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Affiche utopique mais nécessaire. ©JCH |
Diego Ortega dont on connaît l’intérêt
pour la politique lovérienne a publié sur son profil facebook un texte qui
répond à mon article consacré à la « taxe sur les morts. » Je le publie dans
son intégralité.
«
Il me semblerait inopportun de commenter l'appréciation que tu portes sur
Franck Martin et sa façon de « faire de la politique ». Elle est empreinte de
vos divergences. Elle est en partie le fruit de liens qui vous
concernent, seuls, et qui datent de plusieurs dizaines d'années ... Tu
comprendras que je ne m'en mêle pas.
Je me permets, en revanche, de faire un léger
rectificatif s'agissant des radicaux de gauche. Feu le PRG s'est divisé en
deux. Certains élus et militants fusionnent dans un nouveau mouvement avec les
radicaux valoisiens (jusqu'alors membres de l'UDI), c'est exact. D'autres (dont
fait partie Olivier Taconet) constituent un autre mouvement intitulé "les
radicaux de gauche". Ce mouvement s'inscrit dans la perspective d'une
gauche de gouvernement, humaniste, progressiste, laïque, sociale et écologiste.
Il a vocation à prendre sa place dans la
"reconstruction à venir" de cette gauche dite de gouvernement ...
Ensuite, s'agissant de la déclaration du Maire de
Louviers. Deux commentaires :
— Les frais d'inhumation des personnes dites
"indigentes" étaient jusque là portés par la solidarité via la
redistribution de l'impôt local et en particulier par une intervention du CCAS.
Très bien. La mise en place de cette taxe va faire porter cette charge par les
familles endeuillées, et elles seules. Et ce, quelque soit leurs revenus,
toutes seront taxées uniformément à 50 €.
Au-delà de l'exemple, mon intérêt réside dans ce que
cette décision a de révélateur ! Révélateur d'une divergence de fond sur la gestion
des collectivités territoriales.
Cette divergence porte en l'occurrence sur la
répartition de la charge entre le contribuable et l'usager. Ainsi, la majorité
municipale a souhaité que désormais cette charge soit prise en charge par
l'usager (la famille endeuillée et plus le contribuable dans son ensemble),
soit.
Cette conception n'est pas partagée par tous, en
tous cas, pas par moi.
— Concernant le vote de l'opposition sur la baisse
(très symbolique) du taux d'imposition à Louviers. Sauf erreur de ma part, il
ne s'agit pas d'une opposition de principe à cette baisse, bien au contraire.
Qui serait contre, à service équivalent, d'une une baisse des contributions
obligatoires ?
Il me semble que ce qui oppose majorité et
opposition, c'est le sentiment par cette dernière d'un énorme "coût de
com". Ainsi, pour avoir assisté à de
nombreuses réunions où le Maire de Louviers annonçait un événement majeur :
Une baisse des impôts à Louviers ! J'imaginais qu'il
s'agissait d'un tour de force. Non seulement, la Ville devait faire face à une
baisse puis un gel des dotations de l'Etat, mais en plus l'exécutif proposait
une baisse de ses ressources liées à l'impôt local : trop fort ...Impressionné,
j'étais !
Mais cela ne fut que de courte durée, en particulier
lorsque nombre de lovériens m'ont indiqué la nature de la baisse "concrète
et réelle" de leur imposition.
1, 2 voir 5 € par an sur un impôt parfois supérieur
à 1000 € ! Baisse du taux, il y a. Delà à en faire l'élément majeur d'une
stratégie financière à grand renfort de communication, cela pourrait apparaître
comme disproportionné ... À mes yeux, on s'approche plus de l'effet d'annonce
et du coup de communication que d'une baisse réelle et significative de la
pression fiscale à Louviers ! Dommage. J'exprime un sentiment personnel.
Sentiment partagé par l'opposition municipale et qui explique sa réserve lors
des annonces du Maire sur une nouvelle baisse des taux.
Enfin, sur le sujet même. Tu n'es pas sensible à la
forme prise par cette opposition à la taxe. Tu ne signeras donc pas cette
pétition, j'entends. Mais s'agit-il uniquement d'une question de forme ? Que
penses-tu du fond ? Du principe même de mise en œuvre de cette taxe ?
D'annoncer une baisse de l'impôt local tout en mettant en place de nouvelles
taxes et en augmentant par ailleurs nombre de tarifs ? Il ne s'agit pas de
polémique (comme toi, je n'y suis guère sensible), il s'agit de la
conception même du principe de solidarité et de redistribution de la richesse
créée. Faut-il favoriser la prise en charge financière des missions de services
publics locaux plutôt par l'impôt (et donc le principe de redistribution en
fonction des revenus de chacun) ou faut-il plus tôt faire peser ces charges sur
l'usager ?
A noter que cette taxe a un caractère obligatoire
(on ne choisit pas de la disparition d'un proche) et sera du même montant
quelque soit la nature des revenus des personnes taxées. Cela doit te rappeler
de vieux débats sur la gratuité du service public et plus récemment sur les
questions de DSP de certaines missions liées à la gestion de l'eau (si ma
mémoire ne me fait pas défaut). Je serai ravi d'échanger à l'occasion avec toi
sur tous ces sujets passionnants ...
Enfin, tu interroges l'exécutif local sur son
argumentation à mettre en œuvre cette nouvelle taxe, c'est bien naturel. Un de
tes prochains papiers permettra probablement à un ou plusieurs des membres (de
ton choix) de l'opposition d'exposer de façon argumentée, structurée (et en
dehors de toutes invectives et agressions verbales) les raisons de leurs
objections à l'application de cette taxe inopportune à leurs yeux ...
A très bientôt, j'espère.
Diego
Ma
réponse : Merci Diego d’utiliser le ton que tu emploies. Il est conforme à
ce que des citoyens désirant être informés pour comprendre, attendent de ses
représentants actuels ou futurs. Cela nous change. Et comme en plus, tu
argumentes avec talent (et travail) je suis heureux de publier ton texte sur
mon blog. Je le publie pour, justement, ne pas rester limité aux
réseaux sociaux que tout un chacun ne fréquente pas forcément. Et ton texte
mérite la diffusion la plus large puisqu’il interpelle intelligemment la
majorité municipale.
Qu’il
n’y ait aucune ambiguïté. Le titre de mon article (un peu d’humour fait du
bien) est d’ailleurs sans équivoque : cette mesure est un expédient comme
nombre d’adjoints aux finances en utilisent depuis que le monde est monde et
que la décentralisation a permis aux élus de s’engouffrer dans des sentiers
étroits. Je suis contre cette taxe. Mais je ne signerai pas la pétition dont
l’objectif aurait dû être, si l’outil est vraiment adapté à la situation, ce
dont je doute (opération com également) d’élargir la base étroite d’une gauche
plus en perdition qu’en reconstruction.
Merci
Diego de m’avoir éclairé sur les subtilités relatives aux radicaux. Je viens de
lire la biographie de Michel Beck consacrée à la vie de Pierre Mendès France.
Membre du Parti radical (par admiration pour Herriot) PMF a passé sa vie à être
trahi, critiqué, honni par ceux-là même qui auraient dû le soutenir, notamment
en 1956. On attendait PMF, on eut Mollet ! Il eut les mêmes difficultés au
PSA puis au PSU de Michel Rocard. J’ai adhéré au PS en 2006, ce fut une
expérience intéressante (à laquelle j'ai mis un terme) mais jamais je ne m’y suis senti à l’aise comme je
l’avais été au sein du CAG (comité d’action de gauche). Dans ce dernier, le
breuvage était plus important que le flacon. Tu ne me feras pas croire que le
parti de M. Taconet (les Radicaux de gauche dis-tu ?) a un avenir autre
que groupusculaire à vocation utilitariste…
Enfin,
je suis évidemment prêt à accueillir sur ce site les écrits de toutes les
bonnes volontés concourant à une pédagogie politique sans laquelle il n’est
point de citoyen (voir affiche en illustration). Je te remercie de ta contribution qui renforce ma conviction :
on peut défendre un point de vue sans vouloir forcément l’humiliation d’un
adversaire ou d’un contradicteur.