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Avant le dépouillement à huis clos. |
Il était aberrant d’organiser
un premier tour de scrutin municipal. Franchement, qui avait la tête à voter
dimanche alors que le discours alarmiste du Premier ministre, samedi,
impliquait un pré-confinement pour tous, totalement paradoxal avec la sortie
pour voter malgré les précautions prises. C’est si vrai que Mme Buzyn, ancienne
ministre de la santé, affirme dans le journal Le Monde, qu’elle avait alerté le
gouvernement en janvier du tsunami épidémique en cours et que les municipales
deviendraient « une mascarade ». Mascarade ce fut et c’est bien regrettable.
Avec un taux de
participation ridicule, avec des strates sociologiques participantes très différentes
selon les régions et les communes, on lit des résultats très distants des
sondages les plus récents démontrant le désarroi de nombre d’électeurs de
toutes les classes sociales. Cependant, j’ai toujours affirmé que l’analyse d’un
scrutin ne pouvait se faire en invoquant, pour les perdants, le faible taux de
participation même en cas de circonstances exceptionnelles. Je ne vais donc pas
commencer aujourd’hui. Le taux de participation à Louviers (38 %) est extrêmement
faible, comme partout ailleurs en France mais plus que partout ailleurs en France.
Certains bureaux se sont montrés plus allants, plus volontaires malgré le
coronavirus et c’est notamment le cas des bureaux qui ont majoritairement voté
pour le maire sortant. C’est donc la preuve que les sortants ont bénéficié d’un
énorme avantage (quelle que soit leur étiquette d’ailleurs). Mais on ne va pas
reprocher au maire d’avoir volé sa victoire. Sa campagne tous azimuts débutée
il y a longtemps, ses inaugurations au calendrier habile et sa lettre distribuée
24 heures avant le scrutin en tant que maire solidaire et prudent ont montré
une aptitude à favoriser une victoire dont, personnellement, je n’avais jamais
douté. Je n’aurais pas parié un euro sur une majorité absolue au premier tour
mais les faits sont là et sa victoire indiscutable.
Car un maire sortant dispose
de nombreux avantages : sa notoriété, ses réalisations, sa présence dans
les médias, ses photos dans le bulletin municipal, ses diverses casquettes au
conseil régional, à l’agglomération, son travail de terrain conduit avec
application et l’aide de quelques personnalités convaincantes comme Mme Terlez
ou M. Bidault, constituaient un paysage plus que favorable. Cette année, si j’en
juge par l’ensemble des résultats, une immense majorité de maires en place vont
le rester, qu’ils soient de gauche ou de droite, avec une nouveauté tout de même,
la poussée réelle des écologistes qui ne peut que réjouir les citoyens
responsables.
L’opposition lovérienne termine
à plusieurs longueurs du vainqueur. Philippe Brun, tête de liste d’une équipe
unie et diverse devient le leader naturel du travail de reconquête de la mairie
de Louviers. Diego Ortega n’a pas bénéficié de l’influence réelle ou supposée des
réseaux martinistes et a sans doute été victime du souvenir inégalement apprécié
d’une gestion désavouée en 2014.
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Les électeurs invités à sortir de la salle. |
Le travail d’un opposant est
difficile. Car l’opposition est souvent amenée à réagir plutôt qu’être dans l’action.
Elle connaît souvent imparfaitement les dossiers. Elle doit compter sur les
erreurs ou les fautes de la majorité. Comme François-Xavier Priollaud n’est pas
né de la dernière pluie et malgré la brume politique qu’il a répandue autour de
lui en gommant tactiquement les étiquettes des partis le soutenant, il sera
forcément le référent obligé de ses opposants. Ces derniers vont devoir s’armer
de patience et travailler sur le terrain, dans les associations, dans les médias
car ce n’est pas au conseil municipal que se joue la confiance populaire.
Philippe Brun, jeune, énarque, à la tête « bien faite et bien pleine » savait
que la victoire n’était pas possible cette fois-ci. Avec une gauche divisée qui
plus est, le pari était d’autant plus redoutable. Je ne commenterai pas la
campagne de Hacen Mohamedi qui a eu le mérite d’annoncer la couleur dès sa
candidature : pas d’union à gauche ni au premier, ni au second tour !
Compte tenu de son score, la question ne lui sera pas posée.
Quant au Rassemblement
national, il paie la note au prix fort. Les quartiers abstentionnistes ont
abandonné les enfants de Marine Le Pen et Timothée Houssin, parfait inconnu au bataillon, récolte
des miettes…d’un nombre de suffrages exprimés maigrelets. Des miettes de
presque rien, cela ne fait pas beaucoup.
Au final, cette élection
intervenue dans un contexte anxiogène, avec une participation ridicule, peut être
considérée comme un épiphénomène. Elle ne rend compte ni de l’investissement
personnel et collectif de l’ensemble des équipes ni d’un sincère équilibre des
forces politiques à Louviers et en France. L’installation des conseils
municipaux se fera cette semaine à huis clos. Loin des fêtes d’antan.
Dans la communauté d’agglomération,
citons la réélection triomphale de Marc-Antoine Jamet a Val-de-Reuil (mais qui
en doutait) et de Richard Jacquet à Pont-de-l’Arche. Celui-ci n’ayant pas
souffert d’une dissidence (comme toujours en pareil cas) affaiblie par le départ
de sa principale animatrice.