« J’aime Louviers » (moi aussi et depuis longtemps) en souvenir d’Odile Proust
Les élections régionales et
cantonales sont des sujets en or pour les observateurs de la vie politique. C’est
ainsi que quelques jours avant le premier tour, le maire de Louviers, (MODEM
donc macronien) candidat aux régionales sur la liste Morin (centriste indépendant
donc opposant à Macron) a fait ériger sur la place Ernest Thorel (qui n’en
revient toujours pas) un immense « #jaimelouviers » rappelant les heures
sombres que connut notre ville sous la gestion d’Odile Proust qui me pardonnera
certainement de réveiller ces souvenirs d’avant 95 qui marqua sa disparition de la vie lovérienne retrouvant Paris où elle résidait habituellement.
En effet « J’aime Louviers »
était le nom de la liste d’Odile Proust en 1983 sur laquelle figuraient Henri
Marie, Alain Lantenois, André Crenn, Jacques Leber, José Alcala, pour ne citer
que les adjoints les plus connus. Ainsi « J’aime Louviers » est catalogué dans
l’esprit des Lovériens — du moins ceux qui ont vécu cette époque — comme un
slogan politique engagé au service d’une liste elle-même très politique. Comme
François-Xavier Priollaud a oublié d’être bête et qu’il connaît l’histoire de
notre ville sur le bout des ongles, il était malin, sans avoir l’air d’y
toucher, de ressusciter ce qui fut une arme politique aux accents victorieux
puisqu’Odile Proust d’abord conseillère générale devint maire dans la foulée
contre la liste d’Henri Fromentin. Mais — car il y a un mais — l’installation de
ces lettres géantes a un coût (35 000 ou 42 000 euros avec la TVA ?). Un coût supporté par le contribuable et non par
le compte de campagne de ceux et celles qui espèrent consciemment ou non, en
tirer le meilleur profit. Ces
42 000 euros auraient été plus utiles pour
payer une prime aux ATSEM qui ont été mobilisées pendant le confinement et attendent toujours la prime COVID même si je ne confonds pas fonctionnement et investissement !
Scandale national et scandale local
Gérard Darmanin a eu beau présenter
ses excuses il n’en reste pas moins que la distribution officielle des
documents électoraux a connu bien des déboires et bien des avanies puisque de
nombreux électeurs(trices) n’ont pas reçu les professions de foi ni les
bulletins de vote pour les élections régionales et départementales. Et ceux qui
les ont reçus (comme moi) les ont découverts dans leurs boîtes à lettres
dimanche après le vote !
M. Darmanin a convoqué le
directeur de la Poste et le PDG d’Adrexo, la société privée qui, par l’attribution
d’un marché public, s’était engagée à distribuer correctement les documents. Reconnaissons-le, ces papiers ne sont pas décisifs dans le choix des citoyens et des
citoyennes. Mais une élection se joue parfois à la marge. Et comme le président
du conseil régional a supprimé le journal d’information qui permettait de connaître
les réalisations et les projets de l’exécutif (honte à lui) les professions de
foi sont les seuls éléments permettant une analyse objective et comparative.
Collège des Fougères : fermera, fermera pas ?
Pas d’élection à Louviers
sans une bonne petite polémique à se mettre sous la dent. Philippe Brun et
Nolwenn Léostic ont alerté les électeurs(trices) la semaine dernière sur le danger qu’il y aurait à
supprimer le collège des Fougères avec pour motif réel : la recherche
d’économies. Si ce collège fermait, d’autres établissements accueilleraient les
élèves dont le nombre pourrait atteindre 800, le maximum admis renforçant le nombre de ces collèges-usines à taille inhumaine.
Le maire et ses amis (M. Jubert et Mme Terlez) ont
convoqué la presse locale ce mardi, pour tancer l’opposition qui se serait rendue
coupable de mensonges et de mahonnêteté. L’affaire a été jugée grave par la droite. Elle a mandé le président actuel (1)
du conseil départemental M. Pascal Lehongre, un illustre inconnu à Louviers,
lui-même candidat…de la droite aux cantonales à Pacy-sur-Eure et obligeamment
complice. Il a quelques états de service à présenter puisque c’est sous sa
responsabilité que les collèges Pablo Neruda à Evreux et Mendès France à
Val-de-Reuil ont été bel et bien fermés
malgré la vive opposition des élus locaux, des parents d’élèves et des
enseignants. Il ne faudra pas dire que cette majorité refuse de fermer des collèges ! Les 400 élèves rolivalois accueillis au Vaudreuil (collège Montaigne) sont là pour en témoigner.
Bien sûr, lors de la dernière
campagne cantonale de 2015 M. Lehongre s’était bien gardé d’indiquer qu’il
ferait fermer (avec M. Jubert) les deux collèges cités ci-dessus. Je ne connais pas d'élus qui, à la
veille d’un scrutin, annoncent des licenciements ou des fermetures. Le rôle
d’une opposition c’est de s’opposer et de dénicher les projets néfastes et tus.
Les démentis ne servent qu’avant le vote. Après on n’a que nos yeux pour
pleurer.
(1) M. Lehongre même s’il
est élu, devrait être remercié de son action à la présidence du conseil départemental et laisser la place à M. Duché, maire des Andelys, ancien membre du cabinet d’Odile
Proust à Louviers où il débuta sa vie politique. M. Lehongre peut donc faire toutes les promesses qu’il veut
et signer sa lettre « avec tout mon soutien ». Il s’agit bien d’un coup
politique.
Sébastien Jumel choisit la solitude
Sébastien Jumel, député
communiste de Dieppe, a refusé la main que lui tendait Mélanie Boulanger, tête
de liste pour la gauche socialiste et écologiste aux élections régionales.
Certes, je n’étais pas présent autour de la table de négociations mais j’imagine
très bien (pour avoir participé moi-même à maints accords et…désaccords) le
climat régnant entre les délégations. Dans ces cas-là, le plus faible doit
demander beaucoup pour obtenir peu. Et c’est ainsi qu’en général entre gens de
bonne volonté une liste d’union permet de susciter une dynamique notamment chez
les abstentionnistes dont certains aiment venir au secours de la victoire.
A Rouen ou à Dieppe, les
deux parties ont constaté l’échec du dialogue, synonyme d’élection assurée pour
la liste Morin. Quant au PCF il n’aura pas d’élus régionaux puisque la liste
Jumel n’a pas fait 10 % des suffrages. L’objectif de la gauche ne devient donc plus
la conquête du pouvoir mais l’obtention du plus grand nombre possible de sièges
sachant que la liste des vainqueurs emporte 25 % des places avant de participer
à la répartition proportionnelle avec les autres listes qualifiées. Autre
objectif et non des moindres : limiter l’influence néfaste du Front
national (RN) en sensible perte de vitesse dimanche dernier.
L’abstention ? Les gens s’en foutent
Jamais un tel taux d’abstention
n’avait été atteint sous la 5e République qu’en ce dimanche 20 juin.
Chacun y va de son interprétation : indifférence, désintérêt, colère rentrée,
COVID 19…au choix. Les jeunes, les classes populaires, les femmes en majorité ont préféré le soleil à l’ombre
des salles de vote. Malgré l’absence de deux Français(e)s sur trois, je demeure
fidèle à mon principe démocratique : seuls ceux et celles qui s’expriment
ont voix au chapitre ! Et toutes les bonnes raisons du monde pour ne pas choisir
ne pèsent rien dans un système bâti sur la délégation de pouvoir à des élu(e)s
qui possèdent la légitimité du suffrage universel.
Si le système est mauvais, il faut le changer. Loi, référendum, des moyens existent : vote électronique, vote anticipé… Mais il faudrait du courage politique, une denrée devenue rare. Il parait que M. Macron va faire des annonces avant le 14 juillet.