12 novembre 2020

Pourquoi le vote par correspondance n'est pas la panacée

Un certain nombre d’élus, du MODEM notamment, proposent de rétablir le vote par correspondance. Ce système a existé dans des temps pas si lointains mais le législateur l’a supprimé pour n’autoriser que le vote par procuration ou en personne. Pour connaître assez bien l’histoire politique de Louviers, je souhaite rappeler que le Comité d’Action de gauche, dans les années soixante-dix est parvenu à obtenir l’annulation d’élections municipales suite à des manœuvres frauduleuses de la part de certains élus de la liste Rémy Montagne relatives au vote par correspondance.

 

De quelles manœuvres s’agissait-il ? Avec mon ami Claude Dumer, nous avions remarqué que des votes par correspondance émanaient de lieux collectifs et qu’ils avaient été enregistrés groupés à la Poste. Enquête faite, il était apparu que des personnes « dévouées » avaient  réussi à obtenir le vote par correspondance d’hommes et de femmes âgées dont le discernement n’était plus évident. Autrement dit, on avait utilisé des électeurs et électrices qui ignoraient totalement que des élections avaient lieu. Et comme leur état de santé ne permettait pas un choix rationnel, les juges administratifs, face aux preuves rassemblées, avaient annulé l’élection. Il faut dire que l'écart séparant les candidats élus et non élus n'était pas très important.

 

Le vote par correspondance, dans la grande majorité des cas, pourrait être utile mais il ne permet pas une régularité absolue tandis que le vote par procuration — s’il n’est pas infaillible et l’élection municipale de Marseille l’a démontré en juin dernier — oblige un officier de police judiciaire à contrôler que la personne désirant voter s’adresse en toute connaissance de cause à un(e) représentant(e) dûment choisi(e). L’expérience prouve donc que Gérald Darmanin, le ministre de l’Intérieur, a raison de refuser de rétablir le vote par correspondance pour éviter les tricheries. Le vote par Internet, une voie à explorer compte tenu des progrès techniques, pose d’autres problèmes puisque tous les Français et toutes les Françaises ne possèdent pas un ordinateur…

8 novembre 2020

Trump est devenu un fait alternatif : il a perdu mais assure qu'il est vainqueur

Un grand ouf de soulagement. A compter du 21 janvier 2021, on  ne verra plus Donald Trump fanfaronner devant les networks. On ne l’entendra plus affirmer qu’il attrapait les femmes par leur « pussy ». On essaiera d’oublier qu’en 2016, aidé par la Russie et ses hackers, soutenu par la frange la plus raciste, la plus homophobe, la plus sexiste de cette grande nation que sont les Etats-Unis, les électeurs et électrices des 50 états ont élu un psychopathe dangereux pour son pays et un grand nombre d’autres. Sa façon de traiter la crise sanitaire en minimisant le COVID, ses morts et ses malades, ou ses affirmations sur le refroidissement à venir lors des incendies de Californie, le disqualifient totalement comme chef d’état. Il est ignorant comme sont ignorantes les sectes évangéliques créationnistes qui le soutiennent de manière fanatique. Non le monde n’a pas été créé il y a 8000 ans !

 

On ne le verra plus taper dans la main de Kim Jung Un, le président de la Corée du Nord, considéré comme un état terroriste et dangereux pour le monde entier et qui le demeure malgré les images de Trump et Kim faisant la risette. Les missiles coréens sont maintenant capables d’atteindre les Etats-Unis. Et ne parlons pas du conflit israélo-palestinien : Trump et Netanyaou ont foulé aux pieds toutes les résolutions de l’ONU ! En baisant les babouches des pétromonarchies il s’est discrédité. Il en sera de même terminé avec les insultes et des jurons à l’égard des journalistes du moins ceux et celles qui n’ont jamais accepté ses rodomontades permanentes ou ses crises d’enfant pourri gâté. D’ailleurs même Fox News, la chaîne favorite de Trump a franchi le Rubicon en annonçant la victoire de Joe Biden quelques minutes après les autres. Robert Murdoch est un patron de presse avisé. La directrice de ses publications demande aujourd’hui à Trump de ne pas dilapider l’héritage !

 

La nièce de Trump, qui le connaît bien, affirme qu’en 2024 il ne pourra pas se représenter à la présidence pour une raison simple : « Il sera en prison. » Je ne sais si cette prévision se réalisera. Il reste que le procureur de New York, Cyrus Vance, l’attendra de pied ferme le 22 janvier pour régler un tas de dossiers notamment fiscaux sans parler de ces plaintes pour agressions sexuelles ou même viol. Trump a utilisé tous les moyens de l’Etat (une enquête est ouverte) mélangeant sa campagne de candidat et sa fonction de président au mépris de tous les règlements. Comme il a utilisé tous les moyens de l’Etat (dont Air Force One) pour se rendre dans ses golfs où il triche honteusement…

 

Mais soyons positif. Plus que la victoire populaire de Joe Biden (avec un écart de cinq millions de voix au moins) je retiens surtout celle de sa vice-présidente, Kamala Harris. Cette femme d’origine jamaïcaine et indienne, ancienne procureur de Californie, dorénavant ancienne sénatrice, a beaucoup apporté à Joe Biden. Elle est considérée comme celle qui pourrait lui succéder. Elle aura quatre années pour continuer d’engranger expérience et meilleure connaissance du fonctionnement gouvernemental. Elle aurait, si les deux sièges de sénateurs de Géorgie reviennent aux Démocrates en janvier prochain (1) une voix prépondérante dans les principales décisions budgétaires de Joe Biden puisque Républicains et Démocrates seraient à égalité. D’ailleurs la campagne pour ces deux sièges sera ouverte dès demain ! Son entrée dans la Maison blanche illustre magnifiquement la promotion des femmes et des femmes de couleur notamment démontrant s’il en était encore besoin après la victoire de Barack Obama en 2008, que les Etats-Unis sont un pays plus ouvert et plus tolérant que l’épisode Trump a masqué.

 

Le trumpisme continuera pourtant de faire des ravages car les comportements machistes, les allures dominatrices, le langage simpliste sont des ingrédients fort répandus sur toute la planète. Les Erdogan, les Bolsonaro, les Orban…les Le Pen en France (une délégation du FN-RN était aux USA pour suivre la campagne) ne vont pas disparaître du jour au lendemain. La brutalité et l’arrogance de Trump sont des défauts partagés par les populistes les plus ringards. Joe Biden a du pain sur la planche mais la levée des jeunes, des afro-américains, des latinos, qui avaient boudé Hillary Clinton, devrait lui assurer une marche conquérante. 

 

(1) en Géorgie, le sénateur vainqueur doit avoir la majorité absolue. Les deux sénateurs soumis à renouvellement n'ont pas obtenu 50 % des suffrages plus un.