6 mars 2021

Quelques réflexions au débotté : Balladur, Sarkozy, Le Pen…

10 millions de francs de tee-shirts pour soutenir Edouard Balladur

10 millions de francs déposés en billets de 500 sur le compte de campagne d’Edouard Balladur quelques jours après le premier tour de l’élection présidentielle de 1995 et de forts soupçons de rétro-commissions dans la sombre affaire dite de Karachi…soit. Mais comme les juges de la Haute cour de justice n’ont pas pu en déterminer la provenance, ils ont absous l’ancien Premier ministre et l’ont relaxé alors qu’il risquait une peine d’amende et d’emprisonnement. Son ami François Léotard n’a pas eu la chance de l’ancien rival de Jacques Chirac puisqu’il a été jugé coupable d’avoir accepté l’argent des rétro-commissions sur les contrats d’armement (comme trésorier de la campagne) et condamné à deux ans de prison avec sursis et 100 000 euros d’amende.

François Léotard a annoncé son intention de tenter d’obtenir la cassation du jugement devant la cour du même nom et s’est évidemment indigné de sa condamnation. Il a plaidé l’ignorance et n’a pu expliquer clairement d’où venaient ces 10 millions de francs en espèces qui auraient été le produit de la vente de tee-shirts et autres gadgets pendant la campagne. 10 millions de francs de tee-shirts, cela laisse rêveur…

 

J’ai lu les 254 pages du jugement condamnant Nicolas Sarkozy

Ils ont été nombreux les commentateurs sur la toile après la publication du jugement condamnant Nicolas Sarkozy, Thierry Herzog et Gilbert Azibert à trois ans de prison dont deux avec sursis pour trafic d’influence et pacte de corruption. L’ancien président est sorti de sa réserve pour faire état de son indignation et de sa volonté d’aller jusqu’à la Cour européenne des droits de l’homme pour « faire éclater son innocence et la vérité. » D’ici là, il faudra qu’une cour d’appel — puis la cour de Cassation (éventuellement) — se prononce.

Médiapart a eu la bonne idée de publier les 254 pages du jugement. J’ai lu avec attention ce jugement notamment les pages relatives aux différentes écoutes dont Nicolas Sarkozy assure qu’il s’agit de morceaux mis bout à bout. A les lires, ce n’est pas du tout l’impression ressentie. Ce ne sont pas, comme MM. Sarkozy est Herzog veulent le faire accroire, des conversations entre un avocat et son client. Ce sont bien des conversations entre deux amis de trente ans d’autant plus que Gilbert Azibert est introduit dans la boucle si bien qu’il n’y a aucune ambiguïté sur le fond du contenu. Ce qui est drôle c’est le changement de ton après que le trio a appris qu’il était sur écoute et qu’une taupe (elle aurait été identifiée) leur avait révélé cette initiative des juges d’instruction. Pour autant je ne suis pas certain qu’une relaxe en appel soit impossible. Les juges prennent leurs décisions en leur âme et conscience et en fonction de leur intime conviction appuyée sur des arguments juridiques. Qui sait ce que les magistrats de la cour d’appel de Paris décideront ?

 

Des soutiens de Jean-Luc Mélenchon votent Le Pen !

Quand je lis les résultats d’un sondage indiquant que 40 % des électeurs-trices de Jean-Luc Mélenchon disent vouloir voter pour Marine Le Pen au second tour de la prochaine présidentielle de 2022 je me dis que ces électeurs-trices là ne sont pas de gauche. Qu’ils soient des insoumis, d’accord. Mais certains insoumis peuvent aussi être de droite ou appartenir à la droite-extrême. Marine Le Pen se situe dans le camp des ennemis de la République même si son parti entre dans le champ démocratique. Ceux et celles qui donnent leurs voix au Rassemblement national savent-ils, savent-elles ce qu’ils font ? Ils et elles cautionneraient le programme de Marine Le Pen fondé sur l’exclusion, la stigmatisation, la violence dans les relations ? Les références de l’ex-FN demeurent celles d’hier : des nostalgiques de la monarchie absolue comme de la colonisation. La république demeure pour les Le Pen cette « gueuse » que les camelots du roi contestaient dans la rue le 6 février 1934. Quand Marine Le Pen affirme appartenir aux « patriotes » il s’agit d’un paradoxe. Au fond elle est l’anti-France puisque notre pays est celui des Lumières et des droits de l’homme qu’elle remet en cause sans cesse. Sans parler de ses théories économiques antieuropéennes et protectionnistes.

 

Suzanne Lipinska officier de la Légion d’honneur

Le Moulin d’Andé ne cesse de tourner depuis 1956, année au cours laquelle Suzanne Lipinska prit la tête de ce que Claude Cornu a joliment appelé « une thébaïde normande pour les cinéastes. » Dans la revue Etudes normandes de décembre dernier, le vice-président de la Sociétés d’études diverses de Louviers consacre quatre pages à l’histoire du Moulin en citant quelques uns et quelques unes des scénaristes, acteur-trices, réalisateurs-trices qui ont fréquenté ce lieu magique.

Magique, le Moulin l’est toujours car il conserve la mémoire des hommes et des femmes d’exception passés par le Moulin. Et comment ne pas évoquer le souvenir de Maurice Pons, l’ami cher parmi les amis, l’auteur des Saisons et de Rosa et dont la nouvelle « Les mistons » fut adaptée au cinéma par François Truffaut. Comment ne pas citer Georges Perec qui écrivit à Andé la célèbre « Disparition », livre entier écrit sans la lettre E. Un exploit oulipien dont Suzon conserve la manuscrit en un lieu sécurisé.

Suzanne Lipinska, commandeur des Arts et des lettres, fut faite chevalier de la Légion d’honneur à la fin du siècle dernier. Roselyne Bachelot l’a récemment informée de sa promotion au grade d’officier dans l’ordre le plus prestigieux ce qui rend ses immenses mérites encore plus grands. Je ne doute pas que fidèle à l’histoire et à l'esprit du Moulin, Suzon organisera une fête inoubliable quand la triste pandémie aura été vaincue.

 

 

3 mars 2021

La convention citoyenne pour le climat méritait mieux que sa transformation en comité Théodule

Les 150 membres de la convention citoyenne pour le climat ont noté le gouvernement après qu’il a proposé au Parlement un projet de loi reprenant (ou pas) les propositions des participants. Les notes se situent toutes en dessous de la moyenne. Et de loin. Je ne suis pas surpris par le résultat. Mettons-nous à la place des 150 personnes, toutes volontaires et toutes tirées au sort ( ?) qui ont potassé pendant 18 mois sur les questions climatiques et sur les propositions destinées à limiter l’effet de serre et le réchauffement en cours. Elles ont toutes cru que les attentes du président de la République et des gouvernants pourraient être satisfaites et, surtout, elles ont cru que leurs propositions seraient mises en loi au Parlement. Même imparfaitement.

 

Ah, sacrée démocratie participative. J’ai eu dans des temps anciens l’avantage de participer à l’aventure du Comité d’Action de Gauche qui se faisait fort d’associer les citoyens aux décisions qui les concernent. J’y ai participé avec sincérité, disponibilité et bénévolat. J’ai constaté que les vœux de la population se heurtaient aux réalités juridiques, administratives et financières quand bien même le politique voulait les concrétiser. Les règles du jeu étaient pourtant claires : les commissions ouvertes à tous et toutes proposent et les élus disposent. Et c’est là que le bât blesse. Car les citoyens, si vous leur donnez du pouvoir, ils veulent l’exercer. Ils veulent du concret. Ils attendent des élus un décalque des propositions venues de la base comme on dit en langage militant. Et l’attente ne peut être que déçue. Les élu(e)s, pour de bonnes ou de mauvaises raisons, font des choix répondant aux programmes approuvés par les citoyens et adoptent des textes conformes à leur politique puisque c’est d’ailleurs pour cela qu’ils sont là où ils ou elles sont.

 

Idem avec la convention citoyenne pour le climat. Les participant(e)s ont joué le jeu. Des hommes et des femmes de tous les milieux sociaux ont phosphoré et échangé dans des conditions exceptionnelles s’agissant de leur liberté de pensée et de l’originalité de leurs réflexions. Mais le dur mur de la réalité politique les a rattrapés et le résultat ne pouvait être que décevant. Barbara Pompili, la ministre chargé de l’environnement, est la première à reconnaître la qualité du travail fourni. Elkle a déclaré que si la loi climat en préparation ne reprend pas l’intégralité des conclusions de la convention, elles seront pour partie glissées ici et là. Mme Pompili est tout de même celle qui a dû manger son chapeau et accepter que les néonicotinoïdes sortent de l’interdiction où on les croyait cantonnés. C’est un bien mauvais signal envoyé aux abeilles et aux protecteurs de la nature. Faut-il pour autant abandonner la pratique démocratique directe ? Faut-il pour autant ignorer la confiance que placent en elle les citoyens les plus engagés ? Sans doute pas. Au final la convention citoyenne pour le climat méritait mieux que sa transformation en comité Théodule. Cela risque bien de refroidir les ardeurs futures.

2 mars 2021

Végétaliser ! Le nouvel impératif catégorique de l'Agglomération Seine-Eure

« Soyons pragmatiques. Si l’Agglomération Seine-Eure n’a pas mieux à faire que de lancer une consultation citoyenne sur deux petits mois par l’aider à compléter une carte collaborative des espaces à végétaliser dans le cadre de son étude stratégique « végétalisations et agriculture urbaine » laissons son personnel et les consultants de l’opération faire leur métier. La végétalisation doit s’inscrire dans l'urbanisme défini par un projet politique de développement sur un long terme. Ce nouvel impératif catégorique ne doit pas être pas un pansement.


En haut lieu, on s’aperçoit aujourd’hui que la place de la halle manque de végétalisation mais n’est ce pas quand M. François-Xavier Priollaud  a remodelé cette place qu’il fallait s’en préoccuper ? Il n’y eut pas de concertation citoyenne alors. Le mot d’ordre était de réaliser « un aménagement rapide et pas cher ». Sans aucune réflexion globale au préalable sur les effets de la circulation en centre ville, sans aucune perspective au-delà du plafond bas. Imaginer un système de toiture avec biotope aurait eu de multiples bienfaits pour l’air urbain, la biodiversité… sans compter une vue plus agréable pour les habitants des immeubles qui entourent la halle.

Que dire de l’aménagement minéral de la place Thorel qui va à contre sens des mesures à prendre pour réduire le réchauffement climatique. Ce ne sont pas les quelques arbres plantés sans perspective de leur développement qui en annuleront l’effet. L’aménagement des ronds points du Becquet n’est surtout pas à prendre comme antidote. Quelle débauche de moyens — même s’ils ont été financés par la SAPN — pour un résultat d’une tristesse d’un perpétuel 11 novembre. La consigne  devait être là : pas ou peu d’entretien. Pourquoi ne pas avoir semé tout simplement des ronds points d’herbes champêtres pour casser la verticalité déjà si présente avec les lampadaires…

Enfin, avant de parler de la rénovation des cours de récréation des écoles « très en vogue à Paris » Ici à Louviers, il faudrait commencer par la rénovation des écoles elles-mêmes qui sont dans un état déplorable. Les projecteurs vont être braqués sur la nouvelle école Jules Ferry mais n’oublions pas les autres ! On espère que la cour de récréation de cette nouvelle école est déjà pensée comme « une oasis » !  »
 

  • Patricia Houel-Deschamps

Après la condamnation de Nicolas Sarkozy, la meute veut la peau du parquet national financier

A écouter les commentateurs de la vie politique et judiciaire, le jugement condamnant Nicolas Sarkozy, Thierry Herzog et le magistrat Alibert à trois ans de prison dont un ferme, est d’une sévérité inadmissible et bien la preuve que la justice est instrumentalisée. Comme ils ne reculent devant aucune énormité (Ivan Rioufol du Figaro est une vraie caricature) ils considèrent que ce qu’on reproche à Sarkozy et consorts relève de l’anecdote et du procès…d’intention. La faute à qui ? Au parquet national financier bien sûr ! Et les bons apôtres de nous vendre et revendre la nécessité de dissoudre le parquet national financier et ses procureurs à la petite semaine qui jettent aux orties un ancien président appelé à l’être à nouveau…Sauf que les juges du siège ne sont pas à la botte du gouvernement et encore moins à celle de M. Dupont-Moretti, ministre de la justice et ancien avocat dont on a retracé les fadettes dans un temps antérieur. Les trois juges du tribunal de Paris ont décidé en conscience de sanctionner l’homme qui a été le garant de l’indépendance de la justice sur laquelle il s’est assis brillamment avec la complicité de deux assistants.

 

Le PNF a été créé pour faire suite à l’affaire Cahuzac. L’ancien ministre a été condamné et il a payé (notamment pécuniairement) pour ses fautes. Depuis le PNF a épinglé des gens de gauche et de droite et notamment François Fillon que M. Rioufol absout a priori puisqu’on lui reprocherait simplement d’avoir accepté un costume en cadeau ! Pauvre Pénélope, un éminent journaliste du Figaro, sexiste ordinaire, ne pense même pas à la citer elle qui a bénéficié d’un emploi fictif à l’Assemblée quand son mari rêvait de l’Elysée. Les Fillon ont exploité…le filon des assistants parlementaires familiaux et ils n’ont d’ailleurs pas été les seuls à en bénéficier. Depuis, les règles ont été changées car elles choquaient légitimement les citoyens.

 

Revenons à Nicolas Sarkozy. Ses avocats ont fait appel par conséquent il demeure présumé innocent. Quant au parquet national financier, s’il ne tenait qu’à Monsieur Eric Zemour il serait rayé de la carte judiciaire en deux temps trois mouvements. Il fallait l’entendre palabrer hier soir sur Cnews, une chaine info qui a choisi une ligne éditoriale très  à droite, très anti-gauche, très anti ce qui ne plait pas à M. Zemour dont les démêlées judiciaires sont pléthore. Ceci expliquant cela. Il se dit que cet admirateur des dirigeants populistes aurait des velléités de candidature à la présidentielle de 2022. Outre qu’il gênerait celle de Marine Le Pen, il pourrait bien constater que le pouvoir des mots n’est pas celui des urnes. Eric Zemour ne remplit pas toutes les cases justifiant qu’il se lançât dans cette course. Il a du bagout, c’est un fait, mais le contenu de sa pensée est étroit et répétitif. Plaider contre les procureurs quand on en est un soi-même à la télé chaque soir en compagnie d’une claque silencieuse et patiente ne manquerait pas de sel.