11 octobre 2008

L'événement artistique de l'année

Le très beau catalogue de l'exposition réalisé par les experts de la Réunion des Musées nationaux concourt lui aussi à la qualité de l'événement.

Indéniablement l’exposition « Picasso et les maîtres » présentée depuis le 8 octobre au Grand Palais, au Louvre et au Musée d’Orsay est l’événement artistique de l’année.
L’exposition centrale qui a lieu au grand Palais présente l’œuvre de Picasso confrontée a celles de ses maîtres : Rembrandt, Poussin, Goya, El Greco, Velasquez, Raphaël, Ingres, Cézanne, Manet, Degas, Van Gogh… Tous ces peintres ont en commun la rupture. Chacun rompt, en effet, avec le style académique de son époque.
En fonction des différents moments de sa vie, Picasso prend tel ou tel maître, s’en imprégne, l’absorbe et le reconfigure dans une nouvelle forme avec une force et une violence toute contemporaine.
A l’heure où l’on ne parle que de « la crise » cette exposition nous renvoie la cruauté du monde et nous insuffle un air de liberté et de légèreté.
Exposition visible pendant quatre mois jusqu'au 2 février 2009.
P.H.-D

Henri Weber défend la motion de Martine Aubry

Henri Weber, député européen, Marc Antoine Jamet, maire de Val-de-Reuil et Philippe Bove, secrétaire de la section rolivaloise. (photo JCH)

Henri Weber, député européen, membre du bureau national du Parti socialiste, était invité par la section PS de Val-de-Reuil, ce vendredi, devant laquelle il est venu défendre la motion présentée par Martine Aubry et un certain nombre d'alliés importants comme Arnaud Montebourg, Laurent Fabius, J.C. Cambadélis, Pierre Mauroy, et sur le plan local, Marc-Antoine Jamet, maire de Val-de-Reuil, François Loncle, député et Yves Léonard, premier secrétaire fédéral de l'Eure.
Impossible d'évoquer le congrès de Reims, les problèmes internes du PS, l'analyse de l'échec des présidentielles sans commencer par la crise économique et sociale engendrée par l'effondrement du capitalisme financier. Sous nos yeux, en quelques jours, des banques ayant pignon sur Wall Street, se sont écroulées comme un château de cartes, gangrénées par des actifs « pourris » fruits d'un système pervers visant à augmenter sans cesse les profits sans que l'économie réelle puisse suivre une course effrénée.
A ce jeu là, vient le temps où tous les joueurs sont contraints d'abattre leurs cartes et de montrer qu'ils n'ont pas les atouts de l'annonce. Les socialistes peuvent-ils se réjouir de cette situation : « bien sûr que non, reconnait Henri Weber, mais nous ne sommes pas les passéistes, les ringards, les vilains socio-démocrates qui ne comprennent rien à rien. Le capitalisme financier répond à une méthode, à une théorie, le libéralisme économique, fondée au 18e siècle et qui voudrait que la somme des intérêts particuliers et égoïstes forme l'intérêt général. » Sans les Etats, sans une concertation mondiale, rien ne sera possible. Le socialisme gagnerait-il à être mieux connu ?

Le libéralisme économique ne marche pas. Reagan et Thatcher, depuis trente ans, ont voulu faire croire que cette méthode du renard dans le poulailler allait conquérir le monde : pays développés comme pays émergents. « Au début, ça n'a pas trop mal marché. Quand ça s'est gâté, de bonnes âmes ont assuré que le marché allait s'auto-réguler. Tu parles, aujourd'hui, sans les Etats et la recapitalisation des banques nationalisées, de fait, on serait dans le gouffre. »

Alors, la motion Aubry : « Elle doit arriver en tête car les statuts du parti précisent que la recherche de la synthèse se fait autour de la motion ayant recueilli le plus de voix. » Pour Henri Weber, la motion Hamon, si proche de la motion Aubry, se trompe d'objectif : « On ne peut pas chercher à se compter lorsqu'on fait courir un vrai risque au PS en privilégiant objectivement d'autres leaders de motions bien moins à gauche que la nôtre. » Le risque : que Bertrand Delanoë ou Ségolène Royal arrive en tête. Risque politique, risque d'avenir : « Le PS est aujourd'hui inaudible parce qu'il n'a pas de patron. Martine Aubry a le profil : ses convictions à gauche n'ont jamais varié. Elle a une haute conception de la politique, loin du spectacle, de la messe médiatique. Son opposition à Sarkozy n'est pas molle. Son action au gouvernement Jospin : conquêtes sociales, emplois jeunes, CMU, baisse du chômage, équilibre des comptes de la sécurité sociale…Sa volonté de travailler en équipe et celle de gagner la bataille idéologique face à Fillon-Sarkozy lui permettront de rassembler les socialistes et de mettre le PS au travail. »

J'ai interrogé Henri Weber sur la nécessité de (re)faire du PS un parti de militants : dans les cages d'escaliers, aux portes des usines, aux côtés des grévistes, contre la privatisation de la Poste, aux côtés des syndicats. Hubert Zoutu l'a interpellé sur le manque d'analyses publiques après l'échec des présidentielles de Ségolène Royal…
Le PS est un parti d'élus qui « gouvernent » 60 % des Français. La plupart apprécient l'action locale et régionale des socialistes. Ils sont donc visibles « mais ils jouent en ligue 2. Il nous faut monter en ligue 1. » Quant à l'échec de Ségolène Royal, il n'y a pas une cause mais un ensemble de causes. Et puis, en face, il y avait un poids lourd de la droite, jeune et conquérant. Même si en 18 mois, il a perdu de sa superbe, il demeure un adversaire dangereux tant le caméléon peut changer de couleur et de posture. Prendre des ministres de gauche, tenir un discours « de gauche » et gouverner…à droite.

10 octobre 2008

Profits et primes records pour les banques d’affaires new-yorkaises

C'était hier : Les bénéfices combinés des cinq plus grands établissements de Manhattan devraient dépasser 28 milliards de dollars. Les primes accordées à leurs collaborateurs, en hausse de 30% reflètent cette prospérité.
New York
CORRESPONDANT
L’année 2006 restera dans les annales à Wall Street. La prospérité insolente de la fin du siècle dernier, au moment de la bulle Internet, a été dépassée. Jamais les grandes banques d’investissement américaines n’auront gagné autant d’argent et leurs heureux employés touché autant de bonus : plus de 622.000 dollars (475.000 euros) en moyenne pour les 26 467 salariés de Goldman Sachs par exemple.

La finance nage dans l'euphorie
Plus discrète qu’à la fin des années 1990, la finance locale nage dans l’euphorie. Après six mois de hausse, l’indice Dow Jones de la bourse de New York ne cesse d’atteindre de nouveaux sommets historiques – au-delà des 12 000 points – et le volume des fusions-acquisitions a battu le record de l’année 2008, avec un total de transactions de plus de 3.460 milliards de dollars (2.777 milliards d’euros). Le marché obligataire étant lui aussi en grande forme, il n’est pas étonnant que les grandes maisons de Wall Street se soient transformées en machines à fabriquer des profits. Quand Lehman Brothers (LB) et Bear Stearns (BS) ont annoncé leurs résultats pour 2006, jeudi 14 décembre, les messages étaient presque identiques et le mot « record » cité pas moins de 37 fois dans leurs communiqués. LB a réalisé un bénéfice net de 4 milliards de dollars (+23%), et BS de 2,1 milliards (+40%). Une broutille à côté de Goldman Sachs qui, deux jours plus tôt, avait annoncé une envolée de 70% de ses profits, à 9,4 milliards de dollars, soit plus que les cinq grandes banques de Wall Street réunies en 2001 et 2002.

L’argent coule à flots
Morgan Stanley publiera se comptes cette semaine et Merril Lynch en janvier. Il faut s’attendre à d’autres records. Pour les neuf premiers mois de l’année, les bénéfices combinés des cinq maisons représentent 21,3 milliards de dollars, déjà plus que pour toute l’année 2005.
Au total, selon le consensus des analystes, calculé par Thomson Financial, ils devraient atteindre, pour l’ensemble de 2006, plus de 28 milliards de dollars.

Cela peut-il durer ?
Pour les économistes, cela dépendra, notamment, de la capacité de l’économie américaine, dont la croissance ralentit depuis neuf mois, à rebondir en 2007, des éventuelles baisses de taux de la Réserve fédérale et de la résistance du consommateur.
« Ceux qui auront un grand sourire en recevant leur chèque vont tout de même réaliser qu’il y a peu de chances qu’il soit du même montant dans un an. Les étoiles ne s’alignent pas toutes comme cela souvent », souligne Henry Higdon qui dirige la firme de recrutement Higdon Partners à New York.
En attendant, les fêtes de fin d’année s’annoncent grandioses à Manhattan tant l’argent coule à flot et les craintes de la première place financière mondiale de perdre son attrait sont, pour le moment, oubliées. Les 170 000 banquiers et autres courtiers qui travaillent dans les cinq grandes banques d’investissement new-yorkaises devraient recevoir environ 36 milliards de dollars de bonus, soit 30% de plus que l’an dernier.

Pas étonnant si le marché de l’immobilier résiste dans la métropole tandis que les prix baissent et les transactions s’effondrent dans tous les Etats-Unis. A Manhattan, le nombre de logements vendus a augmenté de 1% en novembre et les prix sont en hausse de plus de 17% en un an. Le mois dernier, 38 maisons ont été achetées à plus de 10 millions de dollars l’unité. Parmi les opérations records, le directeur général de la Bourse de New York, John Thain, a acquis un duplex au 740 Park Avenue pour 27,5 millions de dollars. Dans cet immeuble prestigieux ont vécu les familles Rockefeller, Vanderbilt et Chrysler.
Commerces et restaurants de luxe profitent aussi de la mane. Tout comme les finances de la ville : l’industrie financière devrait payer cette année près de 2 milliards et demi d’impôts à la municipalité. Et chaque emploi à Wall Street en génère au moins trois autres dans la cité.

Éric Leser
Le Monde de l’Économie du 19 décembre 2006

Au moins une information intéressante dans cet article : les Américains ont l’adresse de M. John Thain. Ils savent donc où le trouver. Il doit bien lui rester encore quelques dollars qu’il pourrait mettre à la disposition des plus nécessiteux d’entre eux !
Reynald Harlaut

François Loncle se fâche

Photo : Carlos Ghosn à l'usine de Sandouville. (photo Yahoo)





Dans un communiqué adressé à la presse nationale, François Loncle met sévèrement en cause Carlos Ghosn, le PDG de Renault.
Il écrit : « Le responsable de la crise de Renault, c'est son PDG M. Carlos Ghosn. Redoutable financier, piètre industriel, médiocre manager, M. Carlos Ghosn dit, aujourd'hui, le contraire de ce qu'il fait depuis qu'il est à la tête de Renault.
Lorsqu'il prétend que les constructeurs qui se sortiront de la crise actuelle seront ceux qui auront maintenu leur capacité de recherche et de développement, qui disposeront des bons modèles adaptés aux besoins des clients et qui auront fait de bons choix technologiques, M. Ghosn énonce une stratégie à laquelle il a tourné le dos jusqu'à maintenant.
Le PDG de Renault a accumulé les erreurs de gammes, méprisé les ressources humaines et a ignoré les aspirations des clients. Il est le représentant d'un monde qui privilégie la finance au détriment de l'industrie. Il n'y a rien à attendre de ce dirigeant, pas plus que de la visite-spectacle d'un Président de la République dont les discours sont constamment démentis par les actes et dont les promesses ne sont jamais tenues. »


Où l'on retrouve Philippe Pontet…

Les caisses d'épargne vont s'unir avec les banques populaires. Pour tenter de sauver Natixis ? (photo JCH)
Philippe Pontet, ancien suppléant de Rémy Montagne, devenu député lorsque ce dernier obtint un maroquin dans le dernier gouvernement de VGE, fut sévèrement battu par François Loncle lors de la vague rose de 1981. Il tenta encore sa chance à la proportionnelle en 1986 mais pour quelques voix, c'est claude Michel (PS) qui fut élu député en 3e position sur la liste socialiste. Exit Philippe Pontet.
Depuis, le conseiller référendaire à la cour des Comptes a fait son chemin dans les chiffres et dans les banques. Parti de la banque La Hénin, il est devenu président d'HSBC Europe et lorsque nous l'avons rencontré, jeudi soir à Paris au Grand Palais, à l'occasion du vernissage de l'exposition consacrée aux grands maîtres et à Picasso, nous n'avons pas pu éviter quelques accents de nostalgie. Le combat entre nous fut âpre et très politique. Philippe Pontet, UDF à tout crin, agitait surtout l'anticommunisme primaire (mais avec le temps on s'est aperçu qu'il n'avait pas tort sur toute la ligne) et luttait de toutes ses forces contre le programme de nationalisations de la gauche unie.
Depuis de l'eau a coulé sous les ponts et la crise du capitalisme financier est là et bien là. Les nationalisations retrouvent de la vigueur, même dans les pays anglo-saxons, inventeurs du libéralisme échevelé. Le président de HBBC Europe a-t-il des craintes pour l'avenir immédiat ? Lui assure que sa banque n'est pas « vérolée » par les produits financiers toxiques ou pourris : « Nous avons même refusé l'aide du gouvernement britannique. » Il prévoit deux années très difficiles et cite Benjamin Constant : « tant que nous n'aurons pas fait le tour de la sphère, la crise perdurera. » Il annonce une récession inévitable, un chômage accru, tout cela parce que les Américains nous ont refilé une sale maladie. Et la crise sera mondiale.
Philippe Pontet se souvient de ses amis des années quatre-vingt et, surtout, de celui qui fit une chute vertigineuse d'une nacelle alors qu'il collait sur le pont de l'autoroute, route de Saint-Pierre-du-Vauvray. Ce militant-là aussi a fait son chemin. La greffe entre le proche de VGE et la circonscription eut du mal à prendre. Philippe Pontet ne le regrette pas. François Loncle non plus.

Revenons sur l'exposition : Elle est géniale au sens où Picasso et les grands maîtres sont géniaux. Avant-gardistes et créatifs, les Poussin, Manet, Degas, Rembrandt, Velasquez, Murillo, Gauguin, Van Gogh, Renoir, Goya…ont inspiré Picasso dont les toiles des dernières années expirent un délire et une joie incommensurables à la mesure d'un personnage réellement exceptionnel. L'exposition est à la hauteur de son influence et de ses fulgurances.

9 octobre 2008

Le prix Nobel de littérature à Jean-Marie Gustave Le Clézio


Je viens d'entendre Jean-Marie G. Le Clézio sur France Culture. Le nouveau prix Nobel de littérature n'en fait pas tout un fromage. Avec la simplicité et l'authenticité qui le caractérisent, il reconnaît que ce prix va lui donner envie d'écrire. « Ce que l'on cherche, avoue-t-il, c'est avoir des lecteurs. Ce prix m'aidera à continuer. » Quelques secondes plus tard il « pense à tous ces jeunes écrivains qui ne parviennent pas à se faire éditer malgré leur talent et à ceux qui, loin de la métropole, écrivent en créole sans avoir aucune chance d'être traduits ».
Ses considérations sur la vie : « après notre naissance et avant notre mort, nous traversons quelques difficultés. » L'homme est, parait-il, un écrivain de la sensualité, de la modernité, mais il regrette aussi que seuls les riches aient accès à des facilités à jamais interdites aux pauvres. Jean-Marie Le Clézio obtient ce Nobel après Simon, Sartre, Camus, Gide…autres écrivains français récompensés par la plus haute distinction possible pour une œuvre considérable.

Qui est le nouveau prix Nobel ?
Nous sommes allé sur le site de Fredrik Westerlund : « Jean-Marie Gustave Le Clézio, né à Nice en 1940, devint célèbre quand parut Le procès-verbal en 1963. Sa réputation fut assurée définitivement par l'attribution du prix Théophraste Renaudot pour son premier ouvrage après avoir manqué d'obtenir le prix Goncourt. Depuis, il a publié plus de trente livres: romans, essais, nouvelles, deux traductions de mythologie indienne, ainsi que d'innombrables préfaces et articles et quelques contributions à des ouvrages collectifs. En 1980, Le Clézio fut le premier à recevoir le prix Paul Morand, pour la totalité de son oeuvre, notamment Désert (1980). Plus tard, en 1994, il fut élu le plus grand écrivain vivant de langue française.

Une citation de JMGC : « Lorsque j'ai commencé à écrire, j'écrivais pour le seul plaisir de raconter des histoires, justement. Mais je m'en suis aperçu en écrivant La quarantaine, maintenant j'écris pour une autre raison. Au fond, j'écris pour essayer de savoir qui je suis. Chercher l'aventure...»

(photo Mercure de France)

8 octobre 2008

La pétition antividéosurveillance marche bien

Les rencontres de ce soir, dans le quartier de la Maison rouge, à l'occasion de la campagne de signature de la pétition du collectif formé contre la vidéosurveillance, ont été fort intéressantes. Premier constat, la plupart des habitants savent que le maire et sa majorité projettent d'installer des caméras dans leur quartier. Second constat, ils ont eu le temps d'en parler autour d'eux, de réfléchir à la question et de se faire une idée assez précise de ce qu'ils désirent.
Signent-ils tous les yeux fermés ? Pas du tout, les habitants argumentent, questionnent, pèsent les avantages et les inconvénients. Si la colonne de ces derniers l'emporte, ils signent sans barguigner. Et quiconque y verrait je ne sais quelle extorsion de signature serait un esprit tordu et vil.
Où en sommes-nous de notre campagne ? Nous avons dépassé, grâce aux efforts de membres du collectif particulièrement vaillants, les 600 signatures. Voilà un chiffre significatif. Tellement significatif qu'au cours de mes rencontres, j'ai discuté avec un colistier de la majorité municipale qui n'est pas absolument certain que la religion du maire soit totalement faite. Il est vrai que les sommes en jeu sont colossales. Il est vrai, aussi, qu'il va falloir boucler un budget 2009 qui s'annonce comme le budget de tous les dangers. Peut-on, dans une période aussi incertaine, alors même que le pouvoir d'achat baisse sensiblement, que le chômage repart au galop, se lancer dans des dépenses à l'intérêt si aléatoire qu'elles vont mobiliser, demain encore plus qu'hier, les Lovériens contre une forme de gabegie.

« Non au fichier EDVIGE »

Le 16 octobre, nous dirons tous « Non à EDVIGE » À Paris comme dans toutes les régions de France, citoyens et élus diront « Non à EDVIGE » au cours de rassemblements organisés par le Collectif national et par un nombre croissant de Collectifs locaux.
Le Collectif a pu avoir connaissance de l’ensemble des documents transmis à la CNIL pour avis par le gouvernement. Un projet de texte portant retrait du décret EDVIGE en fait bien partie, malgré les petites cachotteries mesquines du ministère de l’Intérieur qui n’avait transmis sciemment qu’une partie des documents aux organisations syndicales membres du Collectif.
Cette nouvelle version est le résultat de la première vague d’une formidable mobilisation citoyenne. Cette mobilisation va se poursuivre et se manifester avec force le 16 octobre pour dire « Non à EDVIGE », parce que la version 2.0 n’est pas plus acceptable que la version 1.0.
Plusieurs aspects importants et tout aussi dangereux demeurent dans la version 2.0.
Deux finalités très différentes sont toujours amalgamées : enquêtes administratives et suspicion de risques pour la sécurité publique. Par ailleurs rien n’indique que le fichage départemental des « personnalités » sera dénué de tout danger puisqu'aucun texte n’est encore paru à ce sujet.
Les enfants sont toujours fichés, dès 13 ans, avec un « droit à l’oubli » en trompe l’oeil. La Défenseure des enfants souligne d’ailleurs dans son avis sur le projet EDVIGE 2.0 que, « tant par le contenu des informations qui seront conservées, que par la durée de conservation des données et leur droit de vérification ainsi que d’éventuelle rectification par le mineur ou ses parents ou représentants légaux », ce texte lui parait « encore en contradiction avec les exigences de la Convention internationale des droits de l’enfant notamment en ce qui touche la protection de leur vie privée et le droit d’accès et d’opposition aux données les concernant ».
Les enfants comme les adultes sont toujours fichés sur de simples suspicions, sans avoir commis aucune infraction, et sans même que ces suspicions reposent sur « le recours ou le soutien actif apporté à la violence » qu’ils manifesteraient, comme le spécifiait la formulation du décret de 1991.
Des données extrêmement sensibles sont toujours collectées et traitées : origines « raciales » ou ethniques, opinions philosophiques, politiques ou religieuses et appartenance syndicale. Le scandale des services de renseignement cherchant à savoir si « des gens de confession autre que chrétienne » font partie du personnel d’une collectivité locale, récemment dévoilé par la Région Rhône-Alpes, vient confirmer s’il en était besoin que les inquiétudes exprimées par les signataires de l’Appel « Pour obtenir l’abandon d’EDVIGE » sont loin de relever du fantasme.
La ministre de l’Intérieur s’en défend maladroitement, invoquant une « initiative individuelle ». Mais de telles initiatives sont toujours à craindre, avec l’étendue des personnels pouvant consulter le fichier, couplée à la « culture du chiffre » d’une logique techno-policière qui ne reconnaît plus aucun garde-fou.
Des représentants du Collectif « Non à EDVIGE » seront reçus par le président de la CNIL le 8 octobre prochain et lui exposeront leurs arguments sur tous ces points avant que la Commission rende son avis au gouvernement sur le projet EDVIGE 2.0.

Le Collectif national tiendra une conférence de presse le 14 octobre pour annoncer les manifestations du 16 octobre, journée nationale de l’expression du « Non à EDVIGE ».
Au-delà du 16 octobre, la mobilisation se poursuivra pour élargir la réflexion des citoyens à la question du fichage des personnes sous toutes ses formes et de l’atteinte aux libertés individuelles, éternelles sacrifiées sur l’autel de la sécurité.

7 octobre 2008

La cérémonie des obsèques de Jean Récher

Ils ont été nombreux ceux et celles qui ont tenu à accompagner Jean Récher, ancien conseiller général et maire de Saint-Pierre-du-Vauvray, à sa dernière demeure. La foule s'est en effet pressée ce mardi, dans l'église du village, pour participer à la messe d'Adieu en présence de François Loncle, député, de nombreux conseillers généraux dont Leslie Cléret, conseillère générale de Louviers nord qui avait succédé à Jean Récher et Alain Loeb, le nouveau maire de la commune.

Au cours d'une courte allocution empreinte d'émotion et de reconnaissance, Alain Loeb a rappelé combien l'action de Jean Récher avait été bénéfique pour la commune. Des lotissements, l'école, la défense des services publics, la lutte pour obtenir un passage sécurisé sous ou sur la voie ferrée. L'ancien cheminot avait été terriblement marqué par l'accident ferroviaire de juillet 1985 qui avait fait neuf morts et près de quatre-vingts blessés.

L'épouse du défunt, son fils Jean-Luc, ses petits-enfants, ses arrière-petits enfants ont également écouté avec attention le discours de Leslie Cléret qui a su rappeler toutes les qualités humaines du disparu et mettre l'accent sur la générosité d'un véritable « humaniste ». Elle a cité l'ancien conseiller général : « je ne fais pas de politique, je travaille » « mais je ne mettrai jamais mon drapeau dans ma poche. » Effectivement, jamais il ne mit son drapeau dans sa poche et fut un soutien permanent de François Loncle élu député en 1981 année de l'élection de François Mitterrand à la Présidence de la République.

Sa famille et ses amis se sont recueillis devant le cercueil avant une cérémonie plus intime et plus familiale.

La Poste court un vrai danger

Photo : manifestation le 23 septembre contre la privatisation de La Poste (photo l'Humanité)
La section socialiste de Louviers a décidé de travailler sur des thématiques précises pour informer les militants et les faire réagir. C'est aussi un moyen de réfléchir collectivement aux solutions qu'un pouvoir de gauche pourrait mettre en place si l'alternance fonctionne un jour au plus haut niveau de l'Etat.

Ce lundi soir, le thème retenu était : l'éventuelle privatisation de La Poste. Depuis 1477 et les premiers relais postaux qui distribuaient le courrier royal, La Poste a bien évolué et elle s'inscrit comme un service public très satisfaisant dans l'esprit des Français. Ces derniers sont autant attachés à La Poste qu'ils le sont à la SNCF, l'Hôpital, l'Education…

En 2011, l'ouverture totale à la concurrence européenne conduit les dirigeants actuels de La Poste à imaginer des mesures (de financement) permettant de faire face à cette concurrence et de jouer un rôle important sur la scène européenne.
Rappelons que les quatre missions de base de La Poste imposées par l'Etat, seul actionnaire actuellement, sont : 1) la peréquation tarifaire avec un prix de courrier unique selon les destinations ; 2) la distribution de la presse (1,7 milliard de journaux distribués en 2007) ; 3) l'accessibilité bancaire (tout le monde peut ouvrir un compte bancaire à La Poste ; 4) La présence postale partout sur le territoire dans un rayon de 5 kilomètres de toute habitation ou à moins de 20 minutes.

La Poste est endettée à hauteur de 5,6 milliards d'euros et 71 % de ses activités sont déjà soumises à la concurrence. Au total, 28,5 milliards de documents ont été acheminés et distribués en 2007 par le groupe La Poste : 95 millions de documents acheminés et distribués chaque jour, 550 millions par semaine, 2,4 milliards par mois.On imagine le travail exigé des 300 000 salariés dont 60 % sont fonctionnaires et 40 % sous contrat de droit privé.

Le projet gouvernemental consiste à ouvrir le capital et, à terme, peut-être, de privatiser le groupe La Poste. Le contexte international et la crise financière ne sont évidemment pas favorables à une introduction en Bourse. Pourtant, il va falloir trouver 3,5 milliards d'euros pour moderniser et devélopper La Poste. Qui va financer les projets : les fonds de pension américains, non. Des actionnaires privés et à quelle hauteur ?

La plupart des camarades présents exigent que l'Etat s'engage à fond pour que La Poste demeure un service public. Il faut donc une volonté politique ferme allant même à l'encontre de l'Europe si les Français ont trop à perdre dans une opération hasardeuse. Alors que l'Etat trouve en une nuit 3,5 milliards d'euros pour sauver Dexia, pourquoi n'engagerait-il pas la même somme pour faire de la Poste un outil national vraiment efficace et performant ? Le capitalisme financier, quand il s'agit de services publics, est contreproductif. Voyons la privatisation des autoroutes, que nous a-t-elle apporté ? Quel gâchis !

Un référendum sur la privatisation de La Poste serait trop risqué pour Nicolas Sarkozy. 90 % des Français voteraient contre. Il faut soutenir la lutte engagée par les postiers. Le Parti socialiste, par les déclarations de ses leaders, doit lutter pour maintenir un service public qui assure les quatre missions « régaliennes » de l'Etat. Sinon, La Poste court un vrai danger.

6 octobre 2008

Rendez-vous le 14 octobre à l'école Jacques Prévert

photo : En visite à Val-de-Reuil la semaine dernière, Fadela Amara, secrétaire d'Etat chargée de la politique de la ville, a eu bien du mal à justifier le projet gouvernemental visant à supprimer la Dotation de solidarité urbaine à de nombreuses communes de plus de 10 000 habitants. (photo JCH)
Nous qui passons beaucoup de temps dans le quartier de la Maison rouge, invitons ses habitants à être présents le 14 octobre prochain à 18 heures à l'école Jacques Prévert où aura lieu la signature de la convention ANRU. Les douze parties prenantes seront présentes pour lancer cette grande opération de rénovation urbaine qui vise à sortir de son isolement un quartier dit sensible de Louviers.

Il est indispensable que les habitants soient présents. Ils doivent entendre les discours des uns et des autres puisqu'après tout il s'agit de leur quartier, de l'amélioration de leurs conditions de vie quotidienne. A l'occasion de la présentation aux habitants de la pétition contre la vidéosurveillance, ces derniers nous ont fait part de leurs griefs plus généraux : mauvais état des logements, absence d'entretien, bruit, faible isolation, insuffisance de parkings (d'où les PV malvenus pour stationnement sur les trottoirs)…Ils doivent donc savoir ce que prévoient la municipalité et ses partenaires.

Des ateliers urbains vont être mis en place. S'ils veulent peser sur les orientations et les décisions, les habitants doivent s'y investir. Pour eux et leurs enfants.

La sémantique particulière de M. Philippe Leroy

Le président du conseil général de la Moselle, M. Philippe Leroy, est intervenu récemment sur la chaine régionale de télévision France 3. Il avait été invité par les journalistes de cette chaine pour donner son point de vue sur le choix des sites d'enfouissement de déchets nucléaires dans le cadre de la consultation nationale engagée dans divers départements… dont l'Eure puisqu'un site a été retenu dans le canton de Pont-de-l'Arche.

Une phrase pour le moins malheureuse a été prononcée par ce M. Leroy quand il a comparé les difficultés éprouvées par les élus à faire accepter par la population les sites pour déchets nucléaires, industriels ou ménagers et ceux retenus pour aménager les terrains d'accueil des gens du voyage, les « Gitans » a-t-il cru bon d'indiquer. Autrement dit, déchets en tous genres et gens du voyage sont placés sur le même plan.

L'association « Sortir du nucléaire » a sévèrement critiqué M. Philippe Leroy et exige sa démission de tous ses mandats. Ceux qui ont vu les images et entendu les propos de M. Leroy (dont je suis) ne pouvaient qu'être indignés. Comment peut-on placer sur un même plan les sites pour déchets nucléaires et les aires d'accueil des gens du voyage ? M. Leroy n'a pas prévu de démissionner de tous ses mandats…

Escaliers de la gare régionale de Val-de-Reuil (suite)

Photo : le hall de la gare de Lyon est accessible de plain-pied (photo JCH)
Bernard Amsalem, ancien maire de Val-de-Reuil, à qui nous avons posé la question ce matin a été affirmatif : les crédits destinés aux escaliers mécaniques de la gare de Val-de-Reuil étaient bien inscrits, en 1978, lors de la création de la-dite gare. Mais, car il y a un mais le ministre de l'Equipement de l'époque, s'appelait Jean Lecanuet et il était également maire de Rouen.
On peut le dire, Jean Lecanuet n'avait pas une admiration sans bornes pour la ville nouvelle qu'il considérait comme un adversaire du développement de la ville qu'il dirigeait. Avec René Tomasini, député de l'Eure et secrétaire général du RPR, ils s'étaient opposés à la création de cette ville nouvelle imposée par l'équipe Delouvrier et le gouvernement du général De Gaulle.
Que fit Lecanuet, il transféra la ligne budgétaire prévue pour les escalators de la gare sur le budget du centre commercial Saint-Sever qui, ainsi, fut doté d'escaliers mécaniques bien pratiques. Depuis, la SNCF se contente de promesses jamais tenues. Les plaintes permanentes des usagers, celles des élus, n'y font rien. Chacun a bien conscience des problèmes posés : handidapés, personnes âgées, voyageurs avec bagages encombrants…tous se lamentent devant une situation bureaucratique qu'on avait plus l'habitude de connaître dans l'Ex-URSS que dans notre république bien-aimée.
Il suffirait qu'un comité d'usagers se crée et organise un mouvement de protestation rituel devant la gare régionale pour, peut-être, obtenir gain de cause. La victoire (provisoire ?) contre le fichier EDVIGE n'a pas été obtenue autrement que par une importante mobilisation populaire.
Que les lecteurs de ce blog me confient leur point de vue voire leur accord et alors, on pourra mettre le train de la protestation en marche. En attendant, méditons cette citation de Guillaume Pépy, le nouveau président de la SNCF : « Les ambitions de demain ne doivent pas faire oublier les faiblesses du quotidien. »

5 octobre 2008

Les escaliers de la gare régionale de Val-de-Reuil

La gare de Val-de-Reuil n'est pas la gare de Val-de-Reuil. Elle est une gare régionale qui capte les usagers de toute l'agglomération de Louviers et qui sera appelée à plus d'activité encore quand le cadencement des trains sera opérationnel. Les arrêts à Saint-Pierre-du-Vauvray et Alizay se feront tellement rares qu'on finira par les supprimer totalement.

Mon propos est du à la scène que je viens de vivre ce soir à la gare rolivaloise. Une scène qui se produit des dizaines de fois par jour, tous les jours, toutes les semaines. Une personne âgée ou affaiblie obligée de porter sa lourde valise dans des escaliers infiniment pénibles avant de prendre le train pour Paris de 20 h 58 et qui est contrainte d'arriver 20 minutes avant le train pour être certaine de ne pas le rater.

Je sais que des tonnes de courrier ont été adressées à la direction nationale de la SNCF. Député, maire, élus de toutes sortes et de tous poils. Ils s'y sont tous mis pour obtenir des escalators qui sont non seulement utiles mais un du depuis 1978. A cette époque, des financements avaient été prévus pour ces escaliers mécaniques. Mais l'argent a servi à financer un autre projet, ailleurs.
Trente ans que cela dure. Trente ans, c'est long.

Comme ce blog est de plus en plus fréquenté et donc de plus en plus lu, je suis certain qu'une bonne âme lira ces lignes et agira, une fois de plus, pour que la gare régionale soit dotée du minimum de confort qu'on peut exiger quand on est un usager des trains de ce pays et de cette région.

Patrick Madroux débouté

J'ai eu l'occasion d'évoquer les recours formés devant le tribunal administratif de Rouen contre l'élection de Guy Auzoux (par Franck Martin) et celle d'Hervé Maurey à Bernay. J'ai omis de préciser que Patrick Madroux, élu du Vaudreuil, avait également également tenté de faire annuler l'élection de Janick Lesœur-léger, conseillère générale du canton de Val-de-Reuil.
Le tribunal n'a pas suivi Patrick Madroux et ses arguments et a confirmé Janick Lesœur-Léger dans son mandat. Il était juste que cela soit rendu public.

La mort de Jean Récher, ancien conseiller général

Jean Récher est mort récemment après avoir vécu pendant des années avec une maladie difficile, invalidante qui l'avait conduit à demeurer immobile, chez lui, confié aux soins attentifs de son épouse. La maladie de Parkinson l'avait « attaqué » alors même qu'il venait de traverser une tragédie personnelle et familiale. Et elle l'avait écarté du bruit du monde alentour.

Jean Récher, je l'ai côtoyé quand il était chef de la gare de Saint-Pierre-du-Vauvray alors débordante d'activité, quand il était maire de cette commune et conseiller général du canton de Louviers-nord. Membre du Parti socialiste, il était animé d'une fibre militante et sociale qui, jamais, ne le lâcha. Il n'eut pas de moments de doute, il n'eut pas de ces hésitations qui parfois conduisent les militants les plus engagés à regarder sur l'autre rive, à se laisser séduire par le verbe ou par des manières qui vous flattent.

Jean Récher avait le cœur et les tripes à gauche. Nombreux sont les familles qui firent appel à lui quand il était conseiller général, pour une aide, un emploi, un logement…Et Leslie Cléret, qui lui a succédé, s'est montrée digne de son parrain puisque Jean Récher avait souhaité qu'elle poursuivre l'œuvre engagée. Ce qu'elle fait.

Mardi auront lieu les obsèques de Jean Récher. Nous serons aux côtés de son épouse, de son fils Jean-Luc, maire d'Aubevoye et conseiller général, lui aussi, pour les accompagner en ces instants de tristesse et de mémoire.

Comment court une rumeur…

Les faits qui ont eu lieu l'autre samedi soir sur le périmètre de la foire Saint-Michel sous la forme d'une émeute opposant des Kurdes et des Turcs ont donné naissance à une rumeur tenace. Pendant toute la semaine, il n'a été question que de cela : « Il y a eu un mort mais le maire ne veut pas qu'on en parle. »
L'intervention d'une quinzaine de policiers avec flash-balls et grenades lacrymogènes, n'est-ce pas suffisant pour affirmer la gravité des ces faits sans en rajouter sur le bilan ? J'ai rencontré les policiers qui se sont chargés de l'enquête : il y eut quatre blessés dont un plus sérieusement touché. Jamais il n'y a eu de mort fort heureusement. Et Franck Martin aurait été fort embarrassé pour demander le silence sur une information qui n'existe pas.
Alors, comment naissent les rumeurs ? La vérité est qu'on ne sait pas. Il semble que des témoins de la scène de rixe ont vu une personne allongée sur une civière (celle des sapeurs-pompiers) apparemment sans connaissance. Et alors, tout va très vite : elle est surement morte. Elle est morte. Il y a eu un mort puis deux…
Si mort il y avait eu, une enquête judiciaire et policière aurait été déclenchée avec venue sur les lieux du parquet, et personne (pas même le maire) n'aurait eu le pouvoir d'empêcher la publication d'une information aussi grave. Il a assez de pouvoirs comme cela sans en rajouter. Nous sommes, en tout cas, certain d'une chose : caméras ou pas caméras, cette rixe est partie d'une histoire intime et privée. Les caméras n'auraient pas empêché qu'elle débouche sur un conflit « géopolitique » qui empoisonne la Turquie, l'Irazk, l'Iran et le Kurdistan. On est loin de la Place du champ de ville.