8 mars 2014

Semaine horrible pour la droite UMP-UDI : Copé, Buisson, Sarkozy, « allo t'es où, tu fais quoi ? »


Une fable court les rédactions et les plateaux télé. Même un Bernard Debré s’y met, c’est dire. Parmi les éléments de langage distribués à la droite, quelques mots reviennent en boucle : acharnement, scandale d’état, cabinet noir…l’objectif vise à démontrer que les affaires concernant Nicolas Sarkozy sont en fait des coups tordus suscités par le pouvoir socialiste et que l’ancien président de la République est avant tout une victime car il est évidemment blanc comme neige.
Pour atteindre cet objectif, les socialistes auraient les juges à leurs bottes. Ces juges que Sarkozy a traités de petits pois ou ces juges d’instruction que Sarkozy voulait supprimer éprouveraient le désir de se venger. Au fond, c’est très simple : les affaires Sarkozy-Takiedine-Guéant-Hortefeux-Copé-Bettencourt-Lagarde-Tapie-Karachi-Kadhafi-Buisson-Azibert-Pérol etc. ne concernent en rien l’ancien président de la République. C’est bien la raison pour laquelle il tient à récupérer rapidement ses agendas présidentiels qu’il souhaite mettre au coffre en souvenir des belles années passées à l’Elysée. C’est vrai, cela, pourquoi les juges devraient-ils être autorisés à compulser des documents de travail d’un homme si honnête et si scrupuleux ? Oui, pourquoi ?
La réponse est cependant d’une simplicité enfantine. Les affirmations des ténors de la droite servent à enfumer l’atmosphère de la Sarkozie devenue irrespirable. S’en prendre aux juges, aux journalistes, c’est une méthode vieille comme la démocratie française d’avant-guerre. Mais accuser les juges d’instruction de ne pas être libres et indépendants, voilà qui est beaucoup plus grave. L’existence d’un cabinet noir à l’Elysée est une pure spéculation, un parfait procès d’intention. Rien ne permet aujourd’hui d’attester l’existence d’un équivalent de la précédente présidence avec les agissements de M. Frédéric Ouart, ceux du procureur Courroye et ceux des amis de Rachida Dati. C’est d’autant plus choquant que c’est Sarkozy lui-même et son avocat qui se voient reprocher d’avoir eu des informations par un magistrat de la Cour de Cassation et que l’éventuel trafic d’influence lui bénéficie à lui, l’ancien président, et à personne d’autre ! D’ailleurs il n’est pas exclu que d’autres magistrats de la plus haute Cour de justice française soient entendus dans cette affaire qui, on l’espère, ira au bout…
La semaine a été horrible pour l’UMP. A quinze jours du premier tour des élections municipales, nombre d’électeurs de droite s’interrogent sur le sens de leur vote. Doit-on apporter nos suffrages à ceux et celles qui soutiennent Copé, Sarkozy, Guéant, Hortefeux ? Je sais que certains d’entre eux pensent à voter FN, un vote nuisible, inutile, sans avenir. On a déjà vu les élus FN à l’ouvrage. A Louviers on se souvient de M. Vassard, conseiller municipal FN. Il ne savait que réciter son bréviaire sans aucun rapport avec la réalité locale ou le contexte régional. Peut-on décemment donner les clés des mairies à des suppôts d’une idéologie mortifère sans égale ?
Ce matin, sur le marché, M. Priollaud faisait grise mine. La semaine a été dure à encaisser avec toutes ces mauvaises nouvelles pour l’UMP-UDI et ces soupçons décidément permanents. Il reste deux semaines avant le premier tour. Deux semaines pour emballer le match et désigner les listes qui iront en finale.

6 mars 2014

L'affaire Buisson ne profitera pas au Front national


« Des méthodes de Barbouze », affirme Marine Le Pen, trop heureuse de moquer Patrick Buisson l’ami de son père. Car Patrick Buisson, ancien journaliste de Minute (1) et de Valeurs actuelles est resté un intime de Jean-Marie Le Pen. Aussi ne suis-je pas d’accord avec tous ceux qui affirment que l’affaire Buisson est pain béni pour le Front national.
Patrick Buisson, devenu le pestiféré de service, était bien connu des Sarkozystes, ceux-là même qui aujourd’hui lui tournent le dos. Ils n’ignoraient rien des pratiques et des méthodes utilisées par Buisson. Or, chacun sait qu’à l’extrême-droite, on n’est pas étouffé par les scrupules. Dans cette famille politique pour obtenir gain de cause, pour faire gagner la cause,  tous les coups sont permis, surtout les coups tordus. Les officines, les milices, les escadrons de ceci ou de cela, à l’extrême droite, on connaît. Combien de groupes identitaires ? Combien de groupes fascisants, prêts à faire le coup de poing (américain) à ratonner, à chasser l’homo…Les électeurs(trices) français(e)s prêts à donner leur suffrage au FN doivent savoir qu’ils vont soutenir des hommes et des femmes semblables à Patrick Buisson, formé(e)s dans le même moule, nourri(e)s du même lait : la xénophobie, l’antiparlementarisme, la haine de l’autre, l'anti-musulman.
Finalement nous ne devrions pas être surpris d’apprendre qu’un homme d’extrême droite utilisait des moyens d’extrême droite. Sarkozy, trop heureux de bénéficier des précieux conseils de son barjot de service ne l’a-t-il pas décoré de la Légion d’honneur en rappelant tout ce qu’il lui devait ? Sa plainte d’aujourd’hui, n’en est que plus pitoyable. En réalité, elle n’a pas pour objet de chercher des poux sur la tête chauve de Buisson. Elle est un avertissement pour tous les journalistes et médias qui oseraient publier le contenu d’autres bandes, d’autres enregistrements. En attendant, la presse parisienne semble avoir une idée précise de la source du « Canard enchaîné ». Autour de lui, Buisson n’avait pas que des amis. Et au sein de sa propre famille non plus.
(1) En parlant de Minute, Pierre Desproges affirmait : « Il est plus économique de lire Minute que Sartre. pour le prix d'un journal on a à la fois la nausée et les mains sales. »

Philippe Bilger : « Jamais l'état de droit n'a autant reculé que sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy »


Un outil de travail ne doit pas devenir un appareil d'espionnage
Que l’affaire Buisson mette Sarkozy en colère, ça se comprend. Mais en réfléchissant bien et en consultant le CV de Patrick Buisson, et contrairement à ma conclusion d’hier, ce type-là n’est pas malade. Il est seulement obsédé par ses démons et a fini par croire qu’il pouvait être calife à la place du calife. Pas par la voie électorale, bien sûr, mais par un chemin bien plus exaltant, bien plus jouissif pour un homme de l’ombre qui désire le rester : devenir le conseiller du prince.
Sarkozy l’avait d’ailleurs affirmé très tôt : « pour ma gauche j’ai Guaino, pour ma droite, j’ai Buisson. » Même si le rôle joué par ce dernier dans la victoire de Sarkozy en 2007 est survalorisé, il ne fait pas de doute que l’objectif révélé par Buisson a été atteint et par les électeurs en plus : réconcilier l’extrême-droite et la droite. En asséchant le Front national, Buisson a réalisé son rêve : faire passer ses idées par l’élu choisi à la majorité des suffrages, ce qui semblait impossible à réaliser par le Front national.
La campagne de 2007 ne lui a pas suffi. Buisson a continué d’avancer ses pions, de théoriser la fracture politico-religieuse, de convaincre Sarkozy de s’attaquer aux Roms, aux Musulmans, à « l’étranger », l’ incarnation de tous nos maux. Ce furent les discours xénophobes de Grenoble, de Chaillot…et Sarkozy finit sa course à 48,5% des voix, un rien quoi. Preuve que Buisson avait eu raison de modifier le logiciel de l’UMP, oubliant le Gaullisme et le Jaurès de 2007 !
Patrick Buisson, assure Raphaëlle Bacqué du journal Le Monde est « doué, intelligent, manœuvrier ». Il faut l’être pour se permettre de planquer un dictaphone dans sa poche, de l’amener dans le saint des saints à l’Elysée, de le faire tourner avant d’entrer dans le bureau du président, de transférer les bandes sur ordinateur, de passer des centaines d’heures à écouter les uns et les autres et à éprouver cette autorité surdimensionnée de celui qui sait, possède, menace, tient ceux qu’il écoute. Cette volonté de puissance, Buisson la possédait enfin. Lui, si supérieur, était enfin au-dessus du lot et de la populace que ses idées maurassiennes méprisent au plus haut point. Enfin il tenait sa revanche, lui l’ancien membre de l’OAS, lui qui accompagnait Sarko chez le Pape, lui qui facturait ses sondages sans appels d’offres ni concurrence.
Car n’oublions pas que les bandes de Buisson ont été découvertes à son domicile lors d’une perquisition de la police judiciaire. Que la plainte à l’origine de l’enquête émane de l’association Anticor (pour anticorruption) suite à des factures de sondages passés par l’Elysée auprès de la société Publifact de Buisson. Que ces sondages n’avaient fait l’objet d’aucun marché en bonne et due forme.
Le résultat de tout cela : un profond dégoût évidemment. Se mêlent la tromperie, la trahison, l’absence de confiance mais aussi la naïveté des politiques. Sarkozy le flambeur a trouvé plus flambeur que lui. Philippe Bilger, ancien procureur aujourd’hui en retraite résume la chose ainsi : jamais l’état de droit n’a autant reculé  que pendant le quinquennat de Sarkozy. Quant au contenu des bandes…lire la suite la semaine prochaine dans le Canard enchaîné.

5 mars 2014

Sarkozy était enregistré à son insu par un Patrick Buisson sans conscience


J’imagine la colère de Sarkozy : espionné, écouté, enregistré par l’un de ses plus actifs conseillers. Et à son insu. Pour une fois Henri Guaino a raison : Il s’agit bien d’un viol. Et comme souvent en cas de viol, l’auteur est un membre de la famille ou en tout cas de l’entourage. La police n’aura pas à chercher longtemps les indices ou les preuves. L’avocat de Patrick Buisson a reconnu aujourd’hui, que la transcription des propos tenus par Sarkozy, Goudard, Guaino, Giacometti et compagnie et rapportés par le Canard enchaîné, était exacte. Ce qui veut dire, en langage clair, qu’en petit comité, ces messieurs n’y sont pas allés de main morte pour crucifier Roselyne Bachelot, Xavier Darcos et Henri Mercier…traités d’archinuls comme MAM et ses affaires tunisiennes ou Hortefeux, trop tendre en matière d’immigration.
Imaginons la scène. Ils sont six. Rassemblés autour du Totem Sarkozy. Ce dernier s’apprête à changer son premier ministre (qui reste le même) et à modifier le gouvernement. Guéant va devenir ministre de l’Intérieur mais Buisson soulève quelques objections ; il posera problème quant aux affaires en cours. 
Imaginons la tête de ces hommes, ce matin ou hier soir, quand ils ont appris que des centaines d’heures d’enregistrements clandestins pesaient au-dessus de leur tête comme une épée de Damoclès. Ils ont dû se rappeler les blagues, les bons mots, les gros mots aussi, les qualificatifs peu amènes, les attaques ad hominem, les injures qu’heureusement la grande histoire ne connaîtrait jamais. Et puis patatras. Buisson avait tout enregistré. Dans quel but ? Au nom de l’histoire, dit l’un, pour écrire un livre déclare l’autre, pour monnayer son silence, clame un troisième. Qu’importe, ces enregistrements sont des boules puantes. Ils sont le résultat d’une pensée perverse, d’une démarche impensée, d’un comportement déviant. Buisson est-il malade ? Il vaudrait mieux pour lui que ce soit le cas.
François Loncle a déclaré aujourd’hui : « Les enregistrements clandestins, l’espionnite aigüe de M. Patrick Buisson à l’Elysée, c’est une sorte de Watergate du pauvre, à l’image des pitoyables turpitudes du quinquennat de M. Sarkozy.
Si l’ancien président de la République devait apparaître comme une victime des pratiques de la bande de Pieds nickelés qui sévissait à l’Elysée, ce serait une nouvelle imposture. Bien entendu, M. Sarkozy savait. Bien entendu, cela le disqualifie encore un peu plus pour donner des leçons de gouvernance et de morale.
Décidément, le retour du refoulé s’avère impossible. »


Henri Emmanuelli est en train de gagner sa bataille de l'eau…contre les multinationales


Selon la cour administrative d’appel, le Conseil général des Landes « défend l’usager » en subventionnant les communes qui optent pour une gestion publique de l’eau.
Henri Emmanuelli avec Michel Champredon à Evreux. (photo JCH)
Le vent est en train de tourner dans les Landes. Après plus de vingt ans de guérilla juridique, le Conseil général, sous la houlette de son président, Henri Emmanuelli, vient sans doute de remporter la dernière manche. Dans un arrêt rendu le 3 mars, la cour administrative d'appel de Bordeaux a validé la stratégie développée par la collectivité. Au grand dam des opérateurs privés, le Département aide financièrement les communes rurales qui optent pour une gestion publique de l'eau et met à leur disposition le savoir-faire du Sydec, un syndicat départemental aux compétences techniques étoffées.
Au fil des ans, les modalités d'intervention du Conseil général ont évolué, mais l'objectif est resté le même : abaisser le montant des factures. En novembre 2008, deux délibérations votées par l'assemblée départementale étaient inspirées par ce souci. Fidèle à son habitude, la Fédération professionnelle des entreprises de l'eau les avait attaquées en justice en invoquant leur caractère discriminatoire.
Si le tribunal administratif de Pau lui avait donné en partie gain de cause, la cour d'appel de Bordeaux l'a déboutée après avoir estimé qu'aucun des grands principes invoqués n'avait été bafoué. Qu'il s'agisse de la liberté des usagers devant un service public ou de la libre administration des collectivités locales. Selon les juges, ces deux délibérations répondent à l'intérêt général dans la mesure où elles visent à faire bénéficier les utilisateurs de tarifs moins élevés.
Les majors de l'eau n'ont pas été en mesure de contester l'étude réalisée à la fin de 2003 par la Direction départementale de l'agriculture et de la forêt des Landes. Celle-ci montrait que le prix de l'eau était beaucoup plus élevé lorsque le service était affermé à un privé. « La différence des prestations accomplies par les régies et par les fermiers n'est pas de nature à priver de signification la comparaison entre les tarifs pratiqués », soulignent d'ailleurs les magistrats de la cour administrative.
En 2006, un sénateur UMP du Massif central, vraisemblablement sous influence, avait subrepticement glissé un amendement lors du vote de la loi sur l'eau. Cette disposition interdisait aux collectivités compétentes en la matière de faire varier leurs aides en fonction du mode de gestion retenu, public ou privé. On aurait voulu faire capoter l'expérience landaise qu'on ne s'y serait pas pris autrement.
En 2011, le Conseil constitutionnel a estimé que cet article était inconstitutionnel au motif qu'il portait atteinte à la libre administration des collectivités territoriales. Sans l'intervention des sages, saisis dans le cadre d'une question prioritaire de constitutionnalité, il est probable que la cour administrative d'appel n'aurait pas donné raison au département des Landes, même si ce dernier a pris le soin de limiter les subventions allouées. Représentant entre 15 et 25 % des travaux et des études, elles sont en outre plafonnées et ne peuvent être affectées au financement de tous les investissements. Aux opérateurs privés qui les contestent, la cour administrative d'appel répond aujourd'hui que rien ne leur interdit d'en faire autant !
Après avoir longtemps fait la pluie et le beau temps, les multinationales de l'eau ne cessent désormais de reculer. Des villes aussi emblématiques que Paris ou Bordeaux ont opté pour le retour en régie. Ailleurs, la Lyonnaise, la Saur et Veolia concèdent des ristournes inimaginables il y a quelques années encore. À l'échelon national, où le privé gère près de 70 % de la distribution d'eau, le retrait n'est pas aussi spectaculaire que dans les Landes, où la proportion a été inversée. Mais les majors craignent manifestement que l'expérience initiée entre Adour et Leyre ne fasse tache… d'huile !
(Texte de Dominique Richard)

4 mars 2014

Paul-Marie Couteaux propose d'ouvrir des camps pour les Roms…avec un point d'interrogation.


« Je me prends à les photographier lorsque j'en croise un trop grand nombre, aux fins de les mettre en ligne ici (NDLR : sur son blog) serait-ce seulement pour apaiser la rage que me donne le spectacle désolant de ces femmes, de ces enfants, et quelquefois de ces familles entières qui, dans un état d'abandon indescriptible, parsèment l'arrondissement, l'amochent de part en part, et rompent le charme de la moindre promenade. »
Les promenades de Paul-Marie Couteaux, tête de liste du FN dans un arrondissement de Paris sont gâchées par la vue et la présence de « les ». Ces « Les » ce sont des Roms. Des Roms que Paul-Marie Couteaux ne veut plus voir ni dans nos rues, ni dans nos villes mais dans des « camps » qu’il propose d’ouvrir. Evidemment, en constatant les dégâts causés par sa saillie, le Couteaux en question, président d'un groupuscule d’extrême-droite, a tenté de corriger le tir pour affirmer que la phrase sur son blog relative à l’ouverture de ces camps se concluait par un point d’interrogation…
Nous sommes rassurés. Couteaux s’interroge sur l’opportunité d’ouvrir des camps pour les Roms. Il n’a pas encore de réponse. Mais tout de même, la question — pense-t-il — mérite d’être posée et les administrations et les politiques feraient bien d’y regarder de près. Ce serait tellement plus pratique de parquer ces marginaux dans des camps bien gardés où on aurait évidemment plus qu’un œil sur leurs allées et venues et sur leurs fréquentations. Plus de besoin de caméras de surveillance, plus besoin de police, on créerait un corps de gardiens de camps. Cette ouverture de camps créerait des emplois ! Pourquoi s’en priver ?
Ce délire verbal de Couteaux doit en débecter plus d’un. En 2014, en France, voilà un candidat espérant être élu conseiller de Paris qui n’hésite pas à proférer, disons le mot, des insanités. Je savais que l’extrême droite était capable du pire mais là, ça dépasse les bornes. Et puis Couteaux nous a appris que ces rassis de la politique qui ont tout connu de l’arc-en-ciel, du gaullisme à Chevènement, de Pasqua à Villiers, de Dupont-Aignan à Le Pen (1), ne comptent pas vraiment dans le débat politique. Ils sont là pour boucher les trous, faire de la figuration. Des seconds couteaux, quoi.
(1) Couteaux a appartenu à tous ces partis dirigés par des leaders très différents.

Jérôme Guedj est venu « plaider pour les vieux » à Val-de-Reuil


Marc-Antoine Jamet et Jérôme Guedj. (photo JCH)
Jérôme Guedj, député de l’Essonne et président du conseil général de ce département est, par la nature des compétences générales et personnelles, fort intéressé par tout ce qui touche à l’accueil, l’hébergement, les conditions de vie des personnes âgées. Auteur d’un livre récent intitulé « Plaidoyer pour les vieux », l’ancien élève de Sciences Po et de l’ENA n’a pas sa langue dans sa poche et n’hésite pas à appeler un vieux un vieux. Puisqu’il n’a rien de déshonorant ni de honteux à prendre une année chaque année.
Ce qui est déshonorant et honteux, par contre, ce sont les conditions de vie faites, ici ou là, aux vieux. Et aux jeunes aussi d’ailleurs.
C’est bien pourquoi Jérôme Guedj, cédant à l’amicale invitation de Marc-Antoine Jamet, maire de Val-de-Reuil, est venu lundi en cette ville pour visiter l’ESPAGES et échanger avec les pensionnaires et les animateurs de cette résidence originale ancrée dans l'histoire de la ville. En effet, dans cette résidence non médicalisée de 80 appartements, 44 sont réservés à des personnes âgées autonomes, dotées d’une mobilité raisonnable (1) et 32 autres permettent à des jeunes couples ou célibataires, jeunes travailleurs, âgés de 18 à 30 ans de vivre dans un confort réel et de bien démarrer dans la vie. 
Jérôme Guedj, chargé de préparer une loi sur les séniors, avait beaucoup à écouter des explications de Patrice Adam, directeur, de ses adjointes, du maire aussi, mais il ne s’est pas privé, au cours de sa visite, d’apporter des éclairages personnels sur telle ou telle initiative. Il a d’ailleurs pu engager la conversation avec des pensionnaires ou des résidents…selon le terme choisi. Après une heure trente d’échanges, l’élu d’île de France a regagné ses pénates.
(1) Évidemment, ceux et celles qui le souhaitent peuvent faire appel aux talents culinaires des employés de la résidence

Les statistiques de Sarkozy sur la délinquance étaient truquées. Jean-François Copé dans la nasse.


Vous voulez des statistiques «sympas» sur l’état de la délinquance en France ? C’est très simple. Vous prenez du Sarkozy, vous ajoutez du Guéant, vous mélangez avec des directeurs de la sécurité aux ordres et après avoir réalisé le mixage idéal, vous organisez une conférence de presse au cours de laquelle vous apprenez à la France esbaudie que l’insécurité est vaincue, que la droite est bien la meilleure. Ben voyons.
Mais en France, tout se sait. Les manipulations, les manœuvres, les trucages…n’ont qu’un temps. Et vient le moment de vérité. Il aura fallu une année d’investigations pour démonter le système Sarkozy et apprendre que depuis l’arrivée de ce ministre de l’Intérieur aux coups de menton renouvelés, les statistiques étaient truquées, falsifiées pour coller à la politique du chiffre vantée en haut lieu.
Pendant des années, des faits délictueux (pourtant déclarés) ont été soit masqués, soit dénaturés, soit ignorés. Un rapport de la préfecture de Paris a mis au jour un système pernicieux sous Sarkozy destiné à éviter au pouvoir de faire face à une augmentation des chiffres de la délinquance. Les cambriolages ne s’appelaient plus cambriolages mais atteintes aux biens, les délits sans préjudice matériel n’étaient plus recensés, certaines incivilités non plus etc. La vérité est cruelle pourtant et vient le jour où il faut rendre des comptes. Certes, les admirateurs béats et aveugles de Sarkozy refuseront d’accepter cette triste réalité. Ils lui trouveront des excuses. Chercheront à le dédouaner. Mais les faits sont têtus et nous saurons rappeler leur réalité à tout moment.
Idem pour Copé. Sa déclaration de presse solennelle avait surtout un objectif : créer une diversion et une exigence : ne pas répondre aux questions des journalistes. Même au sein de l’UMP, les propositions de transparence de JF Copé semblent totalement irréalistes quand on sait que le même Copé, Christian Jacob et la majorité du groupe parlementaire UMP ont voté contre la loi souhaitée par les Français et proposée par la gauche pour moraliser la vie politique.
Copé est dans la nasse. Il découvre subitement les délices de la lumière. Sauf que c’est lui qui appuie sur le bouton. Et pour l’instant, c’est encore la nuit noire sur les comptes de l’UMP « mis sous scellés devant notaire ». C’en est presque pathétique. D’ailleurs, les Fillon, Juppé, Wauquiez, NKM, attendent leur heure pour exiger le détail des marchés, conventions, accords passés avec Bygmalion, la société mise en cause dans le journal le Point et dirigée par les potes du président de l’UMP.
En attendant, je souhaite bien du plaisir à M. Priollaud, candidat UMP-UDI à Louviers qui propose d’être « transparent et rigoureux » en matière financière et auquel les Lovériens ne vont pas manquer de poser les bonnes questions. Et si M. Priollaud commençait par balayer devant sa porte. Et à réclamer la publication des comptes du parti auquel il appartient…ou qu’il fréquente.

3 mars 2014

François-Xavier Priollaud : Docteur Jekyll ou Mister Hyde ?


« Aujourd'hui, l'association anime une émission sur Radio Courtoisie (radio qui revendique représenter « toutes les droites », proche des courants nationalistes et catholiques traditionalistes) un mardi sur quatre, à 18 h. Elle y invite des personnalités telles que les députés Bernard Debré, Jean-Michel Fourgous (NDLR : ce dernier ancien dirigeant du MEDEF battu depuis par Benoit Hamon) et Thierry Mariani, ou les universitaires Christian Saint-Étienne et Guy Millière. »(source Wikipedia)
Et c’est cette association à la droite de la droite sur laquelle s’appuie François-Xavier Priollaud pour assurer que la gestion de la municipalité Martin n’est pas dans les clous. Je n’ai pas toujours approuvé les orientations budgétaires de l’actuelle majorité mais je ne peux pas laisser accréditer les affirmations plus que fantaisistes de M. Priollaud. Je constate, tout d’abord, qu’il est incapable d’analyser lui-même la gestion actuelle et qu’il est obligé de faire appel à une association dont le slogan principal est « trop de dépenses publiques, c’est trop d’impôts. » Dépenses publiques, cela veut dire équipements publics, investissements et amélioration du cadre de vie.
Voilà donc la stratégie financière de M. Priollaud qui promet de « rénover la voirie (NDLR : compétence CASE) de rénover le parc de logements sociaux (NDLR : compétence CASE) de créer de nouveaux espaces verts…de lutter contre les incivilités, de garantir l’accès de tous à la santé (NDLR : compétence régalienne de l’Etat)… sans dire, évidemment, comment il financera tous ces projets et il ose dire que « demain il ne rasera pas gratis » ! Et le reste à l’avenant. M. Priollaud se trompe de campagne. Il a déjà été candidat aux législatives et reprend simplement ses anciens tracts qu’il a oubliés d’actualiser. Mais une municipale, c’est autre chose : de la chair, de la passion, des habitants qu’on connaît et qu’on respecte.
Il y a plus drôle encore. Dans un de ses tracts du week-end, voilà que FXP classe Anne Terlez à gauche ! Celle-ci, membre du MODEM, soutient François Bayrou à Pau, lui-même soutenu par l’UMP et l’UDI dont se réclame François-Xavier Priollaud. C’est à n’y rien comprendre ! Il devrait plutôt nous dire, dès maintenant, quelle sera sa conduite au second tour. Va-t-il s’allier avec « une liste de gauche » (sic), celle d’Anne Terlez, par exemple, ou va-t-il demander un coup de main à une liste d’extrême droite, celle du Front national qu’il oublie de citer parmi ses adversaires. Les électeurs doivent savoir qui est M. Priollaud : Dr Jekyll ou Mr Hyde ?

François Loncle taille un costard à Nicolas Sarkozy


François Loncle avec Michaël Gorbatchev. (photo JCH)
François Loncle a publié la tribune suivante dans Marianne de la semaine dernière :
« Sarkozy ne tient plus en place. Atteint à la fois du syndrome du président vaincu et d’une grave rechute de la danse de saint Guy, l’ex-président se déploie tous azimuts. De remise de décoration en concert de charité, de meeting municipal – quitte à plomber encore plus la candidature de son amie NKM – en conférence lucrative, Nicolas Sarkozy a retrouvé son rôle de prédilection : M. Je suis partout.
Il est temps pour lui de réaliser que « toutes les situations capitales de la vie sont sans retour », comme l’écrit Milan Kundera.
Méthodiquement, Sarkozy développe, depuis plusieurs mois, une stratégie de communication destinée à faire croire qu’il revient en politique, ce que relaie avec avidité une certaine presse complaisante. Or, cette ambition s’avère illusoire.
Au contraire de ce qu’il ne cesse de seriner, Sarkozy n’a pas changé. Il reste ce personnage impulsif, outrancier, coléreux, arrogant. Hier comme aujourd’hui, il ignore toute pondération, toute mesure, toute retenue. Entonnant une ritournelle maréchaliste (« Je me donne à la France »), il prétend que son retour est « une fatalité », alors que ce serait une offense. Même les caciques de l’UMP en sont persuadés, au point de tout entreprendre pour endiguer ses aspirations revanchardes. En effet, la cohorte des prétendants de droite — François Fillon, Xavier Bertrand, Alain Juppé, Bruno Le Maire… — veut soumettre à une primaire Nicolas Sarkozy qui réfute cette procédure, pourtant approuvée par 90% des militants. Quelle ingratitude envers un parti qui a généreusement épongé ses énormes dettes de campagne ! Au demeurant, l’UMP vient d’adopter un projet économique qui dresse l’inventaire du quinquennat précédent dont il relève implicitement tous les manquements et les erreurs.
De surcroît, l’éventuel retour de Sarkozy est gravement hypothéqué par les affaires auxquelles son nom est mêlé. Certes, il a bénéficié d’un non-lieu dans le scandale Bettencourt, mais il reste encore impliqué dans quatre autres dossiers sulfureux. D’abord, dans l’affaire Karachi, il a avalisé, en tant que ministre du Budget, la création de la société luxembourgeoise Heine par laquelle transitèrent les commissions des ventes d’armement au Pakistan qui auraient alimenté la caisse noire de la campagne présidentielle d’Edouard Balladur. Ensuite, une enquête judiciaire examine la régularité des juteux contrats conclus, sans appels d’offres, entre l’Elysée et un cabinet dirigé par le maurassien Patrick Buisson, conseiller occulte de l’ex-président. Puis Sarkozy est soupçonné d’être intervenu en faveur de son ami Bernard Tapie contre le Crédit Lyonnais et d’avoir favorisé une procédure d’arbitrage particulièrement dommageable aux intérêts de l’Etat. Enfin - sans doute le plus grave -, une information judiciaire investigue les rumeurs insistantes de financement libyen de la campagne de Sarkozy en 2007, ce qui soulève des interrogations sur l’intervention militaire contre Kadhafi en 2011, entraînant le pays dans le chaos. L’honneur de la gauche serait, d’ici à la fin de l’actuel quinquennat, de diligenter une commission d’enquête parlementaire faisant toute la lumière sur les relations franco-libyennes entre 2002 et 2012.
Si des sympathisants de droite espèrent que Sarkozy reviendra, la plupart des Français sont soulagés d’en être débarrassés. Ils sont même 70% à porter un jugement négatif sur son quinquennat. Ils n’ont pas oublié le Fouquet’s, le yacht de Bolloré, le discours paternaliste de Dakar, la remise en cause de la laïcité, le débat délétère sur l’identité nationale, les 75 milliards d'euros de cadeaux fiscaux aux grandes fortunes, l’augmentation de 172% de son propre salaire. Ils connaissent son lourd passif économique qui lui vaut la note indigne de 3 sur 20 attribuée par Jean Supizet, économiste des Echos : durant sa présidence, la dette publique a progressé de 50%, la croissance a chuté à 0%, la balance commerciale s’est détériorée de 56%, 350 000 emplois industriels ont été détruits, 337 000 personnes supplémentaires sont tombées sous le seuil de pauvreté, un million de chômeurs en plus a été comptabilisé !
Si Sarkozy finit par revenir, il ne fera qu’une brève apparition. Car il fera face à un rejet populaire massif. Car il devra justifier son bilan catastrophique. Car il sera encore plus embourbé dans les scandales. Car il affrontera l’opposition déterminée des barons de l’UMP. Tout compte fait, il peut bien reparaître puisque, comme le dit Alfred de Musset, « le retour fait aimer l’adieu ».
François Loncle, député de l'Eure

2 mars 2014

Laurent Fabius, le ministre le plus apprécié…


Sur le marché de Pont-Audemer. (photo Jean-Charles Houel)
Il faudra bien un jour, rendre justice à l’action de Laurent Fabius. Pas seulement au plan régional où il a agi selon une stratégie lente mais efficace au bénéfice de la région, des départements de Haute-Normandie et des villes de l’agglomération rouennaise. Ayant une connaissance fine des hommes et des femmes politiques dont il sait tous les travers et toutes les qualités, il a géré au mieux une gauche socialiste dans des terres considérées longtemps comme des terres de mission pour la gauche. Il a fallu du doigté et de l’abnégation pour conquérir les conseils généraux de l’Eure et de la Seine-Maritime alors même que son allié communiste lui jouait des tours pendables. Si le 276 (1) existe aujourd’hui et permet des projets suivis pour la Haute-Normandie, n’oublions pas que c’est à Laurent Fabius (pas à lui tout seul heureusement) qu’on le doit.
Au plan national, un sondage IFOP JDD de ce matin indique que Laurent Fabius bénéficie d’une popularité élevée (il est premier classé) due à son action comme ministre des Affaires étrangères. Il est en bonne compagnie avec Jean-Yves Le Drian, le ministre de la Défense. Ce n’est pas étonnant. L’ancien député de Grand-Quevilly est en première ligne sur tous les dossiers chauds : Mali, Otages, Centrafrique, Syrie, Iran, Ukraine etc. Il représente la France avec la dignité qui sied à la fonction et l’intelligence des situations. Ses paroles sont pesées à l’aune de la diplomatie et de l’influence encore importante dont jouit notre pays. Il est évident que François Hollande a fait le bon choix en nommant Laurent Fabius au quai d’Orsay. C’est si vrai que son nom circule pour qu’il devienne l’éventuel futur premier Ministre succédant à Jean-Marc Ayrault. Je ne suis pas certain que Laurent Fabius ait encore envie d’épuiser les « plaisirs » de cette fonction forcément ingrate, forcément difficile. Ce n’est pas le talent qui lui manquerait le plus. Peut-être le tournant politico-économique serait-il mieux assumé et plus crédible ?
En tout cas, que de chemin parcouru depuis la primaire de 2007. Que de courant remonté depuis la campagne de Ségolène Royal. Lors de la primaire citoyenne de 2011, La candidate de Laurent Fabius s’appelait Martine Aubry. Il ne s’agissait pas d’un choix opportuniste, d’un calcul quelconque. Le maire de Lille proposait une politique plus dynamique, plus énergique, plus battante. Les Français ont voté, ils ont choisi François Hollande. Laurent Fabius s’est montré d’une loyauté à toute épreuve à l'égard de François Hollande dans l’intérêt des Français et celui de la France. Que les socialistes soient 82 % à l’apprécier aujourd’hui n’est que l’examen lucide porté sur l’action d’un homme d’exception qui n’a pas encore donné tout son potentiel…
(1) Il s'agit d'une structure réunissant les présidents des conseils généraux de l'Eure et de la Seine-Maritime et le président du Conseil régional.