9 février 2013

Copé recrute par petites annonces : candidat sérieux s'abstenir


Les municipales se profilent à l’horizon. Les principaux partis politiques affûtent leurs armes pour êtres prêts à entrer en campagne. A l’UMP de Jean-François Copé, président, on tente de faire preuve d’imagination. On annonce 330 000 adhérents mais dans le même temps, on fait face à un manque criant d’hommes et de femmes prêts à s’engager sur le terrain. Alors que fait-on ? On recrute…par petites annonces.
Je me mets dans la peau d’un homme de droite. J’apprends que le principal parti d’opposition, celui qui n’a plus gagné d’élections locales depuis 2001, est en panne de bonnes volontés et souffre du manque de militants aguerris prêts à s’engager pour six années au service de leurs concitoyens. J’apprends que le principal parti d’opposition lance un appel désespéré pour constituer des listes d’hommes et de femmes non rompus aux joutes verbales, aux querelles politiques, non informés et mauvais connaisseurs des lois et des textes en vigueur. Que va-t-on lui proposer ? Une formation accélérée, des places et des prébendes ? Que va-t-on lui suggérer ? De mettre son nom au bas d’un parchemin et de se taire ? De servir de bouche trou ou de faire valoir ?
En proposant de recruter ses candidats par petites annonces, Jean-François Copé prend plusieurs risques. Le risque du ridicule mais ce n’est pas le pire. Le risque de l’incompétence, aussi, et cela c’est dommageable pour la collectivité. Et enfin le risque de faire croire qu’on peut devenir candidat aux élections locales uniquement sur sa bonne mine. Ou encore sur ses seules sympathies politiciennes.
Le candidat ou la candidate idéale n’existe certes pas. Mais proposer son nom sur une liste aux élections municipales, c’est non seulement un acte de foi dans l’intérêt général, c’est aussi et surtout le désir de servir la collectivité où l’on vit, où l’on travaille, où l’on habite. Être candidat, ce n’est pas seulement satisfaire une présence partisane. C’est proposer un programme politique, accepter des accords avec d’autres partis, chercher le compromis pour améliorer le quotidien au service de la justice sociale.
La solution Copé, quand on y réfléchit, est la preuve d’une faiblesse colossale. Car un candidat aux élections n’est ni une voiture d’occasion, ni une maison à vendre. C’est faire croire, surtout, que n’importe qui peut être élu n’importe comment pour faire n’importe quoi. 

légende photo : Rien ne peut remplacer l'engagement militant sincère et désintéressé.

8 février 2013

Le député de Louviers reçoit la médaille miraculeuse afin de « garder une conscience libre et pure »


Le projet de loi sur le mariage pour tous a suscité un mouvement d’opposition frontale de la part de l’Eglise catholique. Partout, des groupes de pression se sont constitués, les hiérarques ont pris d’assaut les plateaux de télé, et la manifestation hostile de janvier avec Frigide Barjot à sa tête a été financée par l’obole des fidèles, le denier du culte et les subventions de groupes privés. Il a fallu payer les bus, les trains et les dommages causés aux pelouses de l'esplanade de Chaillot.
Les députés de gauche, dont le vote sera évidemment décisif lors du scrutin final (mardi prochain sans doute ?) sont l’objet de toutes sortes de pressions émanant de groupes, d’associations familiales, de diocèses, tous mobilisés contre le projet de loi. Il ne se passe pas un jour sans que les permanences de ces députés ne reçoivent des visites, soient l’objet de demandes de rendez-vous ou d’appels téléphoniques invitant les élus de la nation à bien peser leur décision.
Le bouquet ? C’est ce mot adressé, notamment, à François Loncle, député de l’Eure et non le seul destinataire à gauche . Un certain cercle de famille Saint-Joseph lui écrit un mot que je ne résiste pas à soumettre à votre examen critique. Le député de l’Eure, dont on connaît les convictions laïques, appréciera l’aide que la vierge Marie lui apportera pour qu’il ait une conscience libre et pure lors du vote définitif de la loi.
Ces catholiques bretons ont-ils conscience que de telles initiatives ont surtout pour effet de conforter les élus dans leurs convictions et qu’un travail de lobbying intense suscite plus d’aversion que d’adhésion ?

7 février 2013

Le sondage IFOP fait un flop : il manquait UNE réponse sur le niveau «plus élevé qu'ailleurs» des impôts à Louviers


Tableau paru dans La Dépêche de ce jour.
Qu’espérait-il en faisant disparaître la réponse à une question qui taraude chacun d’entre nous ? Qu’espérait-il en taisant que 51 % des Lovériens considèrent que les impôts à Louviers sont plus élevés qu'ailleurs ? Qu’espérait-il, encore, en cachant que les Lovériens jugent que leur maire fait trop de politique (55% des sondés) et n’est pas assez disponible pour les écouter ?

Le sondage IFOP paru dans «La Dépêche» (1) et distribué sous forme de luxueuse plaquette préélectorale à l’ensemble des foyers était donc incomplet. Franck Martin, maire, devrait pourtant savoir qu’il est impossible, aujourd’hui, de dissimuler quoi que ce soit, de laisser sous le tapis la poussière qu’on voudrait voir disparaître. Au lieu de quoi, ce qui serait passé tant bien que mal avec l’ensemble des autres réponses, devient un sujet de focalisation et revêt un terrible effet de loupe.

Comment être étonné que 51 % des Lovériens, la majorité d’entre eux, donc, déplorent le niveau excessif des impôts locaux ? Il s’agit d’un sujet de conversation quotidien. Les propriétaires, bien sûr, qui paient une taxe foncière sur le bâti astronomique mais tous les autres également dont la taxe d’habitation frôle des sommets. Quant à la taxe d’enlèvement des ordures ménagères, son taux en fait un des impôts parmi les plus lourds même si aucune question n’a été posée sur le thème eu égard aux compétences respectives de la ville et de l’agglomération.

Alors, il ferait bon vivre à Louviers, soit. Mais à quel prix ? J’ai publié ici les résultats d’une comparaison entre le niveau des impôts locaux lovériens et celui de la strate nationale pour des villes de même taille. Louviers n’est pas dans la fourchette haute…elle est au-delà, sur les cimes fiscales ! Et de cela, chaque Lovérien doit avoir conscience. La ville offre des services, certes, mais le poids de l’impôt que feu Michel Doucet considérait déjà comme trop lourd, ne va pas en s’allégeant.

Lors de la campagne des municipales de 2008, nous avons défendu un retour progressif à une fiscalité raisonnable. Derrière ce mot, il s’agit d’adapter le niveau des impôts aux capacités des contribuables. Dans un contexte de crise économique et sociale, le maire a opté pour une augmentation des taux à deux reprises sans qu’il ait une pleine conscience des efforts demandés à ses administrés. Cette politique aveugle a des limites. Elle se traduit par une baisse de la population, une fuite de certains membres de la classe moyenne dans des communes alentour aux impositions abordables. Ceux qui restent sont ceux qui aiment leur ville, y sont attachés familialement, affectivement, ne peuvent la quitter ou ne veulent pas aller voir ailleurs.

Je m’interroge sur la faute du maire. En ne publiant pas l’ensemble des questions et des réponses du sondage IFOP, il s’est livré — qu’il le veuille ou non — à une minable manipulation. Quand on accepte de payer 14 000 euros (au bas mot) pour prendre le pouls des Lovériens on doit jouer le jeu loyalement. Le médecin ne maquille pas le verdict du tensiomètre. Cette volonté de camoufler ou de ne pas tout dire nous incite à ne pas baisser la garde !

(1) Merci à La Dépêche de nous éclairer. L’article paru aujourd’hui et titré « On ne nous dit pas tout » complète utilement l’information de ses lecteurs. 

6 février 2013

L'UMP braconne sur les terres du Front national. Résultat ? Jamais le FN n'a été aussi populaire !


Lionel Luca, député UMP, proche des thèses du Front national.
Une hirondelle ne fait pas le printemps. Marine Le Pen ne rend pas le Front national plus fréquentable ni moins détestable. La moitié des Français considère aujourd’hui que le FN n’est pas un danger pour la démocratie ! Voilà le tragique résultat du sarkozysme et de la banalisation par la droite des thèmes favoris de l’extrême droite. Souvenons-nous des fumeux débats sur l’identité nationale, la viande cascher, le port de la Burka…en quelques mots et quelques mois, Sarkozy-Buisson (un ancien de Minute) ont réussi ce que Jean-Marie Le Pen n’avait jamais osé espérer avec ses jeux de mots scabreux : « la shoah ? Un point de détail de l’histoire » « Durafour-crématoire », « les sidaïques », et autres méchancetés odieuses.
Il est vrai que Le Pen-père est plus près de la sortie que de l’entrée en politique quand il était député poujadiste. En 1956, il se prévalait de ses actes de guerre en Algérie et insultait Pierre Mendès France à la tribune de l’Assemblée nationale. Sa fille présente mieux et la façade est plus avenante. Mais derrière le mur des apparences se cachent un terrible programme et de funestes projets.
Examinons quelques thèmes favoris du Front national. Les Français, en majorité, désapprouvent — c’est heureux — la préférence nationale devenue priorité nationale. Ils sont hostiles au rétablissement de la peine de mort que le FN pousse en avant à chaque fait divers. Ils rejettent l’idée d’abandonner l’euro (seuls 29 % des sondés sont pour) alors que Marine Le Pen en a fait son cheval de bataille. Autrement dit, sur des thèmes régaliens et sociétaux, le FN est à la ramasse. Il n’a en économie, aucune crédibilité et on imagine mal comment ces gens-là pourraient gouverner notre pays au sein d’une Europe au devenir plus social, plus solidaire, plus intégré.
Prenons d’autres exemples concrets et récents du comportement des élus FN. Deux députés proches du Front national viennent :
   de déposer un amendement dans le cadre du projet de loi sur le mariage pour tous.
   de faire une proposition iconoclaste à l’occasion de l’ouverture d’une salle expérimentale de consommation contrôlée de drogue à Paris.
L’un — Bompart — propose de légaliser l’inceste, la polygamie, le mariage entre parents etc. des provocations et pourtant autant d’interdictions dans les lois actuelles. L’autre, l’avocat Collard propose de créer des salles de viol, de vol, etc. sa manière à lui de regretter le traitement spécial mis en place pour sauver les victimes d’addictions aux drogues dures.
Dans les deux cas, ces élus de la nation font appel à ce qu’il y a de plus honteux dans l’âme humaine. A ce qu’il y a de plus crasseux dans le domaine des mœurs.
Ne soyons pas étonnés. La tradition FN, c’est l’incitation à la violence. Violence des mots, violence des services d’ordre, violence des propositions. La tradition FN c’est le rejet de la démocratie, du parlementarisme, des corps intermédiaires (syndicats, associations, outils de médiation) c’est la culture du chef. Le FN c’est une forme de néo-facisme, de rassemblement de frustrés, trop faibles individuellement, trop téméraires collectivement. Le FN chasse en meute. Et L’UMP braconne sur ses terres. Car les Copé et compagnie utilisent des pièges identiques : la peur, l’inquiétude, l’angoisse, face à la crise économique, face à la crise sociale. Ne cherchons pas ailleurs la porosité entre les deux électorats. Le sondage indique que 54 % des électeurs de l’UMP sont favorables au dialogue avec le FN et demain à des accords locaux. Merci Sarkozy !
Face à cette montée des périls, la responsabilité de la gauche, de toute la gauche, est essentielle pour l'affronter. Face à l’union UMP-FN, le PS, le PC, les Verts, le Front de gauche doivent unir leurs forces pour éviter le pire. François Hollande et la guerre aux djihadistes du Mali montre déjà des signes de fermeté à l’égard de ces salafistes fanatiques. Manuel Valls (je n’approuve pas tout ce qu’il préconise…) est le ministre le plus populaire du gouvernement. Dans l’esprit de Marine Le Pen Immigration égale islamisme, et insécurité égale état de droit. La gauche doit répondre avec les armes de la loi, de la justice, de la prévention et de la sanction tout en respectant les droits de l’homme, la laïcité, l’égalité. Il s’agit d’un pari difficile. Avec Christiane Taubira à la justice et Manuel Valls à l’Intérieur, l’équilibre peut-il être trouvé ? A eux de la prouver.

Pétroplus : Le journal Le Monde affirme qu'aucune offre ne sera retenue

Le journal Le Monde sorti cet après-midi annonce qu'aucune des cinq candidatures des repreneurs de Pétroplus n'a été retenue car aucune ne répond aux exigences formelles. Les lettres de licenciement des 470 employés devraient donc partir incessamment. C'est du moins ce que les administrateurs judiciaires ont décidé.
Après cette nouvelle désastreuse, on attend que le gouvernement fasse connaître rapidement sa position. Quant aux salariés, contrairement à ce que j'écrivais ce matin, ils n'aperçoivent pas le bout du tunnel. Ils demeurent prisonniers d'une situation dramatique pour eux et leurs familles.

Les salariés de Pétroplus aperçoivent le bout du tunnel

Les salariés de Pétroplus à Val-de-Reuil lors de la visite de François Hollande. (photo JCH)
 Cinq offres ! Dont deux sérieuses ! Le tribunal de commerce de Rouen a trois semaines devant lui pour choisir le repreneur de la raffinerie Pétroplus de Grand-Couronne près de Rouen. Parmi ces offres, deux inattendues : celle d’une entreprise égyptienne et une seconde d’une entreprise suisse. Arnaud Montebourg avait donc bien préparé son coup car on ne peut pas imaginer que le ministre du Redressement productif n’ait pas été mis dans la confidence de ces offres et n’en ait pas discuté le contenu.
On comprend mieux, aujourd’hui, pourquoi François Hollande avait déclaré à Val-de-Reuil à l’occasion de sa rencontre avec les représentants syndicaux de Pétroplus « que l’Etat ferait son devoir. » Il le fait en annonçant dès maintenant que la banque d’investissement créée par ce gouvernement prendra une participation minoritaire dans le capital afin d’assurer la crédibilité des propositions industrielles et surtout la pérennité des emplois. 
Il faut tout de même insister sur cet aspect des choses. La création d’emplois et le maintien de ceux existants sont les deux priorités de ce gouvernement. Quand l’Etat apporte sa part de l’effort de financement au sein d’une entreprise industrielle privée jugée essentielle à l’économie, il accomplit un acte fort qui vaut plus que toutes les paroles des observateurs et de ceux qui ont défilé aux portes de l’usine sans rien proposer. Je n’évoque pas les élus socialistes et écologistes, ceux qui se battent au sein des collectivités locales avec les moyens de la loi et des compétences de chacune d’entre elles. Je pense à MM. Morin et Le Maire, députés de l’Eure, ce dernier osant même se prévaloir de la solution adoptée chez M-Real. Grâce au conseil général de l'Eure et à la société Double A, l’embauche des 200 premiers salariés est en cours mais les députés de droite n’y auront été pour rien. Même quand ils étaient ministres, aucune solution n'est apparue !
Le tribunal de commerce de Rouen dispose donc de temps pour examiner les cinq dossiers de reprise de la raffinerie. On dit que deux d’entre eux sont viables. Les 470 salariés de Pétroplus qui avaient le moral dans les chaussettes encore hier peuvent espérer voir le bout du tunnel. Ils ont administré la preuve, comme à Alizay d'ailleurs, qu'une mobilisation constante, sérieuse, démocratique, peut aboutir positivement. A condition aussi que les élus s'emparent des dossiers et décident de les porter haut d'où l'importance des élections et du vote des Français.

5 février 2013

« Pour nous, il est clair que Lubrizol n'a pas la maîtrise de l'accident en cours » par Pierre Barbay

L'usine située près de Rouen. (DR)
Pierre Barbay, représentant des associations de protection de l'environnement, nous écrit au sujet de l'affaire Lubrizol :

« Tout d'abord replaçons les choses 
: L’établissement LUBRIZOL fait l’objet d’un classement Seveso seuil haut depuis le 10 août 2009, à la suite du reclassement de diverses matières dangereuses stockées, mises en œuvre ou fabriquées sur son site. Ce classement Seveso seuil haut est lié aux activités de fabrication et de stockage de produits toxiques ou très toxiques pour l’environnement aquatique, sans augmentation des activités et des risques depuis la situation précédente. 
Dès lors l’établissement LUBRIZOL-Rouen (il y a une autre unité sur la zone industrialo-portuaire du Havre) a été intégré au CLIC de Rouen -Ouest (en fait aujourd'hui seul CLIC sur Rouen) celui de Rouen Est a disparu du fait de l'arrêt d'activité de l'ensemble des sites SEVESO seuil haut concernés au départ : lorsque vous passez par le train en gare de Oissel, vous constaterez que l'ancienne usine Maprochim a complètement été démantelée…bien évidemment à la suite d'un dossier suivi en CODERST et plus concrètement par la DREAL).
La démarche en vue d’élaborer le PPRT a donc été engagée par la DREAL sur la base de l’examen d’un certain nombre d’études de dangers couvrant toutes les installations du site et révisées courant 2009 selon les dernières méthodes et normes en vigueur. Cela a permis d’identifier une première série de mesures de réduction des risques potentiels à mettre en œuvre par Lubrizol selon un échéancier fixé dans un arrêté préfectoral, de définir le périmètre d’étude du Plan de Prévention des Risques Technologiques sur les communes de Rouen et de Petit-Quevilly (PPRT prescrit par arrêté préfectoral du 6 mai 2010). L’analyse des enjeux menés par les services de la DDTM en collaboration avec les collectivités concernées et la poursuite de l’identification des actions de réduction du risque à la source par la société Lubrizol a permis d’identifier au cours du second semestre 2010 une deuxième série de mesures de réduction des risques potentiels (suppression de stockages de produits combustibles et de gaz notamment). Ainsi, la DREAL a arrêté sur la base d’un certain nombre de phénomènes dangereux réduits les cartographies des aléas qui a fait l’objet d’une présentation officielle devant les personnes et organismes associés (POA) le 11 février 2011 puis d’une réunion publique en janvier 2012.


La réponse de Pierre Vandevoorde n'a pas tardé

La réponse de Pierre Vandevoorde au texte paru ce matin et à laquelle je m'attendais évidemment n'a pas tardé. Je la publie in extenso :
« Damned, je ne réponds personnellement qu’à deux des trois critères… et pourtant je maintiens, comme Mélenchon et Poutou, mais aussi comme le chroniqueur du « Monde » Hervé Kempf  ou l’ex-rocardien Patrick Viveret, qu’il faut définir un Revenu maximal acceptable (RMA), au-dessus duquel on prend tout. Cette proposition à 20 fois le Smic n’a rien de révolutionnaire : c’était ce qui paraissait légitime à un capitaliste comme Henry Ford au début du XXème siècle. On en est très, très loin….
Contrairement à ce que laisse entendre la formulation choisie par Jean-Charles, je ne tutoie pas Marc-Antoine Jamet. Il ne s’agit là ni d’allergie à sa façon de se vêtir, ni d’hostilité personnelle, ni même, très sincèrement, de  jalousie de sa réussite professionnelle et de ses  capacités intellectuelles: je tiens simplement à marquer une distance avec quelqu’un dont les références et les fréquentations se situent dans le monde des dominants et des très riches. MAJ a de plus choisi d’être un sacré cumulard et moi je suis pour la répartition du travail et contre le cumul des fonctions et des mandats. Est-il si invraisemblable de demander à quelqu’un qui de lui-même déclare « je n’ai pas la chance d’être imposé à 75% », combien il gagne ?  On ne peut pas faire des reproches au ci-devant « écrété de la rue au Coq» et faire semblant de ne pas voir ce qui se passe à la mairie de Val de Reuil.
Il faut juger les gens sur leurs actes, c’est vrai. Je constate que MAJ se refuse à dire combien il gagne, qu’il est fier de solliciter ses amis des grandes entreprises capitalistes pour boucler le budget d’un festival de théâtre, qu’il se félicite d’être le prince de la ville dont les écoles vont être équipées en tablettes Apple alors que le nécessaire manque…
Jean-Charles passe ensuite à un autre sujet : la crise du NPA. Il n’est pas certain que Charles Péguy soit pour son propos le soutien qu’il aurait souhaité : cet auteur au parcours tourmenté commença par un militantisme dreyfusard intransigeant
nourri par un socialisme quasi-mystique qui vomissait les compromissions et les combines parlementaires (au point d’en devenir très injuste avec Jaurès). Mais ne tournons pas autour du pot : le NPA vient de connaître un congrès dont on peut souhaiter qu’il marque la fin des heures les plus difficiles. Ce n’est pas assuré. En cherchant à regrouper celles et ceux qui n’acceptent pas de la gauche ce qu’ils refusaient de la droite, nous n’avons pas non plus choisi le chemin de la facilité, mais nous savons que personne ne le fera à notre place. Merci en tout cas à Jean-Charles de ce témoignage d’estime critique.
Pierre Vandevoorde


PS (oui j’ose) : avez-vous remarqué la censure dont nous avons-été l’objet dans la brochure luxueuse de compte-rendu du sondage Ifop ? L’avis des électeurs de l’UMP, de la liste PS-PCF, et bien sûr du maire sont évoqués, mais avec 11% au premier tout et un conseiller municipal, nous n’existons pas !


Faut-il porter des pulls qui grattent, des chaussures trouées et être payés au SMIC pour être de gauche ?


Pierre Vandevoorde donnant de la voix à Val-de-Reuil lors de la venue de François Hollande. (photo JCH)
Dans un de  ses commentaires récents postés sur ce blog, Pierre Vandevoorde, préposé à la communication pour le NPA (Nouveau parti anticapitaliste) de l’Eure et de Louviers apostrophe Marc-Antoine Jamet, maire de Val-de-Reuil et premier secrétaire de la fédération de l’Eure du Parti socialiste. Il lui pose une question : « gagnes-tu plus ou moins de 20 fois le SMIC mensuellement ? » Soit 28 500 euros brut mensuels. Pourquoi vingt fois et pas dix ni cinquante ? Et surtout, pourquoi cette question ?
Marc-Antoine Jamet travaille chez LVMH et occupe une fonction dirigeante éminente puisque secrétaire général du groupe de luxe depuis 2001 il en est également le directeur immobilier (1). Si j’énumère (en bas de page) presque toutes les fonctions de Marc-Antoine Jamet, c’est évidemment pour moquer ceux qui lui reprochent d’être ce qu’il est et de faire ce qu’il fait. Ici même, Marc-Antoine Jamet a rappelé ses origines, ses études, ses parcours estudiantin, professionnel et militant sans que je sois obligé d’y revenir. Jamet est un bosseur. Il a obtenu bien des diplômes et en plus il réussit. Oh le vilain !
En réalité la question que pose Pierre Vandevoorde sous-tend une affirmation vieille comme le socialisme en France. Peut-on être de gauche et très bien gagner sa vie ? Faut-il porter des pulls qui grattent, des chaussures trouées et gagner le SMIC (voire moins) pour s’affirmer de gauche sans mauvaise conscience et sans culpabiliser ? Pour Pierre Vandevoorde, la réponse ne fait pas de doute : bénéficier d’un gros salaire ou posséder quelque bien de grande valeur est incompatible avec les…valeurs de gauche. On le disait déjà de Léon Blum et sa vaisselle d’or (fausse accusation) de Pierre Mendès France et des magasins de son épouse en Egypte (fausse accusation) de Laurent Fabius et de son goût pour les antiquités. On semble le dire de Marc-Antoine Jamet. Il n’est pourtant ni richissime possédant, ni responsable des actes de Bernard Arnault, son patron chez LVMH.
Les hommes et les femmes de gauche doivent être jugé(e)s sur leurs actes, leurs actions, leur cohérence et surtout, sur le respect de leurs principes. Nombre d’entre eux ont trahi leurs idéaux pour un plat de lentilles.
La critique de Pierre Vandevoorde intervient au moment même où on apprend que le NPA (Nouveau parti anticapitaliste) compte, nationalement, 2500 adhérents. Qu’il est en perte de vitesse, n’a plus de leader naturel et charismatique et continue de s’appuyer sur des pratiques groupusculaires. Je le dis avec d’autant moins de plaisir que j’ai de l’estime pour la plupart des militants lovériens du NPA. Ils ont le mérite de la sincérité, du courage même physique, de l’engagement, mais est-ce suffisant pour représenter une vraie force politique ?
Dans un pays où l’influence d’un parti se mesure à l’aune du suffrage universel, il est évident que le 1,17 % des suffrages de Philippe Poutou (le candidat du NPA à la présidentielle) ne pèse pas lourd. Pour autant, je maintiens que ce critère est nécessaire même s’il n’est pas suffisant. Car à Louviers, on sait que le NPA vaut plus que cela. La preuve ? Les 10 % de suffrages obtenus lors des dernières élections municipales et la présence de ses militants à la pointe de combats plus que respectables. Cette confiance des électeurs (trices) prouve que l’offre politique de la gauche traditionnelle ne suffit pas. Je ne parle pas du PRG car à Louviers, les radicaux ne le sont pas. Je parle du PC, du PS et des Verts. Le NPA propose souvent des actions communes, pour Cinram ou contre le Front national par exemple. Mais il refuse d’embrayer et de chercher le compromis de l’union. Pour le NPA, compromis égale compromission. « Le kantisme a les mains pures mais il n’a pas de mains. » affirmait Charles Péguy. Le NPA a les mains pures car il ne participe à aucun exécutif et par conséquent ne prend pas le risque d’assumer un quelconque pouvoir et donc un quelconque échec. Voilà pourquoi la crédibilité des militants du NPA est sujette à caution. C’est tellement vrai que la gauche unitaire (née de la scission d’une partie du NPA) a rejoint le Front de Gauche et Mélenchon ouvertement candidat au pouvoir comme le sont les communistes de Pierre Laurent.
Se profilent les municipales de 2014. Des listes d’union de la gauche se présenteront aux suffrages dans bien des villes de France et de l’Eure. Elles comprendront des militants du PS, des Verts, du Front de gauche (parti de gauche et PCF) des sans partis…ce serait une occasion à ne pas manquer pour des militants du NPA désireux de changer de politique.

(1) Il est Vice-président de la Fédération des Industries de la parfumerie (FEBEA) depuis 2002 et Président du pôle de compétitivité « Cosmetic Valley » depuis 2011. Il a été Président de l’Union des fabricants (Unifab), principale association européenne en charge de la lutte contre la contrefaçon entre 2001 et 2010. Depuis 2009, il est membre du Haut Conseil de l’Intégration, Administrateur de la Société d’exploitation de la Tour Eiffel (SETE), de l’Institut des relations internationales et stratégiques (IRIS) depuis 2005, de Paris Tech Review depuis 2011, il est également Président-Directeur général du Jardin d’acclimatation depuis 2004. Il a été nommé en octobre dernier président du CNED (centre national d’éducation à distance) par Vincent Peillon, ministre de l’Education nationale.

4 février 2013

Les salariés de Pétroplus attendent de l'Etat des idées et du pétrole


Lors de la présentation du livre des Pétroplus au siège de la fédération de l'Eure du Parti socialiste. (photo JCH)
Les 470 salariés de Pétroplus seront (normalement) fixés sur leur sort demain à l’occasion de l’examen par le tribunal de commerce de Rouen des trois offres de reprise présentées. A lire les différentes gazettes, aucune d’entre elles ne présente de qualités avérées. Depuis un an, cependant, les salariés de la raffinerie se battent comme des chefs pour empêcher la fermeture définitive d’un outil sans doute ancien mais apte à être modernisé.
Lors de sa visite à Val-de-Reuil, en janvier, François Hollande, président de la République, a rencontré pendant 45 minutes les salariés de Pétroplus. Il avait à ses côtés Arnaud Montebourg, ministre du Redressement productif et Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères mais surtout élu de la Région.
François Hollande a promis que « l’Etat ferait son devoir. » Une phrase certes importante mais insuffisamment claire pour les salariés. On attend donc avec impatience le jugement du tribunal de commerce et la réaction du gouvernement. Si la justice consulaire condamne l’ancienne raffinerie Shell à la fermeture, quelle sera la position du chef de l’Etat ? Une nationalisation même temporaire ? Ayrault, premier ministre, n’y est pas favorable. Arnaud Montebourg reviendra-t-il à la charge en défendant cette solution ? Le mauvais souvenir de Florange doit lui trotter dans la tête. Il va de soi que les salariés de Pétroplus ne resteront pas inertes en cas de solution négative. Ils attendent que l’Etat ait des idées et…du pétrole.

Une reculade à la fois lamentable et inutile sur la PMA


Le cafouillage gouvernemental autour de la PMA (1) est du plus mauvais effet. Mme Bertinotti, ministre de la Famille dit blanc, Jean-Marc Ayrault, le Premier ministre dit noir, le président du groupe socialiste affirme que les députés auront le dernier mot…tout cela parce que le gouvernement, croyant amadouer les opposants au mariage pour tous en intégrant la PMA « dans une grande loi sur la famille » ou « toute seule après avis du Comité national d’éthique » se fait tancer par la droite. Le député Mariton parle même de déroute !
Ce nouveau couac fait même dire à Serge Coronado, député EELV que la PMA va être enterrée par le gouvernement ! Si cela était, ce serait à la fois lamentable et inutile. Lamentable parce qu’on ne recule pas sous les coups de boutoir de l’opposition même si j’en connais à gauche qui ne sont vraiment pas clairs dans cette affaire de PMA et inutile puisque les députés ont les moyens, par amendement, de faire passer cette PMA selon un calendrier leur convenant.
C’est d’autant plus regrettable que la PMA existe en France, qu’elle n’a rien d’illégale et que des couples y recourent quand des nécessités biologiques s’imposent. J’ai lu avec un certain étonnement la tribune de Mme Sylviane Agacinski dans le journal Le Monde où elle dénonce les couples recourant à la GPA à l'étranger et critique, à mots feutrés, la circulaire de Mme Taubira sur la nationalité des enfants nés par GPA. Elle considère que cette circulaire va encourager la GPA, donc le recours à l’étranger, donc la commission d’un délit eu égard à la loi française. Veut-elle qu'on jette en prison les couples recourant à la GPA quoiqu'on pense de cette pratique ?
Dois-je rappeler à Mme Agacinski que nous sommes un certain nombre d’hommes et de femmes, membres du planning familial ou de centres d’orthogénie, qui avons accompli quelques traversées de la Manche afin d’accompagner des femmes en état de détresse et volontaires pour une interruption de grossesse alors interdite en France. Nous l’avons fait et nous le referions si la législation française était demeurée criminogène !
L’image que donne le gouvernement, celle d’une reculade, doit être rapidement modifiée. Plus d’un député PS regrette aujourd’hui d’avoir accepté qu’on retire la PMA du projet de loi sur le mariage pour tous. Les débats n’en auraient pas été plus difficiles et la gauche y aurait gagné une solidarité de bon aloi. Quant à la droite, fidèle à son archaïsme, elle aurait de toutes façons hurlé à la mort de notre civilisation. Grotesque ! 
(1) Procréation médicalement assistée. La PMA serait ouverte aux couples homosexuels femmes.

3 février 2013

Qui fait quoi et qui paie quoi ? Le maire-ex-président de la CASE entretient habilement la confusion


Le centre nautique est un projet « CASE » (photo JCH)
Je souhaite revenir sur le sondage IFOP aux résultats tant vantés par le maire de Louviers. Je note que la communication est le point le plus apprécié des Lovériens. Il est vrai que la parution régulière du journal municipal permet de suivre l’évolution des chantiers, de mieux connaître les projets communaux et qu'il est aussi un moyen pour les groupes d’opposition de mettre le doigt sur certains aspects de la vie politique locale qu’il s’agisse des finances ou d’autres sujets de mécontentement. La loi a imposé cet outil de démocratie et nous ne nous en plaignons pas.

Depuis que les réunions publiques de quartiers ont disparu du programme municipal et que le maire préfère les promenades tranquilles face à des Lovériens demandeurs, ce journal est devenu l’outil majeur de la communication municipale. Pas seulement. Et c’est sur ce point que je veux insister.

La Communauté d’agglomération Seine-Eure renforcée des communes de la communauté Seine-Bord recèle des compétences essentielles au devenir de notre bassin de vie. Au-delà de la gestion de l’eau et de l’assainissement, de la collecte et de l’élimination des déchets, la CASE définit le développement urbain (zones d’habitat) et industriel (zones d’activités) de notre immédiate région. Le tourisme entre dans ses cordes également. Et compte tenu des lois de décentralisation en préparation, les agglomérations et les régions vont se voir doter de compétences élargies jusqu’ici attribuées aux départements et aux communes. Mais, car il y a un mais, les délégués des agglomérations ne sont pas élus au suffrage universel direct. Leur action est lointaine et mal connue. Et pourtant vitale comme on l’a vu récemment avec le vote modifié de la contribution économique. D’où la nécessité de mieux communiquer. D’où l’embauche d’une journaliste à la CASE chargée de rédiger le journal… de la CASE. Et c’est très bien.

Question : pourquoi le journal municipal de Louviers, payé par les seuls contribuables lovériens, fait-il une part belle, très belle même, aux décisions et projets initiés par les élus de l’agglomération issus de 37 communes ? L’exemple le plus flagrant est ce projet de centre nautique intercommunal (1) financé par la CASE et des subventionneurs. Franck Martin joue admirablement de la confusion. Tantôt il parle en maire de Louviers, tantôt il parle en (ex)président de l'agglo, jetant une confusion totale dans l’esprit des observateurs, confusion habilement entretenue par les sites internet et autres blogs référencés avec un point commun : martin. J’imagine que la proximité des prochaines élections municipales ne va pas améliorer la clarté des choix.

Je comprends bien que si la journaliste d’Actua Louviers se contente des thèmes lovériens, la pagination va se réduire. Pour une nécessité de transparence, il serait tout de même bel et bon qu’à l’avenir on sache précisément qui fait quoi et qui paie quoi. Chacun avec son support.

(1) Je reviendrai en temps utile sur certains aspects du projet.

Mariage pour tous : la messe est dite, l'article 1 de la loi est approuvé


Il y avait foule à la Bastille. (photo FC)
Une immense satisfaction. Une première victoire. La marche vers l’égalité réelle n’est plus seulement symbolique. En votant majoritairement pour l’article 1 de la loi proposée au Parlement par le gouvernement sur le mariage pour tous, les députés de gauche et ceux de droite qui en ont eu le courage moral ont accompli un premier pas décisif.
Et pourtant. Christian Jacob, président du groupe UMP et les siens ont utilisé toutes les ficelles, toutes les procédures visant à retarder ce qu’ils considèrent comme un recul de civilisation. Ils avaient usé du même argument lors du vote du PACS ou de la loi Veil sur l’interruption volontaire de grossesse. La société française est-elle moins exemplaire depuis le vote des ces lois décisives ? Pas du tout. Au contraire, la France inspire d’autres démocraties, d’autres pays, d’autres militants où le droit des femmes à l’égalité est bafoué, où les homosexuels continuent d’aller en prison, où la religion continue d’affirmer sa domination totale sur les citoyens.
Le vote d’hier n’est donc qu’un premier pas. Il ne s’agit que d’une première lecture à l’Assemblée nationale. Comme le gouvernement a décidé de ne pas passer en force mais de donner du temps au débat, il faudra attendre quelques semaines avant l’adoption définitive de la loi, une adoption quasi définitive aujourd’hui. Car aussi paradoxal que cela puisse paraître, c’est l’opposition farouche, irrationnelle des catho-boutin, des extrémistes du front national, de Civitas, des députés UMP excessifs qui a abouti à une cohésion sans faille à gauche un camp dans lequel on sentait quelques hésitations. PS, Front de gauche, EELV, auxquels s’agglomèrent quelques députés UMP ou UDI (à compter sur les doigts d’une main) ont voté comme un seul homme — ou comme une seule femme — en faveur de cet article 1 décisif puisqu’il reconnaît dorénavant le mariage pour tous. Le débat va se poursuivre pendant quelques jours encore. Mais, si j’ose dire, la messe est dite.