27 octobre 2022

L'entrée de Pierre Mendès France au Panthéon est-elle pour demain ?

François Loncle vient d'offrir quelques livres de (ou sur) PMF au Président de la République.©Jean-Charles Houel

 

Le 18 octobre dernier, jour du quarantième anniversaire de la disparition de Pierre Mendès France, le Président de la République a rendu « un hommage discret » (1) à l’ancien Président du Conseil, ancien député et président du conseil général de l’Eure, ancien maire de Louviers…mais un hommage quand même. D’un commun accord avec François Loncle, actuel président de l’Institut Mendès France, Emmanuel Macron a en effet souhaité partager un déjeuner à l’Elysée avec une quinzaine de personnalités et personnes ayant côtoyé PMF dont Joan et Tristan Mendès France, sa belle-fille et son petit-fils.

 

Le Président voulait surtout écouter. Il a donc très peu parlé. Il désirait entendre les témoignages concrets de ceux et celles qui ont aimé, admiré l’homme que la quatrième République et les jeux politiciens ont entravé dans ses efforts visant à conduire une politique de paix, de progrès social et de relèvement national. Son refus de céder à la démagogie, son obstination à vivre et agir selon des valeurs et des principes que sa famille notamment lui avait inculqués, l’ont empêché de réaliser tout à fait son destin. Comme Jaurès, comme Léon Blum, cet homme supérieurement intelligent, cultivé, curieux de tout, a ouvert (en sept mois et 17 jours) nombre de chemins et démontré que la politique pouvait être ni sale ni opportuniste. On aurait aimé apprendre d'Emmanuel Macron ce qu'il a retenu sur les plans politique et philosophique d'un Mendès France connu pour sa rigueur et sa lutte contre ce qu'il appelait « la facilité».

 

Dans son livre « Révolution » l’actuel Président évoque les personnalités exceptionnelles qu’étaient le général de Gaulle, à droite, et Pierre Mendès France, à gauche. Je serais bien imprudent d’en tirer quelque conclusion ou quelque leçon que ce soit. On a décrit, ici ou là, un Emmanuel Macron « et de droite et de gauche. » Il se trouve que Pierre Mendès France, lui, a toujours été de gauche, socialiste plutôt que radical, car il abhorrait le pouvoir personnel et sublimait le rôle du citoyen au nom duquel les politiques agissent. Et pour lui ce n'était pas de la théorie.

 

Une question fut posée au président par François Loncle : que penserait-il de l’entrée au Panthéon de Pierre Mendès France  (« Aux grands hommes (et femmes) la patrie reconnaissante ») cet « éveilleur de consciences » ? Les tentatives déjà anciennes (en 2012) sont restées lettre morte si l’on compte les réponses polies de François Hollande. L'actuel Président de la République a répondu vouloir étudier l’éventuelle demande qui ne pourrait aboutir qu’en accord avec sa famille. Le maître des horloges aura donc jusqu’à l’année 2027 (sauf surprise) pour que le monde entier apprenne que « l’homme sans qui rien n’eût été possible » (2) a toute sa place parmi les grands Français.

 

Les discussions d'après déjeuner.©Jean-Charles Houel

J’oubliais. Des invité(e)s important(e)s étaient présents autour de la table dressée dans le salon des ambassadeurs. La pétillante Anne Sinclair, le magistral Jean-Pierre Chevènement, l’élégant Claude Perdriel, le sage Claude Weil, les historien et historienne Robert Frank et Sabine Jansen, l’académicien Eric Roussel…on notait aussi la présence de Sébastien Lecornu (très en verve), ministre des Armées, successeur de PMF à la tête du conseil départemental de l’Eure, de François-Xavier Priollaud, maire de Louviers. Philippe Brun, élu en juin dernier député de la 4e circonscription de l’Eure (NUPES-PS) celle de Pierre Mendès France était absent. La touche d’un macronisme peu soluble dans le mendésisme ?

 

(1)  Comme l’a écrit la journaliste du Monde Claire Gatinois

(2)  Le mot de François Mitterrand à PMF le jour de son investiture.

25 octobre 2022

L'embardée de Bardella nous promet des jours sombres

Le journal Le Monde a raison de s’indigner. L’exploitation politique de l’assassinat de la jeune Lola, adolescente tuée dans des circonstances encore confuses mais bien réelles par une femme, de nationalité algérienne, sous le coup d’une OQTF (obligation de quitter le territoire) est répugnante. Il n’est pas question, ici, de se lancer dans une analyse que seuls des experts qualifiés pourront étayer pour connaître les causes et le déroulement de cette tragédie. Mais que les Ciotti, Zemmour, Le Pen, et autres Bardella, s’en donnent à cœur joie pour faire de ce fait divers un élément de leur campagne électorale ancienne mais constante est tout simplement odieux.

 

On savait Zemmour incorrigible. On connaissait les penchants racialistes de la droite extrême et de l’extrême droite. Leur opposition absolue et permanente au Président de la République et au gouvernement les aveugle. Car s’il existe bien un problème migratoire, il est mondial. Les déplacés par la guerre, la faim, la recherche d’une vie meilleure, seront de plus en plus nombreux et sur tous les continents. L’Europe occidentale et la France « ne pourront accueillir toute la misère du monde mais devront prendre toute leur part. » (1).

 

J’entendais hier soir sur la 5 le jeune coq Bardella affirmer que si le RN était au pouvoir, les étrangers frappés d’une OQTS seraient dans l’avion dans le quart d’heure suivant son arrivée aux rênes du gouvernement. Paroles, paroles…On a même assisté à un rétropédalage en règle de Marine Le Pen qui avait prévu d’assister (avec ses député(e) à la manifestation organisée par Zemmour et qui finalement a préféré se faire plus discrète suite aux souhaits émis par la famille de Lola désireuse d’éviter toute récupération politique. La salle des pas perdus de l’Assemblée nationale a pourtant brui de ces clameurs protestataires faisant fi de la douleur de la famille de Lola et cherchant des voix à bon marché.

 

On compte environ 100 000 OQTF par an. Seules 15 à 17 % d’entre elles sont effectives. Ce n’est pas que la France est plus molle, plus laxiste que d’autres. Les pays d’accueil refusent de délivrer les laisser passer consulaires indispensables pour pénétrer sur leur territoire. Et comme les renvoyés sont soit délinquants, soit prosélytes, soit sans formation, les gouvernements refusent de récupérer leurs ressortissants. C’est un fait regrettable mais c’est la réalité. Hurler avec les loups ne fait pas une politique. L’embardée de Bardella donne une idée assez précise de ce qui attend notre fragile démocratie. Le peuple ferait bien d’y regarder à deux fois avant de lui confier un jour le pouvoir.

(1) De la citation de Michel Rocard, on ne retient souvent que la première moitié de la phrase.

 

23 octobre 2022

Les activités de la SED : un film sur Maupassant et une conférence sur le château de Gaillon

Lors d'une visite à Gaillon en 2019. (photo Jean-Charles Houel)

Le congrès de la Fédération des sociétés historiques et archéologiques de Normandie, qui s’est tenu à Louviers du 12 au 15 octobre, a été une réussite. Près de 140 personnes ont assisté, durant ces quatre jours, à tout ou partie des différentes séances. La SED remercie une fois de plus chaleureusement la municipalité de Louviers et l’agglomération Seine-Eure sans qui nous n’aurions pu organiser cette manifestation, mais aussi tous ceux d’entre vous qui nous ont apporté leur concours ou sont venus écouter telle ou telle des communications. Nous reprenons dès le mois prochain le cours normal de nos activités. La SED organise, en partenariat avec l’Université populaire, la projection du film documentaire de Christian ClèresJ’aime pas Maupassant, le mardi 8 novembre, à 18 h 30, dans la salle du Moulin, rue des Anciens combattants d’Afrique du Nord.

Nous avons déjà accueilli Christian Clères à plusieurs reprises, pour les films qu’il a consacrés à Michel Bussi, Marcel Proust, Gustave Flaubert. Il nous offre, cette fois, l’occasion de parcourir la vie et l’œuvre de l’auteur de Boule de suif. La projection se déroulera en présence du réalisateur et sera suivie d’un débat avec le public. Nous réintégrerons la salle Pierre Mendès France le samedi 10 décembre pour une conférence d’Emmanuel Pous, directeur du château de Gaillon, sur l’histoire du bâtiment et les projets de rénovation et de valorisation mis en œuvre par l’agglomération Seine-Eure.

Dans l’immédiat, nous suggérons une idée de lecture à tous ceux qu’intéresse le passé de notre ville. Le dernier numéro de la revue Études normandes, outre un dossier thématique sur la photographie en Normandie, comporte, dans la rubrique Regards variés, un article de Claude Cornu consacré à une Lovérienne, Madame de Saint-Marceaux (1850-1930). Née Marguerite Jourdain, elle appartenait à une famille de drapiers de Louviers. Elle a quitté jeune la ville et vécu à Paris, où elle a tenu pendant plus d’un demi-siècle, sous la Troisième République, un salon musical réputé dans son hôtel du boulevard Malesherbes. Ses vendredis ont accueilli tous ceux, compositeurs et interprètes, qui ont laissé un nom, de Claude Debussy à Francis Poulenc, d’Alfred Cortot à Marguerite Long. Vous pouvez commander la revue à la librairie Quai des mots.