5 juin 2010
Hortefeux condamné pour injure raciale
Il n'empêche que le sieur Hortefeux avait, au sujet du préfet Girod de l'Anglade, assuré qu'aucun cadre ou employé de la fonction publique ne serait épargné s'il prononçait un propos condamnable par notre droit et notre jurisprudence. C'est la raison pour laquelle les socialistes demandent (vainement) la démission du ministre de l'Intérieur, ex-ministre de l'Immigration et de l'Identité nationale.
Démissionner n'est pas donné à tout le monde. Il faut s'appeler De Gaulle, Mendès France ou Chevènement voire Savary. Il faut être un homme d'Etat, pas un copain du président placé là où il est pour servir d'autres intérêts que l'intérêt général. La condamnation d'Hortefeux à une peine d'amende de 750 euros et à des dommages et intérêts à verser au MRAP à hauteur de 2000 euros est d'ores et déjà frappée d'appel. Cette condamnation n'est donc pas définitive. Mais comme il pressent une confirmation en appel, Brice Hortefeux a annoncé qu'il irait en Cassation. Ces manœuvres dilatoires ne trompent personne. Elles lui servent seulement à gagner du temps. Quand il ira en cassation, il ne sera plus ministre depuis longtemps !
3 juin 2010
Les choristes nous ont donné de l'amour

Je n'avais encore jamais suivi de bout en bout un concert de la chorale. J'y ai décelé beaucoup de complicité, d'affection, de joie collective. A l'évidence, ses membres préfèrent chanter ensemble plutôt que de passer des soirées devant leur poste de télévision. J'y ai aussi apprécié des voix magnifiques telles celles des deux choristes interprétant le duo des chats. Drôlerie, mimiques, jeux, travail de la voix, rien ne manquait à cet instant magique.
Autres beaux moments : les morceaux rock-and-roll repris par des guitaristes avidement passionnés. Dominique est excellent et le chœur des femmes aussi magnétique que leurs mouvements de danse. Et le public ? Conquis évidemment. Solidaire, bien sûr. Bienveillant pour tout dire.
2 juin 2010
Reykjavik se dote d'un maire « anarchiste-surréaliste »
Je ne vais pas entrer dans le détail de son programme d'action. Ses propositions sont toutes plus fantaisistes les unes que les autres. Mais maintenant que cette liste clownesque doit assumer ses responsabilités et trouver un accord politique avec les socio-démocrates (on ne voit pas la droite rejoindre une liste pareille !) il va bien falloir s'atteler à la résolution des problèmes que connaissent les Islandais et les habitants de la capitale en particulier.
J'ignore si le futur maire a proclamé l'extinction du volcan mais voilà le genre de promesse qu'il aurait pu faire. Il aurait également dû rassurer les banquiers (au bord de la banqueroute) convaincre les citoyens qu'il n'y aurait pas d'augmentation des impôts et le reste à l'avenant. Dans l'univers gris, cette pointe de fantaisie est bonne à prendre. Attention tout de même, si la politique est une chose trop sérieuse pour la laisser aux seuls politiciens, il serait peut-être excessif de la donner en pâture aux histrions. Il est vrai que la politique n'en manque pas.
Véolia n'a pas la mémoire de l'eau

Pour en savoir davantage, mais guère plus, il faut se rendre sur le site internet de Véolia Environnement. On y apprend en quelques phrases d’une sobriété d’alcoolique repenti que c’est en 1998 que le groupe CGE (Compagnie Générale des Eaux) a pris le nom de Vivendi, en 1999 que s’est constitué Vivendi Environnement regroupant toutes les activités de service, dépendant de Vivendi Universal dont il se sépare en 2002. Fermez le ban !
Là encore on semble ne pas s’enorgueillir d’avoir eu comme principal dirigeant M. Jean-Marie Messier, le flamboyant J2M, comme il fut surnommé au temps de sa splendeur. Pourtant, allons, faites un effort, souvenez-vous… C’était lui, dont la réussite insolente faisait la une de tous les magazines people de l’époque. Rappelez-vous… Lorsque, interviewé dans son loft new-yorkais, nonchalamment étalé à même le sol, son gros orteil nous faisait un clin d’œil au travers du trou d’une de ses chaussettes. Même la Vieille dame indigne en eut honte. Et pourtant elle en avait vu de toutes les couleurs au cours de sa longue vie. C’est qu’elle avait déjà des mètres-cubes au compteur !
La Vieille dame indigne – nous en reparlerons – c’était la Compagnie Générale des Eaux, créée en 1853 par décret de Napoléon le Petit (le IIIème du nom, pas l’actuel). Tel un gigolo, Jean-Marie la culbuta sans ménagements et lui fit subir les derniers outrages. Il s’en fallut d’un cheveu qu’elle ne succombât pour de bon sous ses assauts. Coriace, elle survécut cependant mais dans un tel état qu’il fallut, pour la rendre présentable, lui refaire une virginité. Mission impossible me direz-vous ! Et pourtant non ; à la besogne, c’est un nommé Fourtou (ça ne s’invente pas !), Jean-René de son prénom, qui s’y colla. Il la secoua, la rhabilla, épousseta sa robe longue, redressa son chapeau, lui paya un lifting et la rebaptisa du doux nom de Véolia. Un vrai conte de fées vous dis-je !
(à suivre…)
R.H.
1 juin 2010
Les aberrations du nouveau découpage cantonal
« Nous allons intenter un recours devant le conseil constitutionnel », promet également le député dans une réaction publiée par Sud-Ouest-dimanche. « La répartition des conseillers territoriaux me semble aberrante. je l'ai dit au rapporteur comme au ministre. ils ont été incapables de me fournir le moindre critère ... je ne sais pas qui a fait ça mais ça ne peut pas fonctionner comme ça », déclare-t-il, estimant que les Landes, avec 27 conseillers, « vont être sous-représentées en Aquitaine ».
L'Assemblée nationale a adopté vendredi un amendement gouvernemental fixant à 3 471 le nombre des futurs conseillers territoriaux appelés à remplacer, en 2014, les quelque 6.000 conseillers régionaux et généraux.
De son côté, l'assemblée des départements de France a rejeté samedi le redécoupage des cantons prévu par le gouvernement dans le cadre de la réforme territoriale, estimant qu'il n'a ni cohérence ni logique. « L'avis des assemblées départementales aurait dû être obligatoire », précise-t-elle. Le gouvernement a présenté dans son amendement, sous forme de tableau, le nombre exact de conseillers territoriaux, département par département et région par région. Dans son communiqué, l'ADF « déplore la méthode employée par le gouvernement pour faire adopter au travers de la mesure-phare de son projet », à savoir la création du conseiller territorial, « un redécoupage des territoires qui porte un coup à la démocratie locale ».
Les départements « ont été surpris de découvrir, quelques heures seulement avant l'ouverture des débats », ce tableau « sans qu'à aucun moment ils n'aient été associés ou consultés sur ce redécoupage », indique le communiqué. L'ADF relève notamment qu' « aucune proportionnalité de représentativité n'a été organisée entre les territoires de régions voisines ».
Les effectifs de certains conseils régionaux vont augmenter « démesurément +180 en midi-Pyrénées à 255 élus, +150 en Ile-de-France à 309 élus, ce qui va nécessiter des frais d'installation importants dans les régions et la création de nouveaux hémicycles, » ajoute l'ADF. Elle accuse également le découpage prévu de ne pas respecter les équilibres démographiques départementaux. L'Essonne aura 33 élus, quand le Var en aura 45, la Loire-Atlantique 52, la Gironde 79 et la Haute-Garonne 91, alors même que ces départements ont un nombre comparable d'habitants.
Sarkozy n’en est pas à son coup d’essai
Le vendredi 4 mai 2007, l’avant-veille du second tour de l’élection présidentielle et pour conclure sa campagne, Nicolas Sarkozy débarque en le faisant savoir à peine quelques heures auparavant aux médias nationaux, au plateau des Glières, haut lieu de la Résistance de Haute-Savoie. Pour les authentiques résistants dont aucun n’a été prévenu, c’est là, sans possibilité d’y répondre avant la clôture de la campagne, une lamentable opération de récupération électorale.
Mais à ce moment là, seul l’entourage de Sarkozy sait réellement ce qui se cache derrière le mot de rupture dont il a fait le leitmotiv de sa campagne. Cela, les Français vont le découvrir quelques mois plus tard après son élection quand Denis Kessler, ancien vice-président du Medef et l’un des principaux inspirateurs du programme du futur président de la République, se lâche enfin. Le 4 octobre 2007, il déclare publiquement : « Il s’agit aujourd’hui de sortir de 1945 et de défaire méthodiquement le programme du Conseil national de la Résistance. […] Le Gouvernement s’y emploie. »
Le déplacement de Nicolas Sarkozy au plateau des Glières où tombèrent en mars 1944 sous le feu des nazis et des miliciens français de Vichy quelques149 maquisards était donc une véritable imposture au regard du contenu du programme du Conseil national de la Résistance magnifiquement intitulé « Les jours heureux » et publié ce même mois de mars 1944, alors que la France n’était pas encore libérée. Car, comme l’écrit Jean-Luc Porquet –, journaliste et l’un des contributeurs à un remarquable ouvrage qui vient de paraître sur le sujet, à l’initiative de l’Association Citoyens Résistants d’hier et d’aujourd’hui –, « si l’on parle encore aujourd’hui de “l’exception française“, du “modèle social français“, c’est parce que notre système social français – celui des retraites et de la Sécurité sociale entre autres – est issu de ce texte fondateur. »
Mais cette énorme provocation car c’en est une, véritable insulte à la mémoire des Résistants ne s’arrête pas là. Nicolas Sarkozy est aussi l’homme qui rit dans les cimetières. L’année suivante, le 18 mars 2008, deux jours seulement après la première déculottée électorale de l’UMP aux municipales, il remet ça. Il est de nouveau sur le plateau des Glières. Nous résumons Jean-Luc Porquet. « Et là, au petit cimetière de Morette où reposent 105 maquisards, se passe une scène totalement hallucinante. Si elle n’avait pas été filmée par le cinéaste Gilles Perret qui avait subrepticement réussi à se faire admettre dans la cohorte des médias officiels, personne ne pourrait croire cela. Sarkozy, d’excellente humeur, quelques minutes à peine après la minute de silence et alors que les prises de vues officielles des télévisions et du service des Armées sont terminées, se met à parler de lui, de Carla et à plaisanter. Il commence par apostropher une femme dans l’assistance : “Ce rose vous va très bien. Je n’en tire aucune conclusion politique“. Et il est hilare, et autour de lui dans le cimetière, tout le monde ou presque se marre. Un des rares anciens résistants présents, profondément choqué, lui demande de faire cesser les rires. Il n’en a cure. Un autre ancien résistant lui offre un livre qu’il a écrit. Sarkozy le remercie puis aussitôt lui lance : “C’est bien, comme ça, je pourrai dire que j’ai un copain FTP“ ce qui à nouveau déclenche les rires de l’assistance. Puis encore au même : “Et vous direz : j’ai un copain président de la République. “ »
Voilà qui est réellement Nicolas Sarkozy. Alors, que ses copains du Gouvernement crient à l’outrage et à l’insulte et se scandalisent des propos qu’a tenus sur lui Martine Aubry en le comparant non sans humour à Bernard Madoff, est purement et simplement grotesque. Car s’il n’est pas Bernard Madoff, cet homme sans scrupules, n’est-il pas, bel et bien, un homme vulgaire et indélicat ?
Reynald Harlaut
Sous le parrainage de Stéphane Hessel et de l’Association Citoyens Résistants d’hier et d’aujourd’hui. « Les Jours heureux ». Le programme du Conseil national de la Résistance de mars 1944 : Comment il a été écrit et mis en œuvre, et comment Sarkozy accélère sa démolition.
Éditions La Découverte, 2010.
31 mai 2010
Qui se sent morveux qu'il se mouche
Frédéric Lefebvre, le porte parole de l'UMP, considère qu'il s'agit d'une injure, c'est aussi l'avis de Jean-Pierre Raffarin. Et toute la droite chante la même chanson ce matin évoquant même les mots de «guerre civile». Excusez du peu. Je ne suis pas du tout d'accord avec la droite. Martine Aubry parle au nom d'un parti qui aspire à gouverner. Elle ne peut pas demeurer insensible aux attaques et aux critiques. Elle choisit les mots et le ton qui lui conviennent. On est en plein dans le combat politique et Nicolas Sarkozy ne peut pas s'attendre à être épargné puisqu'il a décidé (c'est nouveau) de distiller son venin dans les petits comités, ces assemblées d'élus chargées de répercuter les messages présidentiels. Qui se sent morveux qu'il se mouche.
Si la droite fait feu de tout bois, la gauche socialiste, par extraordinaire, a décidé de répliquer dans l'unité et le rassemblement. On a même entendu Ségolène Royal, devenue raisonnable, soutenir Martine Aubry et suggérer qu'elle pourrait s'effacer derrière DSK ou la première secrétaire lors de la future présidentielle. Autrement dit, le PS n'est pas disposé à partir en campagne présidentielle dans le désordre et la chienlit. C'est toujours bon à prendre.
30 mai 2010
Martine Aubry a raison de lutter contre le cumul des mandats, une plaie de notre République

Bien qu'il ne soit plus membre du Parti socialiste, son combat rejoint celui de Martine Aubry et de l'immense majorité des militants de ce parti. A l'approche des élections sénatoriales, bien des voix s'élèvent au PS pour que les règles anti-cumul ne s'appliquent pas, arguant du fait que les candidats de droite ne seraient pas victimes d'un carcan qui nuirait seulement aux intérêts de la gauche.
Je lis ce matin une dépêche indiquant que Christine Lagarde, ministre de l'économie et des finances (photo) a manqué 33 réunions du conseil municipal de Paris sur 44. Autrement dit, elle est présente une fois sur quatre. 75 % d'absentéisme. Qui dit mieux ? Jean-François Lamour, président du groupe UMP au conseil de Paris lui trouve des excuses : elle est trop occupée par ailleurs. Justement, qu'elle démissionne et laisse la place à de gens qui auraient le temps de se consacrer à leur mandat et de l'exercer dans sa plénitude.
Le cumul des mandats et des indemnités est une spécialité française. Il trouve bien des justifications dites honorables. Il faut, assurent les cumulards, être au four et au moulin, pour défendre sa ville, son canton, sa circonscription etc. etc. Non seulement cet argument est fallacieux car il laisse entendre qu'il existe une catégorie d'élus plus «indispensables» que d'autres mais il est surtout complètement faux puisque les élus cumulards ne remplissent pas correctement leur tâche. Ils manquent des séances plénières, ils ne participent pas aux réunions de commissions, ne travaillent pas les dossiers, assurent mal la représentativité de leur ville ou de leur canton, de leur département ou de leur région.
Un élu important de notre région m'a assuré un jour que le cumul lui était nécessaire pour lui assurer un train de vie au niveau qu'il estimait légitime. Voilà donc la vraie raison du cumul des mandats : le niveau de rémunération des élus. Si le montant des indemnités versées aux élus était, disons correct, ce qui n'aurait rien de choquant, la course aux mandats prendrait fin. les avantages seraient évidents : un plus grand nombre d'élus, jeunes, femmes, issus de la diversité pourraient avoir accès à des voies actuellement obstruées par les «professionnels» de la politique qui ont fait d'elle leur métier à part entière.
Lors de la campagne cantonale à laquelle j'ai participé, j'ai fait campagne contre le cumul des mandats. Être maire d'une ville de 18 700 habitants, président d'une agglomération de 65 000 âmes et membre d'un exécutif départemental (ou régional) me semblait irréaliste et choquant. Les qualités personnelles des cumulards ne sont pas en cause. Ils (elles) sont souvent réelles. Mais une journée ne compte que vingt-quatre heures. Et les élus n'ont pas le don d'ubiquité.