7 juin 2008

Le Bateau livre supprimé sur France 5

France 5 a annoncé au présentateur du Bateau Livre, une émission consacrée aux livres, qu'elle serait supprimée de la grille à la rentrée de septembre. Cette émission, émise à des heures d'écoute il est vrai confidentielles, était intelligente, alerte, ouverte au monde. Les animateurs ne se payaient pas de mots, faisaient preuve d'une grande culture et n'hésitaient pas à prendre les tabous à bras le corps.
A l'heure où les chaines publiques voient leurs ressources remises en question et leurs objectifs sans doute « modifiés », le signal ainsi émis est éminemment négatif. Depuis la disparition de la célèbre émission de Bernard Pivot, « Apostrophes », suivie par un public fanatique dans le bon sens du terme, la télévision ne se risque pas trop à parler des livres. FOG (Franz-Olivier Giesbert) le fait sur Paris-Première, Frédéric Ferney sur France 5 avait fidélisé des amateurs attentifs.
Une fois de plus, après la suppression de l'émission de Guillaume Durand, les responsables des chaines publiques s'appuient sur médiamétrie et le taux d'audience pour mettre à mort une émission intelligente. C'est une preuve de bêtise et d'abêtissement.

5 juin 2008

Jean-Pierre Raffarin n'a pas toujours tort

Je l'avoue, je ne suis pas un fan de Jean-Pierre Raffarin. Mais il arrive que l'ancien Premier ministre de Jacques Chirac fasse preuve de bon sens ou tout simplement de sens politique. Il vient de déclarer sur une radio confessionnelle chrétienne qu'il était hostile à l'amendement adopté par l'Assemblée nationale rendant obligatoire un référendum en France pour toute adhésion à l'Union européenne d'un pays représentant plus de 5 % de la population de l'UE. « La constitution, a assuré Jean-Pierre Raffarin, n'a pas à montrer du doigt la Turquie. Il existe au Sénat, une majorité dans la majorité pour rejeter cet amendement. »
Jean-Pierre Raffarin a été premier ministre. Il sait que la parole de la France doit être respectée. Nicolas Sarkozy a beau être contre l'adhésion de la Turquie, il doit assumer l'héritage et accepter que l'UE poursuive les négociations avec Ankara. Jacques Chirac était favorable à l'adhésion de la Turquie dont la justice, soit dit en passant, vient de prendre des décisions très courageuses en faveur de la laïcité. Bayrou est contre l'adhésion également au nom des valeurs chrétienne. Ségolène Royal avait botté en touche lorsqu'on l'avait interrogée sur la question. Le prétexte géographique pèse peu à côté des arguments géopolitiques. Je suis de ceux qui pensent que la Turquie a sa place pleine et entière en Europe. On lui promet l'adhésion depuis 1963 ! Et on demande aux Turcs de patienter jusqu'en 2015 ! Un peu de courage bon sang.

73 milliards d'euros dans les niches fiscales

Les niches fiscales, c'est une spécialité bien française. Elles permettent à des contribuables, souvent très riches, souvent les plus riches, de bénéficier de réductions d'impôts tellement importantes qu'ils ne paient pas d'impôts. Certains, même, touchent de l'argent de l'Etat alors que leur revenu fiscal de référence dépasse un million d'euros voire dix fois plus. Le journal « Le Monde » de ce vendredi rend compte d'un rapport parlementaire qui évoque la somme énorme de 73 milliards d'euros de non versements fiscaux dus à des avantages accumulés au fil des décennies. Depuis quelques années ces avantages ont progressé énormément en pourcentage et en volume passant de 50 milliards d'euros en 2003 à 73 milliards cinq ans plus tard !
Comment demander des efforts à la majorité des Français — ceux qui gagnent le SMIC (17 %) ou un peu plus du SMIC — quand une infime minorité bénéficie d'avantages fiscaux substantiels représentant des sommes astronomiques eu égard aux besoins de l'Etat. Il suffit d'investir Outre-mer, de réaliser types de placements, pour ne pas payer d'impôts et profiter de l'occasion pour devenir encore plus riche.
Il existe près de 500 niches fiscales concernant un grand nombre de professions ou de situations. Les journalistes appartiennent d'ailleurs à cette catégorie même si l'avantage a été réduit puis plafonné au fil des années. Avec l'inflation, il ne sera bientôt plus que symbolique. J'indique à toute fins utiles que les journalistes retraités ne bénéficient pas de cet abattement liés à des frais professionnels évidemment inexistants quand on n'est plus en activité.
Les parlementaires Didier Migaud et Gilles Carrez promettent qu'ils vont soumettre au Parlement un projet de loi permettant de revoir, dès 2009, le privilège des niches fiscales. Une belle levée de boucliers en perspective !

4 juin 2008

Carla et les six cerveaux de Nicolas

L'amour fait dire n'importe quoi. C'est ce qui touchant. Carla Bruni, dans un livre à paraître sur son histoire d'amour avec Nicolas Sarkozy, assure qu'il est très intelligent, très « rapide », doté d'une mémoire phénoménale. Il aurait même, selon elle, « cinq ou six cerveaux parfaitement irrigués. » Quand ils se sont connus chez Jacques Séguéla en novembre 2007 (l'homme de la force tranquille de Mitterrand) qui a voté Ségolène Royal au premier tour et Nicolas Sarkozy au second (comprenne qui pourra ?) Carla et Nicolas ont tout de suite compris qu'ils étaient faits l'un pour l'autre. Carla affirme qu'avant Nicolas, elle n'avait pas vécu avec des crétins car « ce n'est pas son genre. » Le problème, quand on vit avec un crétin, c'est qu'on ne le sait pas toujours. S'il est devenu président et le mari de Carla c'est que Nicolas n'est pas un crétin. Evident, non ?
Quel beau livre, quels beaux lecteurs vont se jeter sur cette belle histoire ? Les auteurs du « livre » nous précisent (au passage) que Carla et Rachida ne sont plus amies depuis que la première a déclaré à la seconde en passant devant le lit d'une chambre privée de l'Elysée : « tu aurais bien voulu être dedans ! »
Carla ne se trompe pas sur le rôle qu'elle joue. Elle dit qu'elle occupe « une fonction » à l'Elysée. Mais Carla est surtout une chanteuse. Elle peut tout mettre en musique. N'est-ce pas Raphaël ? Elle n'abandonnera donc pas son métier. Qu'on ne compte pas sur elle, pourtant, pour la revoir sur scène ! Trop compliqué pour une femme de président !
On attend avec impatience « Le Canard enchainé » de la semaine prochaine qui nous raconte la vraie vie de Carla Bruni-Sarkozy. Pas celle des contes pour enfants, même âgés.

« Taisez-vous Elkabbach ». JPE perd la présidence d'Europe N° 1

« Taisez-vous Elkabbach ». Nombre d'entre nous se souviennent de cette apostrophe de Georges Marchais à Jean-Pierre Elkabbach, lequel avec son complice Alain Duhamel, avaient fort à faire pour interviewer des hommes politiques rompus aux joutes verbales. C'était dans les années quatre-vingt du temps du programme commun de la gauche qui avait permis à François Mitterrand de devenir président de la République et à la Gauche de remporter les élections législatives de 1981.

Jean-Pierre Elkabbach avait alors disparu du paysage audiovisuel payant, à tort ou à raison, l'arrogance des hommes du pouvoir, qu'ils appartiennent à la droite ou à la télévision…d'Etat. Jean-Pierre Elkabbach a vécu cela comme une profonde injustice persuadé qu'il était d'accomplir son métier de journaliste avec éthique, sans parti pris, au seul service de l'information. Ce type de face à face « sans connivence ni langue de bois » comme dirait un confrère vernonnais, était un exercice difficile nécessitant beaucoup de travail de la part des intervieweurs et des interviewés. Il a d'ailleurs disparu des écrans. Trop risqué pour les politiques, trop casse-gueule pour les journalistes. Et pourtant…

Le temps a passé. Jean-Pierre Elkabbach est devenu directeur de la chaine Public Sénat, d'Europe N° 1 où, il y a quelques semaines, il a exigé des journalistes qu'ils annoncent le décès de Pascal Sevran alors que celui-ci était à l'agonie mais vivant. Cette faute ne lui a pas été pardonnée. Convoqué par le CSA (Conseil supérieur de l'audiovisuel) avec M. Lagardère où il a dû justifier son erreur ou sa faute, JPE vient d'être évincé de la présidence d'Europe 1 qui échoit à Alexandre Bompart, tout droit venu de Canal Plus.

Les mondes de la télévision et cde la radio sont des mondes cruels. Lorsqu'on est au firmament, il faut se méfier des sous-califes qui veulent devenir califes à la place des califes, il faut rendre des comptes (positifs) aux actionnaires, il faut veiller à ce que les journalistes fassent leur métier sans la pression des financiers, des lobbies ou des politiques (Nicolas Sarkozy est un expert) il faut surtout se méfier de soi-même. Et cela, c'est le plus difficile. Car l'image et le son fascinent. Ils fascinent ceux qui regardent et ceux qui sont regardés comme ceux qui écoutent. « C'est vrai, je l'ai entendu dans le poste ». Cette phrase classique dit tout. Mais il arrive que « la télévision et la radio » ne disent pas la vérité. Nul n'est à l'abri de soi-même. Ni Jean-Pierre Elkabbach, ni qui que ce soit.

3 juin 2008

Rachida Dati « pas à la hauteur de la tâche »

La séance des questions au gouvernement a été marquée par un vif incident cet après-midi. Une députée PS a posé une question à Rachida Dati, Garde des sceaux, ministre de la justice, sur la nécessité de légiférer après le jugement du tribunal de Lille annulant un mariage pour cause de non virginité de la mariée. Rachida Dati était d'accord avec ce jugement. Face au tollé général et aux critiques émanant de tous les bords, elle a été contrainte de changer son fusil d'épaule et d'inviter le parquet de Lille à interjeter appel.
Ce qui est grave c'est que dans sa réponse de ce jour, Rachida Dati a accusé les socialistes d'être responsables de la situation de ces jeunes filles et jeunes femmes « issues » de l'immigration et qui seraient, selon elle, placées sous la coupe des « grands frères ». La faute à la gauche, quoi. Evidemment, les députés socialistes ont protesté et contesté les propos de Mme Dati. Elle avait d'ailleurs prémédité sa réponse puisqu'elle lisait des notes écrites prouvant qu'elle n'improvisait pas sous le coup de la colère.
Plusieurs analystes faisant allusion à la vie personnelle de Mme Dati ont comparé ce qu'elle a vécu et ce qui s'est passé à Lille. Elle-même a, en effet, demandé l'annulation de son mariage. La ministre aurait donc réagi plus en souvenir d'une femme blessée qu'en ministre de la République.
La séance des questions au gouvernement est une vraie épreuve pour les ministres appelés à répondre à l'opposition. Il y faut du travail, de la fermeté, de la raison et du doigté pour ne pas insulter les représentants de la nation. Cela demande des qualités et de l'expérience. Mme Dati, après une campagne présidentielle réussie comme porte-parole de Nicolas Sarkozy ne semble plus être du premier cercle. Cécilia, qu'elle considérait comme sa sœur, est partie sous d'autres cieux. Mme Dati a raté sa réforme de la carte judiciaire menée sans concertation et sans écoute, les membres de son cabinet (du moins ceux qui l'ont quitté) n'en pouvaient plus de son autoritarisme.
Comme le dit Arnaud Montebourg : « Mme Dati est une personnalité attachante mais elle n'est pas à la hauteur de la tâche. » C'est vachard mais c'est du Montebourg.

L'association « Avenir citoyen » est née : elle prépare l'alternance

Une nouvelle association a vu le jour, lundi dernier, dans le paysage lovérien. « Avenir citoyen » est le nom que lui ont donné ses promoteurs au cours d'une assemblée générale constitutive qui a rassemblé plus de vingt personnes. Parmi elles, des candidats aux dernières élections municipales sur la liste « Pour Louviers gagnons ensemble » appartenant au PS, au PC ou sans carte de parti. Analyse a été faite par la majorité des candidats de cette liste que les scores obtenus aux premier et second tour des élections municipales lovériennes (près de 20 % et près de 19 %) démontraient qu'un vrai courant de gauche existait à Louviers et qu'une responsabilité nous incombait, celle de ne pas laisser en jachère un terrain riche de potentialités.

On ne fait rien sans un minimum d'organisation. La création d'une association permet de donner une lisibilité à l'action et de placer en première ligne ceux et celles qui ne baissent pas les bras après la défaite des municipales et des cantonales. « Avenir citoyen » est un nom simple qui dit ce qu'il veut dire. Les membres de l'association vont s'occuper de préparer l'avenir en analysant les décisions municipales, en créant des commissions de travail sur les principaux projets municipaux (urbanisme, sécurité, jeunesse, sport, solidarité etc.) et en proposant des actions visant à mieux faire connaitre notre projet, ceux et celles qui les portent. Nous dénoncerons ce que nous jugerons négatif dans la gestion de la majorité municipale actuelle.

S'agit-il d'une association politique ? Oui dans la mesure où l'objet de l'association est très clair : « celle-ci se donne pour objet de poursuivre et développer la réflexion et l’action engagée par la liste « Pour Louviers, gagnons ensemble ! » dans tous les secteurs de la vie locale , en organisant toutes actions légales afin de préparer une alternative citoyenne à Louviers. » Qui dit alternative dit alternance qui dit alternance dit victoire aux prochaines élections municipales. Dans quelles conditions ? Laissons l'eau passer sous les ponts et sous les passerelles promises par le maire. Regardons comment il va tenir sa promesse de ne pas augmenter la pression fiscale et comment il va conduire son action à la CASE. Conduire une opposition, cela se construit, dans la patience et dans la présence sur le terrain.

Lundi soir, l'assemblée a approuvé les statuts de l'association, désigné douze membres du conseil d'administration et élu un bureau composé de : président, Christian Renoncourt, Vice-président, Alain Lefeez, secrétaire, Christine Moraga, secrétaire-adjoint, Jean-Charles Houel, trésorier, Michel Doucet, trésorière-adjointe, Pauline Renoncourt. Les réunions se tiendront au rythme des actions à engager et des besoins d'échanges et d'informations.
La prochaine réunion permettra de fixer un calendrier et de décider une première action publique dans un quartier de Louviers.

2 juin 2008

La disparition de Paulette Langlois

Notre photo : Pierre Langlois lors du vernissage d'une exposition à Mantes-La-Jolie.
Elle avait 99 ans. Depuis la mort de Pierre-Gérard, son fils, notre ami, décédé au milieu des années quatre vingt-dix, elle vivait dans la solitude de sa maison de la rue des Hayes Mélines. Solitude seulement et souvent trompée par la visite de sa fille et d'une dame de compagnie qui l'a aidée jusqu'à son dernier souffle.
Paulette Langlois née Quemin était une amie de Pierre Mendès France. Son frère, Paul Quemin, membre du parti radical d'avant la guerre 39-45, était de ceux qui avaient convaincu le jeune et brillant avocat parisien de venir s'installer à Louviers, rue Tatin. On connait la suite, PMF devint député, puis maire, puis conseiller général de Pont-de-l'Arche puis président du conseil général et enfin président du conseil en 1954. Il fut ce phare de la gauche qui continue à éclairer notre chemin.
Mme Langlois, enseignante, avait la laïcité et la République à fleur de peau. A l'école Ferdinand Buisson, elle a formé tant d'élèves, elle a conduit tant d'enfants au savoir que certaines (l'école publique n'était pas mixte à cette époque) ne l'ont jamais oubliée. Elle était rigoureuse et joyeuse, elle était réaliste et optimiste. Elle était à gauche et avec son mari, alors qu'il avait son atelier et son habitation dans la rue Saint-Germain, ils avaient participé à tous les combats municipaux si bien que M. Langlois fut élu sur la liste d'Ernest Martin en 1965.
Penser à la disparition de Paulette, c'est aussi évoquer la mémoire de Pierre. Nous sommes quelques-uns à Louviers et ailleurs à posséder des lithographies, des gouaches, des huiles d'un artiste sensible et subtil. Ses œuvres sur nos murs nous permettent de continuer d'apprécier sa patte et son talent quotidiennement.
Jamais il n'abandonna Louviers. Jamais il n'oublia ses vieux amis. Nous demeurons dans son souvenir et dans notre chagrin.

Le record du monde du 100 mètres de Usain Bolt

Nous avons la chance d'avoir un ami qui s'appelle Bernard Amsalem. Après avoir été maire de Val-de-Reuil, il est devenu président de la Fédération française d'athlétisme et notre petit doigt nous dit qu'il ne s'arrêtera pas là. On a besoin, dans les instances internationales, de dirigeants qui ont commencé en bas, dans un club, une ligue, une fédération. Qui savent ce que bénévolat veut dire. En plus, Bernard Amsalem est un des deux ou trois Français à connaître sur le bout des ongles l'histoire de l'athlétisme des dernières décennies. Il est imbattable sur les noms des athlètes, sur les hauteurs, les longueurs, les temps des records du monde…ou de France.
ce matin, il nous parlait du record du monde du 100 mètres de Usain Bolt, ce jeune Jamaïcain qui a couru la distance reine en 9''72, améliorant de deux centièmes le précédent record d'Asafa Powel.
Bernard Amsalem crie au génie : « Ce garçon a des qualités personnelles exceptionnelles. Quand il était junior, déjà, il courait merveilleusement mais il n'avait pas les atouts athlétiques suffisants pour taquiner les records séniors, alors il s'est souvent blessé. Il a beaucoup travaillé depuis, fait de la musculation. Aujourd'hui, il atteint une maturité qui n'a pas fini de nous surprendre. Des scientifiques assurent que les limites des coureurs actuels (et pour longtemps) sont de 9"67 centièmes sur 100 mètres. Je pense que Usain Bolt sera le premier à atteindre ce record. Je le place comme favori N° 1 pour Pékin. »

1 juin 2008

« Manger ou conduire, il faut choisir »

Le président de la Commission européenne a lancé un sondage électronique sur l'objectif de 10% d'agrocarburants obligatoires dans les carburants automobiles. Dimanche à 20 h 52, le score en faveur du non était de 85 % contre 15 % de oui. ATTAC nous a adressé un message sur le thème : « manger ou conduire, il faut choisir ».
Nous avons choisi manger. Pas pour nous mais pour tous ceux qui meurent de faim dans le monde et qui voient des tonnes de céréales transformées en pétrole vert. Le blé, le colza, tous les oléagineux peuvent fournir du carburant. Est-ce une voie d'avenir ? Bien sûr que non. Il faudra bien un jour admettre que les transports collectifs (bus, train, métro, tram, etc.) ou individuels (bicyclette notamment) devront être élargis et accessibles.
Vous pouvez réagir et voter contre. Donnez votre avis, vous aussi
http://ec.europa.eu/commission_barroso/president/focus/cap/index_fr.htm

Pour tout potage…

L'information politique n'est pas triste ce dimanche. On apprend que Valéry Giscard D'estaing, depuis qu'il a conseillé à Nicolas Sarkozy de prendre François Fillon comme premier ministre n'a plus été consulté par le président de la République. De deux choses l'une : ou Sarkozy se rend compte qu'il s'agit d'un mauvais choix et il ne souhaite plus écouter les conseils de VGE ou c'est un bon choix et on ne change pas une équipe qui gagne !

Martine Aubry en tête des reconstructeurs du PS. Montebourg, Fabius, Emmanuelli, Hamon, etc. avaient rendez-vous avec Martine Aubry à Paris. Tout sourire, elle s'est posée en femme de gauche, tout à gauche. Laurent Fabius a assuré que c'était la première bonne nouvelle au PS depuis des années. Il est vrai que Lille est une ville de plus en plus belle et que le nord est à l'honneur.

Jean-François Copé, président du groupe UMP à l'Assemblée nationale, reconnait (dans le JDD) qu'il est différent de Nicolas Sarkozy…qui voit en lui un rival plus que sérieux. Copé a déclaré en 2007 qu'il pensait à être candidat à la présidence de la République en 2017. Il a encore le temps de se planter. Et d'anticiper le mouvement si la cote de Sarko ne monte pas dans les sondages.

Jean-Pierre Raffarin (candidat non avoué à la présidence du Sénat) a envoyé une nouvelle raffarinade : pour lui « le sénat n'est pas assez rebelle ». Il se verrait bien à la place de Poncelet qui se fait vieux et qui a eu pas mal d'ennuis avec une ancienne attachée-secrétaire payée à coups de lance-pierre. Ils ont trouvé un arrangement. Raffarin le rebelle est téméraire mais point audacieux. Il attend que Poncelet, Gaudin et Larcher dégainent pour dévoiler son jeu.

Olivier Besancenot et ses « adversaires » socialistes

Notre photo : Olivier Besancenot à Louviers chez ses amis d'A Gauche Vraiment
Les rapports de l'extrême gauche et des socialistes sont compliqués. Ils l'ont toujours été. Ils le sont d'autant plus que l'extrême gauche est plurielle et les socialistes pas tous et pas toujours d'accord entre eux. Olivier Besancenot, que nous connaissons bien à Louviers et dont nous apprécions le franc parler, le militantisme actif, dont nous savons que bien des jeunes se reconnaissent en lui, que des sans papiers, des sans toit et des sans grades, reçoivent régulièrement son soutien concret, a tort, je le dis franchement, de considérer le Parti socialiste comme « un adversaire », mot qu'il vient de prononcer publiquement. Expliquons-nous, nous qui avons bénéficié d'un soutien non dissimulé d'A Gauche Vraiment au second tour de l'élection cantonale et qui éprouvons de l'estime pour nombre de militants de la LCR. Pas seulement pour les personnes, s'entend, aussi pour leur présence militante. Nous ne sommes pas de ceux qui affirment : « l'extrême gauche se nourrit du malheur des gens ! » Elle ne capitalise pas sur le malheur des gens. Elle soutient et aide les gens dans le malheur.

L'opération politique menée par OB visant à créer un grand parti anticapitaliste permettant de dépasser les frontières étroites de la LCR (3000 adhérents) est, nous dit-on, un succès. Ce n'est pas étonnant. OB est inscrit dans le paysage politique français depuis plusieurs années. Ses candidatures à l'élection présidentielle l'ont en quelque sorte « sacralisé ». Il est télévisuel, il parle simple au point de paraitre simpliste parfois. Il parle un langage direct, il accepte de figurer sur les plateaux télé (chez Drucker par exemple, le nirvana de la reconnaissance médiatique) et sa posture anticapitaliste et résolument antiréformiste peut être payante en termes électoraux puisqu'il donne le sentiment de ne pas cautionner le système. Mais en terme de capacité de changer la vie, il sait qu'il faudra bien, un jour, accepter le pouvoir et le pouvoir nécessite des majorités (donc des accords avec d'autres) et des compromis. Jamais la LCR n'a exprimé un assentiment là-dessus. Lutte Ouvrière a ouvert des pistes aux municipales en s'alliant avec le PS. Gouverner la France, en Europe et dans le monde, est une autre paire de manches.

Plus n'importe qui
Le PS traverse une zone de turbulences qui cessera (?) après le congrès. On ne s'achemine pas vraiment vers une synthèse à Reims. Il y aura une majorité et une opposition au sein du PS. Les Français pourront choisir en toute connaissance de cause leur favori pour 2012. Chacun sait au PS, comme ailleurs, qu'un adhérent n'est pas forcément un militant et qu'un militant ne l'est pas toujours de façon pérenne. Il est vrai qu'Olivier Besancenot n'est plus n'importe qui. Sa notoriété écrase celle d'Arlette Laguiller et d'Alain Krivine qui appartiennent au passé. Il s'appuie sur des groupes et des élus de conviction répartis dans tout le pays. Il est donc inscrit durablement dans la vie politique française. Les prochaines élections européennes et les prochaines élections régionales (avec quel mode de scrutin ?) seront une indication forte pour le parti anticapitaliste surtout si le mode de scrutin régional change et oblige à des rapprochements à gauche dès le premier tour. Osera-t-il proposer des alliances à des socialistes jugés plus fréquentables que d'autres ?
Pourquoi Olivier a-t-il tort de rejeter le PS ? Il estime qu'aujourd'hui, l'extrême gauche peut se passer du relais des partis de gouvernement pour s'adresser directement au peuple. Et comme les médias aiment les minorités, ils aiment Olivier Besancenot. Ils aiment aussi les personnages atypiques. Ils ont aimé Ségolène Royal avant de la lâcher. Ils ont aimé Sarkozy avant de le lyncher. La mode médiatique Besancenot durera-t-elle ?

En utilisant un vocabulaire agressif envers le seul grand parti de gauche (Le PCF, les Verts et les radicaux ne sont plus ce qu'ils étaient) Olivier Besancenot prend le risque de se couper d'un tas de gens qu'il pouvait considérer comme des compagnons de route (et réciproquement) sur des sujets de société, sur des actions collectives partagées (grèves, manifestations) sur des projets locaux communs. A moins que ses représentants lovériens, par exemple, soient plus pragmatiques et donc moins dogmatiques. Contre l'extrême droite, contre certains projets municipaux « martino-sarkozystes » l'union d'A Gauche Vraiment (dont Gérard Prévost est l'élu) et de la liste PS-PC-société civile serait utile.

Olivier Besancenot a prononcé le mot d'« adversaire » en parlant du PS. N'aurait-il pas dû, plutôt, utiliser celui de concurrent ? Le Parti socialiste, malgré les défauts liés à une grande organisation et le nombre importants de ses présidentiables, défend les mêmes catégories sociales, les mêmes victimes du système financier, les mêmes naufragés de la mondialisation. Dans les régions, les départements (l'Eure est un excellent exemple) les communes, les socialistes sont au charbon. Qu'il y ait émulation à gauche, pourquoi pas ? La vie politique se nourrit des débats, des contradictions, des rivalités de personnes « puisque les idées ne marchent pas toutes seules, il faut bien quelqu'un pour les porter. » (1)

Révolutionnaire
Olivier Besancenot n'a pas eu peur de déclarer à Michel Drucker qu'il restait un « révolutionnaire » et qu'il était prêt à cette révolution à tout moment sans pouvoir en préciser ni les formes ni les moyens. Il faudra bien, pourtant, qu'il définisse précisément les institutions de ses rêves, la façon de légitimer les élus, pour rester dans un état démocratique donc un état de droit. Et pour ce faire qu'y a-t-il d'autre que le suffrage universel ?

(1) Citation de Laurent Fabius