9 avril 2016

Christian Renoncourt démissionne du conseil municipal de Louviers


Christian Renoncourt. (photo JCH)
Christian Renoncourt démissionne de ses fonctions d’élu au sein du conseil municipal de Louviers et de la Communauté d’agglomération Seine-Eure. Il considère qu’il n’a plus sa place dans l’opposition. Il est vrai qu’une opposition vouée à brasser de l’air ne présente que peu d’intérêt. Il est vrai aussi que l’appropriation exclusive de la parole par le leader de la liste de gauche ne laisse aucun espace, ni au sein de l’assemblée communale, ni dans les tribunes du journal municipal, à ses colistiers. Il y a là aussi de quoi se lasser d’autant plus que ledit leader n’habite plus à Louviers et n’assiste même pas à la séance de vote du budget primitif.
L’àquoibonisme, comme dirait Serge Gainsbourg, ne peut pas être un projet. Un opposant doit donc prendre son mal en patience, contester à bon escient, et contribuer à la construction lente et progressive d’un projet alternatif. Que d’énergie et que de temps…Christian Renoncourt a sans doute souhaité privilégier son avenir professionnel au sein d’un groupe important dans le paysage français et personne ne pourra lui contester ce droit et ce choix. Bonne route Christian !

Voici le communiqué de Christian Renoncourt :
« Voilà près de 15 ans que je suis conseiller municipal de Louviers ! De 2001 à fin 2007, j'ai eu le réel plaisir d'être adjoint au Maire chargé des affaires scolaires et de la restauration municipale...Véritable mandat où j'ai le sentiment d'avoir œuvré pleinement au service des Lovériens et de leurs enfants...entretien actif et régulier des écoles, construction de l'école de la Souris Verte, mise en place du Programme de Réussite Educative, Charte des ATSEM, révision de la carte scolaire, création de selfs, de la cuisine des 2 airelles....le tout avec un fonctionnement participatif associant toujours très largement enseignants et parents d'élèves. C'est évidemment mon meilleur souvenir d'élu!

En 2008, j'ai été amené à conduire aux élections municipales la liste de gauche qui s'oppose au Maire Franck Martin. J'ai fait le job comme on dit (20% au premier tour, 20% au second) mais ce fût une erreur, bien sûr ! Erreur et  ses conséquences que j'ai tout de même assumées pendant six ans, de 2008 à 2014 en siégeant au conseil municipal, où, c'est le moins qu'on puisse dire, je n'ai pas été épargné. Erreur collective que j'ai surtout assumée quasiment seul, aidé et soutenu seulement par mon ami Jean-Charles Houel.

En 2014, de nouvelles élections municipales, je décide de m'associer à Franck Martin. La victoire ne devait pas, ne pouvait pas nous échapper...et pourtant nous perdons de 183 voix. Je ne regrette rien, c'était le bon choix. Franck Martin aura été un grand Maire de Louviers, qui a transformé et modernisé notre ville. Ensemble, nous aurions pu faire encore mieux!

Mais voilà, cela fait donc neuf ans ou presque que je siège dans l'opposition....et dans l'opposition, on ne sert à rien....sinon à tenter de reprendre le pouvoir aux élections suivantes. Ne servir à rien m'est insupportable parce que — comme nombre de mes collègues de gauche, du centre, de droite — être utile, servir ses concitoyens, c'est justement le sens de mon engagement politique depuis 26 ans...Et travailler pour reprendre la direction et la gestion de Louviers en 2020, je n'en ai pas la motivation suffisante.

J'ai donc décidé aujourd'hui de démissionner de mes deux mandats d'élu, conseiller municipal de Louviers et conseiller communautaire de la CASE pour me consacrer à d'autres activités. J'adresserai la semaine prochaine mes lettres de démission au Maire de Louviers et au Président de la CASE. »

Christian Renoncourt

La « Macronite aigüe » ou la maladie infantile du social-libéralisme


Emmanuel Macron (DR)
Que le ministre de l’économie d’un gouvernement issu d’une majorité dite de gauche puisse créer un mouvement se réclamant d’un libéralisme absolu et surtout affirmer ses valeurs : « ni de droite ni de gauche » devrait lui valoir de prendre la porte illico presto. Et pourtant. A quoi assiste-t-on ? A un spectacle affligeant pour qui croit encore que les mots et les principes ont un sens et de la valeur. Alors même que des centaines de citoyens de tous âges et de toutes origines se rassemblent sur la Place de la République à Paris pour dire toute leur déception et en même temps tout leur espoir d’une société meilleure, un néolibéral approuvé par le MEDEF et Jean-Pierre Raffarin lance une bouée dans l’océan de l’indifférence de plus en plus manifeste à l’égard des politiciens…et des partis auxquels ils appartiennent. Chaque jour nous apporte son lot de déceptions et de promesses non tenues. La loi « travail » en est l’exemple jusqu’à la caricature.

Ainsi, Emmanuel Macron, le jeune ministre forcément moderne, est « En marche ». Du nom donné à ce…à quoi d’ailleurs ? En marche vers quoi ? Pour défendre quels intérêts ? Au bénéfice de qui ? Patronné par l’Institut Montaigne, ce « mouvement » du jeune ministre ambitieux sera donc financé par les grands groupes comme Engie, Bouygues, Bolloré et tant d’autres. Ce qui en dit long sur les objectifs que s’assigne le protégé des banques.

A l’évidence la politique proposée par l’actuel ministre de l’économie trouvera son inspiration future dans les recettes maintes fois proposées par des entrepreneurs favorables : à la flexibilité, remontés contre la fonction publique, et surtout épris de l’absence de règles pour licencier à moindres frais. Autrement dit, rien de bien neuf dans le paysage dévasté de la politique à l’ancienne. Et ce n’est pas Macron avec ses petits bras et sa mine réjouie qui pourra offrir un débouché à la crise sociale et économique en cours. D’ailleurs, son principal rival, Manuel Valls, a reconnu que le « ni droite ni gauche » — et c’est un connaisseur — n’était pas une formule très heureuse.

L’émiettement de la gauche, les difficultés à monter une primaire avec l’ensemble des courants, la démobilisation des citoyens écœurés laissent donc présager une défaite à la présidentielle et aux législatives suivantes. Concernant notre circonscription, les grandes manœuvres sont en cours. Le rejet violent de l’adhésion au PRG de Bruno Questel, suppléant du député et maire de Bourgtheroulde, en quête d’un parti accueillant après son départ du PS, montre bien où en sont les protagonistes du prochain combat électoral. Pré carré, repli minoritaire, refus du changement des hommes et des méthodes, voilà la recette garantie d’une bonne grande claque. Une de plus après les municipales, départementales, régionales…




7 avril 2016

« Tête basse, mains sales ». Un nouveau slogan pour le Front national ?


Têtes basses mains sales. Voilà le nouveau slogan que devrait utiliser le Front national de Jean-Marie Le Pen et de sa fille Marine. Ces forbans clament depuis des lustres que les partis politiques français, excepté le leur bien sûr, sont composés de corrompus et de ripous. Aussi, quand la presse mondiale constate objectivement que Frédéric Chatillon, ancien responsable du GUD (1), président de la société Riwal, proche de Marine Le Pen, possède des comptes offshore au Panama, quel pied pour tous ceux et celles qui clament aussi depuis toujours que ce parti d’extrême droite, financé par des banques russes, partisan de pratiques financières plus que douteuses, est un parti « ripoublicain » et bien plus que tous les autres réunis. Les « ténors » du parti d’extrême droite ont beau crier, brailler, protester, les preuves sont là : Chatillon a utilisé des sociétés panaméennes pour dissimuler des sommes dont le montant serait de l’ordre de 300 000 euros…

Quel pied d’entendre les responsables du FN, les Aliot, les Philippot, les Bay, répéter sur toutes les ondes et sur toutes les chaînes de télé que le parti national, comme ils disent, n’a rien à voir là-dedans et que « c’est comme si on accusait la boulangère de Balkany, d’être complice de celui qui a ouvert un compte au Panama. » Le coup de la boulangère, d’après Caroline Fourest, est une pratique habituelle au FN. Les éléments de langage, totalement ridicules et décalés, ne parviennent pourtant pas à modifier l’opinion de la majorité des Français à l’égard de ce parti attrape-tout. Ils constatent que les fameuses déclarations sur le FN parti différent, contre l’UMPS notamment, est un parti où les pratiques douteuses et illégales sont légion. Au Parlement européen, lors des campagnes présidentielle et législative…le FN est dans la nasse et des poursuites judiciaires sont engagées. Alors « mains propres tête haute » devient un slogan mensonger totalement contradictoire avec les actes quotidiens des animateurs du FN. Mais cela, qui en doutait ?

Et Jean-Marie ? Alors lui, c’est le bouquet. Depuis 1956, il encombre la vie politique de sa présence vénéneuse. Héritier des ciments Lambert, il a fait fortune sur un coup du sort et a vu sa vie matérielle s’améliorer du jour au lendemain. Son compte en Suisse, connu depuis des décennies a même valu à son ancienne épouse un procès parce qu’elle avait eu le tort de cracher le morceau ! Et l’avocat de ladite épouse n’était autre que Gilbert Collard, député apparenté FN aujourd’hui ! JMLP crie à la manipulation et l’acharnement. Le responsable des comptes ? C’est son majordome. Lui n’a rien à voir avec les lingots d’or, les comptes en Suisse ou au Panama et où vous voudrez. Qui le croira ?

Pour le FN, l’épisode panaméen est terrible. Il montre un parti alimenté par des voyous. Les Français qui croyaient aux envolées lyriques de la Marine ont sous les yeux des attitudes et des agissements condamnables politiquement et juridiquement. Enfin, le rideau se lève et la scène apparaît jonchée de turpitudes. Enfin…le FN se montre tel qu’il est vraiment.

(1) Mouvement étudiant d'extrême droite adepte d'une certaine violence…

4 avril 2016

Le Panama, paradis fiscal des nantis de la terre…


« Les yeux dans les yeux. » Si Jérôme Cahuzac n’avait pas été mis en cause pour son compte bancaire en Suisse (chez UBS) transféré ensuite en Asie ni poursuivi par la justice pour fraude fiscale et blanchiment de fraude fiscale, l’ancien ministre de François Hollande mentirait-il en s’adressant au Parlement en jurant sur l’honneur que jamais ô grand jamais il n’avait de compte caché à l’étranger ? Et certains, ceux qui le croyaient sur parole et lui accordaient une confiance aveugle, continueraient-ils à traiter les animateurs du site Médiapart de « salauds » ? Ils seraient pourtant bien en peine aujourd’hui de lui trouver des circonstances atténuantes.

Le nouveau scandale des comptes offshore de Panama met encore en cause Jérôme Cahuzac et, au passage, Patrick Balkany qui n’en rate décidément jamais une. Ces messieurs bénéficiaient donc des avantages que procurent des comptes non déclarés, ne payant ni taxes ni impôts, après un circuit secret comprenant des sociétés écran rendant, comme leur nom l’indique, très difficile voire impossible de remonter à la source et de connaître les noms des détenteurs.

Le journal « Le Monde » avec des dizaines de confrères internationaux a débuté, ce soir, la publication d’une série d’articles rendant compte des investigations conduites pendant une année après que des documents authentifiés ont été adressés à un journal allemand, le Süddeutsche Zeitung lequel s’est empressé de contacter des confrères du monde entier liés par un pacte destiné à lutter contre la fraude fiscale, la corruption, les paradis fiscaux de la liste noire ou grise tels que le Panama.

J’invite évidemment les lecteurs de ce blog à se précipiter sur le Journal Le Monde dès ce soir s’ils le peuvent et en tout cas dès demain matin. Pour la première fois dans l’histoire de l’information sérieuse les lecteurs-citoyens ont sous les yeux les preuves des manœuvres et manigances de rois, de présidents en exercice, de sportifs (dont l’un est doté de la confiance totale de notre actuel premier ministre) de hauts fonctionnaires internationaux, de chefs d'entreprises. S'agissant de Michel Platini, la FIFA en a pourtant jugé autrement en l'excluant pendant huit ans des affaires du football. L’ancien international si doué et pas seulement pour la balle au pied a fait appel devant le tribunal arbitral du sport. Attendons son verdict.

Le feuilleton du « Monde », quant à lui, va durer toute la semaine. Dans le journal de demain (daté de mercredi donc) on en apprendra plus sur le comportement immoral et scandaleux d’un millier de Français, à titre personnel ou au sein de sociétés et entreprises…et de banques. Car il a bien fallu que les banques de notre pays servent d’intermédiaires pour permettre aux fraudeurs de décrocher la timbale et de planquer leur magot. Dans un environnement triste et morbide, ces informations font du bien. Elles prouvent qu’en démocratie, tôt ou tard, les nantis et les dirigeants de la planète ne peuvent être à l’abri que de la pluie.