14 mars 2014

Samedi 15 mars, balade urbaine et culturelle à Val-de-Reuil


Les Chiens de Cueco. (photo Jean-Charles Houel)
Samedi 15 mars, dans le cadre du 9ème mois de l’Architecture, sera organisée à Val-de-Reuil une balade urbaine et culturelle, particulièrement originale, prélude à la création du Musée de la Ville qui va se construire autour de la collection de Gérard Thurnauer, architecte fondateur de la plus jeune commune de France et des maquettes, esquisses, plans, archives de la Ville Nouvelle que la médiathèque conserve.
La "cité contemporaine" a, en effet, décidé, depuis 2007, de mettre en valeur ce qui fait son originalité et qui avait été trop longtemps délaissé : la multitude d'œuvres artistiques situées au cœur de la Ville, témoignage de l'art le plus récent ou, comme le plan de la Ville et son inspiration architecturale, de l'esthétique des années Pompidou. Parfois conçus comme des repères, parfois utilisés comme jeux, souvent oubliés, les habitants doivent se réapproprier ces murs peints, ces sculptures qui sont parties intégrantes de leur quotidien. C'est pourquoi la Ville a commandé une vingtaine de panneaux pédagogiques et artistiques qui, dorénavant, expliqueront aux passants l'histoire de l'œuvre qu'ils côtoient. Ils seront découverts à cette occasion. Un important travail de recherches dans les archives de la Ville et la Médiathèque ainsi que celles du département de l’Eure et du service de l’inventaire et du patrimoine de la Région Haute-Normandie a permis de récolter photographies et informations. Les panneaux explicatifs seront bientôt munis de QR Codes qui renverront à un site web mobile créé par une dizaine d’habitants utilisateurs des pôles multimédias de la ville et par les élèves du collège Pierre Mendès France, sur une plateforme proposée par Orange. On y trouvera des audio-descriptions, des vidéos d’interviews d’artistes ou encore des photographies d’archives.
Samedi matin, sept des artistes-créateurs seront présents, pour un départ donné à 10 heures devant la mairie, et accompagneront cette "balade" inédite. Le parcours lui-même sera commenté par Daniel Rémy, sociologue et historien. Il sera le plus averti des "cicéronepuisqu'il fut pour l'ensemble urbain à l'origine du fameux concours des murs peints en 1976, ainsi que de l’exposition internationale de sculptures en plein air de l'établissement public du Vaudreuil Ville Nouvelle avait organisé en 1979.  

Daniel Rémy. (photo Jean-Charles Houel)
14 étapes  jalonneront cet itinéraire :  Le Portique de Marthe et Jean-Marie SIMONNET (restauré il y a peu et érigé par les habitants eux-mêmes), Entre Ciel et Terre, Le monument à la mémoire et à la paix de Dominique JAKOB  et  Brendan MACFARLANE, Franck VIALET et Catherine MOSBACH, La Fontaine de la République de Christian ZIMMERMANN installée au coeur de la Ville, L’Astrolabe Alain LEBOUCHER et Bernard TREZEGUET réinitialisé voici trois mois, Rayon de soleil dans la forêt de Michel Henri VIOT  (en cours de restauration), Les Chiens de Henri CUECO réhabilité grâce à l'ANRU, Les Masses de granit du jardin de la grosse Borne de Shamaï HABER, L’échiquier du bonheur d’Emanuel PROWELLER lui aussi bénéficiaire de l'opération de rénovation urbaine, Cinétisme de Luis TOMASELLO (décédé voici quelques jours), Dans ses limites de Marc CHARPIN, Pensée-refuge de Vincent STREBELLE, Arc-en-Ciel de Jean-Philippe LENCLOS, Harmonie de Yuri VASSILIEV (réinstallé devant la mairie), Le Polymorphe rouge et jeux pour enfants de Marthe et Jean-Marie SIMONNET sur l'esplanade de la Mairie.
Une manière inédite et tranquille de redécouvrir le mouvement formidable de création artistique qui accompagna la naissance de Val-de-Reuil et continue de l'animer.

Le temps médiatique n'est pas le temps judiciaire


Christiane Taubira — on le sait depuis longtemps — n’est pas du genre à minauder. Elle appelle un chat un chat et une erreur une erreur. Ce n’est pas un mensonge car dans un mensonge il y a une intention. Quelle serait l’intention de mentir sur des dates ? Telle est la question que la ministre de la Justice pose à Jean-Michel Apathie, hier soir, sur Canal Plus ? « Vous m’accusez d’avoir menti, pourquoi aurais-je menti ? » Oui pourquoi ? Alors Christiane Taubira reconnaît des inexactitudes, des imprécisions. Et c’est bien cela qui est dommageable. Une ministre qui décide, après la réunion du conseil des ministres, de monter au créneau médiatique, ne peut se permettre aucune approximation d’autant plus que journalistes et photographes sont aux aguets et vont surveiller chaque mot et chaque virgule. Ayant en mains les notes de synthèses des procureurs, Christiane Taubira n’avait pas à les agiter comme des chiffons rouges. Il suffisait de dire simplement la réalité du dossier accablant jusqu’à preuve du contraire pour Nicolas Sarkozy et son avocat.
Je suis prêt à accorder à Christiane Taubira le bénéfice de la bonne foi. Je suis prêt également à reconnaître à nouveau que la communication de ce gouvernement est calamiteuse et que la droite n’a pas raté l’occasion de mettre à mal cette communication non maîtrisée notamment par le Premier ministre. Une fois le soufflet retombé, restent les affaires elles-mêmes et la nouvelle enquête ouverte par le parquet dans le cadre du financement de l’UMP lors de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2012. Bygmalion, société proche de Jean-François Copé a-t-elle surfacturé des prestations dans l’organisation de rencontres et réunions publiques ? L’enquête devra le déterminer même si M. Copé dit tenir à disposition de la justice la comptabilité de son parti et bien que les comptes de campagne de Nicolas Sarkozy aient été rejetés par le Conseil constitutionnel, juge de l’élection présidentielle.
Dans quelques jours, assure Christiane Taubira, on ne parlera plus de la cacophonie gouvernementale mais Sarkozy et les autres protagonistes n’en auront pas pour autant terminé avec les éventuelles gardes à vues et autres perquisitions. Le temps médiatique est court, le temps judiciaire plus long et plus lent.

13 mars 2014

Les affaires Sarkozy : la gauche de gouvernement se ridiculise


Roland Cayrol a raison. Il faudra expliquer aux Français comment ce gouvernement a réussi le tour de force de devenir l’accusé dans une nouvelle affaire qui, a priori, met en cause l’ancien président de la République et son avocat. Une fois encore, on a droit à des cafouillages, des contradictions, des contre-vérités, de la part des ministres alors que l’évidence voudrait que la droite, suite aux affaires Copé, Buisson et Sarkozy-Herzog, soit au tapis. Quelle folie a saisi ces ministres régaliens qui, au lieu de reconnaître bêtement la normalité du fonctionnement judiciaire, s’emploient à vouloir nier ce qui n’est pas niable ? Qui peut croire que la mise sur écoute des téléphones de Nicolas Sarkozy est un acte anodin et que personne au gouvernement ne s’en est soucié ? Qui peut croire que le contenu (même synthétique) des conversations de l’ancien président (qui savait être écouté et a tenté de déjouer la vigilance des policiers) n’intéressait pas François Hollande et ses ministres ? Alors que tous les éléments étaient sur la table pour préparer au mieux la séquence électorale prochaine, la gauche de gouvernement doit faire face à un déferlement d’accusations et de comportements sans commune mesure avec les faits reprochés à Sarkozy ! Quelle pitoyable semaine.
Voilà des ministres qui ont réussi l’invraisemblable. Prendre le boomerang en pleine tête alors que les turpitudes de Sarkozy apparaissent depuis hier sur le site Internet du Monde et cruellement pour lui, même s’il y a présomption d’innocence. On lit noir sur blanc dans les notes de synthèse des juges d’instruction que Nicolas Sarkozy et son avocat étaient au courant du cheminement des délibérations des membres de la Cour de Cassation informés qu’il étaient par un magistrat, que Me Thierry Herzog savait en amont qu’il allait être perquisitionné…ce qui rappelle le fâcheux précédent du directeur de la PJ de Paris informant Brice Hortefeux des questions que les juges allaient lui poser. Si ces faits sont confirmés là seraient les vrais scandales et seuls ces sandales devraient intéresser le public.
Jean-Marc Ayrault peut parler d’enfumage… le mal est fait. Au fond les Français s’interrogent sur la capacité de ce gouvernement à faire face à l’adversité. Une adversité bien légère puisqu’il ne s’agit que d’actes judiciaires n’ayant rien à voir avec telle ou telle pression, telle ou telle nomination politique. La justice est indépendante a rappelé avec raison Christiane Taubira. Quel besoin avait-elle d’agiter les notes de synthèse aussitôt photographiées par des journalistes-photographes bien équipés ? Quel besoin avait-elle d’en faire trop alors que la raison aurait voulu qu’elle fît le minimum. Il y a bien un grave problème de gouvernance et François Hollande serait bien inspiré de le constater le plus tôt possible.

11 mars 2014

Les affaires judiciaires de Nicolas Sarkozy tournent au vinaigre


On peut tirer de nombreuses leçons des épisodes judiciaires mêlant la Sarkozie et ses avocats. Tout d’abord, amusons-nous un instant en écoutant l’avocat de Patrick Buisson avancer une puissante défense mettant en cause les enregistrements clandestins effectués dans l’intimité de l’ancien président de la République. Dans les cours d’écoles maternelles, les enfants pris en faute disent tous « j’l’ai pas fait exprès » et ils le croient sincèrement puisqu’ils n’ont pas encore saisi qu’une personne est une. L’avocat de Buisson assure : « mon client n’est pas responsable, son dictaphone se déclenche à la voix. La preuve ? On entend le bruit des graviers. » Autrement dit, Patrick Buisson possède un dictaphone dans une de ses poches mais ce n’est pas lui qui le fait fonctionner, c’est le bruit. Le bruit est donc responsable même si ce bruit c’est la voix de Carla Bruni ou celle de M. Sarkozy. Imagine-t-on des juges sensibles à un si fort argument ?

La Cour de Cassation a validé, ce jour, la quasi totalité de l’instruction du juge bordelais Gentil dans l’affaire d’abus de faiblesse de Liliane Bettencourt. Autrement dit, les protagonistes de cette affaire (excepté Sarkozy bénéficiaire d’un non-lieu) vont se retrouver tôt ou tard devant le tribunal correctionnel. MM. De Maistre et Woerth, notamment, ont du souci à se faire même s’ils sont présumés innocents. Dans un autre avis, la Cour de Cassation n’a pas fait droit aux demandes des avocats de Nicolas Sarkozy qui souhaitaient récupérer ses agendas pour empêcher les juges d’instruction de l’affaire Tapie de s’en saisir afin de démontrer la proximité des deux hommes lors de l’arbitrage rendu en faveur de l’ancien président de l’OM. Il semble que la question de la légalité de leur utilisation reste entière ? Qui dira le droit ?

Le site Médiapart publie, aujourd’hui, le contenu des écoutes visant Brice Hortefeux dans l’affaire du financement « libyen » de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007. On sait qu’un important policier de la PJ de Paris a informé Brice Hortefeux des questions que les juges d’instruction allaient lui poser en amont de l’interrogatoire. Médiapart publie une partie des conversations tenues entre le « grand » flic et l’ancien ministre. La conclusion de tout cela c’est que le flic a été muté mais qu’il n’a fait l’objet d’aucune sanction disciplinaire alors qu’il a allègrement transgressé les règles de droit. A la lecture du texte de Médiapart, on est épouvanté face à une telle légèreté de la part d’un haut fonctionnaire théoriquement tenu à la neutralité politique ou amicale. Brice Hortefeux avait sans doute profité, auparavant, de renseignements importants (qu’il avait soi-disant appris grâce à son intuition !) concernant l’épouse de M. Thierry Gaubert, l’un des mis en cause dans l’affaire Takiedine-Kadhafi. C’est dire à quel point la Sarkozie a infiltré les grandes institutions de la République et qu’il n’est pas interdit de penser que les malheurs de François Hollande concernant sa vie privée trouvent leur source — c’est une hypothèse — auprès de policiers zélés liés à l’ancien président de la République dont les réseaux demeurent très actifs.

Ces quelques faits récents montrent à quel point la contre-attaque de l’UMP sur les écoutes (que je conteste) de Thierry Herzog avec commission d’enquête parlementaire et convocation du Parlement en session extraordinaire va faire pschitt ! A quelques jours du premier tour des élections municipales, les élus battent la campagne et ont rejoint leurs circonscriptions. Qu’iraient-ils faire à Paris ?

10 mars 2014

Une chasse à l'homme scandaleuse et des juges écouteurs


Je reviens sur deux événements que je souhaite commenter. Le premier de ces événements met en cause Patrick Buisson. Cela vous surprendra peut-être, compte tenu des engagements de cet homme aux antipodes des miens, mais j’ai détesté le reportage soi-disant exclusif de la chaîne d’info i-télé, plutôt une chasse à l’homme d’ailleurs.
Il fait nuit. Nous sommes dans les ruelles du centre-ville des Sables d’Olonne. Patrick Buisson, chapeau sur la tête descendu jusqu’au nez, col de manteau relevé, tente d’échapper à la caméra d’un reporter bien informé qui ne cesse de le harceler et de lui poser des questions, toujours les mêmes. A plusieurs reprises, Patrick Buisson refuse de répondre, accélère le pas, se met même à courir…« je n’ai rien à vous dire » « gestapiste » lance-t-il à son chasseur, ce qui dans la bouche d’un pétainiste a tout de même une certaine saveur. Qu’importe, l’envoyé spécial d’i-télé poursuit sa traque, son entreprise de déstabilisation. Cela dure plusieurs minutes, jusqu’au domicile de Patrick Buisson qui s’enferme à double tour. La séquence, je le dis tout net, est scandaleuse. Ce n’est pas cela le journalisme…et pourtant, i-télé reprendra en boucle son « exclusivité » également diffusée par le Zapping de Canal Plus…
Le second événement c’est l’écoute de Thierry Herzog, avocat de Nicolas Sarkozy, ajoutée aux perquisitions conduites à son domicile et dans ses locaux professionnels par les juges d’instruction désignés par le procureur du pôle financier dans l’affaire Kadhafi. Qu’on me comprenne bien, je ne connais pas les détails de l’affaire. J’ignore ce qu’ont entendu les juges bons connaisseurs des écoutes et des conversations entre Nicolas Sarkozy et son avocat. Ceux qui me lisent savent que je ne suis pas Sarkozyste. Oh que non. Je suis d’autant plus libre pour joindre ma voix (très petite) aux interrogations et aux mises en garde de centaines d’avocats très attachés — avec raison — au secret des conversations entre un justiciable et son défenseur. Il s’agit là de libertés fondamentales. Et de droits légitimes dans une démocratie qui fonctionne bien.

9 mars 2014

François-Xavier Priollaud n'a pas inventé l'eau chaude


J’aime bien rencontrer M. François-Xavier Priollaud sur le marché de Louviers. Chaque samedi, il y distribue sa dernière littérature sur un sujet, selon lui, polémique et peu gratifiant pour la municipalité sortante. Hier, en quelques mots échangés, j’ai réussi à lui glisser que la semaine n’avait pas dû être très bonne pour l’UMP eu égard aux affaires Copé (et l’éventuelle surfacturation des prestations de Bygmalion) Buisson (et les enregistrements au nez et à la barbe de Sarkozy) et enfin les soupçons pesant sur l’ancien président et son avocat préféré dans l’affaire des agendas privés et publics pouvant expliquer l’arbitrage Tapie-Lagarde et les 400 millions d’euros palpés par l’ancien président de l’OM devenu patron de presse !
M. Priollaud a semblé étonné mais il est demeuré d’un calme olympien. Ne pas en rajouter, rester discret, telle est la (bonne) stratégie des UMP donc celle du candidat lovérien. Moins discret est son nouveau tract sur « Le mauvais plan de Franck Martin. » Au verso, on lit (voir photo) que le chauffage au bois, c’est bien pour les bâtiments communaux mais mal pour les particuliers. Autrement dit, c’est bien de faire passer l’eau chaude dans les rues de la ville mais ce n’est pas bien de solliciter les riverains qui pourraient se chauffer à moindres frais. Au-delà de la polémique sur le prix du raccordement — je ne suis pas un expert du chauffage — je considère que M. Priollaud fait preuve de mauvaise foi et qu’il cherche des prétextes pour animer sa campagne électorale quelque peu atone. Franchement, et je prends les Lovériens à témoin, peut-on raisonnablement investir des sommes importantes dans une chaufferie-bois, des canalisations passant dans un grand nombre de rues, mettre au point des conventions pour transporter le bois (régional) et ne pas aller au bout d’une démarche écologique, efficace et, à terme, moins chère que les autres énergies en raccordant le maximum d’usagers ? Ce serait lamentable et bien peu responsable.
Si j’osais, je dirais que M. Priollaud n’a pas inventé l’eau chaude ni la machine à défriser le persil.