30 mars 2022

Poutine plus proche de…Raspoutine que de Gorbatchev

22 % des Français et des Françaises interrogé(e) s lors d’un sondage récent considèrent que la Russie se sentant « menacée » est dans son bon droit quand Poutine fait la guerre aux Ukrainiens. Ils sont 52 % à considérer que Poutine avait au moins une bonne raison de commencer cette guerre ! Voilà le résultat de la propagation des thèses complotistes assimilant l’OTAN (et donc les pays qui la composent) à un agresseur qui ne dirait pas son nom. En France, les Zemmour, les Le Pen et les Mélenchonnistes assuraient, il y a quelques semaines, que l’OTAN et les Américains s’employaient à encercler la Russie (15 millions de km2) le plus grand pays du monde et qu’en conséquence Poutine se trouvait en état de légitime défense. Ben voyons comme dirait l’autre. Or, l’OTAN est une organisation défensive qui n’a aucun appétit pour le territoire des nations européennes, qu’elles soient orientales ou occidentales.  Mais c’est le message qui est martelé par les Poutiniens, en Russie et en France aussi, depuis près de vingt ans. A l’évidence, Poutine veut reconstituer l’empire communiste d’avant l’effondrement de l’URSS. Il veut installer un glacis entre l’Europe et ses frontières. Et comme il ne connaît que le langage de la brutalité et de la force, le recours aux armes est son outil de persuasion. Plus je cogne, plus je gagne.

Le pire est qu’il parvient à faire douter les démocraties dites libérales du bienfondé de leurs modes de vie et notamment de la qualité de leur processus démocratique. En France, les élections sont libres et les oppositions bien vivantes. Le bulletin de vote est le maître de la cérémonie et chaque voix compte. En France, on ne bourre pas les urnes et le vote est secret. C’est la garantie de la liberté et de l’égalité. Ceux et celles qui s'abstiennent, acceptent donc le choix qui se fait sans eux. Avec RT (Russia today) Spoutnik et des milliers de hackers, Poutine s'est immiscé dans les processus démocratiques, aux Etats-Unis, en France, en Grande-Bretagne avec un seul objectif : mettre à bas la démocratie libérale.

Ce qui est incroyable, c’est qu’après La Géorgie, la Tchétchénie, la Syrie, la Crimée, le Donbass, et maintenant le Mali, la République Centre-africaine (et le fameux groupe Wagner) la propagande russe continue de démontrer une remarquable efficacité. Il faut dire que la France regorge de comptenteurs aptes à reprendre en cœur les arguments de Poutine, de Lavrov, et des personnes dûment autorisées à expliquer « l’opération spéciale » doux euphémisme pour justifier les centaines de Morts à Marioupol, Kiev ou Kharkiv. Et pour museler toute information libre ou toute opposition.

Quels sont les buts de guerre de Poutine, du moins ceux qu’il a avoués : « la démilitarisation et la dénazification de l’Ukraine ». La grande guerre patriotique de 1941-1945 devant servir de référence. Il faut être soit naïf, soit ignare, pour avaler ces fadaises. Car l’histoire ne repasse pas les plats. Et face à Poutine, tout un peuple s’est levé, ni nazi ni fasciste. Le maître du Kremlin ne s’attendait pas à faire face à une défense aussi énergique et efficace du président Zelinsky, du gouvernement, de l'armée et des citoyens et citoyennes d’Ukraine. Les nazis, car il y en a (en France aussi) ce sont les membres du bataillon Azov. Il comprend quelques centaines d'hommes adeptes de la violence. Leurs insignes ne laissent aucun doute sur leur fascination pour Hitler. Comme d’habitude il faut trier le bon grain de l’ivraie. Ce ne sont pas ces fanatiques qui expliquent l’Ukraine d’aujourd’hui laquelle frappe à la porte de l’Union européenne et devra donc respecter le libre suffrage, le droit européen, la liberté d’informer et reconnaître des droits à l’opposition. Tout ce qu’exècre un Poutine plus proche de…Raspoutine que de Gorbatchev.

27 mars 2022

La mort de Pierre Quéméner, une belle figure de la vie lovérienne et sportive

Pierre Quéméner
Je viens d’apprendre le décès, à l’âge de 99 ans, de Pierre Quéméner, une figure de la vie lovérienne, lui qui a tant apporté à notre ville et dans bien des domaines. Mais avant de consacrer son temps et son énergie au service du bien commun dans l’action politique, Pierre avait été un conseiller pédagogique précieux au sein de l’Education nationale et ceux et celles qui l’ont approché savent combien il était attentif aux qualités qu’il savait déceler chez les futurs instituteurs et institutrices, ces hussards de la république laïque. Toujours un mot d’encouragement. Toujours une disponibilité. Dans conseiller, il y a conseil et son expérience ainsi que ses convictions faisaient merveille auprès des personnes dévouées à la cause toujours lumineuse qu’est l’enseignement. C’est si vrai que son épouse et certains de ses enfants — je pense à Jean-Pierre et Jacqueline son épouse ainsi qu’à Micheline — doivent être inscrit(e)s au tableau d’honneur de l’Education nationale.

Très proche de la jeunesse, Pierre était aussi un dirigeant sportif talentueux en plus d’être bénévole. On sous-estime gravement — et on a tort — l’importance que toutes ces femmes et hommes jouent au sein de la vie associative. Il fut l’un des cadres essentiels de l’Etoile athlétique lovérienne, où il côtoya les grands noms que sont MM. Totain, Boucher, Le Targa, Lambert, sans oublier les inconnus qui, chaque année le 11 novembre, courent le Carrington, cette fête du cross country ouvrant la saison au calendrier national et accueillant des coureurs de toutes nationalités.

C’est aussi grâce à lui (et quelques autres) qu’Alain Mimoun, Michel Jazy, Michel Bernard, des gloires de l’athlétisme hexagonal, sont venues à Louviers pour affronter les coureurs locaux et régionaux. Mes amis Daniel Legrand et  Jacky Ricard qui avaient connu « Monsieur Quéméner » au faîte de sa gloire sportive lui ont rendu visite pendant des années à l’Ermitage, le grand âge l’ayant obligé à quitter sa maison de la rue Guy de Maupassant où il était apprécié de tous les habitants du quartier.

A la table du conseil

Elu conseiller municipal d’opposition, avec Henri Fromentin et Louis Vallée, sur une liste d’action communale aux côtés du docteur Ernest Martin, il prit tout naturellement des responsabilités exécutives en devenant adjoint au maire lorsqu’Henri Fromentin devint le premier magistrat de la ville en 1976, d’abord et en 1977 encore lors du renouvellement national des assemblées communales. Dans son poste d’adjoint il déploya toutes ses qualités. C’est lui notamment qui contribua à permettre le jumelage de Louviers avec la ville allemande de Holzwickede conscient que le déroulement dramatique de la seconde guerre mondiale ne devait pas pénaliser les générations de jeunes Français et Allemands dont on apprécie aujourd’hui la qualité des échanges autant que leur impérieuse nécessité. Le sport faisait également partie de ses attributions et il parvint à soutenir tous les clubs sportifs de la ville. L’office municipal des sports alors présidé par André Crenn, fut le théâtre de duels épiques entre tenants du sport loisir et ceux du sport de compétition. Au sein du Comité d’Action de gauche, les partisans de l’un et de l’autre s’affrontèrent, Pierre parvenant à créer le consensus et à rassurer le monde sportif.

Sur le plan humain et relationnel et sans rien renier de ses convictions d’homme de gauche, Pierre Quéméner refusait tout sectarisme. Il était direct, ouvert, un animateur né et l’un des piliers d’une municipalité qui avait fait de la démocratie directe le cœur de son programme. Pierre Quéméner y démontra l’étendue de ses certitudes : la confiance, l’écoute, le partage, la discussion d’où peut sortir une solution aux problèmes collectifs embrassant tout le champ de l’action communale. Avec le décès de Pierre, c’est bien une page de Louviers qui se tourne. Denis Lahaye, ancien adjoint de Frank Martin, a réagi à la mort de Pierre Quéméner : « il habitait sa vie et a toujours été présent pour les autres. »

Les obsèques civiles de Pierre auront lieu ce vendredi 1er avril à 12 heures au crématorium d’Evreux. Je présente à ses enfants, ses petits-enfants et toute sa famille, mes condoléances attristées.

Avec Gérard Martin, Henri Fromentin, Patrice Yung et Monique Bonnet.