’autres intérêts que les siens propres ? L’enquête conduite par les deux juges d’instruction en charge de l’affaire devrait faire toute la lumière sur les coins d’ombre de ce mensonge aussi énorme qu’étonnant de la part d’un homme de gauche dont les valeurs devraient être l’honnêteté (intellectuelle aussi) la probité, la recherche de la vérité et de la justice. Après l’affaire DSK et avant l’affaire Guérini, le Parti socialiste n’avait nul besoin de ce coup de tonnerre. Cahuzac, connaissant la vérité, n’aurait pas dû penser qu’à lui-même. Membre d’un gouvernement, il a bafoué ce qu’il y a de plus précieux en politique, la confiance en la parole donnée.
La droite va tomber à bras raccourcis sur Cahuzac, le gouvernement et le président. Même si celui-ci a promptement réagi en évoquant une « impardonnable faute morale » il n’échappera pas aux interrogations sur ce qu’il savait ou pas et depuis quand. Personnellement, je pense que François Hollande a cru son ministre quand il lui jurait la main sur le cœur qu’il n’avait pas de compte en Suisse ou à l’étranger. Cela prouve, tout simplement, que le mensonge en politique est devenu une denrée courante et si Jérôme Cahuzac fait la Une des journaux aujourd’hui, ce n’est que justice de la part des médias, lesquels se sont montrés dédaigneux et hautains vis à vis de Médiapart. Le site vient de gagner ses lettres de noblesse, rien ne sera plus comme avant dans le monde de l’information en France.
Jérôme Cahuzac a été mis en examen pour blanchiment de fraude fiscale. Il sera donc traduit devant un tribunal correctionnel où il pourrait être condamné et, peut-être, déclaré inéligible pour quelques années. Peut-on dire pour autant que sa carrière politique est terminée ? On a vu tant d’aigrefins de droite et de gauche être blanchis par le suffrage universel…Ayrault invite Cahuzac à ne plus solliciter les suffrages des électeurs. Ces derniers seraient-ils assez fous pour confier du pouvoir à un homme si sûr de lui et de son impunité que ses actes risquent de faire sauter un gouvernement ?


2 avril 2013

Arnaud Montebourg avait mis en cause la téléréalité qui ne respecte pas la dignité humaine

Arnaud Montebourg. (photo JCH)
Deux victimes. L'émission de téléréalité Kho Lanta a fait deux victimes. L'une est un participant au jeu, décédé des suites de multiples crises cardiaques et l'autre le médecin urgentiste mis en cause, à tort ou à raison, lors de son intervention auprès du participant en souffrance. le médecin s'est suicidé, hier, en laissant une lettre expliquant son geste et en mettant en cause certains médias peu scrupuleux, selon lui, avec la vérité.
Mon propos n'est pas de m'attarder sur ce dramatique fait divers. Kho Lanta est une émission que je n'ai jamais regardée et je ne porterai donc aucun jugement sur ce jeu, très sportif, semble-t-il, et très individualiste puisqu'une seule personne gagne quand elles sont nombreuses à y participer. Je souhaite revenir sur les propos qu'avait tenus Arnaud Montebourg lors de la campagne des primaires organisées par le Parti socialiste.
L'actuel ministre du redressement productif, tout en respectant les rôles respectifs des producteurs et des animateurs avait eu l'occasion de dénoncer certaines émissions de téléréalité portant atteinte à la dignité des personnes. Tantôt, on leur faisait manger des vers de terre, tantôt on faisait preuve d'un sadisme honteux à leur égard, et Arnaud Montebourg — s'il avait été élu président de la République — aurait songé à proposer de revoir certaines règles. Il avait même précisé : « certaines émissions de téléréalité sont très bien. D'autres le sont beaucoup moins. Il faut savoir poser des limites. »
Les producteurs de Kho Lanta en accord avec la direction de TF1 ont décidé de supprimer les épisodes de l'année 2013 pour respecter la mémoire des deux morts. Ils devront tout de même faire face à l'enquête ouverte par le parquet pour « homicide involontaire » et expliquer pourquoi un jeune homme de 25 ans, en bonne forme physique, a perdu la vie là-bas, loin de chez lui et des siens. Les rushs tournés par les techniciens seront examinés à la loupe et permettront sans doute de comprendre ce qui s'est réellement passé dans le bassin du premier jeu du premier épisode de la dernière émission de l'année.

1 avril 2013

L'affaire Merah illustre les dysfonctionnements des services de renseignement et l'échec de la politique de la droite


Manuel Valls avec un militant à Rouen. (photo JCH)
La droite a décidé de lancer une campagne anti-Valls. Le ministre de l’Intérieur étant l’un des piliers du gouvernement, Copé considère que s’attaquer à cette fondation peut aboutir à l’écroulement de l’édifice exécutif devenu édifice exécuté. Des points de presse sont donc projetés avec le concours des snipers UMP genre Hortefeux ou Morano. Rien que leur souvenir me donne des boutons. Hortefeux ne vient-il pas de se distinguer en reprenant en boucle avec ses amis des mensonges aussi énormes que celui de leur échec dans le domaine de la sécurité. Un clip UMP affirme en effet que sous la droite 90 % du territoire avait vu la délinquance baisser de 2002 à 2012, ce que Libération conteste absolument, preuves et chiffres à l’appui. Elle a, au contraire, augmenté de 27 % !
Ces opérations d’intoxication n’ont qu’un but : ridiculiser le gouvernement. J’avoue qu’il est plus simple de s’opposer que de proposer. Mais tout de même. L’UMP sort de 10 ans de pouvoir et le bilan est encore frais dans nos mémoires. Prenons un exemple : l’affaire Merah du nom de ce fanatique islamiste auteur d’assassinats sur des soldats français et trois personnes (père et enfants) de religion juive. Des ratés, des couacs, des cafouillages, des défaillances illustrent les dysfonctionnements des services de renseignement alors que Claude Guéant évoquait un loup solitaire. Une expression imagée pas du tout conforme à la réalité.
C’est tellement vrai que mon ami, le député François Loncle, vient de rendre public un texte dans lequel il énumère toutes les failles et erreurs qui ont facilité le passage à l’acte de Mohamed Merah. D’octobre 2006 à la date des attentats, les services de renseignement ont suivi les voyages, les fréquentations de Merah sans prendre vraiment conscience de sa dangerosité alors que son fanatisme apparaît très clairement. En octobre 2012, un rapport de l’inspection générale de la police nationale est très sévère pour la DCRI que dirigeait M. Squarcini, un ami proche de Nicolas Sarkozy. Ce rapport met en avant « les défaillances objectives qui résultent d’une conjonction d’omissions et d’erreurs d’appréciation à des problèmes de pilotage et d’organisation des services et à des cloisonnements encore très présents entre renseignement intérieur, police judiciaire et sécurité publique. » Autrement dit, un rapport accablant pour les responsables de la sécurité. Il était possible d’empêcher Merah d’agir et donc d’éviter ces morts tragiques.
Hortefeux et ses amis devraient faire preuve de modestie. Si Manuel Valls m’irrite profondément quand il fait des déclarations sur les Roms ou les sans papiers, l’homme fait preuve de qualités solides et d’efficacité évidente. On aimerait seulement qu’il écoute mieux Christiane Taubira et s’inspire plus de son message et de la déclaration des droits de l'Homme.

31 mars 2013

« Nous ne pourrons pas dire que nous ne le savions pas »

De nombreux journalistes font état de la volonté permanente de la droite d’en découdre avec le gouvernement et François Hollande. Jamais, depuis longtemps, les ténors de l’UMP et même de l’UDI n’étaient allés aussi loin dans la violence des mots et dans l’incitation à la haine. La première raison est que jamais la droite ne reconnaît la légitimité de la gauche à gouverner. Il n’est de bon gouvernant de gauche que mort. Qu’il s’agisse de Jaurès, de Blum, de Mendès France…la droite ne les glorifie que lorsqu’ils sont disparus pour mieux enfoncer les gouvernants actuels de la gauche. 
Copé, Fillon, Sarkozy, Borloo…sont tous proches des milieux d’affaire. Ils défendent les classes sociales privilégiées et ne s’en cachent pas. Les lois Sarkozy sur la retraite, les heures supplémentaires, le paquet fiscal, les réductions de charges n’avaient d’autre objectif que de satisfaire une certaine catégorie sociale, celle des chefs d’entreprises et des libéraux…Ils n'acceptent pas une autre politique celle qui remet en cause avantages et privilèges.
Pour la droite, la gauche au pouvoir n’est toujours qu’une parenthèse, pire, une expérience voire un accident de l’histoire. Les hommes et les femmes de gauche au pouvoir peuvent être expérimentés, savants, issus des grandes écoles, hauts fonctionnaires ou cadres supérieurs dans le privé, ils demeurent frappés d’infamie parce que de gauche. Le procès en incompétence fait à Hollande depuis des années et plus encore depuis son élection, rend ses propositions suspectes d’amateurisme, d’hésitation, d’incohérence. Je ne dis pas que tout dans la politique de Hollande est bon, je note simplement le déchaînement contre « Hollandouille » ce « Hollande Bashing » devenu une spécialité des hebdomadaires dits d’informations. Quant aux réseaux sociaux, ils se dépassent les uns les autres dans la vulgarité et la bêtise.
Incontestablement, les manifestations contre le mariage pour tous donnent des idées à la droite. Voilà que les Copé et compagnie ont dorénavant une haute idée de la contestation dans la rue. Une contestation pourtant plus dans la tradition démocratique de la gauche qui s’est toujours opposée à cette obsession «droitiste» d’en découdre brutalement. Marine Le Pen fait donc des émules. Les crânes rasés sont devenus pléthore.
J’évoquais, ces jours derniers, le risque d’un coup d’état. Même si cela semble énorme, je confirme qu’il existe à droite des revanchards prêts à tout pour empêcher la gauche et par tous les moyens de conduire sa politique. Un coup d’état en 2013 et en France ne revêtira pas les habits d’un fascisme moderne avec bottes et bras tendu. Il sera plus cynique et plus sournois. Il se fera par un blocage des institutions, une instrumentalisation de la contestation sociale, un désordre permanent, une irritation poussée à son paroxysme. 
Il ne faut pas lire différemment les insultes proférées contre les juges d’instruction. Qu’un Guaino affirme que la mise en examen de Sarkozy « déshonore la France et la démocratie » en dit plus long sur ses véritables arrière-pensées que sur sa soi-disant défense de la liberté d’expression. Au moins, nous sommes prévenus. Nous ne pourrons donc pas dire que nous ne le savions pas.

Philippe Kuntz : le mariage pour tous, d'accord, mais avec la filiation !


Philippe Kuntz m'adresse ce commentaire : « Cela fait longtemps que je n'avais pas déposé un commentaire parce que l'occasion ne s'y prêtait pas. Mais l'enlisement du débat sur le mariage pour tous réveille ma plume et me donne envie de t'adresser les quelques propos qui suivent:
Mariage pour tous et filiation : a chacun ses responsabilités !
Sous la pression de manifestations massives des forces conservatrices il s'agirait maintenant de préserver un fragile équilibre : oui au mariage homosexuel et (du bout des lèvres) oui à l'adoption, mais pour la PMA... vivement le recours au Conseil national d'éthique et pour la GPA... pas question. Sauf que pour les couples concernés, la question n'est pas seulement celle du mariage, mais bien aussi celle de la filiation ! Personne ne pourra empêcher les couples homosexuels stables d'avoir des enfants : et ne leur offrir, par défaut, que le modèle marchand, importé de pays ultra-libéraux, est bien un réflexe de droite !
La seule issue dans ce débat de société qui n'a que trop tardé, avec la complicité de tous ceux qui l'ont toujours religieusement enterré, c'est de légiférer sur un modèle éthique et non marchand de filiation, indépendamment du sexe, de l'âge et de la couleur de peau.
A défaut, il faudra continuer de plaindre les couples homosexuels qui par envie et besoin de filiation, s'abandonneront aux commodités de pratiques illégales ici mais parfaitement légales ailleurs, y compris dans l'espace Schengen... Comprenne qui pourra : pas moi ! »