30 novembre 2013

Claude Roiron défendra les couleurs de la Haute-Normandie lors des prochaines élections européennes


Claude Roiron (photo JCH)
C’est encore loin l’Europe ? C’est ici imbécile. Même si peu d’entre nous en sont conscients, notre vie économique, notre vie sociétale, nos lois, nos règlements dépendent de plus en plus des décisions de la Commission européenne et des orientations du Parlement européen. Si l’on fait un brin d’histoire, un résultat importe plus que tous les autres. Depuis 1945, pas une seule guerre ne s’est produite dans un état de l’union. La paix est donc le produit des accords européens et de la volonté de construire ensemble une région développée, civilisée, au sein de laquelle les nations se respectent et ne s’agressent plus.
Tout n’est pourtant pas rose dans l’Europe d’aujourd’hui. Elle n’est pas socialiste. Elle n’est pas sociale démocrate non plus. Elle est ultralibérale car la majorité des 28 pays de l’UE sont conservateurs et de droite. Quant à l’Europe sociale, n’en parlons pas ou plutôt parlons-en pour déplorer des situations sensiblement différentes créant des disparités et des inégalités profondes entre les salariés et les entreprises des différents pays.
Que va faire Claude Roiron dans cette galère ? Car Claude Roiron, proche de Laurent Fabius, actuellement inspectrice d’académie, occupe la seconde place sur la liste des candidats socialistes dans la région Nord-Pas-de-Calais-Picardie-Normandie (Haute et basse) et a une chance sérieuse d’être élue. Elle était présente à Evreux, ce samedi matin, pour présenter le sens de son engagement européen et répondre aux questions des militants, certains ayant regretté d’avoir été mis devant le fait accompli.
Par le miracle des assemblées générales et les vertus des conseils fédéraux unanimistes, les grincheux se sont tus et un dialogue riche s’est instauré entre la future députée européenne et les socialistes eurois. Claude Roiron est bien consciente des difficultés actuelles du PS mais rien ne prouve que d’ici le mois de mai, le FN sera en situation de servir de réceptacle aux ressentiments et aux exaspérations des Français. 

Le FN est contre l’Europe. Contre l’Euro. Contre les libertés d’échanger, de circuler. Le futur groupe des extrêmes droites européennes n’a qu’un objectif : mettre des bâtons dans les roues, gripper une machine pourtant au ralenti. On l’a bien vu lors des crises grecque, portugaise, espagnole…les droites européennes ont freiné des quatre fers avant de se rendre à l’évidence : il fallait sauver l’euro ! Le prix à payer fut excessif, injuste, tardif. Et l’addition finale tombera le jour du vote. Mais les gauches européennes ne veulent pas de cette Europe-là dessinée à grands traits dans le projet de traité constitutionnel de 2005.
Les ambitions des partis socialistes européens, à l’image de la détermination de Pervenche Bérès, doivent être simples et concrètes. Il s’agit d’élire des députés dévoués à la tâche, uniquement préoccupés du sort de l’Europe et des peuples qui la composent. Pour y parvenir il y faudra de la pédagogie, le refus d’une certaine forme de technocratie et enfin de fortes convictions européennes mises à mal par le sieur Barroso et ceux qui l’entourent. Claude Roiron possède les qualités idoines. Ses explications sont franches, sincères, sans détours. Elle saura faire preuve de pugnacité et aussi de présence, celle qui manque à tant de députés européens français. Et comme, cerise sur le gâteau, elle souhaite s’installer en Haute-Normandie, nous serons heureux de l’y accueillir puisqu’elle souhaite un ancrage si possible définitif dans notre belle région.
Dans l’attente, une campagne s’annonce. Elle sera brève. Et donc forte. Elle succédera aux élections municipales durant lesquelles la tenue de la gauche sera scrutée à la loupe. Parions pour que les oracles de malheur se trompent et pour que la campagne européenne s’ouvre dans l’enthousiasme dont les militants savent faire preuve.
Durant le conseil fédéral du PS animé par Marc-Antoine Jamet. (photo JCH)

29 novembre 2013

Hubert Védrine à Val-de-Reuil le 10 décembre prochain


Vous voulez connaitre les secrets des négociations internationales avec l'Iran sur le nucléaire ? Vous vous interrogez sur l'ampleur de la puissance chinoise ? Vous êtes curieux ou inquiet de la nouvelle rivalité entre la Russie et les Etats-Unis ?
La conférence d’Hubert Védrine, plus proche collaborateur de François Mitterrand et ancien ministre des Affaires étrangères, spécialiste des questions internationales, conseiller de tous ceux qui agissent au nom de la France sur la scène mondiale, vous apportera toutes les réponses. Vous pourrez dialoguer avec lui.
Venez nombreux, au théâtre des Chalands, mardi 10 décembre à 14h30 ! Nous comptons évidemment sur vous.
Jean-Pierre Cantrelle, proviseur du lycée Marc Bloch de Val-de-Reuil et Marc-Antoine Jamet, maire de Val-de-Reuil, vice-président du Conseil régional de Haute-Normandie.


Le cavaliere Silvio Berlusconi « éjecté » du parlement italien. Une réaction de François Loncle

Est-ce le commencement de la fin pour Silvio Berlusconi ? Le cavaliere vient d'être éjecté du parlement italien par des pairs abusés à la suite d'une condamnation définitive dans une des multiples affaires qui oppose l'ancien président du conseil à la justice italienne. Il pourra se consoler dans les bras de sa jeune épouse de 28 ans (lui a 77 ans) et en câlinant son caniche adoré. 
L'homme ne s'avoue pas définitivement bouté hors du jeu politique puisqu'il vient de ressusciter Forza Italia, ce mouvement qui lui avait si bien réussi. Mais c'était avant-hier. François Loncle, membre de la commission des affaires étrangères de l'Assemblée nationale française, salue le départ forcé de Silvio Berlusconi, dont l'humiliation déplaisante que lui infligèrent Nicolas Sarkozy et Angela Merkel, avait déjà signifié le peu d'estime à son égard de la part des principaux partenaires européens. Il restait donc aux parlementaires italiens à en faire autant mais avec un peu plus de tact.
« En votant la destitution de Silvio Berlusconi, écrit François Loncle, le Sénat italien a fait preuve de courage politique et a clairement démontré sa volonté de moraliser la vie publique. Cette décision témoigne du renouveau de la démocratie italienne, sous la conduite du Président de la République Giorgio Napolitano et du Président du Conseil Enrico Letta. L’Italie tourne ainsi une triste page de son histoire récente, en mettant au rebut un homme corrompu et corrupteur qui n’a cessé de confondre affaires privées et affaires publiques. Plus qu’une destitution, c’est une déchéance pour un individu qui n’a reculé devant aucune manœuvre pour tenter de sauver sa peau, quitte à faire replonger l’Italie dans une crise grave.
Il faut espérer que les Italiens soient enfin débarrassés de Silvio Berlusconi qui, depuis vingt ans, a abîmé l’image de leur pays, exacerbé les divisions internes, affaibli les institutions, accentué les impasses économiques.
Néanmoins, il faut continuer de se méfier d’un personnage pugnace et vindicatif qui, même s’il perd son immunité parlementaire, n’est pas pour autant exclu définitivement de la vie politique. »      


Nicolas Éprendre, cinéaste lovérien, présente « Elisée Reclus, la passion du monde » au Cinéma Forum


Nicolas Eprendre de retour à Louviers. (photo DR)
Dans le cadre du Mois du documentaire, la Société d'Études Diverses de Louviers organise demain samedi 30 novembre à 16 heures, au cinéma Forum, une projection du film de Nicolas Éprendre, « Élisée Reclus, la passion du monde », en présence du réalisateur qui présentera son œuvre.
C'est un Lovérien qu'accueille la SED. Nicolas Éprendre est né à Louviers en 1962, il a fait ses études au lycée des Fontenelles avant d'intégrer l'école nationale Louis Lumière. Il  suit une carrière classique d'assistant opérateur et participe au tournage de nombreux films documentaires et de fiction. Il a notamment travaillé aux côtés de réalisateurs comme Jacques Rivette ou Francis Girod. Il a contribué également à des œuvres de fiction pour la télévision. C'est à la suite de ces diverses expériences qu'il s'est tourné vers la réalisation de films documentaires, parmi lesquels celui qu'il vient de consacrer à  Élisée Reclus.
Le film de Nicolas Éprendre fait le portrait d'une personnalité originale. Élisée Reclus (1830-1905) fut à la fois un grand voyageur et un scientifique reconnu : éminent géographe, il a laissé une œuvre considérable, dont les 19 volumes de sa Nouvelle géographie universelle. Mais il fut aussi un homme de convictions et demeure l'une des grandes figures de l'anarchie au XIXe siècle. Des convictions qui le guident sa vie durant, sans violence, mais sans jamais dévier de ce qu'il croit juste, au risque de la prison et de l'exil en raison de son engagement lors du 2 décembre 1851 ou de la Commune de Paris en 1871.

28 novembre 2013

Les femmes n'imaginent pas ce qu'elles doivent à Lucien Neuwirth


Lucien Neuwirth à l'Assemblée nationale
Il fallait être gonflé, en 1967, pour proposer au général de Gaulle, d’autoriser la pilule contraceptive. Et pourtant, Lucien Neuwirth l’a fait. C’est seulement en 1972 que les décrets d’application ont été publiés et que la vie des femmes a changé. On a donc pu dire à juste titre que Lucien Neuwirth avait été un précurseur et que c’est grâce à lui que des mouvements comme le Planning familial ont pu voir le jour et apporter leur aide à tant de femmes en détresse et tant d’autres qui souhaitaient maîtriser leur fécondité.

Etonnez-vous ensuite d’apprendre que Lucien Neuwirth fut également un chaud partisan de l’interruption volontaire de grossesse, qu’il fut aussi un ardent défenseur de la pilule du lendemain et du droit de mourir dans la dignité donnant naissance à la loi Léonetti. Vous comprendrez pourquoi toutes ces lois progressistes que pas une personne sensée n’accepterait de remettre en cause aujourd’hui (1) ont été combattues becs et ongles par les conservateurs de tous poils. Lucien Neuwirth fut bienheureux de compter sur le vote des députés de gauche évidemment favorables à ces lois de liberté et d’épanouissement. L’ancien sénateur, décédé ces jours derniers, fut également un gaulliste fervent qui, jamais, ne remit en cause son attachement à la personne incarnant la résistance aux nazis et sauva la France d’un naufrage moral.

(1) les opposants aux lois Neuwirth sont les mêmes qui se sont opposés à la loi sur le mariage pour tous…


Christiane Taubira est de la trempe de Lucien Neuwirth. Elle est l’objet de tous les fantasmes et de toutes les tares racistes et xénophobes. Parmi les ministres, elle est de ceux et celles qui font preuve en permanence de courage et de compétence.

Quatre semaines se sont écoulées entre le moment où des insultes innommables ont été proférées à son égard et la réaction publique et collective de la part du Parti socialiste. Il en faut du temps, aujourd’hui, pour programmer un meeting à la Mutualité à Paris et pour « qu’une belle et haute voix » se fasse entendre dans le tumulte des choses. Il en faut du temps pour réagir à des bassesses qui ne visent pas que Christiane Taubira mais toutes les personnes un tant soit peu différentes à cause de leur religion, leur orientation sexuelle, la couleur de leur peau, ou leur engagement civique. Je suis de ceux qui pensent que le vote ne suffit plus. Chaque citoyen doit pouvoir peser sur le choix des hommes et des femmes qui les représentent sinon, selon la phrase fameuse, ils seront toujours d’accord avec la politique faite sans eux et sans leur concours. Ecrivez, criez, manifestez mais bougez !


Le patron de PSA devait partir en retraite avec 21 millions d’euros ! Le groupe automobile avait provisionné les sommes nécessaires pour honorer cette retraite. Chapeau ! Rappelons-nous quand même, avant d’aller plus loin, que le producteur de voitures va mal, qu’il ferme des usines, licencie des salariés et cherche à réduire les indemnités des malheureux jetés sur le pavé.

Alors, ces 21 millions d’euros ? Ils figuraient dans le contrat. Dès que le fait fut rendu public, des clameurs montèrent ici et là pour s’esclaffer, protester, s’indigner. Même le MEDEF a jugé que verser 21 millions d’euros à un grand patron dont l’entreprise se porte mal a quelque chose d’indécent. Quand elle se porte bien aussi, non ?


J’ai évoqué le retrait de Dominique Voynet de la campagne municipale qui approche. Hier, lors de l’émission C dans l’air, un téléspectateur posait la question suivante : la future campagne va-t-elle être une campagne de caniveau. Le caniveau est destiné à recueillir les eaux de ruissellement et rien ne dit que ces eaux doivent obligatoirement être sales même si les propriétaires de chiens invitent leur protégé à y abandonner leurs besoins. Admettons que la tradition veuille qu’en politique le caniveau déborde d’injures ou autres gracieusetés.

Les campagnes électorales tendent, de plus en plus, à se personnaliser. Qui dit personnalisation dit attaques personnelles. Tout y passe : vie privée, vie publique, photos…alors que toutes les enquêtent démontrent que salir un adversaire n’a aucun impact sur le vote des citoyens. Si tel avait été le cas, Sarkozy n’aurait jamais atteint 48,5 % des suffrages. Et pourtant, que de procès en cours, que de suspicions autour de telle ou telle affaire, tel ou tel sondage…Tapie, Mellick, Balkany, Carignon…ils ont beau être au cœur d’éventuels ou de vrais abus de biens sociaux, rien n’y fait, les Français continuent de voter pour eux ou de les trouver sympathiques. L’éthique, c’est du toc ! Vivement que ça change.



Il se dit que dans les « petites » communes (sans que ce terme n’ait rien de péjoratif) les candidats aux élections municipales ne se bousculent pas. Si j’en juge par ce qui se passe à Pitres, canton de Pont-de-l’Arche, il y aurait plutôt bousculade au portillon. Le maire, Jean Carré, présente sa liste. René Dréan — il veut prendre sa revanche après avoir été sorti — fait la sienne. Le fils de l’ancien maire, Jean-Pierre Cobert, y pense aussi tout comme le Front national. Qui sait s’il n’y en aura pas une cinquième ?

Pour une commune de 2300 âmes, ce n’est pas commun. Que cache cet engouement général pour la prise de la mairie ? Pitres semble devenir le théâtre symbolique des jeux de pouvoir et d’orgueil. La campagne municipale donne l’occasion de montrer ses muscles et ses prétentions.

Depuis que Pitres est membre de l’agglomération Seine-Eure, son territoire suscite des convoitises. Peut-être y a-t-il là un indice favorable à ce bal des prétendant(e)s ?


26 novembre 2013

Dominique Voynet place ses idéaux et principes au-dessus des contingences


Dominique Voynet met les pouces. (DR)
Dominique Voynet, maire de Montreuil, ancienne candidate écologiste à la présidence de la République, a annoncé qu’elle renonçait à se représenter aux élections municipales prochaines. Dans une lettre adressée aux habitants de la commune qu’elle dirige, elle met en avant des mœurs politiques exécrables, des attaques personnelles inqualifiables et un harcèlement redoutable de la part de certains hommes politiques parmi lesquels il est facile de reconnaître l’ancien maire, Jean-Pierre Brard, qui régna à Montreuil pendant plusieurs mandats. S’ajoutent à cela le désir de Razzy Hamadi, député socialiste de Seine-Saint-Denis, de constituer une liste concurrente et l’hostilité franche d’une ancienne socialiste devenue une adversaire politique après avoir été adjointe de Mme Voynet.
La décision de Mme Voynet s’explique donc par la violence de la vie politique et aussi, disons le, par sa cruauté. Dominique Voynet n’est pas réputée pour être une tendre. Elle a prouvé, dans ses responsabilités publiques, qu’elle savait tenir ses engagements et défendre les intérêts des citoyens avec une conviction inébranlable. Elue un peu par hasard il y a près de six ans, elle ne s’attendait quand même pas à trouver une situation financière très tendue et à faire face à une fronde permanente de nombreux membres du personnel communal embauchés par l’ancien maire. Elle a également dû composer avec un ensemble d’associations et de réseaux aidés, voire installés, par M. Brard avec tous les antagonismes liés à l’histoire locale. Ces données expliquent que sa tâche fut très difficile et suscita des mécontentements inévitables.
Elle a été contrainte de déployer une énergie colossale pour surmonter tous les problèmes d’une ville de plus de 100 000 habitants et il était évident qu’à un certain moment, Mme Voynet finirait épuisée. Sans union avec le PS, face à une liste conduite par l’ancien maire revanchard, la liste écologiste n’avait aucune chance (1) de l’emporter en mars 2014. Consciemment ou pas, Dominique Voynet devait sentir cette hostilité grandissante qui allait devenir de l’agression permanente d’ici le mois de mars. Elle ne l’a pas supporté. Comment la blâmer de renoncer à une charge qu’elle a jugée exaltante et gratifiante ? Comment la blâmer de ne pas accepter des compromis indignes d’elle et de ses idées ? Au contraire, il faut saluer ces élu(e)s pas si nombreux, capables de placer leurs idéaux au-dessus des contingences et des jeux politiques traditionnels. Il y en a tant qui pour un plat de lentilles sont prêt(e)s à fouler aux pieds principes et valeurs…
(1) Jean-Vincent Placé, sénateur EELV, a assuré ce soir qu’il était convaincu de la future victoire de Mme Voynet. Encore un qui fait son travail et manie très bien la langue de bois.

24 novembre 2013

Les Suisses refusent de fixer une limite aux salaires extravagants


Les jeunes socialistes suisses ont tenté, ce dimanche, par une votation populaire — un référendum quoi — de faire adopter un dispositif financier ne permettant pas aux grands patrons de gagner plus de douze fois le salaire le plus bas de l’entreprise ou de la société qu’ils managent. Ils ont recueilli les 100 000 signatures nécessaires à l’organisation du scrutin et une campagne vive a animé les semaines helvétiques dans un pays réputé pour receler des banques en bonne santé et des sociétés venues de l’Europe entière.
D’après les premiers résultats, les Suisses se sont en majorité opposés à la proposition des jeunes socialistes. On a même vu un patron (qui a gagné 130 millions d’euros en 2012) être en pôle position pour s’offusquer d’une proposition considérée comme iconoclaste de l’autre côté des Alpes et du Jura. C’est dire si les résistances à toute contrainte contre les hauts salaires est forte dans ce petit pays de l’Europe qui s’est bien gardé d’intégrer l’Union européenne pour en avoir tous les avantages avec un commerce ouvert et libre et aucun des inconvénients en ne subissant aucune des règles édictées par Bruxelles. 
En France, Jean-Luc Mélenchon rêve d’un gouvernement qui imposerait un salaire maximum de un à dix. Comme en Suisse, les patrons français affirment que les chercheurs et les talentueux banquiers et chefs d’entreprises s’empresseraient de quitter l’hexagone pour des cieux plus cléments si une telle mesure venait à être appliquée un jour. Je ne connais pas les salaires des patrons des sociétés cotées au CAC 40 mais il me semble — voir Jean-Marie Messier dit J2M— qu’ils ne sont pas malheureux. En plus des énormes salaires, ne bénéficient-ils pas de retraites chapeaux rondelettes et de stock options non moins imposantes sinon imposables ? Certes, ces messieurs car il y a peu de femmes dans ces milieux réservés, ont fait de longues études et obtenu leur position grâce au mérite, du moins le mérite tel qu’ils le voient.
Je connais des professions où l’ardeur, la connaissance, le temps passé à travailler, l’engagement au service des autres valent autant humainement que les choix financiers et économiques d’un grand patron et pour des salaires bien moindres. L’argent ne peut être le seul critère de reconnaissance. Dans une société libérale comme la nôtre, il restera encore longtemps l’étalon de la réussite sociale. Tant pis.

Abdelhakim Dekhar était sans doute un adepte de la théorie du complot


Kermesse à l'école des Acacias de Louviers. (photo JCH)
Abdelhakim Dekhar, que j’avais appelé le tireur fou avant qu’on ne connaisse son identité, n’est pas « présumé coupable » comme l’a quelque peu indiqué maladroitement Manuel Valls en commettant le même lapsus que Sarkozy à l’égard de Dominique de Villepin. Il est « présumé innocent » quand bien même un ensemble de preuves, d’images, de faits et de témoignages convergent à 99,9 % vers sa culpabilité.
Dans la voiture garée dans un parking souterrain de la banlieue de Paris, les policiers ont trouvé des lettres et des messages, sans lien avec les faits récents, exprimant sa crainte du fascisme et ses colères à l’égard des médias qu’il considère comme des manipulateurs d’opinions. Il avait sans doute en tête les articles écrits en 1998 lors de sa condamnation à quatre années de prison ferme pour avoir acheté le fusil à pompe ayant servi aux meurtres commis par le couple Rey-Maupin.
Sans tomber dans la caricature, tout responsable d’un canal d’informations ou d’humeurs comme l’est ce blog, doit s’interroger sur le sens des idées qu’il véhicule et sur leur éventuel impact au sein du public. La liberté d’informer et de publier est un bien si précieux qu’il ne doit pas être galvaudé. Ce que semble assurer Abdelhakim Dekhar, c’est qu’il existerait une conspiration, un complot pour le dire plus précisément, entre les journalistes de télévision (BFM TV) de presse écrite (Libération) un complot auquel serait lié le système bancaire (société générale) et politique, le tout pour abuser le bon peuple, le dominer et nier le fonctionnement démocratique associé au suffrage universel lequel ne serait qu’un leurre pour idiots-bêtes comme disait ma grand-mère.
Les théories du complot existent depuis toujours. Quand on ne possède pas les clés du fonctionnement d’une machine ou d’un système, il est aisé de s’en remettre à des faiseurs et facteurs extérieurs qui eux, possèdent tout, comprennent tout, imposent tout. On sait bien que la vérité n’est pas celle-là. Il paraît plus simple parfois de le croire et certains en font des livres ou des sectes. La responsabilité d’un citoyen demeure pleine et entière. A lui de s’informer, de se cultiver, de chercher à comprendre, de dépasser les faux-semblants ou les pâles vérités. A lui de confronter les points de vue, de ne pas se contenter des clichés et des a priori dont nous sommes tous victimes. Et c’est bien pourquoi l’école de la République doit jouer un si grand rôle. C’est à l’école qu’on apprend, qu’on s’éduque, qu’on comprend. Si j’osais paraphraser Anatole France, j'écrirais : « braves instituteurs, c’est vous qui avez fait mon éducation intellectuelle. »