Les rapports de l'extrême gauche et des socialistes sont compliqués. Ils l'ont toujours été. Ils le sont d'autant plus que l'extrême gauche est plurielle et les socialistes pas tous et pas toujours d'accord entre eux. Olivier Besancenot, que nous connaissons bien à Louviers et dont nous apprécions le franc parler, le militantisme actif, dont nous savons que bien des jeunes se reconnaissent en lui, que des sans papiers, des sans toit et des sans grades, reçoivent régulièrement son soutien concret, a tort, je le dis franchement, de considérer le Parti socialiste comme « un adversaire », mot qu'il vient de prononcer publiquement. Expliquons-nous, nous qui avons bénéficié d'un soutien non dissimulé d'A Gauche Vraiment au second tour de l'élection cantonale et qui éprouvons de l'estime pour nombre de militants de la LCR. Pas seulement pour les personnes, s'entend, aussi pour leur présence militante. Nous ne sommes pas de ceux qui affirment : « l'extrême gauche se nourrit du malheur des gens ! » Elle ne capitalise pas sur le malheur des gens. Elle soutient et aide les gens dans le malheur.
L'opération politique menée par OB visant à créer un grand parti anticapitaliste permettant de dépasser les frontières étroites de la LCR (3000 adhérents) est, nous dit-on, un succès. Ce n'est pas étonnant. OB est inscrit dans le paysage politique français depuis plusieurs années. Ses candidatures à l'élection présidentielle l'ont en quelque sorte « sacralisé ». Il est télévisuel, il parle simple au point de paraitre simpliste parfois. Il parle un langage direct, il accepte de figurer sur les plateaux télé (chez Drucker par exemple, le nirvana de la reconnaissance médiatique) et sa posture anticapitaliste et résolument antiréformiste peut être payante en termes électoraux puisqu'il donne le sentiment de ne pas cautionner le système. Mais en terme de capacité de changer la vie, il sait qu'il faudra bien, un jour, accepter le pouvoir et le pouvoir nécessite des majorités (donc des accords avec d'autres) et des compromis. Jamais la LCR n'a exprimé un assentiment là-dessus. Lutte Ouvrière a ouvert des pistes aux municipales en s'alliant avec le PS. Gouverner la France, en Europe et dans le monde, est une autre paire de manches.
Plus n'importe qui
Le PS traverse une zone de turbulences qui cessera (?) après le congrès. On ne s'achemine pas vraiment vers une synthèse à Reims. Il y aura une majorité et une opposition au sein du PS. Les Français pourront choisir en toute connaissance de cause leur favori pour 2012. Chacun sait au PS, comme ailleurs, qu'un adhérent n'est pas forcément un militant et qu'un militant ne l'est pas toujours de façon pérenne. Il est vrai qu'Olivier Besancenot n'est plus n'importe qui. Sa notoriété écrase celle d'Arlette Laguiller et d'Alain Krivine qui appartiennent au passé. Il s'appuie sur des groupes et des élus de conviction répartis dans tout le pays. Il est donc inscrit durablement dans la vie politique française. Les prochaines élections européennes et les prochaines élections régionales (avec quel mode de scrutin ?) seront une indication forte pour le parti anticapitaliste surtout si le mode de scrutin régional change et oblige à des rapprochements à gauche dès le premier tour. Osera-t-il proposer des alliances à des socialistes jugés plus fréquentables que d'autres ?
Pourquoi Olivier a-t-il tort de rejeter le PS ? Il estime qu'aujourd'hui, l'extrême gauche peut se passer du relais des partis de gouvernement pour s'adresser directement au peuple. Et comme les médias aiment les minorités, ils aiment Olivier Besancenot. Ils aiment aussi les personnages atypiques. Ils ont aimé Ségolène Royal avant de la lâcher. Ils ont aimé Sarkozy avant de le lyncher. La mode médiatique Besancenot durera-t-elle ?
En utilisant un vocabulaire agressif envers le seul grand parti de gauche (Le PCF, les Verts et les radicaux ne sont plus ce qu'ils étaient) Olivier Besancenot prend le risque de se couper d'un tas de gens qu'il pouvait considérer comme des compagnons de route (et réciproquement) sur des sujets de société, sur des actions collectives partagées (grèves, manifestations) sur des projets locaux communs. A moins que ses représentants lovériens, par exemple, soient plus pragmatiques et donc moins dogmatiques. Contre l'extrême droite, contre certains projets municipaux « martino-sarkozystes » l'union d'A Gauche Vraiment (dont Gérard Prévost est l'élu) et de la liste PS-PC-société civile serait utile.
Olivier Besancenot a prononcé le mot d'« adversaire » en parlant du PS. N'aurait-il pas dû, plutôt, utiliser celui de concurrent ? Le Parti socialiste, malgré les défauts liés à une grande organisation et le nombre importants de ses présidentiables, défend les mêmes catégories sociales, les mêmes victimes du système financier, les mêmes naufragés de la mondialisation. Dans les régions, les départements (l'Eure est un excellent exemple) les communes, les socialistes sont au charbon. Qu'il y ait émulation à gauche, pourquoi pas ? La vie politique se nourrit des débats, des contradictions, des rivalités de personnes « puisque les idées ne marchent pas toutes seules, il faut bien quelqu'un pour les porter. » (1)
Révolutionnaire
Olivier Besancenot n'a pas eu peur de déclarer à Michel Drucker qu'il restait un « révolutionnaire » et qu'il était prêt à cette révolution à tout moment sans pouvoir en préciser ni les formes ni les moyens. Il faudra bien, pourtant, qu'il définisse précisément les institutions de ses rêves, la façon de légitimer les élus, pour rester dans un état démocratique donc un état de droit. Et pour ce faire qu'y a-t-il d'autre que le suffrage universel ?
(1) Citation de Laurent Fabius
L'opération politique menée par OB visant à créer un grand parti anticapitaliste permettant de dépasser les frontières étroites de la LCR (3000 adhérents) est, nous dit-on, un succès. Ce n'est pas étonnant. OB est inscrit dans le paysage politique français depuis plusieurs années. Ses candidatures à l'élection présidentielle l'ont en quelque sorte « sacralisé ». Il est télévisuel, il parle simple au point de paraitre simpliste parfois. Il parle un langage direct, il accepte de figurer sur les plateaux télé (chez Drucker par exemple, le nirvana de la reconnaissance médiatique) et sa posture anticapitaliste et résolument antiréformiste peut être payante en termes électoraux puisqu'il donne le sentiment de ne pas cautionner le système. Mais en terme de capacité de changer la vie, il sait qu'il faudra bien, un jour, accepter le pouvoir et le pouvoir nécessite des majorités (donc des accords avec d'autres) et des compromis. Jamais la LCR n'a exprimé un assentiment là-dessus. Lutte Ouvrière a ouvert des pistes aux municipales en s'alliant avec le PS. Gouverner la France, en Europe et dans le monde, est une autre paire de manches.
Plus n'importe qui
Le PS traverse une zone de turbulences qui cessera (?) après le congrès. On ne s'achemine pas vraiment vers une synthèse à Reims. Il y aura une majorité et une opposition au sein du PS. Les Français pourront choisir en toute connaissance de cause leur favori pour 2012. Chacun sait au PS, comme ailleurs, qu'un adhérent n'est pas forcément un militant et qu'un militant ne l'est pas toujours de façon pérenne. Il est vrai qu'Olivier Besancenot n'est plus n'importe qui. Sa notoriété écrase celle d'Arlette Laguiller et d'Alain Krivine qui appartiennent au passé. Il s'appuie sur des groupes et des élus de conviction répartis dans tout le pays. Il est donc inscrit durablement dans la vie politique française. Les prochaines élections européennes et les prochaines élections régionales (avec quel mode de scrutin ?) seront une indication forte pour le parti anticapitaliste surtout si le mode de scrutin régional change et oblige à des rapprochements à gauche dès le premier tour. Osera-t-il proposer des alliances à des socialistes jugés plus fréquentables que d'autres ?
Pourquoi Olivier a-t-il tort de rejeter le PS ? Il estime qu'aujourd'hui, l'extrême gauche peut se passer du relais des partis de gouvernement pour s'adresser directement au peuple. Et comme les médias aiment les minorités, ils aiment Olivier Besancenot. Ils aiment aussi les personnages atypiques. Ils ont aimé Ségolène Royal avant de la lâcher. Ils ont aimé Sarkozy avant de le lyncher. La mode médiatique Besancenot durera-t-elle ?
En utilisant un vocabulaire agressif envers le seul grand parti de gauche (Le PCF, les Verts et les radicaux ne sont plus ce qu'ils étaient) Olivier Besancenot prend le risque de se couper d'un tas de gens qu'il pouvait considérer comme des compagnons de route (et réciproquement) sur des sujets de société, sur des actions collectives partagées (grèves, manifestations) sur des projets locaux communs. A moins que ses représentants lovériens, par exemple, soient plus pragmatiques et donc moins dogmatiques. Contre l'extrême droite, contre certains projets municipaux « martino-sarkozystes » l'union d'A Gauche Vraiment (dont Gérard Prévost est l'élu) et de la liste PS-PC-société civile serait utile.
Olivier Besancenot a prononcé le mot d'« adversaire » en parlant du PS. N'aurait-il pas dû, plutôt, utiliser celui de concurrent ? Le Parti socialiste, malgré les défauts liés à une grande organisation et le nombre importants de ses présidentiables, défend les mêmes catégories sociales, les mêmes victimes du système financier, les mêmes naufragés de la mondialisation. Dans les régions, les départements (l'Eure est un excellent exemple) les communes, les socialistes sont au charbon. Qu'il y ait émulation à gauche, pourquoi pas ? La vie politique se nourrit des débats, des contradictions, des rivalités de personnes « puisque les idées ne marchent pas toutes seules, il faut bien quelqu'un pour les porter. » (1)
Révolutionnaire
Olivier Besancenot n'a pas eu peur de déclarer à Michel Drucker qu'il restait un « révolutionnaire » et qu'il était prêt à cette révolution à tout moment sans pouvoir en préciser ni les formes ni les moyens. Il faudra bien, pourtant, qu'il définisse précisément les institutions de ses rêves, la façon de légitimer les élus, pour rester dans un état démocratique donc un état de droit. Et pour ce faire qu'y a-t-il d'autre que le suffrage universel ?
(1) Citation de Laurent Fabius
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