16 octobre 2019

Ségolène Royal à Val-de-Reuil : « ne pas céder au catastrophisme ambiant »


Ségolène Royal et M.A.Jamet.©JCH
A tout prendre j’ai préféré la lecture de l’interview de Marc Antoine Jamet, dans la « revue des collectivités locales » à une soirée de remise de trophées aux maires méritants surtout quand ils sont normands. Loin de moi l’idée de minimiser l’importance des projets retenus par le jury de RCL surtout quand il s’agit d’attractivité, de mobilité, de défense de l’environnement. Mais le chemin de la Paix de Riva Bella ou la plantation des arbres à Maromme, programmes très intéressants et à encourager, nous éloignait quelque peu de la Communauté d’agglomération Seine-Eure-Madrie et de la ville de Val-de-Reuil dont l'avenir nous semble prioritaire.
Il se trouve que la cérémonie se déroulait dans cette ville dirigée depuis 2001 par un maire conquérant et audacieux. « Une ville pauvre mais une commune riche », voilà comment MAJ, roi de la formule, décrit bien l’état de l’existant. Dans le journal il rappelle les principes qui guident son action depuis des années : réduction de la dette, habitat diversifié, développement des services publics, sans oublier la réhabilitation des équipements d’origine, très éloignés des économies d’énergie et de la durée dans le temps. Quant aux zones de chalandise et aux parcs industriels, il suffit de circuler dans Val-de-Reuil et autour pour en apprécier la quantité et la qualité.
J’invite donc les lecteurs de ce billet de blog à se procurer la revue (1) et à y lire, en deux pages, les ambitions et les regrets aussi d’un maire qui fait de sa mission un sacerdoce à une époque où beaucoup d’élus locaux baissent les bras et refusent de concourir à nouveau aux municipales de 2020. En invité d’honneur, on attendait Jean-Louis Borloo, on eut droit à l’entrée très applaudie de Ségolène Royal. Quand elle était ministre de l’éducation, n’était pas venue à Val-de-Reuil pour inaugurer un groupe scolaire ? L’ambassadrice pour les pôles (dont je ne sais rien du rôle) ancienne présidente de la COP 21, conserve un goût prononcé pour l’écologie et la défense de la biodiversité. Marc-Antoine Jamet, avec tact et une certaine élégance, lui apprit (si elle ne le savait déjà) qu’il n’était pas d’accord avec toutes ses propositions et politiques. Mais il reconnut le courage de sa sincérité et la force de son message. Voilà pourquoi on « aime » Ségolène que des socialistes machistes ont freinée dans sa conquête du pouvoir suprême par jalousie et volonté de la faire battre. Visiblement, Ségolène Royal s’est remise de l’affront. Diserte, éloquente, elle a rappelé les principes qui la guident et surtout, elle a insisté pour qu’on ne cède pas au catastrophisme ambiant. Belle leçon.
(1) « La revue des collectivités locales » une publication de link media group. Paris.
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14 octobre 2019

Trois réflexions au débotté : Chercheur pas fonctionnaire, Christian Jacob ou le vieux monde, Boris Johnson est un gros malin


La légendaire Traban franchit le mur.

Pas fonctionnaire mais chercheur
Dans le compte-rendu de la conférence de Cyril Buffet consacrée à la chute du mur de Berlin, j’ai écrit qu’il occupait un poste de haut fonctionnaire dans la ville allemande devenue depuis la capitale de l’Allemagne réunifiée. J’ai eu tort car Cyril Buffet était à l’époque historien au sein d’un programme de recherche international. D’ailleurs, comme il l’a précisé lui-même samedi dernier, lors de la chute du mur, Cyril Buffet se trouvait en Bavière et il gagna Berlin quelques jours seulement après le début d’un événement qui allait bouleverser les équilibres mondiaux.
Grâce à Michael Gorbatchev, la guerre froide, particulièrement prégnante en Allemagne de l’Est et à Berlin où la ville était divisée en quatre secteurs (français, américain, britannique et soviétique) cette guerre froide perdit de son intensité. Il est vrai que la Hongrie et la Tchécoslovaquie avaient démarré un programme de libéralisation dont certains Allemands ont bénéficié avec l’occupation des ambassades et la décision du ministre Genscher d’accueillir ces réfugiés aspirant à des conditions de vie meilleures.

Christian Jacob ? Ça change quoi !
L’élection de Christian Jacob, à la tête du parti « Les Républicains », ne va pas changer le cours de l’histoire. Le nouveau président est un apparatchik qui a connu Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy, Laurent Wauquiez et on ne voit pas en quoi il serait capable d’adapter ce parti de droite aux nécessités du temps. S’il s’agit de rassembler Eric Zemmour et Valérie Pécresse derrière le même drapeau, Christian Jacob aura fort à faire.
De même sur les questions de mœurs et de morale, les divergences internes à ce parti en déroute illustrées par le faible score de M. Bellamy aux Européennes et par les accointances d’une droite tournée vers les extrêmes, vont durablement empêcher la droite dite gaulliste de gouverner notre pays. Le gaullisme avec Christian Jacob, c’est quoi ? Et sans lui, que reste-t-il des idées du général de Gaulle favorable à une Europe des nations, une indépendance farouche à l’égard des Etats-Unis, une opposition non moins forte à l’entrée de la Grande-Bretagne dans l’Europe ? Sans oublier une constitution (la 5e République) qui a eu ses mérites, notamment lors des différentes cohabitations. Mais les temps changent. Les Français ont besoin d’air et de plus de démocratie directe. Gageons que les élections municipales de mars 2020 seront l’occasion de promouvoir l’autonomie locale même sous une forme collaborative puisque les communautés de communes de d’agglomérations font la preuve de leur efficacité.

Pas de droits de douane : malin le Bo-jo
Boris Johnson, pour être ce qu’il est, c’est-à-dire imprévisible, provocateur, grossier, indélicat, n’en est pas moins un gros malin. En assurant, hier, que les produits commerciaux venant d’Europe ne se verraient imposer aucun droit de douane, il assure aux Britanniques un accès aux produits de l’union, européenne d’une manière continue et donc semblable à la situation actuelle. L’UE devra, sans doute, par réciprocité importer des produits britanniques sans droits de douanes également ce qui ne modifierait pas le système actuel. Autrement dit, la Grande-Bretagne ne serait plus tout à fait dans l’Europe tout en continuant d’y être un peu. Ce n’est pas surprenant. Comme dirait Dominique Strauss-Kahn, voilà 40 ans que les Anglais empêchent l’Union d’avancer et qu’ils revendiquent des droits particuliers…qu’ils ont d’ailleurs obtenus dès le règne de Margaret Thatcher, une négociatrice redoutable.
On peut faire confiance à Michel Barnier pour éviter les chausse-trappes et les pièges que ne va pas manquer de tendre Bo-Jo. Mais il va falloir faire vite car le 31 octobre se rapproche à vive allure et le sommet européen des 17 et 18 octobre aussi.


13 octobre 2019

Pour fêter le 30e anniversaire de la chute du mur de Berlin, la SED de Louviers a écouté le récit historique et politique de Cyril Buffet


Cyril Buffet et Claude Cornu.©Jean-Charles Houel
Pour le trentième anniversaire de la chute du mur de Berlin, la SED (la société d’études diverses de Louviers) avait programmé une conférence de rentrée avec comme invité Cyril Buffet, ancien haut fonctionnaire en Allemagne (à Berlin) et ancien collaborateur de Jack Lang et François Loncle, présidents de la commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale. La salle Pierre Mendès France était comble, pleine d’un public empli d’une mémoire encore vive des événements historiques si importants dans la marche du monde.
Cyril Buffet connaît son sujet sur le bout des ongles. Avec des supports statistiques et photographiques bien choisis, le défilé des années 1948-1961, ponctuées par le blocus de 1948, la révolte de 1953, l’influence grandissante de la STASI (police secrète) au sein de la société, montre bien comment les dirigeants de l’Allemagne de l’est et de l’Union soviétique ont cru pouvoir agir sans crainte d’une réaction occidentale qui, il est vrai, aurait pu mener à une guerre mondiale.
Alors que la RDA était claquemurée, Berlin demeurait le seul ilot de liberté permettant aux Allemands de l’Est de fuir en occident et notamment en république fédérale. Des centaines de milliers d’Allemands de l’est ont fui. Jeunes, cadres, ingénieurs, tous formés, ont quitté une Allemagne dominée par le communisme collectiviste sous l’influence de Staline d’abord, de Kroutchev ensuite, initiateurs du mur de Berlin destiné à empêcher, coûte que coûte, la fuite des hommes et des femmes vers la société de consommation, une certaine opulence et surtout, une liberté individuelle si chère à des démocrates.
Des morts pour la liberté, il y en a eu de 1961 à 1989. Même si les dirigeants de la RDA assuraient que le mur tiendrait plus d’un siècle, c’était sans compter sur les soubresauts de l’histoire et la suprématie des droits de l’homme.
A la suite de l’arrivée de Gorbatchev au pouvoir à Moscou, la perestroïka a permis au bloc de l’est d’éclater et aux Berlinois de l’est de conquérir leur liberté à la suite de quiproquos et d’improvisations au sein d’un système à bout de forces. Et pourtant, en 1988, François Mitterrand recevait en grandes pompes Ulrich Honecker, le principal dirigeant de RDA (1) ! Cyril Buffet a magnifiquement narré ces heures de novembre 1989. Elles devaient aboutir à un bouleversement mondial puisque quelques mois plus tard, non seulement la réunification de l’Allemagne était acquise mais en plus l’URSS éclatait. On croyait à la fin de l’Histoire. Ce n’était qu’une illusion puisque si des pays de l’est se sont libérés de l’influence soviétique, leurs peuples souffrant encore de dirigeants « illibéraux », autoritaires ou fascisants comme en Hongrie et dans une certaine mesure en Pologne.
Cette première conférence de l’année a donc été une réussite majeure. Cyril Buffet continue ses recherches historiques, motivé qu’il est par l’intérêt de bien connaître une Europe insuffisamment unie où des mouvements racistes et xénophobes aimeraient donner le jour à nouveau à des régimes autoritaires. François Loncle s’inquiète de l’influence de l’extrême droite à l’est là où le niveau de vie symbolise encore l’existence de deux Allemagnes.
(1) J’ai interrogé Cyril Buffet sur les réticences du président français à l’égard de la réunification allemande. Elmut Khol l’aurait rassuré rapidement : l’Allemagne resterait dans l’OTAN et poursuivrait avec la France, la construction de l’Europe.
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