26 août 2016

Pour Valls et Sarkozy l'ordonnance du Conseil d'Etat c'est Villeneuve Loupé


J’attendais avec impatience l’ordonnance du Conseil d’Etat statuant en référé suite aux demandes d’annulation d’un arrêté municipal à Villeneuve-Loubet présentées à la fois par la Ligue des droits de l’homme et l’association de lutte contre l’islamophobie. Le moins que l’on puisse dire est que le juge des référés met sérieusement à mal les argumentations de MM. Sarkozy, Valls, Ciotti et tous leurs acolytes puisqu’il annule le jugement du tribunal administratif de Nice qui avait donné son accord à l’application de cet arrêté et de quelques autres. L’arrêté, je le rappelle, visait à interdire aux femmes le désirant d’être vêtues d’un voile ou d’un foulard ou d’une tenue trop habillée !

Que reprochait-on à ces femmes ? De poser un problème d’ordre public et de « provoquer » les pauvres estivants que nous sommes, bien blancs et bien Français ! Quelle gifle que cette décision du Conseil d’Etat appelée à faire jurisprudence. La haute autorité administrative considère que si le maire est bien chargé de la sécurité dans sa commune, il ne doit agir que pour veiller au respect des lois et notamment celle concernant la liberté d’aller et venir, la liberté de conscience et la liberté de pratiquer la religion de son choix. S’agissant de la baignade sur une plage publique, qui plus est, toute personne est autorisée à aller à l’eau (ou non) dans la tenue qu’il affectionne si la décence et l’hygiène sont respectées. Ce qui était évidemment le cas à Villeneuve-Loubet.

La polémique au sein du gouvernement opposait Manuel Valls à Najat Valaud-Belkacem et Marisol Touraine. Etant contre le port du voile à titre personnel — c’est mon cas aussi — ces dernières contestaient à la puissance publique le droit de s’immiscer dans le choix très personnel d’être vêtu comme on le souhaite et notamment sur les plages de notre beau pays.  Les arguments relatifs au terrorisme et autres prétextes fallacieux ont été balayés par le Conseil d’Etat. Il s’agit donc d’une défaite morale pour Manuel Valls et le président qui, fidèle à lui-même, ne s’était pas, si je puis dire, mouillé. Une fois encore, saluons la décision de notre juridiction administrative suprême, elle prouve qu’un état démocratique n’est fort et respecté que si la loi n’est dénaturée ni dans sa lettre ni dans son esprit.

La section de Nice de la Ligue des droits de l’homme a publié, cet après-midi, le communiqué suivant : « La section de Nice de la LDH prend acte de la décision du Conseil d’État concernant la commune de Villeneuve-Loubet ; elle demande aux communes concernées du Département des Alpes-Maritimes d'abroger immédiatement les arrêtés similaires, désormais entachés d’illégalité.
Le droit fondamental de manifester sa religion ou ses convictions dans l'espace public sera à nouveau respecté et nous nous félicitons d'y avoir contribué ; mais, en même temps, la section de Nice de la LDH réaffirme qu'elle désapprouve le port de vêtements qui symbolisent la soumission des femmes et portent ainsi atteinte à l'égalité entre les hommes et les femmes.
Les arrêtés démagogiques et populistes sont inutiles et même dangereux ; notre région a surtout besoin de politiques de lutte contre la ségrégation urbaine et en faveur de la cohésion sociale. Nous faisons confiance aux enseignants, aux éducateurs, au monde associatif et syndical, aux hommes politiques de bonne volonté, afin que, par un travail de proximité et au quotidien, les capacités d'intégration de notre société laïque soient renforcées. »




24 août 2016

Le gros rouge qui tache fait des ravages sur les plages françaises


Non, nous ne sommes pas que des bonnes âmes. Non, nous ne sommes pas que des droits-de-l’hommiste, comme disent certains spécialistes du mépris. Non, nous ne nions pas les risques terroristes en période d’état d’urgence. Mais les photographies (prises par un professionnel d’une agence britannique) de ces policiers municipaux de Nice obligeant une femme allongée sur la plage à ôter un voile qualifié d’atteinte aux bonnes mœurs, alors là c’est une démonstration grandeur nature de la bêtise humaine, d’une part, et d’une stigmatisation devenue obsessionnelle chez certains hommes politiques, d’autre part.

Que Nicolas Sarkozy annonce se servir de l’Islam et de l’immigration pour lancer sa campagne, comme en 2012, comme en 2007, ne nous étonne pas. Mais que des maires de droite ou d’extrême-droite (avec la complicité de la justice administrative) se vautrent dans une chasse aux femmes voilées, sous couvert de laïcité et de sécurité, voilà bien où nous conduisent les campagnes dont la presse étrangère (anglo-saxonne surtout) se moque depuis plusieurs jours. Car enfin, une femme voilée sur une plage ce n’est pas la première fois en France et ce ne sera pas la dernière. Elle ne portait ni burka ni burkini ! Alors quoi ?

Il est vrai que Nice n’est pas n’importe quelle ville. Il est vrai aussi que l’ancien maire, Estrosi, a rallié la candidature de Sarkozy. Il est vrai encore que la police municipale niçoise ne fait qu’appliquer les consignes très larges données par les politiciens au pouvoir dans cette ville du sud. Quel est le but de ces initiatives scandaleuses et ubuesques ? Rassurer le bon peuple ? Faire plaisir aux Dupont La Joie toujours prompts à fondre sur les immigrés ? Soutenir la campagne de l’ex-président nouveau candidat adepte du gros rouge qui tache ? On se perd en conjectures.

23 août 2016

« Faitout pour la France » et rien pour les Français


Jospin aimait le football et Chirac les footballeurs. Sarkozy aime la France du moins l’assure-t-il mais il n’aime pas les Français. Son dernier livre est, dit-on, un ramassis de clichés, de répétitions, de propositions décomplexées mêlant des propositions-privilèges pour les riches et les patrons et la baisse des indemnités pour les chômeurs dont le sieur Wauquiez assure qu’ils sont des assistés. Évidemment, Sarkozy se pose en meilleur rempart contre le terrorisme lui qui n’est pas sorti grandi de l’affaire Merah qu’il a oubliée dans son bilan. D'ailleurs n'a-t-il pas présidé pendant cinq ans ?

Il faut être sacrément gonflé pour se présenter à nouveau à la présidentielle quand le bras de la justice s’étend sur de multiples affaires vous concernant. Alors qu’ils ont commenté abondamment le livre (?) de Nicolas Sarkozy, les journalistes ont, pour la majorité d’entre eux sauf ceux de Médiapart et de Libération, omis de rappeler la situation judiciaire de l’ancien président empêtré dans l’affaire Bygmalion, le financement libyen de sa dernière campagne, et bien d’autres qu’il serait fastidieux de citer en détail : Tapie-Lagarde par exemple. Un mien ami me propose de titrer ce billet à la façon « Canard enchaîné ». C’est ainsi qu’il propose le candidat « Faitout pour la France » eu égard au nombre élevé de casseroles qu’il va trimballer de ci de là au cours de la campagne à venir.

Ce qui caractérise Sarkozy c’est son culot. A la façon de Trump qui dit tout et son contraire, il vampirise de programme du FN dans tout ce qui touche à la nationalité, à l’immigration, à l’Islam, à la sécurité, au terrorisme. Avec Sarko pas d’attaques au couteau. Pas de camion fou. Pas de policiers assassinés ! Tolérance zéro et mise au placard ou en taule (comme on voudra) de tout suspect, de tout fiché, de tout ce qui s’oppose…autrement dit, Sarko-Erdogan. Il nous prend pour qui ?

Les Français, interrogés hier et aujourd’hui, ne sont ni dupes ni idiots. Ils savent ce que valent les promesses d’un Sarkozy. Ils sont donc 8 sur 10 à ne pas souhaiter la victoire de l’ex-président en 2017. Quelle claque. Autrement dit, si Sarko fait le bonheur du cœur de l’Ex-UMP, il n’imprime pas dans l’opinion. Ouf.




22 août 2016

Pourquoi je ne voterai pas pour Arnaud Montebourg


Arnaud Montebourg à l'Institut PMF.
« Le principal défaut de Ségolène, c’est son compagnon. » Cette déclaration d’Arnaud Montebourg au Grand Journal de Canal Plus valait évidemment déclaration de guerre avec François Hollande. Avocat brillant, orateur talentueux, Arnaud Montebourg s’est donc montré bien peu perspicace en soutenant François Hollande au second tour de la primaire socialiste en 2011. Alors qu’il savait parfaitement de quoi il retournait, il a préféré un plat de lentilles, autrement dit un poste ministériel avec Hollande, plutôt que d’apporter son soutien à Martine Aubry laquelle n’avait rien à vendre ni à échanger.

Sans Montebourg et ses 17 % de suffrages, Hollande n’aurait jamais gagné la primaire et partant la présidentielle. Voilà pourquoi je ne soutiendrai pas la candidature d’Arnaud Montebourg. Il a contribué, ô combien, à valider l’élection du président actuel même si, ensuite, il n’a eu de cesse de contester les choix du gouvernement et notamment la politique économique et sociale. Il faut croire que Montebourg se complaît dans le rôle de poil à gratter sans oublier les bons mots vachards…Il ne peut cependant pas s’exonérer de ses responsabilités.

La gauche, en l’état actuel de la situation, a perdu la présidentielle avant d’avoir concouru. Si, comme ils l’affirment mais cela peut changer d’ici janvier 2017, les Mélenchon, Duflot, Hamon, Montebourg…continuent sur leur lancée, il est évident qu’aucun candidat de gauche n’affrontera le second tour. Peut-être, est-ce au fond, un choix délibéré de la part de tous ces hommes et ces femmes politiques. Loin des réalités quotidiennes, loin des inquiétudes de tout un chacun, mais également loin, aussi, de proposer un projet nouveau pour la France et l’Europe, ceux qui nous gouvernent ou aspirent à gouverner à nouveau s’apprêtent à nous servir les mêmes sauces avec les mêmes ingrédients. Alors qui faudra-t-il soutenir pour empêcher le pire c’est à dire Sarkozy et Le Pen ? En l’état, j’attends de voir. Et les candidats définitifs et les programmes.

21 août 2016

Antoine Haumont était passé par Louviers dans les années soixante…


Sur cette photo on reconnaît au premier rang et au centre, Emile Sicard, Bernard Chédeville et Antoine Haumont.
Son nom de vous dira rien. Du moins il ne dira rien à ceux et celles qui n’ont pas fréquenté le lycée Jules Ferry de Louviers dans les années soixante. Pourtant, il est des hommes, des enseignants surtout, qui laissent des traces indélébiles dans les mémoires des élèves (jeunes surtout) et Antoine Haumont était de ceux-là. Professeur d’histoire et de géographie, le jeune enseignant qu’il était à l’époque — il devait avoir vingt-quatre ou vingt-cinq ans — avait atterri à Louviers sans doute grâce à la proximité de notre ville avec la capitale.  

En effet, la facilité de relier la province normande à Paris, passait par la gare SNCF de Saint-Pierre-du-Vauvray, qu’Antoine Haumont comme tant d’autres, fréquenta durant quelques années voire quelques mois. Avec le temps, Monsieur Haumont devint agrégé de géographie et ses compétences jointes à une évidente et exceptionnelle personnalité lui permirent d’intégrer l’école centrale des Ponts et Chaussées à Paris où il fut un professeur remarquable. Les hasards de la vie me permirent, grâce à Jean-Paul Lacaze, alors directeur de l’Etablissement public de la ville nouvelle du Vaudreuil, de revoir Antoine Haumont à l’ECPC à l’occasion d’un jury appelé à sanctionner le travail d’étudiants relatif à la ville nouvelle. Je lui avais rappelé son court séjour à Louviers mais, visiblement, la poursuite de sa carrière l’avait plus absorbé que le travail de mémoire sur ce lycée de province alors dirigé par Bernard Chédeville.

Si j’évoque Antoine Haumont c’est parce que j’ai lu dans le journal Le Monde un avis de décès le concernant. Je me suis dit que, peut-être, les élèves sur la photo jointe à cet article, notamment Claude Coignet qui rêvait des beaux yeux bleus de son professeur, aimeront se retourner quelque peu sur leur passé et se souviendront avec émotion peut-être des cours d’un professeur évidemment doué et dont le passage à Louviers, tout éphémère qu’il fut, ne laissa pas indifférent ceux et celles qui l’ont connu et apprécié.