7 novembre 2009

Des pistes pour en sortir…

L’indécente proposition du conseiller à l’agriculture de l’Élysée nous a donné l’occasion d’aborder la question de la situation dramatique que connaît actuellement une part importante des agriculteurs français (producteurs laitiers, éleveurs, producteurs de fruits et légumes). « Éclectic », l’excellent magazine du samedi matin de Rebecca Manzoni sur France Inter vient d’y apporter une contribution très intéressante. Thomas Chauvineau, journaliste reporter, dans son « Journal de bord », a rencontré Mickaël Poillion, un petit agriculteur du Pas-de-Calais.

Celui-ci tient un discours qu’on a trop rarement l’occasion d’entendre venant de la profession. Il jette un regard sans concession sur les politiques successives qui ont conduit le monde agricole dans cette impasse, mais esquisse aussi des propositions originales pour l’avenir. À la tête d’un troupeau d’une soixantaine de vaches, produisant aussi des pommes de terres et du blé biologiques, ce jeune agriculteur parvient grâce à cette diversification à tirer modestement son épingle du jeu. Voici en quelques lignes une courte synthèse de ses positions.

En bloc, il dénonce :

— la concurrence stérile entre agriculteurs : la compétition dans la productivité, la course au gigantisme dans le matériel d’exploitation,
— le système productiviste qui ne se préoccupe pas de la demande et déverse sur les marchés mondiaux ses excédents subventionnés qui ruinent les agricultures du Sud,
— la productivité à outrance et les accords internationaux [de l’OMC] qui ont spécialisé des continents entiers sur des productions spécifiques comme le soja, devenu indispensable dans cette logique,
— la répartition des subventions européennes de la PAC dont les 25 plus gros bénéficiaires ne sont pas des agriculteurs mais des industriels de l’agro-alimentaire, tels que la société Doux (poulets Père Dodu) qui a engrangé à elle seule en 2008, 63 millions d’euros de subventions européennes.
— L’éloignement insensé entre producteurs et consommateurs.

Pour l’avenir, il souhaite :

— un ajustement permanent de la production à la demande,
— des subventions, oui, mais uniquement pour compenser les distorsions de concurrence dues au handicap de certains types d’exploitation comme l’agriculture de montagne,
— des regroupements d’agriculteurs en coopératives de proximité et la relocalisation des transformateurs : le lait qu’il produit en Picardie est transformé sur place en poudre de lait à des fins industrielles et part dans le monde entier, tandis que celui que ses enfants boivent à l’école a pu parcourir des milliers de kilomètres à travers l’Europe pour parvenir jusqu’à eux.

Mais, actuellement, dos au mur, beaucoup ne disposent plus des marges de manœuvre suffisantes pour réorienter leur production et investir collectivement dans d’autres choix. Face à eux, les plus puissants, souvent les plus aidés, attendent sans aucune pitié qu’ils s’effondrent pour les racheter à vil prix. Dans cette agriculture néolibérale de compétition, il n’y a pas de place pour la solidarité.

Reynald Harlaut
Parti de Gauche


Pour réécouter l’interview de Mickaël Poillion :
www.radiofrance.fr/franceinter/em/eclectic/

(photo Reynald Harlaut)

Marc Antoine Jamet tête de liste socialiste dans l'Eure ?

C'est un secret de polichinelle mais on n'aurait pas compris que l'info ne soit pas diffusée sur ce blog. Je sais que certains souhaitent être plus complets mais tant que la liste socialiste n'est pas définitivement approuvée par le conseil fédéral puis par la convention nationale du PS, il serait imprudent de jouer au plus malin.
Marc Antoine Jamet, vice président sortant du conseil régional, maire de Val-de-Reuil devrait être la tête de liste départementale comprenant des candidats du Parti socialiste et, qui sait, d'autres partis de Gauche si les négociations conduites par les responsables du parti pivot, aboutissent positivement. A Louviers, nous sommes bien placés pour savoir que les négociations avec le président de la Fédération de l'Eure du PRG, par exemple, ne sont pas toujours des parties de plaisir et que, parfois, les engagements pris ne sont pas toujours tenus (exemple la candidature PRG aux législatives contre François Loncle).
Le Parti communiste français fera connaître sa position le 24 novembre prochain sur le plan régional puisque les fédérations ont carte blanche pour passer des accords locaux avec d'autres partenaires tels que le PS ou le Parti de Gauche voire le NPA s'il accepte de participer aux exécutifs avec le Parti socialiste au second tour. Marie-Georges Buffet a annoncé la couleur : « de bons accords à gauche pour gouverner plutôt que de bons accords pour s'opposer. »
Le choix de Marc Antoine Jamet répond aux impératifs fixés par le bureau national du PS qui souhaite un renouvellement des générations d'élus. Le maire de Val-de-Reuil est également récompensé pour le bon travail accompli à la Région où il avait en charge le difficile secteur des finances. On sait qu'Alain Le Vern est très vigilant dans ce domaine si bien que la Région Haute-Normandie est l'une des moins endettées de France. Et puis les accords sur les personnes sont une chose. Autre chose est de se mettre d'accord sur le projet.
Photo JCH : Marc Antoine Jamet à l'arrivée de l'Ekiden du Marathon Seine-Eure.

6 novembre 2009

Quand le plombier polonais se transforme en ouvrier agricole polonais…ou roumain

L’ancien commissaire européen Frits Bolkestein n’est pas mort. Et ses idées se portent comme un charme. Les agriculteurs français viendraient d’en avoir la preuve, et pas par n’importe qui : par le conseiller à l’agriculture de l’Élysée en personne.

Car le problème des agriculteurs français (producteurs laitiers, éleveurs, producteurs de fruits et légumes), ce n’est pas d’être pieds et poings liés par un système de distribution qui les étrangle chaque jour un peu plus. Ce n’est pas non plus d’être assujettis à une politique européenne qui veut en finir avec la PAC et soumettre leur production à la loi du marché et à la libre concurrence mondiale pour complaire à l’OMC. Non, ce n’est pas du tout cela. Leur problème, leur avait déjà expliqué en substance Bruno Le Maire, leur ministre de tutelle, c’est qu’ils ne sont pas encore assez compétitifs.

En dépit des efforts considérables qu’ils ont consenti au cours des dernières décennies pour hisser la productivité de l’agriculture française en tête de l’agriculture européenne et au tout premier rang mondial, c’est désormais le coût de la main d’œuvre qui serait la cause de leur situation catastrophique ! Il fallait avoir le courage de le leur dire ; le conseiller à l’agriculture de Nicolas Sarkozy l’a eu ! Et dans la foulée, il a trouvé la solution à leur problème. Il leur a proposé d’ouvrir en Pologne et en Roumanie des agences de recrutement d’intérimaires, tout ce qu’il y a de plus officielles. Ils pourraient s’y approvisionner, selon leurs besoins, en travailleurs. Ces derniers payés, cela va de soi, au tarif de leurs pays respectifs, soit environ 2 euros de l’heure pour des ouvriers agricoles roumains.

Cela ne vous rappelle-t-il rien ? Souvenez-vous : lors du référendum sur la constitution européenne, ce fameux plombier polonais qui symbolisa à lui seul le dumping social, rêve de tous les ardents défenseurs de la concurrence libre et non faussée. Eh bien, le revoici habillé en ouvrier agricole !

Scandalisée, l’organisation agricole « Légumes de France » dont la présidente aurait été l’interlocutrice du conseiller élyséen a vivement et négativement réagi à cette proposition ultralibérale qui se situe, on l’aura compris, dans le droit fil de la pensée officielle. Faire cela, c’est condamner au chômage des milliers et des milliers de nos concitoyens qui parviennent encore à se maintenir dans les campagnes. C’est priver de cette ressource financière dont ils ont un besoin absolu, les saisonniers, qui pour vivre, et les étudiants, qui pour se faire un peu d’argent pour financer leurs études, vont cueillir les melons et les fruits, trier les pommes de terre et les oignons ou encore vendanger.

Décidément, avec ce président et son entourage, le cynisme n’a pas de limites. Ce qui ne passe pas aujourd’hui finira bien par être accepté un jour prochain pense t-on en haut lieu. Il suffit pour cela d’y préparer l’opinion. Ils y travaillent sans relâche, soyons en sûrs ! Et ils comptent bien y parvenir. À moins que…

Reynald Harlaut
Parti de Gauche

Concert de Sainte-Cécile le 21 novembre

L'harmonie municipale donnera son concert de Sainte-Cécile le samedi 21 novembre prochain à 20 h 30 dans la salle du Grand Forum à Louviers. Participeront à la soirée, l'Harmonie débutante, l'Harmonie junior, l'Atelier vocal et la Chorale adulte. L'entrée sera libre. Réservations au 02 32 25 23 89.

4 novembre 2009

« On ne nous dit pas tout »

Comme le dit si bien la talentueuse Anne Roumanoff : on ne nous dit pas tout. Ainsi, le maire de Louviers, pour justifier l'augmentation des impôts locaux de sa ville en 2009 a-t-il comparé la situation de celle-ci avec celle de Rouen « où le maire socialiste, Valérie Fourneyron, a sensiblement augmenté les impôts. » Ce que nous ne savions pas et qu'on apprend aujourd'hui dans le journal Le Monde, c'est que Pierre Albertini, son prédécesseur, avait pratiqué en 2003-2004, une politique d'emprunts à risques à hauteur de 53 % du montant de sa dette.
La banque Dexia, spécialisée dans les prêts aux collectivités locales, a refilé à l'ancien maire de Rouen (UDF) des emprunts toxiques indexés sur le dollar, le yen ou le franc Suisse à des taux variables qui vont devenir en 2010 et 2011 explosifs. De 1,25 % de taux d'intérêt, on va passer à 10 % ! Valérie Fourneyron envisage donc une nouvelle augmentation des impôts locaux de 8 % en 2010 et une chute des investissements de 25 %.
Cela, le maire de Louviers, très au fait de la situation de Rouen, ne nous l'avait pas dit. Il ne nous avait pas dit non plus clairement que la ville de Louviers n'est pas atteinte de cette maladie des créances pourries et que l'augmentation de 9 % des impôts a été due à des phénomènes spécifiques liés à une gestion dispendieuse.

Rama Yade (suite) par Reynald Harlaut

« Rama Yade…Pour un peu on la traiterait en victime et on la prendrait en pitié ! C’est oublier un peu vite que sur la question de la fin de l’exonération des charges sociales sur les droits à l’image collective* pour les sportifs professionnels, véritable niche fiscale favorisant des plus riches, elle a, sans hésiter, volé au secours de ces derniers. Alors même qu’il s’agit d’une des très rares mesures proposées par ce gouvernement allant dans le sens de plus d’équité ! Au moment où l’État a la volonté de taxer les indemnités des accidentés du travail, les larmes versées sur leur propre sort et celui de leurs joueurs par tous les dirigeants crocodiles des clubs professionnels de football, de rugby, de hand-ball, etc. sont une véritable abjection. N’oublions pas que le manque à gagner pour la Sécurité sociale du fait de cette exonération est intégralement compensé par l’État, c’est-à-dire nous-mêmes, contribuables lambda. Il nous en coûte ainsi collectivement et annuellement 36 millions d’euros écrit Jean-Luc Mélenchon sur son blog.

Dans son billet très argumenté intitulé « Fric et foot montent dans un bateau », il décrit par le menu la situation. Comment depuis 1997, le lobby du football professionnel a « travaillé » la majorité UMP pour parvenir au vote de cette exonération de charges en 2004. Et comment ces sportifs qui sont parmi les catégories présentant le facteur de risque le plus élevé en terme d’accidents et d’arrêts de travail, sont ceux qui bénéficient le plus largement des prestations et indemnités qui s’y rattachent. Et en plus on va les taxer aussi là-dessus ! Mais dans quel monde vivons-nous mon cher Monsieur ? Heureusement que David Douillet, futur secrétaire d’État aux sports, pourra bientôt organiser une opération pièces jaunes au profit de tous ces nécessiteux ! »

Reynald Harlaut – Parti de Gauche


*Et non pas sur la fin des droits à l’image collective comme on voit titré un peu partout dans les médias. Ce raccourci fallacieux tend à faire accréditer l’idée que c’est un droit que le Gouvernement veut supprimer aux sportifs professionnels.

Rama Yade n'est plus en odeur de sainteté

(photo RFO)
Les agressions verbales de Nadine Morano et de François Fillon à l'égard de Rama Yade la poussent vers la sortie du gouvernement. Tôt ou tard, elle va être contrainte à la démission. Rama Yade, l'une des personnalités les plus appréciées des Français, n'a pas sa langue dans sa poche et, naturellement, elle n'est pas en bois. D'où des saillies jugées iconoclastes dans ce royaume sarkozyste. Le chef pense, le chef dit, tout le monde doit s'exécuter. Cela ça va pour la cour et les serviles mais les êtres qui ont du caractère s'accommodent mal de cette pensée toute faite, toute prête.
Rama Yade ne veut pas siéger au Parlement de Strasbourg. Elle est conseillère municipale à Colombes et c'est là qu'elle veut se présenter aux prochaines législatives. Refus de l'appareil UMP. Elle veut bien être candidate aux prochaines élections régionales mais pas dans le Val d'Oise, dans les Hauts de Seine, son département. Refus de l'appareil UMP. Elle a sérieusement aggravé son cas en commentant à sa façon la promotion éclair de Jean Sarkozy à l'EPAD de la Défense. C'en était trop pour le chef qui a été obligé (provisoirement) de reculer.
En fait, l'élection de David Douilet l'a condamnée. C'est un secret de polichinelle : Sarkozy veut Douillet aux sports. Le champion de judo était pourtant sur la même longueur d'ondes que Rama Yade sur la niche fiscale des sportifs de hauts niveaux mais pour Sarko là n'est pas l'essentiel.
La cacophonie gouvernementale n'est plus tolérée. Elle l'est d'autant moins que les Villepinistes s'organisent, que des députés et des sénateurs UMP ferraillent contre certains projets du gouvernement, que la cote de popularité du président s'érode sensiblement. Et tout cela à quelques mois des régionales qui s'annoncent plus délicates que prévu pour le pouvoir en place.
Si l'on ajoute le discours de Sarkozy aux agriculteurs (un copier-coller ancien de huit mois seulement) qui ont conservé la (mauvaise ?) habitude de déverser du fumier et du lisier ça et là, on voit bien que l'image même de ce président hyperactif est écornée jusque dans son électorat. S'agiter n'est pas agir.

3 novembre 2009

Taxe professionnelle : les sénateurs sortent de leur sommeil

Les sénateurs sortent de leur sommeil. C'est ainsi qu'un journaliste commente la fronde en cours au sein de la Haute-Assemblée. Après la parution de la tribune signée par 23 sénateurs UMP-NC et Jean-Pierre Raffarin, ancien Premier ministre, dans laquelle ils affirment qu'ils ne voteront pas la réforme de la taxe professionnelle en l'état du projet gouvernemental, c'est au tour de Gérard Larcher, président du Sénat, de confirmer l'impossibilité pour cette chambre d'accepter le projet.
Que se passe-t-il, c'est grave docteur ? Oui c'est grave. Il n'est pas courant de voir des membres de la majorité (excepté les Villepinistes) annoncer publiquement qu'un projet gouvernemental ne convient pas. Les sénateurs ne sont pas élus au suffrage universel mais au scrutin indirect. Ce sont les maires, les conseillers généraux et régionaux qui désignent ceux et celles qui siégeront au Sénat. Cette affaire de taxe professionnelle supprimée représente un manque à gagner de huit milliards d'euros pour les collectivités territoriales. Si les entreprises ne paient plus, qui paiera ? Les ménages. Et les élus locaux, déjà surchargés de transferts, ne souhaitent pas charger la barque des impôts locaux trop lourdement (du moins ailleurs qu'à Louviers). Si le Sénat ne bouge pas, le retour de manivelle serait probable.
Pour éviter cela, les sénateurs récalcitrants exigent que le gouvernement propose une compensation sérieuse et pérenne. Grosso modo, ils assurent : la taxe professionnelle est un impôt imbécile puisqu'elle pénalise l'investissement (avant elle pénalisait aussi l'emploi) mais il faut que les entreprises et les collectivités conservent un lien fiscal de manière à permettre la poursuite d'un aménagement du territoire raisonné. Le gouvernement (ou le Sénat ?) va devoir faire preuve d'esprit inventif. A quelques semaines du congrès des maires, il est facile d'imaginer l'accueil que ceux-ci réserveraient aux membres du gouvernement si une solution n'était pas trouvée d'ici là.
Larcher et Raffarin sont des poids lourds de la droite. Il m'étonnerait que leur voix ne porte pas jusqu'à l'Elysée.

1 novembre 2009

François Loncle traité de « con » par les grandes gueules de RMC

Il n'est pas plus affecté que cela. Au contraire. François Loncle invité à intervenir en direct sur RMC dans le cadre de l'émission « les grandes gueules » ne s'est pas privé de traiter les histrions radiophoniques de « crétins et de démagogues ». Le député de Louviers était convié à exprimer son opinion sur l'amende de 320 euros infligée à chaque député absent à plus de trois réunions de commission successives.

Le nouveau règlement de l'Assemblée nationale est d'ailleurs loin de faire l'unanimité au sein des députés de Droite et de Gauche. Ils ne veulent pas être considérés comme des mauvais élèves à qui on infligerait une punition. Que des Grandes gueules telles que Jacques Maillot (ex- Nouvelles frontières) qui ne connaît rien ou presque au rôle du député à Paris ou dans sa circonscription, l'ouvrent pour entonner le chant rituel de l'antiparlementarisme méritaient bien d'être qualifiées de crétines par un élu de la nation qui sait presque tout de son métier puisqu'il l'exerce depuis 1981.

Ce n'était sûrement pas une raison pour dire à François Loncle qu'il était un « con ». Mais comme l'émission avait lieu en direct et que le député de l'Eure se rendait de Rouen à Bourgtheroulde avec une délégation du Burkina Fassau, il n'a pas entendu cette apostrophe insultante. Sinon Maillot aurait été taillé en (deux) pièces.