27 septembre 2017

Marc-Antoine Jamet démissionne de ses fonctions politiques euroises à la tête du PS mais reste maire de Val-de-Reuil


Marc-Antoine Jamet ne présidera plus le conseil fédéral du PS de l'Eure. (photo JCH)
Marc-Antoine Jamet, premier secrétaire de la fédération de l'Eure du Parti socialiste, a décidé de démissionner de ses fonctions politiques euroises et du Conseil national du PS où il siégeait depuis 1994. Dans une lettre adressée aux militants de ce parti, il explique ses motivations teintées de déception, de regrets mais également d'une foi inébranlables en certaines valeurs, celles du socialisme.
« Chers camarades et chers amis,

Je n’organiserai pas le vote de confiance à la direction nouvelle du Parti Socialiste. Sans attendre notre Congrès, j’ai décidé de mettre fin à mon mandat de Premier Secrétaire de la Fédération du Parti Socialiste de l’Eure et de démissionner de notre Conseil National où je siège depuis 1994.

Je veux avant tout remercier les militants qui m’ont élu et réélu par deux fois, avec -à chaque mandat — de plus en plus larges majorités. L’honneur de les représenter, l’exigence politique d’être leur porte-parole, m’ont rempli de fierté et de joie. Ensemble, nous avons connu toutes les victoires, organisé des meetings comme nous en avions peu connus, mené de belles campagnes électorales. Ensemble, nous avons donné un second Président de la République à la Gauche, battu Bruno Lemaire aux régionales dans son propre département, conservé le Conseil Général et le Conseil Régional, géré les quatre grandes villes qui structurent notre territoire, doublé le nombre des parlementaires socialistes, organisé la guérilla contre le Front National, assaini nos comptes, organisé le débat — y compris quand il ne m’était pas favorable — et fait fonctionner nos instances dans la transparence. Cela n’a été possible que grâce au bureau et au conseil fédéraux, toutes motions, toutes sensibilités confondues, avec lesquels j’ai travaillé, à l’appui de nos permanents vers qui va ma reconnaissance, à votre soutien constant et bienveillant qui a été essentiel.

Aujourd’hui, nous avons tout perdu ou presque. J’en ai été marqué. Il est cruel de voir son espérance disparaître ou plutôt se désagréger. Ce n’est cependant pas pour cela que je prends de la distance. Je crois à notre Parti depuis que je m’y suis engagé derrière Laurent Fabius voici plus de trente ans. C’était au lendemain — déjà — d’une défaite. Comment pourrai-je le quitter ? J’ai accepté d’en être le trésorier et le directeur général des services aux pires moments. Il m’a coûté dans ma vie professionnelle. Il m’a valu des incompréhensions dans ma vie personnelle. Avant de rejoindre celle de Val-de-Reuil en 1999, j’ai adhéré dans la section de Léon Blum au cœur du Paris populaire. Je suis un « partageux ». Le Socialisme est ma vérité. Il est mon chemin. J’aurais toujours pour ses valeurs, l’égalité des chances et à la justice sociale, la solidarité et la liberté, la foi du charbonnier. Je suis persuadé, comme l’avait dit François Mitterrand en 1993, que, d’une manière ou d’une autre, nous reviendrons au pouvoir, localement, nationalement, plus vite que nous le pensons. Certains, après avoir allègrement trahi ou opportunément déserté, m’attribuent avec leur générosité habituelle l’entière responsabilité de nos revers. Cela me laisse indifférent. Je leur confirme, si leurs contorsions peuvent y trouver consolations, que le Parti Socialiste n’a connu de difficultés que dans l’Eure et, uniquement, par ma faute.

Ce n’est pas la seule interrogation à laquelle par ce dernier courrier fédéral je veux répondre. A droite, à Gauche, au travail, parmi mes proches, on m’a souvent demandé pourquoi je n’ai pas rejoint l’actuelle majorité. Il paraît que mon profil avec elle était compatible. Malgré les appels et les propositions, parfois les plus autorisées, je n’ai pas cherché l’investiture d’En Marche. Je n’en suis ni l’adhérent, ni le sympathisant. Certes, beaucoup de ceux qui, à l’Elysée, au Gouvernement, au Parlement, incarnent ce mouvement, sont mes amis, ont été mes collègues ou, preuve que je vieillis, mes collaborateurs, voire mes étudiants. Mais d’autres, ici notamment, ont été mes adversaires parmi les plus virulents.

Certes, j’ai, si ce n’est de l’admiration, du moins du respect pour la démarche, faite d’audace, d’une bonne dose de courage et de confiance en soi, qui a conduit Emmanuel Macron vers un succès qu’il ambitionnait à seulement 39 ans. Ce n’est d’ailleurs pas la première transgression qu’il a assumée et il faut à ce propos lui rendre des points. Le Chef de l’Etat est l’artisan de sa propre réussite et, peut-être, de sa vie. Mais cela n’est pas suffisant pour le suivre.

Certes, je mesure les erreurs que nous avons commises et suis conscient du malheur dont nous n’avons pas su extraire des millions de femmes et d’hommes soumis au chômage ou à la pauvreté. J’aurais garde d’en accuser François Hollande. Nous savions tous, ainsi qu’en étaient tombés d’accord Nicolas Sarkozy et Dominique Strauss-Kahn, que ce quinquennat serait celui de « l’enfer ». L’absence de cohésion et de conscience morales de la majorité a fait le reste. Pour autant, je ne partage pas la politique actuellement conduite par Edouard Philippe, même si je connais la sincérité de ce Normand.

Certes, elle peut comporter des initiatives intéressantes. Il faut saluer sa référence appuyée au progrès et à la modernité. Je continue de souhaiter pour mon pays qu’elle aboutisse. Nous ne pouvons nous permettre de perdre cinq ans. L’idée du changement pour le changement, du renouvellement pour le renouvellement, me paraît particulièrement limitée, mais En Marche a diversifié, rajeuni et féminisé la politique qui en avait considérablement besoin. Dommage qu’en ait été parfois extirpé — du même coup — compétences et capacités. Du moins jusqu’à présent. Tout s’acquiert. On ne reste pas nouveau, nul ou naïf éternellement… Mais, fiscalement et socialement, pour les retraités, les familles et les collectivités locales, pour les plus jeunes, les plus fragiles, les plus exposés, pour le logement et les emplois aidés, l’action menée ne peut recueillir de ma part un début d’approbation. Voilà pour le fond. Sur le style et la manière, il y aurait tant à dire. La popularité vacillante du Président en révèle assez.

Je ne change donc pas de convictions. La cohérence c’est aussi la constance. Je reste militant socialiste. Il n’y a pas d’autres voies à Gauche. Je n’aime pas le simplisme et la démagogie, quand bien même seraient-ils éloquents, qui conduisent la France Insoumise. J’ai fait la campagne de Benoît Hamon par loyauté et par amitié, sincèrement, totalement, sans partager néanmoins nombre de ses propositions. Je ne discerne pas encore, dans la nouvelle direction pléthorique, pardon collégiale, celui ou celle qui ramassera le drapeau tombé à terre, celui qui m’enthousiasmera, celui que je soutiendrai les yeux fermés. Les gens ne nous suivent pas, ne nous suivent plus. Je n’ai le goût ni des crépuscules, ni des groupuscules. J’attendrai. Ce n’est pas une question d’âge ou d’énergie. Je m’engagerai sur d’autres fronts, avec d’autres moyens. Je retrouverai un peu de temps pour moi et les miens. Qui plus est, je n’abandonne pas le travail qu’il me reste à faire dans ma commune que j’aime. Nul n’est indispensable, mais pour le renouvellement urbain et la sécurité, pour la construction de logements et l’investissement industriel, suis-je le plus mal placé pour mener, dans des temps durs et troublés, avec peu d’argent et dans l’adversité, une politique municipale juste, forte et efficace à Val-de-Reuil.

Je ne pars pas sans un regard en arrière. Une équipe existe composée de militantes et de militants de Vernon, de Gisors et des Andelys, de Bourgtheroulde, de Gaillon et de Louviers, de Verneuil et d’Evreux, de Pont-Audemer, de Conches et de Bernay. Je les connais : j’ai défilé, collé, tracté avec eux devant les gares, sur les marchés, aux portes des usines, moments un peu austères que leur amitié joyeuse transformait. Je veux saluer nos secrétaires de section qui sont des gens formidables sur lesquels j’ai pu m’appuyer, nos trésoriers qui vivent un sacerdoce tant leur rôle est ingrat, tous ceux qui ont fait le choix de l’engagement collectif et désintéressé. Pour diriger la Fédération jusqu’au renouvellement de sa direction, je connais les qualités, notamment, de Martine Séguéla des Andelys dont le militantisme chimiquement pur demeure un modèle pour moi, de Thomas Toutain, dévoué à nos idéaux qui ne ménage ni son temps ni son intelligence, Timour Veyri qui sera pour Evreux, en 2020, un maire inventif et intègre, proche et compétent. J’ai confiance en eux. Il leur appartient de prendre leur destin en mains. Je les y aiderai. »

Marc-Antoine Jamet

26 septembre 2017

L'extrême droite allemande « fière des performances de ses soldats pendant la seconde guerre mondiale »


« Nous devons être fiers des performances des soldats de l’armée allemande au cours de la seconde guerre mondiale. » Voici pour l’un des responsables de l’AFD, le parti extrémiste qui a fait son entrée, dimanche dernier, au Bundestag, l’équivalent de notre Assemblée nationale. « Le monument de Berlin consacré à l’holocauste est une honte ». Voilà pour un autre des animateurs de ce parti franchement détestable. Ne soyons pas surpris que tout ce beau monde ait été félicité par Marine Le Pen au soir de cette élection allemande marquée par le score élevé des ces nazillons.

A Berlin. (Photo Jean-Charles Houel)
Quelle est la motivation de cet électorat âgé, blanc, masculin, originaire de l’est (ex-RDA) pour l’essentiel ? « Il y a trop d’étrangers dans notre pays. » Ces Allemands-là n’ont toujours pas digéré l’accueil des 900 000 réfugiés de 2015, un accueil alors soutenu par une majorité de la population. Il est vrai que les graves incidents de la gare de Cologne (lesquels n’ont toujours pas livré toute la vérité sur les faits ainsi que celle des auteurs d’agressions sexuelles) ont fait basculer une partie de l’opinion allemande traumatisée par cette violence inadmissible.

Il n’est pas neutre que le pays où le parti nazi a connu ses heures les plus emblématiques revienne, 70 ans après la fin de la guerre, au premier plan de l’actualité. Certes, ces néo-nazis ne sont pas aux portes du pouvoir. Certes, ils sont divisés entre extrémistes…extrêmes et extrémistes…centristes ( !). L’ancienne présidente vint d’annoncer qu’elle ne siégerait pas au sein du groupe de l’AFD et elle pourrait bien être rejointe par d’autres députés plus « fréquentables » ou en tout cas moins haïssables.

Cette intrusion de l’extrême droite à Berlin ne fait pas les affaires de la chancelière sortante. Si elle doit associer CDU-CSU, Libéraux et Verts dans une même coalition, ce sera le mariage de la carpe et du lapin. Je ne serais pas surpris que les Allemands retournent aux urnes dans quelques mois.

25 septembre 2017

Lionel Jospin avait bien raison : le sénat est une anomalie

Lionel Jospin.

Lionel Jospin avait raison. Le sénat est bien une anomalie. Non pas que le bicamérisme soit une aberration démocratique mais les élus du sénat français ne sont pas représentatifs de la population. Il paraît que cette chambre haute doit être représentative des territoires. Quels territoires ? Essentiellement les communes rurales et rurbaines au détriment des villes moyennes et des métropoles.

Le général de Gaulle avait souhaité la disparition du sénat sous sa forme actuelle. Il considérait, non sans raison, que les sénateurs étaient les représentants d’intérêts n’ayant que peu à voir avec l’intérêt supérieur de la nation. Trop de clientélisme, trop de prébendes, trop d’élus installés (à l’époque pour neuf années !). N’oublions pas que le sénat doit son existence à un troc entre Gambetta et les monarchistes. Ces derniers n’ont accepté la République qu’à condition qu’un sénat corrige les votes de l’Assemblée nationale. Et la chambre haute, comme on dit, perdure !

Dans une France rurale d’avant la seconde guerre mondiale, on pouvait éventuellement concevoir que les campagnes soient représentées au plus haut niveau de nos assemblées. Aujourd’hui, cette surreprésentation de la ruralité ne se justifie plus. Les Français(e)s vivent en majorité dans les villes. Le sénat ne les représente pas. On comprend bien que la droite tienne à conserver son avantage ad vitam aeternam. Reconnaissons qu’il s’agit d’un déni de démocratie. C’est si vrai que le président de la République actuel aura les pires difficultés pour faire adopter la réforme constitutionnelle — pourtant indispensable — visant à diminuer le nombre de parlementaires. Comment réformera-t-on le Conseil supérieur de la magistrature ? Faudra-t-il en passer par le référendum, outil dangereux s’il en est ?

Je ne m’apitoie pas sur les résultats d’hier. La droite continue d’ultradominer le sénat. Les Républicains et les UDI accroissent leur influence. Les socialistes sauvent les meubles grâce à leur implantation locale (pourtant réduite en 2014). Le PC sauve son groupe de justesse. Quand à la République en Marche, faute de troupes, elle perd la bataille du sénat. Le Front national est inexistant. Tout comme la France insoumise qui n’aura aucun sénateur ! Est-ce juste ? Est-ce démocratique ? Une anomalie de plus.

24 septembre 2017

« La rue a battu les nazis ». Jean-Luc Mélenchon maltraite la vérité historique.


JLM hier dans les rues de Paris. (Maxnewsworld)
On dit de Jean-Luc Mélenchon qu’il est un tribun. Comme tout bon tribun, donc, il prépare ses interventions publiques dans lesquelles il mêle politique, philosophie, histoire…s’attirant ainsi les sympathies de tous ceux et toutes celles qui honnissent les dirigeants actuels. Hier, face à des dizaines de milliers de manifestants rassemblés contre les ordonnances modifiant certaines règles du code du travail, Jean-Luc Mélenchon s’est livré à une attaque en règle contre celles-là sans omettre d’y ajouter les futurs textes sur les retraites ou la CSG, par exemple, pour amplifier la protestation.

Macron ayant indiqué récemment que « la rue ce n’est pas la démocratie », l’ancien candidat à l’élection présidentielle chef de la France Insoumise a démontré qu’il n’avait toujours pas digéré une défaite ressentie par lui comme une injustice en énumérant une liste de batailles que la rue, justement, aurait gagnées. S’il a eu raison de citer le recul de de Villepin sur le CPE, il a évidemment eu grand tort d’affirmer que « la rue avait battu les nazis. » Certes, l’entourage de JLM, s’évertue, depuis cette gaffe, à souligner que le chef des insoumis faisait allusion à la bataille de Paris et la libération de la capitale. A aucun moment, il n’aurait eu l’intention de placer le plan Juppé et les nazis sur le même…plan. Il n’empêche que les réseaux sociaux sont encombrés de démentis, de mises au point, de rappel des faits historiques soulignant la légèreté, pour le moins, d’un Mélenchon vindicatif et parfois approximatif dans ces comparaisons qui, comme on le sait, ne sont pas raison.

Pour autant, ne jetons pas le bébé avec l’eau du bain. Si des milliers de Français descendent dans la rue pour protester contre une politique, ils en ont le droit et, parfois, le devoir. La manifestation de rue n’est, certes, pas la loi mais comme elle est constitutionnelle et inhérente à l’expression démocratique, on ne peut affirmer, comme le président « que la rue ce n’est pas la démocratie. » Il aurait dû dire « ce n’est pas toute la démocratie. » Heureusement, en 2017, le dernier mot appartient encore aux assemblées élues qui tiennent compte, ou pas, de ce qu’il se passe dans la rue. Si les citoyens sont mécontents, ils détiennent le seul vrai outil d’expression : le bulletin de vote. Bien sûr, il faut être patient et attendre les échéances. Cette vertu n’est pas mélenchonniste.