4 mai 2012

Qui sont ces économistes qui appellent à voter pour Nicolas Sarkozy ?


« Des économistes appellent à voter pour Nicolas Sarkozy ». C’est le titre d’un court article publié dans Les Échos et dont voici le contenu. « Vingt économistes, dont Philippe Trainar, Philippe Chalmin, Éric Chanay, Bernard Belloc, Philippe Mongin, etc. publient une tribune en faveur de Nicolas Sarkozy dans Le Monde du Jeudi 3 mai. Une initiative qui survient après la tribune publiée précédemment en faveur de François Hollande par 42 économistes. Depuis cinq ans, « la réforme a cessé d'être un slogan vide », écrivent-ils pour justifier leur soutien au président actuel, et « la France de 2012 est beaucoup mieux adaptée que celle de 2007 aux exigences de la construction européenne et de la mondialisation ». Pour le prochain quinquennat, ils jugent le candidat de l'UMP plus apte à poursuivre les « réformes pour respecter la discipline de l'euro et affronter la concurrence mondiale » et saluent sa volonté de réduire le poids des dépenses publiques ».

Arrêtons-nous sur l’un d’entre eux parmi les plus médiatiques : Philippe Chalmin. Économiste néoclassique, euphémisme pour dire qu’il est ultralibéral, c’est un spécialiste du marché mondial des matières premières. Consultant auprès de la Banque mondiale et membre du Conseil d’analyse économique auprès du Premier ministre en 2006, professeur à l’université Paris-Dauphine, il est de surcroît un lobbyiste pro-nucléaire très actif. C’est dans ce contexte qu’il nous a été donné de le rencontrer. En juin 2011, il était l’un des deux spécialistes, invités par une banque mutualiste soucieuse comme elles le sont toutes à présent de développement durable, banque qui a fait du vert sa couleur emblématique. C’était à l’occasion d’une conférence-débat dont le sujet était : « Quelles énergies pour demain ? Et quels bouleversements pour notre société ? ». Le second était Jacques Foos, professeur honoraire au CNAM, titulaire de la chaire de « rayonnements, isotopes et applications », qui, à ce poste, a formé des centaines d’ingénieurs œuvrant dans le domaine du nucléaire. Voici, sous forme d’extrait, les observations que leur intervention nous inspira. Elles furent consignées dans le compte-rendu détaillé que nous fîmes de cette conférence-débat et que nous n’avons à ce jour jamais publié. Mais puisque Philippe Chalmin nous fournit la raison d’en parler, pourquoi s’en priver ?

« Le seul énoncé de leurs titres me fit présager la teneur des propos que j’allais par la suite entendre. Nous étions juste trois mois après la catastrophe de Fukushima. Au-delà du contenu de leur discours sur lequel nous reviendrons, des constats qu’ils ont posés et des arguments qu’ils ont développés, trois points précis m’ont interpellé sur lesquels je voudrais d’abord faire quelques observations.

-       Le premier, c’est la prétention affirmée de Jacques Foos dont toute la vie a été vouée au nucléaire – ce qui est éminemment respectable et dont nous ne saurions lui faire grief –, à se présenter en tant qu’expert de la question de l’énergie nucléaire, comme un esprit indépendant, c’est-à-dire à ne pas assumer sa position partisane à l’égard de cette industrie, au demeurant parfaitement compréhensible. Cet homme avance donc masqué. De ce point de vue, les choses ont été plus claires avec Philippe Chalmin qui lui, a ouvertement affiché ses positions ultralibérales.

-       Le second, ce sont les certitudes dans lesquelles ces belles personnes sont murées. Toute leur réflexion prospective est basée sur la prise en compte d’un système qui est et ne peut être de tous temps, selon eux, que le prolongement du modèle économique libéral actuel. Ce modèle qui entend soutenir une croissance infinie dans un monde fini, et qui, pour cette raison, exige un développement exponentiel des besoins en énergie. C’est pourquoi il est, pour l’un et l’autre, totalement impossible de se passer du nucléaire dans l’avenir. Mais c’est aussi la foi aveugle et inébranlable qu’ont ces beaux esprits dans le progrès scientifique et technologique. Car, dans le brouillard où nous nous trouvons toutes et tous et la difficulté de faire des prévisions à un demi-siècle, toutes choses qui devraient nous rendre modestes, prudents et ouverts à la discussion, nos interrogations ne sont pour eux que peurs irraisonnées de petites gens. Comme fut la peur de l’an mil en quelque sorte. Pour l’un comme pour l’autre, la science et la technologie auront de toute façon d’ici là résolu tous les problèmes auxquels nous nous heurtons aujourd’hui. L’envolée lyrique de Philippe Chalmin, à un moment de son exposé, dans son credo selon lequel « l’homme a été créé pour dominer la nature et il en sera toujours ainsi » – vous lisez bien ! – fait froid dans le dos. Où sont à ce moment précis, les idéologues et les irresponsables ?

-       Le troisième enfin, c’est que j’ai toujours été étonné que des gens intelligents et brillants comme ils le sont tous deux, éprouvent cependant la nécessité de traiter avec arrogance, suffisance et mépris – derrière lesquels chez Philippe Chalmin affleure assez souvent la haine –, tout ce qui n’est pas dans leur ligne de pensée et toutes celles et ceux qui d’une façon ou d’une autre s’opposent à leur vérité posée comme un dogme : qu’ils soient scientifiques, intellectuels, écologistes, altermondialistes, partis politiques, etc. Ces gens, conscients d’appartenir à l’élite, ont de toute évidence une aversion pour la démocratie et un mépris sidérant autant pour « les politiques » quels qu’ils soient – de gauche n’en parlons même pas, mais aussi de droite –, que pour le peuple. Et dans le mépris qu’ils dispensent avec force générosité, le ridicule est très souvent leur arme préférée. Faire passer toutes celles et ceux qui ne pensent pas comme vous pour des archaïques, des attardés, des demeurés, des imbéciles ou des bornés, cela ne vous rappelle t-il pas quelqu’un de notre petit univers lovérien ? Et lorsqu’on croit pouvoir prendre le public à témoin et lui dire cela sur le ton de la confidence complice – sous-entendu, voyez, nous sommes du même monde –, quel plaisir exquis ! »

Les journalistes, ces empêcheurs de tourner en rond

Cette journée du 3 mai marque chaque année d'une pierre blanche les atteintes à la liberté de la presse dans le monde et partant, celle des journalistes qui pratiquent ce si beau métier. Partout sur la planète, les pouvoirs autoritaires et les dictateurs veulent faire taire les journalistes dont la mission est de rendre publics les dossiers sensibles ou les  atteintes aux droits de l'homme que les gouvernants veulent taire ou cacher. Il n'y pas de démocratie sans presse libre et c'est bien pourquoi, chaque année, des hommes et des femmes passionnés sont jetés en prison, blessés, torturés ou assassinés.
Heureusement, des associations d'influence mondiale font connaître le palmarès des pays où exercer la profession de journaliste est un danger permanent ce qui est une façon de les montrer du doigt et de les soumettre au jugement des hommes. La Chine détient le pompon dans le peloton de tête des dictatures les plus acharnées à lutter contre une presse libre. Avec l'Iran, Cuba, la Syrie, d'autres états de l'ONU font la chasse aux informateurs. Qu'ils soient professionnels ou non, ces derniers sont impitoyablement recherchés, sanctionnés, martyrisés.
Il est constant d'accuser les journalistes. Ils ne sont pas à l'origine des maux de la société, ils en décrivent et en dénoncent les abus ou les excès mais c'est eux qu'on vilipende. En France même, récemment, des journalistes de Médiapart, d'une part et de BFM TV d'autre part ont été soit agressés verbalement soit physiquement par des militants UMP excédés. Ces derniers considèrent que la presse va être à l'origine de la défaite de leur favori. Et s'ils balayaient devant leur porte. Et s'ils s'interrogeaient sur le comportement, les choix du candidat sortant. Et s'ils faisaient confiance, tout simplement, au jugement des électeurs. La liberté de la presse est donc constamment à conquérir ou à protéger.Même en France.

3 mai 2012

François Hollande n'a peur de rien ni de personne

20 millions ! 24 millions ! A ce niveau d'écoute et d'attention, les chiffres exacts importent peu. 
Nous étions tous devant nos petits écrans, hier soir, pour suivre le débat entre François Hollande et Nicolas Sarkozy. On peut affirmer, et c'est le point de vue de tous les observateurs non engagés auprès de l'un ou de l'autre des candidats que François Hollande s'est plus que montré à la hauteur. Le candidat de la gauche a défendu son projet, seul vrai élément de discussion entre les deux candidats, et assuré une domination à la fois psychologique et technique démontrant des qualités d'homme d'état prêt à gouverner dans l'intérêt des Français.

Je sais bien que certains vont faire la fine bouche… pas assez ceci… trop cela. Mais François Hollande avait face à lui le candidat sortant, au pouvoir depuis cinq ans, normalement meilleur connaisseur des affaires et c'est bien François Hollande qui est apparu comme l'homme d'état apte à rebondir, relancer, exerçant un droit de suite que les journalistes oublient habituellement de pratiquer face à Sarkozy. 
Tous ses mensonges habituels ont été démontés, ses chiffres contestés… Sarkozy est même allé jusqu'à affirmer n'avoir jamais été au Bristol auprès des donateurs financiers de l'UMP alors qu'une vidéo est en ligne, ce matin, partout sur la toile. Gonflé, le mec ! ou Amnésique…

Pour la première fois depuis cinq ans, Sarkozy avait face à lui, un vrai contradicteur, un vrai débatteur, de son niveau, et c'est bien le candidat Hollande qui a largement dominé le président sortant le plaçant constamment devant son bilan et ses échecs. La stratégie de François Hollande a été simple : mettre Sarkozy devant ses contradictions et dérouler ses propositions connues depuis des mois et inchangées. Il est demeuré cohérent, respectueux des Français et, disons le franchement, conscient du mouvement en cours pour que le changement ait lieu maintenant. Ou plutôt dimanche.

2 mai 2012

Longuet considère que le FN est un interlocuteur valable !

Pour Gérard Longuet, ministre de la Défense, le Front national est un interlocuteur valable. Il a déclaré cela au journal Minute, un journal d'extrême droite, ce qui lui a permis de revenir à ses premières amours puisque Longuet, plus jeune, a été membre des mouvements GUD et Occident. Les adhérents de ces mouvements n'hésitaient pas à faire le coup de poing contre la gauche et à Rouen, mon confrère Serge Boloch, devenu journaliste au Monde, en eut le crâne fracassé lors d'une intervention plus que musclée de ces hordes fascisantes.
Cette sortie de Longuet ne fait pas les affaires du clan Sarkozy, surtout des centristes d''extrême centre comme Jean-Pierre Raffarin. Il a jugé que ces déclarations avaient parasité les propos de Sarkozy sur l'esplanade du Trocadéro, l'esplanade des droits de l'homme si peu respectés par les supporters du Front national et les mouvements identiques en Europe. De fait, Longuet dit tout haut ce que pensent tout bas de nombreux militants de l'UMP. Un accord avec le Front national est souhaité par une majorité d'entre eux, ceux qui comme Baroin considèrent que la gauche arrive toujours au pouvoir par « effraction ». Comme des voleurs, quoi, des nuls, des incompétents, des laxistes, des assistés, des fainéants…j'en passe et des meilleurs.
La gauche, ce n'est pas cela. La gauche c'est, de tout temps, le travail et le progrès social, le pouvoir d'achat et la production, les droits de l'homme et les conquêtes de la liberté des hommes et des femmes. Je ne suis pas un ami de Mme Arthaud mais elle a raison quand elle affirme que Sarkozy aime les Français obéissants et soumis. Quand ils sont des veaux. Mais grâce au système éducatif, à l'école laïque et obligatoire, de moins de moins de citoyens sont facilement manipulables. Plus ils en savent, plus ils veulent en savoir. C'est le sens d'une vie. Et cela ne profite pas à la droite.

Marc-Antoine Jamet : un 1er mai pour la promotion du vrai emploi

Les salariés de Cinram Louviers, menacés de licenciements étaient évidemment présents à Evreux. (photo JCH)
"Vivement mai !" C'est un cri que les socialistes de l'Eure lancent depuis des jours, des semaines, des mois. Nous y sommes et les militants de notre fédération l'ont débuté, rangs mêlés avec le Front de Gauche, les Verts, les Radicaux de Gauche, en participant, aux côtés de l'intersyndicale, au défilé du 1er mai à Evreux qui a réuni, pour la vraie, la seule, l'unique fête du Travail, près de 1 500 participants Pré du Bel-Ebat. J'étais heureux d'être aux côtés de Jean-Louis Destans, notre président du Conseil Général et de Philippe Nguyen Thanh, maire de Vernon et mandataire de François Hollande regroupés derrière notre banderole comme deux cents militants socialistes, chiffre rarement vu en pareilles occasions, mais aussi Laetitia Sanchez, la secrétaire régionale d'Europe Ecologie Les Verts et Olivier Taconet, président de la fédération des radicaux de Gauche de l'Eure qui ont défilé avec nous dans les rues de la capitale du département, sous le soleil, de Christian Jutel et Jean-Luc Lecomte du Front de Gauche qui accompagnaient eux aussi les syndicats.

Guère besoin d'afficher des chiffres pharaoniques et mensongers, d'autres s'en chargent en annonçant au Trocadéro 200 000 personnes sur une place de 22 000 m2, soit près de 10 personnes par m2, pour constater le succès de ce 1er mai unitaire au service des revendications des travailleurs, à commencer par la fin du vrai chômage et la promotion du vrai emploi. Dans les rues de la capitale euroise, à côté des salariés, des jeunes, des retraités, des citoyens qui pour certains n'avaient pas défilé, a-t-on entendu, depuis 1981 ou depuis 2002. Et dans les esprits de socialistes ce matin, le souvenir de Pierre Bérégovoy auquel François Hollande, à Nevers, rendait hommage ce matin, hommage auquel nous voulons, avec nos camarades de Seine-Maritime, associer la mémoire de Michel Bérégovoy, syndicaliste de toujours, grand député rouennais et socialiste passionné qui nous a quittés il y a peu. 

Après s'être déroulée dans les rues, la campagne présidentielle se jouera demain sur les écrans, avec le grand débat de second tour qui opposera les deux candidats. La fédération de l'Eure et le Mouvement des Jeunes socialistes organisent une soirée dans les locaux de la fédération, 65 rue Joséphine à Evreux. Les militants pourront y suivre le débat entre camarades et participer à la grande "riposte party" organisée par les Jeunes Socialistes sur les réseaux sociaux, facebook et twitter (#riposteparty27). Déjà mise en oeuvre à l'occasion des grandes émissions politiques de ces dernières semaines, cette action numérique est rodée et celle du 2 mai sera, dans l'Eure, comme dans tout le pays autour des équipes de campagne de François Hollande, la plus grande jamais organisée. Dans les rues ou sur internet, la Gauche, contrairement à ce que souhaiterait le candidat sortant, n'a pas le drapeau, qu'il soit rose, rouge ou vert, toujours bleu blanc rouge, dans sa poche, qui plus est lorsqu'un ministre du gouvernement se répand dans les journaux d'extrême-droite pour rendre possible discussions et alliances.  

Comme l'a dit François Hollande : "Nous aurons toujours, au mois de mai, de beaux anniversaires". Le 1er mai, celui de la journée des travailleurs. Le 10 mai, celui de la victoire de François Mitterrand. Demain, nous le souhaitons, le 6 mai sera celui de son élection. Rassemblés derrière le candidat de toute la Gauche, derrière le candidat du changement, derrière le candidat du redressement et de la justice, offrons à la Gauche un nouvel anniversaire et à la France un nouvel espoir. Donnons à la France un nouveau Président. Elisons François Hollande. 

Marc-Antoine Jamet
Premier secrétaire de la fédération de l'Eure du Parti socialiste

1 mai 2012

Avec Carla, les sondages c'est du sérieux…

 264 sondages entre 2007 et 2009. Certains portant sur la liaison Sarkozy-Carla Bruni, d'autres sur les personnalités du Parti socialiste, d'autres encore sur les thèmes de la présidentielle 2012. Il a fallu que Raymond Avriller, un membre d'Europe-écologie les Verts (lequel a eu la peau d'Alain Carignon pour corruption) dépose plainte devant un tribunal administratif pour que l'Elysée soit contraint de rendre publics les dossiers des innombrables sondages demandés (et obtenus) par la présidence de la République.
Ces sondages étaient passés sans concurrence, évidemment, auprès de Buisson père et fils et quelques autres proches du pouvoir actuel. La Cour des comptes a jugé que ces passations n'étaient pas réglementaires. Il y en aurait eu, tout de même, pour 6,5 millions d'euros. Décidément, Sarkozy ne se refuse rien. L'argent public coule à flot pour arroser les copains et Avriller (qui attend encore plusieurs cartons) n'est pas au bout de ses peines puisqu'il a également sollicité le droit de regarder de près les dossiers des sondages des années suivant 2009 jusqu'en 2012.
Jamais, aucun président de la République n'avait abusé à ce point de sa fonction. Jamais un président digne de ce nom n'aurait osé dépensé des euros précieux pour calquer sa politique sur les humeurs des Français et sur leurs inévitables émotions. Ne cherchons pas ailleurs les raisons de ces lois sorties de nulle part et à tout bout de champ. Les sondages ont été le baromètre permanent des décisions de Sarkozy et de sa majorité. Allons-y pour « avec Carla c'est du sérieux » « pour interdire la Burqa » pour aggraver les peines, durcir les lois et les règlements, fustiger l'Islam et les Roms, sans oublier le : « je suis le DRH du parti socialiste. » Ira-t-il jusqu'à choisir le président de la République dans ses rangs ?
Un président n'est pourtant pas un citoyen comme les autres. Il doit s'élever, analyser les situations, les faits, il doit engager une politique cohérente sur le long terme et non pas réagir aux soubresauts d'une société surtout quand elle est en crise. La France a besoin d'un capitaine doté d'un sang froid certain et d'un regard distancié ce qui ne veut pas dire passif. François Hollande possède ces qualités. Sarkozy a fait la preuve du contraire. Le chef n'est pas celui qu'on pense.

Evreux : la vraie manifestation des vrais mécontents du vrai sarkozysme

Du bonheur dans les rues d'Evreux et une France ouverte, métissée, accueillante. (Photo JCH)
Jean-Louis Destans, Marc-Antoine Jamet, Leslie Cléret, Richard Jacquet…les socialistes n'ont pas manqué à l'appel. (photo JCH)
J'ai rencontré des vrais antisarkozy. C'était à Evreux, ce matin. En ce jour de 1er mai, fête du travail, nous sommes entre 1200 et 1500 rassemblés au Bel Ebat. En tête du cortège, des syndicalistes de la CGT et de la CFDT, viennent ensuite les banderoles des partis politiques et des mouvements. On retrouve là le NPA, le PS avec Marc-Antoine Jamet en tête, le Front de gauche (PC et PG) les représentants d'Europe-Ecologie les Verts, des radicaux de Gauche venus de Louviers. La ligue des droits de l'homme est présente, elle aussi, dont le travail militant a augmenté dans des proportions colossales depuis l'arrivée de Sarkozy au pouvoir. Des enseignants sont également présents, eux qui ont eu à souffrir de tant de suppressions de postes.
Les distributions de tracts vont bon train. Si les socialistes arborent drapeaux tricolores (notre photo) et drapeaux appelant à voter pour François Hollande, on lit avec effroi le texte des syndicalistes de l'usine CINRAM de Louviers condamnés sur l'autel du profit et de la mondialisation. Les licenciements se sont succédé par vagues, par déferlantes même, au cours des mois passés. On a en mémoire le combat des salariés de M-Real dont le patron a refusé de vendre son usine à des repreneurs pourtant prêts à faire fonctionner l'outil de production.
Ce qui le plus important à mes yeux, c'est la présence de ces centaines de militants venus adresser un pied de nez à Sarkozy et son discours sur le vrai travail. L'an dernier, une centaine de travailleurs, seulement, était présents pour fêter le 1er mai. Cette année, le contexte politique et la crise accentuée ont contribué à réveiller la mobilisation. Une amie me confie : « je n'ai pas milité depuis 1981. Je me suis dit, il faut se bouger. » C'est ce que nous ferons, dimanche prochain, en soutenant François Hollande par notre vote et notre action convaincue.

30 avril 2012

Les Inrockuptibles vont dévoiler l'accord Sarkozy-Kadhafi de 2007

Edwy Plenel (au centre) à Val-de-Reuil. Photo JCH)
Edwy Plenel, directeur de la rédaction de Médiapart, mis en cause par Sarkozy, persiste et signe. Accusé d'être l'auteur ou le complice d'un faux (le texte de l'accord des Libyens pour verser 50 millions d'euros en faveur de la campagne de 2006-2007) Edwy Plenel se déclare prêt à affronter la justice en cas de plainte déposée par l'encore président de la République. Lequel n'y va pas de main morte en parlant de « honte » pour les journalistes qui osent lui poser des questions. Il proteste également contre l'infamie, la calomnie. Mais on sent bien que le cœur n'y est pas. Pourquoi ?
Plenel rappelle que Médiapart a plusieurs fois été menacé d'être poursuivi en diffamation. Par Xavier Bertrand, par Claude Guéant. A chaque fois, les soi-disant offensés ont renoncé à poursuivre leur action. Sarkozy peut bien annoncer un dépôt de plainte, il se pourrait que ce ne soit qu'un argument électoral de plus.
Malheureusement pour lui, le journal « Les Inrockuptibles » va publier, mercredi, les documents attestant d'un lien formel entre Sarkozy et Kadhafi. Les deux hommes se sont en effet mis d'accord en 2007 sur un échange de bons procédés : une centrale nucléaire contre la libération des infirmières bulgares. Jamais Sarkozy n'a accepté de livrer au public le détail de l'accord avec le dictateur libyen. Interrogé par la commission des affaires étrangères de l'Assemblée nationale, Claude Guéant n'a pas dit tout ce qu'il savait alors même qu'il témoignait sous serment.
Les relations entre Sarkozy et Kadhafi ne sont pas aussi limpides et aussi simples qu'on voudrait nous le faire croire. Et je parie que quel que soit le résultat de l'élection présidentielle, Sarkozy n'en aura pas terminé avec cette affaire troublante. J'ai croisé Edwy Plenel à Val-de-Reuil où il est venu plancher devant les élèves du lycée Marc Bloch. Sa conception du journalisme, le sens élevé qu'il accorde aux faits, au contexte, à leur mise en perspective me font penser que Plenel et son équipe ne se sont pas lancés dans cette révélation (50 millions d'euros !) sans quelques biscuits en réserve. Jamais ils n'auraient pris le risque d'être désavoués sachant les conséquences de leur scoop. L'affaire d'état se précise.

Le « vrai » travail de Sarkozy n'est qu'une imposture !

Le 1er Mai de Sarkozy à la Concorde demain est une provocation de plus. La dernière espérons le. Plus que de la colère, c'est une sensation de blessure infligée à la mémoire des luttes de plus d'un siècle, partout dans le monde, pour l'obtention de droits sociaux, d'un temps de travail défini et limité contre un patronat sûr de la légitimité de sa domination, qui ne voulait aucune règle. Des luttes qui, répétées, tenaces, aboutiront en France au Front populaire, changeant la vie de la majorité des gens. Le 1er Mai est un symbole de la lutte internationale des travailleurs, il est un lieu de la mémoire sociale des travailleurs Français.

Le propre de ce gouvernement depuis 5 ans a été d'oser tout. En ces derniers jours de son mandat présidentiel, Nicolas Sarkozy aux abois s'empare sans vergogne de la fête du 1er-Mai, la confisque à son profit pour faire coup double : occuper le terrain dans tous les sens du terme à la place des syndicats et de la gauche, passer sur ces corps intermédiaires dont il souhaite la suppression, qu'il méprise ouvertement - "quand il y a une grève en France, personne ne s'en aperçoit", s'est-il vanté naguère - faire l'événement du jour et se rallier les électeurs de Marine Le Pen, voire d'autres, que ce slogan du " vrai travail" séduirait, comme il y a cinq ans celui de "remettre la France au travail".

En 1941, Pétain avait fait main basse sur le 1er Mai pour le vider de son sens de lutte internationale, remplaçant la Fête des travailleurs par la "Fête du travail et de la Concorde sociale". Les contextes historiques diffèrent mais on peut assimiler la captation du 1er Mai par Nicolas Sarkozy à celle de Pétain. Pour les tristes raisons que l'on sait, le chef de Vichy faisait appel à "l'union nationale", Nicolas Sarkozy, lui, est clairement dans une stratégie de division nationale, la même qu'il applique avec constance depuis qu'il a été élu.

Gouverner, c'est diviser, tel est le système Sarkozy. Mais diviser en stigmatisant, en dressant une partie de la population contre l'autre. Depuis 2007, il n'a eu de cesse de créer, d'inventer, par son discours, deux catégories de citoyens, dont l'une est désignée comme responsable des problèmes de l'autre. Ces catégories sont mouvantes, mais toujours tranchées, Français/immigrés, travailleurs/assistés, gens honnêtes/délinquants, victimes...

Le discours sarkozien les a si bien installées dans nos habitudes de pensée, ces catégories, qu'il n'est plus besoin qu'elles soient expressément désignées, l'allusion suffit, instantanément décodées par tout le monde, avec les connotations négatives qui leurs sont associées. Ce qui est bien sûr le cas ici avec l'expression "vrai travail", qui sous-entend non l'existence absurde d'un faux travail ni même de faux travailleurs mais celle de "faux chômeurs", qui ne cherchent aucun travail, des "assistés ", terme en vogue depuis cinq ans, donc une catégorie de profiteurs paresseux, naguère soupçonnés de faire la grasse matinée, quand d'autres "se lèvent tôt".

Dans ce système binaire qui violente la réalité complexe du pays, sa diversité sociale et culturelle, qui attise les haines, il y a, d'un côté, une France méritante, courageuse, respectueuse des lois, la "vraie" France, légitime sur son sol ancestral, et de l'autre, une population indigne qui n'a pas vocation à incarner cette vraie France, constituée de communautés d'origine étrangère, d'individus parasites, de syndicalistes, de grévistes, de profs, voire de juges, censés relâcher tous les délinquants. La vraie France a droit à des flots de compassion, parce qu'elle "souffre", leitmotiv de la campagne de Sarkozy, l'autre, souvent la plus pauvre et la plus fragile, est vilipendée, livrée en pâture à la première comme source de ses malheurs.
C'est là toute l'imposture de ce qu'on ne saurait pas même appeler une idéologie, mais un plan cynique pour occulter une politique qui favorise les banques, les patrons du CAC 40, les actionnaires, les bailleurs de multiples appartements, les hauts revenus et les exilés fiscaux. L'imposture, elle est là encore, évidente, révoltante, dans cette communion prévue le 1er mai autour d'une valeur travail déconnectée de l'emploi et du salaire, de la hausse des loyers, des étiquettes de prix au supermarché et du coût des soins dentaires.
Qu'est-ce qu'il entend par “vrai” travail ? celui des 650 accidents mortels, des 4500 mutilés du travail ? Celui des droits violés et des heures supp' impayées ? Celui des maladies professionnelles, amiante, TMS, surdité, cancers, qui augmentent, sont sous-déclarées, sous réparées. 150 000 accidents cardiaques et 100 000 accidents vasculaires par an dont entre 1/3 et 50 % liés au travail...

— Le “vrai” travail ? Ce jeune ascensoriste de 26 ans écrasé par l'engin qu'il réparait, à cause de la compétition sauvage entre OTIS et KONE. Et les milliers d’ouvriers désamianteurs qu'il laisse en ce moment mourir sans protection par refus d'un moratoire ?

— Le “vrai” travail ? Celui des mini-jobs, des stages pas payés, des emplois saisonniers atypiques, des 3 X 8, des 4 X 8, des intérims et CDD répétés ? Celui des millions de travailleurs pauvres qui n'arrivent pas à vivre avec leurs salaires ? Celui du milliard d'heures supplémentaires non déclarées, non majorées, non payées attribuées à ceux qui ont un boulot au détriment de ceux qui n'en ont pas ?

— Le « vrai » travail ? Celui des femmes qui gagnent 27 % de moins que les hommes ? Celui des jeunes à 25 % au chômage et à 80 % en CD ? Celui des immigrés, forcés à bosser sans droits et sans papiers par des esclavagistes et marchands de sommeil franchouillards ?

— Le « vrai » travail  ? Celui des seniors licenciés, 2 sur 3 a partir de 55 ans et qui ne peuvent cotiser que 35 annuités alors que 42 sont exigés dorénavant pour une retraite décente ? Celui des restaurateurs dont 1 sur 4 utilisent des clandestins, non déclarés dans le fond de leur cuisine ? Celui des exploitants agricoles qui tuent des inspecteurs du travail pour pouvoir abuser d'immigrés clandestins ?

— Le “vrai” travail sans syndicat ? Sans syndicat pas de Smic, pas de durée légale, pas de congés payés, pas de sécurité sociale, pas de droit.

— Le “vrai” travail ? Celui qui ne fait jamais grève, qu'on ne voit jamais manifester, qui n'est pas syndiqué, qui piétine son collègue ? Celui sans délégué du personnel, sans comité d’entreprise, sans CHSCT, sans institution représentative du personnel ?

— Le “vrai” travail ? Parlons en ! Stress, risques psychosociaux, harcèlement, suicides, chantage à l'emploi, heures supp' impayées ?

— Le “vrai” travail ? Les travaux les plus durs sont les plus mal payés,( bâtiment, restauration, nettoyage, transports, entretien....)

— Le « vrai » travail ? celui de Molex, de Sea France, de Gandrange et Florange, de Continental, de Lejaby, de Pétroplus, des Fonderies du Poitou, de M-Real, de Sealynx, de Merck, de Paris-Normandie, de Cinram, de toutes celles et tous ceux qui doivent se battre pour le garder ?

— Le “vrai” travail ? Qu'est ce qu'il y connaît ce bling bling de Sarkozy ?

Le 1er Mai de Sarkozy et de l'UMP, c'est en réalité la fête du libéralisme dur, "décomplexé", dont l'ambition est d'anéantir la représentation syndicale et d'étouffer les luttes sociales.
Alors, manifestons massivement le 1er mai, ensuite le 6 mai débarrassons nous de celui qui veut nous détruire et ensuite continuons à nous battre pour nos revendications.

Alain Lefeez

29 avril 2012

Du Marité au séjour de TF1 à Louviers

La CASE n'en finit plus d'apporter sa dot à la réfection du Marité, le célèvre voilier devenu la danseuse du président. Lors d'une réunion récente, les élus ont eu le toupet de voter une subvention complémentaire de 156 000 euros au bénéfice du Groupement d'intérêt économique présidé…par le président de la CASE. Cela ne s'invente pas. Franchement, cet argent communautaire ne serait-il pas mieux utilisé à des projets réellement dans l'intérêt des populations du bassin de vie ? Je sais bien que le président de la CASE est passionné de voile, de mer, d'océans. Qu'il n'est pas un marin d'eau douce et que sa maison d'édition consacre son énergie à promouvoir les histoires des géants des mers. Il faudra plus que les voyages en mer des enfants de familles dites défavorisées pour nous convaincre du bienfondé d'octroyer de l'argent communautaire à ce projet très spécifique surtout approuvé par les amis du maire de Louviers. On aurait aimé que plus d'un élu s'exprime contre cette subvention et que plus de six s'abstiennent lors du vote. Et qu'on ne vienne pas nous faire des leçons sur l'antimartinisme primaire. Il s'agit là de fonds publics et comme le dit le président de la CASE « chaque euro doit être bien utilisé. » A lui de nous le démontrer.

Sarkozy reproche au PS de faire diversion avec la publication de la preuve matérielle d'un accord de versement de 50 millions d'euros de la part de la Libye pour financer la campagne électorale de Sarkozy en 2007. Rappelons à M. Sarkozy qu'en France, la presse est libre et que le site Médiapart n'est inféodé à aucun parti politique. Il n'est certainement pas à la botte du PS. Il n'est que lire les articles économiques ou les éditoriaux d'Edwy Plenel pour se rendre compte que cette accusation de Sarkozy est sans fondement. Il est d'ailleurs bien pratique pour le candidat sortant et ses porte-parole d'entonner le couplet de la diversion plutôt que de répondre sur le dossier et, par exemple, de nier totalement ces assertions. Ils prennent tous bien garde de ne pas entrer de plain-pied dans le dossier puisqu'ils ignorent jusqu'où ira Médiapart. En ont-ils encore en magasin, vont-ils poursuivre la publication de lettres inédites ? Rappelons seulement que l'un des fils de Kadhafi avait accusé publiquement Sarkozy d'avoir été financé par la Libye pour sa campagne de 2007. A suivre avec attention…

J'ai lu avec un intérêt non dissimulé (comme on dit) les résultats des votes du premier tour de la présidentielle à Paris. Quand on dit que Sarkozy est le président des riches, cela se traduit aussi par l'expression citoyenne. Il obtient ses meilleurs scores dans les arrondissements huppé et friqués (près de 65 % dans le 16e arrondissement) ce qui atténue très sensiblement ses critiques sur la gauche caviar et la gauche qui serait loin du peuple. Qui connaît un peu la capitale connaît les 7e, 8e, arrondissements et sait que les classes moyennes n'y résident pas. Comme on pouvait s'y attendre, le candidat du bouclier fiscal et de la quasi suppression de l'impôt de solidarité sur la fortune y glanes des scores maréchalistes. Cet adjectif n'ayant rien à voir avec Pétain très sollicité en ce moment. Je ne tiens pas à ce qu'on m'attribue un point Godwin.

Manuel Valls à Rouen avec le futur (?) maire de Bernay. (photo JCH)
Ségolène Royal, Pierre Moscovici et Manuel Valls étaient invités, samedi, à participer à un repas d'anniversaire organisé par juju le célèbre Julien Dray. Cet amateur de montres anciennes et de collection avait dû oublier de consulter le calendrier. Ne sommes-nous pas à une semaine du second tour de la présidentielle ? En tout état de cause, il avait convié à la fête un invité surprise qui devait arriver sur le coup de 22 heures. Une vraie surprise pour le coup puisqu'il s'agissait de Dominique Strauss-Kahn. Ni une, ni deux, les trois responsables parmi les soutiens de François Hollande se sont excusés et ont quitté la salle du restaurant parisien où les agapes avaient lieu. Que n'aurait-on dit ou écrit si on avait pu consulter une photographie de DSK avec ses anciens camarades ? Il suffit d'écouter Sarkozy, déchaîné contre celui qu'il fit nommer au FMI, pour imaginer la suite. François Hollande n'avait effectivement pas besoin de cela. On est surpris que Julien Dray ne s'en soit pas rendu compte tout seul.Quant à DSK on ne lui demande qu'une chose : qu'il patiente pour s'expliquer sur le piège qu'on lui aurait tendu.

Disons le tout net : la soirée électorale de TF1 a fait un bide. Tant au plan national (France 2 loin devant) qu'au plan local. Les décrochages ont été très peu nombreux et les invités n'ont eu que quelques secondes de prise de parole. Alors que les organisateurs ont refusé la présence de militants de gauche (NPA, PG, PS…) et de syndicalistes de CINRAM, on a été tout étonné d'apercevoir le sinistre Vassard, FN-mégrétiste, ancien conseiller municipal Front national de Louviers autorisé lui, à tenir le crachoir. Le séjour de TF1 à Louviers ne restera dans les mémoires que pour des causes annexes : parkings interdits, stationnement bordélique, moyens de sécurité renforcés. Quant à Jean-Pierre Pernaut, il est demeuré glacé et glacial.

Un député UMP de la droite populaire a voulu faire le malin et manier l'humour. Mais l'humour est une denrée rare et il faut une certaine classe pour le manipuler sans trivialité. Luca, donc, a cru bon de comparer la compagne de François Hollande à un animal de compagnie. Valérie Trierweiler s'est trouvée affublée d'un nouveau nom Valérie Rotweiler, un nom de chien ou de chienne, c'est selon. Luca avait même pris le temps de dire — quelques secondes avant sa saillie — de Fadela Amara qu'elle était moche. J'espère qu'il ne se prend pas pour un canon parce que Luca n'a rien d'un superman et n'a que peu à voir avec le manequinnat. Simplement, ce député de la droite populiste se place sur le terrain de Jean-Marie Le Pen, expert en noms d'oiseaux et en apostrophes honteuses. Si tout va bien, Luca est appelé à devenir un député d'opposition. A lui de travailler et de persévérer pour se situer à un niveau acceptable.