23 juillet 2016

Turquie : il s'agit bien d'une dictature !


« Dans une réaction tout à fait disproportionnée à la tentative de coup d’État militaire, le président turc Recep Tayyip Erdoğan vient de lancer une attaque de grande ampleur contre la démocratie et l’État de droit. Avide d’un pouvoir absolu, il a fait arrêter ou limoger des dizaines de milliers d’enseignants, de juges et de doyens de facultés dans le pays [1].
L’Union européenne s’est construite sur nos valeurs communes que sont la démocratie, l’État de droit, la liberté d’expression, de culte et la liberté de la presse. La Turquie aspire à rejoindre l’Union : les dirigeants européens ont donc une bonne carte en main pour faire jouer leurs diplomaties et arrêter cette agression envers la démocratie.
Si nous nous rassemblons maintenant pour exiger une action forte et résolue de la part de l’Union européenne, nous pourrons convaincre nos pays de se mobiliser contre les dérives d’Erdoğan, et de suspendre les négociations d’adhésion tant qu’elles continuent.
Dans les journées de purge qui ont suivi la tentative avortée de coup d’État, des dizaines de milliers de fonctionnaires, de militaires, de professeurs et d’universitaires ont perdu leur emploi – et parfois la liberté – sans pouvoir faire appel. Des journalistes ont été détenus sans procès et l’État a censuré les médias.
Mais ce n’était que le début. Erdoğan a décrété mercredi 20 juillet l'état d'urgence, suivi de la suspension de la Convention européenne des droits de l’Homme [2]. Il n’essaie même plus de faire semblant de respecter les droits fondamentaux, les principes démocratiques et l’État de droit. Il est même allé jusqu’à proposer le retour de la peine de mort. Cela ne peut vouloir dire qu’une chose : encore plus de répressions violentes contre les dissidents politiques, et un virage vers un régime autoritaire.
L’heure n’est plus aux demi-mesures, et nous devons exiger une action résolue de la part de l’Union européenne. Cela fait bien longtemps que la Turquie aspire à devenir membre, et les négociations n’avancent que très doucement. Mais dans la communauté européenne, il n’y a pas de place pour un régime qui bafoue nos valeurs les plus fondamentales : liberté d’expression, protection des minorités, et droit à un procès juste. L’UE doit agir pour défendre ses valeurs. Elle doit aussi savoir que nous attendons d’elle une action immédiate ! »
Avec détermination,
Mika, Julia et toute l'équipe WeMove.EU
P.S. Aujourd’hui, dans chaque voiture d’un train urbain à Ankara, six policiers ont exigé d’inspecter les smartphones des passagers. Ils ont lu les messages WhatsApp et Facebook et arrêté toutes les personnes suspectées d’être contre Erdoğan. Des témoins oculaires rapportent des scènes de ce genre partout dans le pays. Mobilisons-nous pour que nos pays fassent tout ce qui est en leur pouvoir contre ce déni de démocratie. Signez !
WeMove.EU est un mouvement ouvert à toutes celles et ceux militant pour une meilleure Union européenne, attachée à la justice sociale et économique, à la gestion durable de l’environnement, et à l’implication des citoyens dans les processus démocratiques. Pour se désinscrire cliquez ici

18 juillet 2016

Tragédie de Nice : « quand Sarkozy ajoute l'abjection à la douleur »


« En campagne primaire (sic), en campagne électorale, en campagne présidentielle, M. Sarkozy s’est lâché une fois de plus, retrouvant sa posture et ses accents vulgaires et sectaires, se livrant à une pitoyable polémique, répondant à la barbarie par l’indignité.
Dans les circonstances dramatiques de l’odieux attentat de Nice, il est légitime de poser des questions, d’obtenir des réponses et de participer au débat politique conduisant à sécuriser davantage les Français. Mais il est indécent qu’un ancien président de la République s’acharne sans vergogne à fracturer notre pays qui a plus que jamais besoin d’unité.
M. Sarkozy n’est pas encore candidat. Il est donc encore temps qu’une majorité de Français, y compris à droite, lui signifie que son hypothétique réélection serait une punition pour la France. »
François Loncle, député de l’Eure, ancien ministre


Le monde serait plus sûr avec Xavier Raufer. Tu parles Charles.


« Après Paris, Nice. Encore 90 morts. Depuis janvier 2015, le terrorisme a tué 230 personnes en France. Le pire étant qu'à ce jour, un exécutif hébété ne semble toujours pas comprendre le film - bien que les assassins soient de sempiternels voyous fanatisés, issus de l'immigration maghrébine. » Celui qui a écrit ces quelques lignes s’appelle Xavier Raufer. Il a sévi pendant quelques temps dans l’émission de feu Yves Calvi (C dans l’air) passé de la 5 à une chaîne plus lucrative.

Ce Xavier Raufer se présente comme un criminologue, un titre bien ronflant pour quelqu’un qui raconte les mêmes histoires et dresse le même récit depuis des décennies. Et puis la criminologie n’est pas une science et encore moins une science exacte. Elle se pratique à géométrie variable selon les engagements politiques des porteurs de paroles prosélytes de causes souvent simplistes. Raufer est de cette graine-là. Il accuse sans preuves, réagit émotionnellement, ne mesure pas assez, comme l’a bien dit le président de la République, que les hommes et femmes disposant d’une tribune publique, quelle qu’elle soit, doivent tenir compte de la vérité des faits et de la dignité des personnes.

Le bon Raufer sait tout du terrorisme. Il donne la leçon aux élus et aux démocrates comme s’il les considérait comme des benêts. Il est évidemment le seul à réfléchir et à proposer les solutions qui vaincront Daech et ses fantômes passés en une seconde de vie à trépas. Punir, cogner, massacrer, voilà les solutions que propose l’«ami» Raufer. Toutes les autres ont démontré leurs limites et leur inefficacité n’est-ce pas ?  Raufer ne va pas (comme Guaino) jusqu’à proposer de placer des hommes armés de Bazookas aux quatre coins des rues mais cela ne devrait pas tarder. Allons donc, dansez aux rythmes des kalachs, chantez au son du canon, mourez sous le flot des balles perdues. Raufer devrait avoir honte.

17 juillet 2016

Quelques réflexions au débotté : le drame de Nice, le Brexit, le monument à la mémoire et à la paix, la dictature civile en Turquie


Henri Guaino a raison. Il fallait placer, à l’entrée de la promenade des Anglais, un artilleur avec lance-roquettes prêt à faire feu. Ainsi, on aurait pu dézinguer l’islamiste cinglé et son camion frigorifique et empêcher le carnage. C’est à des réflexions comme celle-là qu’on juge un homme politique. Je dis bien un homme politique parce qu’un homme d’état, c’est quand même autre chose. Alors, M. Guaino, mesurez-vous l’imbécillité de votre proposition et surtout l’aspect minable de la récupération entreprise par votre parti ?
Je me pose d’ailleurs une question : pourquoi M. Estrosi, ancien maire de Nice et président de la région s’est-il empressé de mettre en cause le gouvernement et sa responsabilité dans l’attentat qu’il soit l’œuvre d’un djihadiste ou d’un dément suicidaire ? Pourquoi M. Estrosi a-t-il, au mépris de la douleur des familles et des survivants au drame, voulu d’emblée placer les responsabilités du côté du pouvoir. M. Estrosi, il faut qu’une enquête impartiale, judiciaire, policière reconstitue le déroulement de la soirée et explique comment un camion de 20 tonnes a pu emprunter la promenade des Anglais un soir de feu d’artifice. Si, comme je le pense, personne n’a envisagé un seul instant une attaque à la voiture ou au camion fou, je ne vois pas qui on pourrait accuser de laxisme sauf à apprendre que l’auteur de l’acte avait des antécédents pouvant conduire à ce drame immense et justifier une quelconque surveillance. Dans cette attente, je propose que MM. Ciotti, Sarkozy, Estrosi, fassent preuve de plus de responsabilité et de plus de prudence. Si je ne m’abuse, l’Etat a été condamné récemment dans l’affaire Merah (pour négligence et défaut de suivi) et ce n’était pas Hollande qui présidait la République ! Alors Messieurs, un peu de pudeur et de dignité même s’il est difficile de contenir sa colère et parfois sa haine pour les moins réfléchis?

On le sait, nos «amis» Britanniques ont souhaité à 51,9 % sortir de l’Union européenne. David Cameron restera donc dans l’histoire comme l’un des pires responsables des gouvernements de sa gracieuse majesté. Il aura été l’homme de l’abandon d’un idéal et aussi l’auteur d’une guerre ouverte au sein des parties politiques de l’île. Vous me direz, c’est leur affaire. Même Tony Blair avec sa guerre hasardeuse en Irak aurait refusé de prendre le risque historique de mettre en danger l’Union européenne construite à la force du poignet et des intelligences depuis plus de cinquante ans.
Certes, tout n’est pas parfait dans cette Europe. Mais au fil des décennies, les dirigeants occidentaux mesurent la chance que vivent leurs peuples après des siècles de guerres économiques et territoriales. Le clown Boris Johnson, devenu ministre des Affaires étrangères dans le nouveau gouvernement, va certainement être accueilli les bras fermés dans les chancelleries européennes. Il est tout de même l’un des artisans du Brexit au prix de mensonges aussi énormes que son toupet.
Que Theresa May veuille le circonvenir en lui offrant un ministère, ce n’est que petit calcul. Les négociations entre l’UE et la Grande-Bretagne ne s’engageront, paraît-il, qu’après que le gouvernement britannique aura adressé sa lettre au président de la Commission en vertu de l’article 50 du traité de Lisbonne. Il n’a pas l’air pressé de le faire, d’ailleurs, puisqu’il désire entamer le dialogue avant de déclencher le processus de sortie. Dans toute négociation, la recherche du compromis demeure prioritaire. Comme le dit le VRP de service, une affaire est réussie quand les deux parties sortent satisfaites des discussions…

Dans un billet récent, j’ai rappelé pourquoi Elie Wiesel avait accepté de parrainer le monument à la mémoire et à la paix de Val-de-Reuil. A cette occasion, je me suis étonné que ce monument ait été transformé au fil des années en monument aux morts. Marc-Antoine Jamet a dû lire ces quelques lignes puisque dans son discours du 14 juillet il a déclaré en mettant en valeur, des personnalités éminentes comme Jo Cox, la députée travailliste assassinée ou Elie Wiesel : « Enfin, une âme qui avait connu l’horreur de la Shoah, un homme qui avait vu, sur le quai de la gare d’Auschwitz, les SS le séparer de sa mère pour l’emmener à la chambre à gaz, qui avait vu son père décéder sous ses yeux entraîné par les Nazis dans la marche de la mort qui leur faisait fuir l’Armée Rouge, a rejoint Jéhovah. A la demande de Bernard Amsalem, geste superbe, il avait parrainé, avec beaucoup d’autres grands de la pensée, de la politique ou de la littérature,  ce monument qui n’est pas un mausolée, cette crypte qui n’est pas un monument aux morts, mais un temple à la mémoire et à la paix. Son vrai nom, celui qui fut donné par ses architectes Jakob et Macfarlane, est « entre ciel et terre ». C’est-là où est maintenant Elie Wiesel, mais son nom restera à jamais gravé pour l’éternité sur les murs de la cité contemporaine. Je l’avais rencontré à New-York avec Nicolas Sarkozy. Le philosophe n’avait pas oublié notre Ville et son engagement. »
Il n’était pas mauvais que le maire de Val-de-Reuil souligne le vrai symbole de ce monument. Peut-être devrait-il penser à déterminer un lieu plus propice aux hommages patriotiques ?

Dictature militaire ou dictature civile, il s’agit toujours d’une dictature. Ce qui se passe en Turquie est très grave. Erdogan, le président, mène une chasse aux sorcières impitoyable contre tous ceux et celles qui contestent son régime, qu’ils soient juges ou militaires. Et cela bien avant le pseudo coup d’état de ces derniers jours. On s’interroge d’ailleurs sur l’organisation de ce coup d’état réalisé, semble-t-il, par des apprentis dictateurs et tout cela, bien sûr, au nom de la démocratie et de la liberté. Erdogan a joué un double voire un triple jeu à l’égard de la Syrie, de Daech, de l’Europe, sans oublier ses désaccords avec les Russes…redevenus des amis. Il faut dire que Poutine donne des idées à beaucoup et que le nationalisme teinté de religion plaît bien à Erdogan et à une majorité de Turcs lesquels vont donc goûter aux joies du totalitarisme comme dans les années 80 ! Erdogan parle même de rétablir la peine de mort ce qui, pour le coup, interdirait à la Turquie de rejoindre l’Union européenne. Qui peut croire, en 2016, à une entrée de ce grand pays dans l’Union ?