14 mars 2014

Le temps médiatique n'est pas le temps judiciaire


Christiane Taubira — on le sait depuis longtemps — n’est pas du genre à minauder. Elle appelle un chat un chat et une erreur une erreur. Ce n’est pas un mensonge car dans un mensonge il y a une intention. Quelle serait l’intention de mentir sur des dates ? Telle est la question que la ministre de la Justice pose à Jean-Michel Apathie, hier soir, sur Canal Plus ? « Vous m’accusez d’avoir menti, pourquoi aurais-je menti ? » Oui pourquoi ? Alors Christiane Taubira reconnaît des inexactitudes, des imprécisions. Et c’est bien cela qui est dommageable. Une ministre qui décide, après la réunion du conseil des ministres, de monter au créneau médiatique, ne peut se permettre aucune approximation d’autant plus que journalistes et photographes sont aux aguets et vont surveiller chaque mot et chaque virgule. Ayant en mains les notes de synthèses des procureurs, Christiane Taubira n’avait pas à les agiter comme des chiffons rouges. Il suffisait de dire simplement la réalité du dossier accablant jusqu’à preuve du contraire pour Nicolas Sarkozy et son avocat.
Je suis prêt à accorder à Christiane Taubira le bénéfice de la bonne foi. Je suis prêt également à reconnaître à nouveau que la communication de ce gouvernement est calamiteuse et que la droite n’a pas raté l’occasion de mettre à mal cette communication non maîtrisée notamment par le Premier ministre. Une fois le soufflet retombé, restent les affaires elles-mêmes et la nouvelle enquête ouverte par le parquet dans le cadre du financement de l’UMP lors de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2012. Bygmalion, société proche de Jean-François Copé a-t-elle surfacturé des prestations dans l’organisation de rencontres et réunions publiques ? L’enquête devra le déterminer même si M. Copé dit tenir à disposition de la justice la comptabilité de son parti et bien que les comptes de campagne de Nicolas Sarkozy aient été rejetés par le Conseil constitutionnel, juge de l’élection présidentielle.
Dans quelques jours, assure Christiane Taubira, on ne parlera plus de la cacophonie gouvernementale mais Sarkozy et les autres protagonistes n’en auront pas pour autant terminé avec les éventuelles gardes à vues et autres perquisitions. Le temps médiatique est court, le temps judiciaire plus long et plus lent.

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