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Lionel Luca, député UMP, proche des thèses du Front national. |
Une hirondelle ne fait pas le printemps. Marine Le Pen ne
rend pas le Front national plus fréquentable ni moins détestable. La moitié des
Français considère aujourd’hui que le FN n’est pas un danger pour la
démocratie ! Voilà le tragique résultat du sarkozysme et de la
banalisation par la droite des thèmes favoris de l’extrême droite.
Souvenons-nous des fumeux débats sur l’identité nationale, la viande cascher,
le port de la Burka…en quelques mots et quelques mois, Sarkozy-Buisson (un
ancien de Minute) ont réussi ce que Jean-Marie Le Pen n’avait jamais osé
espérer avec ses jeux de mots scabreux : « la shoah ? Un point de détail
de l’histoire » « Durafour-crématoire », « les sidaïques », et autres
méchancetés odieuses.
Il est vrai que Le Pen-père est plus près de la sortie que
de l’entrée en politique quand il était député poujadiste. En 1956, il se
prévalait de ses actes de guerre en Algérie et insultait Pierre Mendès France à
la tribune de l’Assemblée nationale. Sa fille présente mieux et la façade est
plus avenante. Mais derrière le mur des apparences se cachent un terrible
programme et de funestes projets.
Examinons quelques thèmes favoris du Front national. Les
Français, en majorité, désapprouvent — c’est heureux — la préférence nationale
devenue priorité nationale. Ils sont hostiles au rétablissement de la peine de
mort que le FN pousse en avant à chaque fait divers. Ils rejettent l’idée
d’abandonner l’euro (seuls 29 % des sondés sont pour) alors que Marine Le Pen
en a fait son cheval de bataille. Autrement dit, sur des thèmes régaliens et
sociétaux, le FN est à la ramasse. Il n’a en économie, aucune crédibilité et on
imagine mal comment ces gens-là pourraient gouverner notre pays au sein d’une
Europe au devenir plus social, plus solidaire, plus intégré.
Prenons d’autres exemples concrets et récents du
comportement des élus FN. Deux députés proches du Front national viennent :
—
de déposer un amendement dans le cadre du
projet de loi sur le mariage pour tous.
—
de faire une proposition iconoclaste à
l’occasion de l’ouverture d’une salle expérimentale de consommation contrôlée
de drogue à Paris.
L’un — Bompart — propose de légaliser l’inceste, la
polygamie, le mariage entre parents etc. des provocations et pourtant autant
d’interdictions dans les lois actuelles. L’autre, l’avocat Collard propose de
créer des salles de viol, de vol, etc. sa manière à lui de regretter le
traitement spécial mis en place pour sauver les victimes d’addictions aux
drogues dures.
Dans les deux cas, ces élus de la nation font appel à ce
qu’il y a de plus honteux dans l’âme humaine. A ce qu’il y a de plus crasseux
dans le domaine des mœurs.
Ne soyons pas étonnés. La tradition FN, c’est l’incitation à
la violence. Violence des mots, violence des services d’ordre, violence des
propositions. La tradition FN c’est le rejet de la démocratie, du
parlementarisme, des corps intermédiaires (syndicats, associations, outils de
médiation) c’est la culture du chef. Le FN c’est une forme de néo-facisme, de
rassemblement de frustrés, trop faibles individuellement, trop téméraires
collectivement. Le FN chasse en meute. Et L’UMP braconne sur ses terres. Car
les Copé et compagnie utilisent des pièges identiques : la peur, l’inquiétude,
l’angoisse, face à la crise économique, face à la crise sociale. Ne cherchons
pas ailleurs la porosité entre les deux électorats. Le sondage indique que 54 %
des électeurs de l’UMP sont favorables au dialogue avec le FN et demain à des
accords locaux. Merci Sarkozy !
Face à cette montée des périls, la responsabilité de la gauche,
de toute la gauche, est essentielle pour l'affronter. Face à l’union UMP-FN, le PS, le PC, les
Verts, le Front de gauche doivent unir leurs forces pour éviter le pire.
François Hollande et la guerre aux djihadistes du Mali montre déjà des signes
de fermeté à l’égard de ces salafistes fanatiques. Manuel Valls (je n’approuve pas
tout ce qu’il préconise…) est le ministre le plus populaire du gouvernement. Dans
l’esprit de Marine Le Pen Immigration égale islamisme, et insécurité égale état
de droit. La gauche doit répondre avec les armes de la loi, de la justice, de
la prévention et de la sanction tout en respectant les droits de l’homme, la laïcité,
l’égalité. Il s’agit d’un pari difficile. Avec Christiane Taubira à la justice
et Manuel Valls à l’Intérieur, l’équilibre peut-il être trouvé ? A eux de
la prouver.