17 juillet 2016

Quelques réflexions au débotté : le drame de Nice, le Brexit, le monument à la mémoire et à la paix, la dictature civile en Turquie


Henri Guaino a raison. Il fallait placer, à l’entrée de la promenade des Anglais, un artilleur avec lance-roquettes prêt à faire feu. Ainsi, on aurait pu dézinguer l’islamiste cinglé et son camion frigorifique et empêcher le carnage. C’est à des réflexions comme celle-là qu’on juge un homme politique. Je dis bien un homme politique parce qu’un homme d’état, c’est quand même autre chose. Alors, M. Guaino, mesurez-vous l’imbécillité de votre proposition et surtout l’aspect minable de la récupération entreprise par votre parti ?
Je me pose d’ailleurs une question : pourquoi M. Estrosi, ancien maire de Nice et président de la région s’est-il empressé de mettre en cause le gouvernement et sa responsabilité dans l’attentat qu’il soit l’œuvre d’un djihadiste ou d’un dément suicidaire ? Pourquoi M. Estrosi a-t-il, au mépris de la douleur des familles et des survivants au drame, voulu d’emblée placer les responsabilités du côté du pouvoir. M. Estrosi, il faut qu’une enquête impartiale, judiciaire, policière reconstitue le déroulement de la soirée et explique comment un camion de 20 tonnes a pu emprunter la promenade des Anglais un soir de feu d’artifice. Si, comme je le pense, personne n’a envisagé un seul instant une attaque à la voiture ou au camion fou, je ne vois pas qui on pourrait accuser de laxisme sauf à apprendre que l’auteur de l’acte avait des antécédents pouvant conduire à ce drame immense et justifier une quelconque surveillance. Dans cette attente, je propose que MM. Ciotti, Sarkozy, Estrosi, fassent preuve de plus de responsabilité et de plus de prudence. Si je ne m’abuse, l’Etat a été condamné récemment dans l’affaire Merah (pour négligence et défaut de suivi) et ce n’était pas Hollande qui présidait la République ! Alors Messieurs, un peu de pudeur et de dignité même s’il est difficile de contenir sa colère et parfois sa haine pour les moins réfléchis?

On le sait, nos «amis» Britanniques ont souhaité à 51,9 % sortir de l’Union européenne. David Cameron restera donc dans l’histoire comme l’un des pires responsables des gouvernements de sa gracieuse majesté. Il aura été l’homme de l’abandon d’un idéal et aussi l’auteur d’une guerre ouverte au sein des parties politiques de l’île. Vous me direz, c’est leur affaire. Même Tony Blair avec sa guerre hasardeuse en Irak aurait refusé de prendre le risque historique de mettre en danger l’Union européenne construite à la force du poignet et des intelligences depuis plus de cinquante ans.
Certes, tout n’est pas parfait dans cette Europe. Mais au fil des décennies, les dirigeants occidentaux mesurent la chance que vivent leurs peuples après des siècles de guerres économiques et territoriales. Le clown Boris Johnson, devenu ministre des Affaires étrangères dans le nouveau gouvernement, va certainement être accueilli les bras fermés dans les chancelleries européennes. Il est tout de même l’un des artisans du Brexit au prix de mensonges aussi énormes que son toupet.
Que Theresa May veuille le circonvenir en lui offrant un ministère, ce n’est que petit calcul. Les négociations entre l’UE et la Grande-Bretagne ne s’engageront, paraît-il, qu’après que le gouvernement britannique aura adressé sa lettre au président de la Commission en vertu de l’article 50 du traité de Lisbonne. Il n’a pas l’air pressé de le faire, d’ailleurs, puisqu’il désire entamer le dialogue avant de déclencher le processus de sortie. Dans toute négociation, la recherche du compromis demeure prioritaire. Comme le dit le VRP de service, une affaire est réussie quand les deux parties sortent satisfaites des discussions…

Dans un billet récent, j’ai rappelé pourquoi Elie Wiesel avait accepté de parrainer le monument à la mémoire et à la paix de Val-de-Reuil. A cette occasion, je me suis étonné que ce monument ait été transformé au fil des années en monument aux morts. Marc-Antoine Jamet a dû lire ces quelques lignes puisque dans son discours du 14 juillet il a déclaré en mettant en valeur, des personnalités éminentes comme Jo Cox, la députée travailliste assassinée ou Elie Wiesel : « Enfin, une âme qui avait connu l’horreur de la Shoah, un homme qui avait vu, sur le quai de la gare d’Auschwitz, les SS le séparer de sa mère pour l’emmener à la chambre à gaz, qui avait vu son père décéder sous ses yeux entraîné par les Nazis dans la marche de la mort qui leur faisait fuir l’Armée Rouge, a rejoint Jéhovah. A la demande de Bernard Amsalem, geste superbe, il avait parrainé, avec beaucoup d’autres grands de la pensée, de la politique ou de la littérature,  ce monument qui n’est pas un mausolée, cette crypte qui n’est pas un monument aux morts, mais un temple à la mémoire et à la paix. Son vrai nom, celui qui fut donné par ses architectes Jakob et Macfarlane, est « entre ciel et terre ». C’est-là où est maintenant Elie Wiesel, mais son nom restera à jamais gravé pour l’éternité sur les murs de la cité contemporaine. Je l’avais rencontré à New-York avec Nicolas Sarkozy. Le philosophe n’avait pas oublié notre Ville et son engagement. »
Il n’était pas mauvais que le maire de Val-de-Reuil souligne le vrai symbole de ce monument. Peut-être devrait-il penser à déterminer un lieu plus propice aux hommages patriotiques ?

Dictature militaire ou dictature civile, il s’agit toujours d’une dictature. Ce qui se passe en Turquie est très grave. Erdogan, le président, mène une chasse aux sorcières impitoyable contre tous ceux et celles qui contestent son régime, qu’ils soient juges ou militaires. Et cela bien avant le pseudo coup d’état de ces derniers jours. On s’interroge d’ailleurs sur l’organisation de ce coup d’état réalisé, semble-t-il, par des apprentis dictateurs et tout cela, bien sûr, au nom de la démocratie et de la liberté. Erdogan a joué un double voire un triple jeu à l’égard de la Syrie, de Daech, de l’Europe, sans oublier ses désaccords avec les Russes…redevenus des amis. Il faut dire que Poutine donne des idées à beaucoup et que le nationalisme teinté de religion plaît bien à Erdogan et à une majorité de Turcs lesquels vont donc goûter aux joies du totalitarisme comme dans les années 80 ! Erdogan parle même de rétablir la peine de mort ce qui, pour le coup, interdirait à la Turquie de rejoindre l’Union européenne. Qui peut croire, en 2016, à une entrée de ce grand pays dans l’Union ?

Aucun commentaire: