9 février 2019

François-Xavier Priollaud ne sera pas candidat aux élections européennes

François-Xavier Priollaud est un lecteur attentif de ce blog. Pour compléter l’information de ses lecteurs, il n’hésite pas à réagir aussitôt aux écrits qui le concernent. J’ai évoqué une possible candidature de sa part aux élections européennes, la clôture des inscriptions au MODEM intervenant le 15 février, et François-Xavier Priollaud, au courant des bruits qui circulent, a tenu à mettre les points sur les i.
Il confirme son engagement viscéral en faveur de l’Europe et en prend pour preuve le mouvement qu’il anime au niveau régional du nom de « forum mondial pour la paix » qu’il traduit comme un engagement européen et international. En conséquence, il assure « qu’il n’a jamais été question, ni hier, ni d’avantage aujourd’hui, de (s)e porter candidat aux élections européennes ».
A dire vrai, c’était le sens de mon article. Je me demandais comment, à un peu plus d’un an des élections municipales, François-Xavier Priollaud pourrait prendre le risque de se perdre dans une campagne européenne et du même coup risquer de perdre les municipales auxquelles il participera…bien qu’il ne m’ait rien précisé à se sujet.

8 février 2019

Quelques réflexions au débotté : le groupe Hermès à Louviers, FX Priollaud candidat aux Européennes ? Plenel met Cohen KO. Di Maio est comme chez lui parmi les gilets jaunes

Le groupe Hermès fait le buzz à Louviers
L’annonce du groupe Hermès fait le buzz. En rendant publique son intention d’ouvrir une nouvelle usine à Louviers, le groupe de luxe apporte manifestement de l’eau au moulin des dirigeants de la Communauté d’agglomération lesquels assurent que le développement économique demeure la priorité de leurs actions.
Hermès est déjà présent sur notre territoire avec deux usines au Vaudreuil (parfums) et à Val-de-Reuil (petite maroquinerie). La nouvelle usine de production de produits de luxe haut de gamme prendra place dans le hub situé sur la zone industrielle de Louviers-La Fringale. Le Hub, pour ceux et celles qui l’ignoreraient, comprend des bâtiments de l’ancienne usine Cinram, usine Philips à l’origine en 1957. L’agglomération ayant eu la bonne idée de maîtriser le foncier, a donc les moyens d’offrir au groupe Hermès, des locaux construits et immédiatement disponibles. Les mois qui viennent nous permettront de mieux connaître le contenu de la future usine dont l’ouverture est prévue en 2021. Ce laps de temps devrait aussi offrir de l’emploi à des gens formés par Hermès aux métiers de la maroquinerie et choisis selon des critères alliant l’intelligence du geste et l’amour du travail bien fait. Si Bernard Leroy, président de Seine-Eure, parvient à concrétiser ses espoirs, on pourrait enfin se satisfaire d’un lien profond entre les emplois salariés et les domiciles des futurs artisans du cuir actuellement majoritairement situés hors du territoire local.

FX Priollaud candidat aux Européennes ?
FX Priollaud, maire de Louviers. ©JCH
Je participais ce matin à une conversation non destinée à être rendue publique. Je n’en livrerai donc pas les détails. Le thème en était « les élections européennes et l’avenir du maire de Louviers, François-Xavier Priollaud. » Mes interlocuteurs savent l’attachement du maire (Modem) à la construction européenne. N’est-il pas le vice-président régional chargé des liens entre la Normandie et Bruxelles ? Il est donc facile d’ébaucher des plans de carrière politique au bénéfice du premier magistrat lovérien. S’il est candidat aux Européennes sur la liste commune Modem-LREM, sera-t-il en position éligible ? Sera-ce une candidature de témoignage lui permettant de conserver son poste de maire de Louviers ?
En vérité le premier magistrat de notre ville n’a jamais manifesté publiquement l’intention de siéger à Strasbourg. Personnellement, je le vois mal parvenir à mener de front ses responsabilités régionales et locales avec celles d’un mandat de parlementaire européen. A un an et quelques mois des élections municipales, il courrait un risque important en cas d’échec. Mieux vaut tenir que courir.


Face à face Plenel-Cohen
Le face à face récent entre Edwy Plenel, directeur du site Mediapart, et Patrick Cohen, journaliste sur la 5 (notamment dans C à vous) illustre une fois de plus la nécessité de défendre la liberté de la presse et ce qui va avec : la protection des sources. Patrick Cohen a jugé inconvenant que Mediapart rendent publics les échanges entre Alexandre Benalla et Vincent Crase, les héros malgré eux d’une affaire protéiforme bizarroïde, sous prétexte qu’il s’agissait d’une rencontre privée entre deux personnes ignorant, bien sûr, qu’elle étaient écoutées pendant leur dialogue.
La théorie — que je soutiens — d’Edwy Plenel est l’exact contraire de cette prise de position. Un journaliste digne de ce nom, s’il n’a pas acquis les écoutes de manière mercantile ou frauduleuse ou par des moyens déloyaux, se doit de publier tous les éléments d’une affaire d’intérêt public. Personne n’affirmera que les agissements de M. Benalla, si proche du président et du pouvoir exécutif, ne sont pas d’intérêt public. Plusieurs informations ont été ouvertes notamment par le parquet financier afin de connaître les rapports (contractuels ?) entre un oligarque russe et le couple Benalla-Crase, du nom de l’ancien gendarme originaire de Louviers, d’ailleurs. L’obstination de Patrick Cohen était pathétique tandis que la colère d’Edwy Plenel s’exprimait de manière fort construite et implacable. Plenel a de nombreux détracteurs dont François Loncle, ancien député, qui me rappelle sans cesse le rôle qu’il aurait joué dans le suicide de Pierre Berégovoye. L’ancien Premier ministre, fort déprimé, n’avait peut-être pas besoin d’un article au vitriol pour attenter à sa vie. Qui sait ?

Les dirigeants italiens devraient rester chez eux
Le rappel de l’ambassadeur de France à Rome pour « consultations » intervient après une série d’incidents entre la France et l’Italie. Depuis l’arrivée au pouvoir de Salvini et Di Maio (extrême droite et anti-partis) leurs critiques acerbes pleuvent sur la France de Macron comme à Gravelotte. Les Italiens n’apprécient pas le rachat de quelques fleurons de la botte par des sociétés françaises, ils veulent remettre en cause des projets communs et anciens tel que la liaison Lyon-Turin par exemple et surtout la visite de Di Maio aux gilets jaunes (1) sur le territoire français donc, a été la goutte faisant déborder le vase.
Di Maio assure qu’il est venu en France au nom du mouvement cinq étoiles et pas comme ministre. Difficile à admettre quand on est membre d’un gouvernement et quand Salvini appelle publiquement les Français à battre Macron ! L’Italie est un pays que j’adore. Tout comme j’aime les Italiens. Je déteste les dirigeants de cette grande démocratie. Ils sont de nombreux défauts : nationalistes, xénophobes…et populistes dans le pire sens du mot. Ils ont gagné les élections. Soit. Souhaitons que ce qu’une élection a fait, une autre pourra le défaire.

(1) Ingrid Levavasseur, tête de la liste RIC, était absente car en désaccord avec Chalançon, le gilet jaune qui avait fait appel au général de Villiers pour résoudre la crise ! Il a accueilli Di Maio !

5 février 2019

Mediapart dérange. Pour des journalistes dignes de ce nom la protection des sources est un devoir sacré


Le site d’information Mediapart dérange. Il a, au cours de ces dernières années, donné du fil à retordre à bien des politiques. De l’affaire Cahuzac à l’affaire Bettencourt, de l’affaire Sarkozy-Libye aux frasques de Claude Guéant, les journalistes de Mediapart n’ont pas chômé. Le pouvoir — tous les pouvoirs — craignent ces journalistes d’investigation, enquêteurs jamais à court d’idées et d’informations.

En publiant, il y a quelques jours, des enregistrements de conversations privées entre Alexandre Benalla et Vincent Crase, « au nom de l’intérêt public », le site Mediapart s’est attiré de très élogieux commentaires et de vives critiques. Au nom de quoi, en effet, des journalistes se permettent-ils de rendre publiques des paroles saisies on ne sait ni comment ni par qui ni pourquoi. Et dans un cadre totalement privé. Edwy Plenel, directeur de Mediapart répond : « Quand ces enregistrements permettent aux citoyens de connaître les tenants et les aboutissants d’une affaire d’intérêt général, les journalistes ont le devoir de les faire connaître. » Il s’appuie d’ailleurs sur le jugement d’un tribunal qui dans l’affaire des écoutes du majordome de Liliane Bettencourt avait déclaré Mediapart exempt de toute peine au nom de la légitimité de l’information et  de l’intérêt général.

Alors, on comprend d’autant moins les raisons qui ont amené deux procureurs et des policiers à vouloir perquisitionner les bureaux de Mediapart, hier et on comprend mieux pourquoi Fabrice Arfi, directeur adjoint, a refusé cette perquisition. Qui sait si le juge de la détention et des libertés autorisera dans les jours qui viennent une perquisition coercitive, cette fois ?

Ce qui est en jeu est fort simple. Contraindre un journaliste à divulguer ses sources est impensable. Que serait un journalisme d’investigation sans sources fiables et sûres ? Tenter de les identifier par des manœuvres judiciaires même légales, est immoral. Un seul cas justifierait une plainte : si les journalistes avaient eux-mêmes procédé aux enregistrements des conversations par des moyens techniques illégaux ? On n’en est pas encore là.

4 février 2019

Le député Pierre-Henri Dumont (LR) demande l'élimination physique des djihadistes français


Le député LR Pierre-Henri Dumont. (capture d'écran).
Je me demande, parfois, comment des parlementaires ont pu être désignés par le suffrage universel pour représenter les citoyens. Il faut croire que le vote, s’il est évidemment l’expression d’une démocratie n’en est heureusement pas le seul élément. Interrogé sur LCP, le député LR du Pas-de-Calais, Pierre-Henri Dumont, a déclaré: "Il y a un choix juridique d'intelligence avec l'ennemi, en leur retirant la nationalité française. Il y a un autre choix, l'élimination de ces personnes". De qui parle l’honorable (!) parlementaire républicain qui plus est ?

Il évoque le sort qu’il réserverait aux djihadistes, citoyens français, hommes ou femmes ( ?) s’ils devaient revenir sur notre sol ! Ce député semble ignorer plusieurs éléments pourtant fondamentaux. Primo, la peine de mort a été supprimée en France est c’est tant mieux. Les nations civilisées se distinguent des barbares sur ce point. Secundo, la France est un état de droit avec une justice indépendante. Elle existe pour juger les crimes et délits commis sur le sol français ou ailleurs. Une avocate parisienne expliquait très bien hier soir, sur la 5, que les Français et Françaises ayant rejoint la Syrie ou l’Irak pour combattre les mécréants (que nous sommes) et qui sont actuellement dans les mains des Kurdes syriens ne peuvent être jugés puisque l’Etat kurde n’a aucune existence légale et donc pas de justice indépendante. Tertio, il est impossible de déchoir de leur nationalité — et donc de les rendre apatrides — des Français disposant d’un passeport national. François Hollande, en voulant remettre en cause ce principe « totem » de la gauche a perdu la confiance de centaines de milliers de Français écœurés et dépités.

N’en déplaise à ce monsieur Dumont qui, pour avoir une tête de premier de la classe sue quand même la haine et la vengeance, il est évident qu’il est du devoir du gouvernement d’accueillir sur notre sol les djihadistes de nationalité française qu’ils soient adultes ou enfants. Que ceux-ci doivent être jugés pour terrorisme et bénéficier de tous les droits : avocats, témoins, preuves, qu’un mis en examen possède. La justice doit évidemment passer et condamner sévèrement les auteurs reconnus coupables de ces faits gravissimes. Dans une démocratie la loi du talion n’est pas une loi codifiée. Qu’un député (élu de la nation donc) suggère d’éliminer physiquement des gens qui ont pris (ou non) les armes contre leur pays est tout simplement effarant.

3 février 2019

Quand Maupassant nous est conté par Gérard Gengembre et la société d'études diverses de Louviers


Gérard Gengembre.©JCH
En écoutant Gérard Gengembre (1) parler de Maupassant, « écrivain normand », il vaut mieux être riche, en bonne santé et ne pas craindre l’avenir. La vision du monde du grand écrivain dont le talent littéraire et stylistique est incomparable, est celle d’un misanthrope profondément pessimiste sur la nature humaine et tout simplement déterministe. Il est où le bonheur ? Elle est où la tendresse ? Il est où l’amour ? Pour Maupassant tout ne serait que vacuité.

L’homme donc est mauvais. Il est souvent stupide, roublard, radin, particulièrement quand il s’agit d’un paysan normand, mais on aurait tort de régionaliser les ressentiments de Maupassant à l’égard des habitants de sa province. Car ces ressentiments il les généralise à tous les hommes. En tous temps et en tous lieux. L’écrivain célébrissime, dans ses chroniques, nouvelles, romans, au-delà des descriptions picturales avec mer et soleil où il décrit une certaine beauté, juge avec un mépris certain le monde des humains qu’au fond de lui-même il déteste. Peut-être les enfants et les prostituées (qu’il fréquenta assidument…et attrapa même la syphilis) trouvent-ils auprès de lui quelques qualités.

L’optimiste avec Eros, le pessimiste avec Thanatos ? Ce serait une vision trop binaire. Maupassant, « élève » de Flaubert, est plus subtil, plus fin. Qu’importe, le message qu’il veut faire passer est celui d’une existence déprimante à l’heure où la psychologie n’en était qu’à ses balbutiements. Il est vrai qu’être atteint d’une MST à 27 ans ne peut que vous pourrir la vie. Il en mourra d’ailleurs à 43 ans après avoir vécu sa dernière année dans une inconscience quasi totale.
 
Une salle comble pour écouter le conférencier. ©JCH
Si la postérité a retenu Guy de Maupassant, c’est sans doute parce que la crudité des situations, la cruauté des personnages, le souci du détail, ont dépassé le simple cadre romanesque « régional » pour atteindre à l’universalité. Naturaliste ? Interroge Gérard Gengembre ? Réaliste ? Anti-romantique ? Sans doute toute cela à la fois. Maupassant issu de la bourgeoisie n’a pas la volonté de défendre l’ordre établi ou l’ordre social. Il est le membre d’une caste intellectuelle élitiste peu sensible au malheur des ouvriers des manufactures exclus de ses récits et de ses portraits. Le monde qu’il décrit (décrypte) est celui qu’il a sous les yeux, les paysages (Etretat-Fécamp, le pays de Caux, Paris) les paysans, très majoritaires socialement, et la petite bourgeoisie dont il exècre tous les excès et la suffisance.

Le public présent dans la salle (comble) Pierre Mendès France a fait une ovation à Gérard Gengembre. Il nous avait déjà enchanté avec ses conférences sur Victor Hugo en Normandie ou encore Balzac, en grand spécialiste de la littérature du 19e siècle. Mêlant le savoir et l’humour, le conférencier ne pouvait qu’être longuement applaudi.
(1) Gérard Gengembre, professeur émérite de l’université de Caen.