6 novembre 2020

« Les cons ça ose tout c’est même à ça qu’on les reconnaît. » Michel Audiard

 « J'ai divisé la société en deux catégories : mes amis ou mes cons à moi et les cons des autres que je ne supporte pas. Les cons ça ose tout c’est même à ça qu’on les reconnaît. » Plutôt que de traiter Donald Trump de « tortue obèse qui se débat carapace renversée face au soleil » (comme l’a déclaré un journaliste d’une chaine d’info aux Etats-Unis) je préfère la férocité et l’humour d’un Michel Audiard…dans  « les Tontons flingueurs. »

Car enfin, voir  et entendre un président des Etats-Unis, la plus grande puissance mondiale, financière, militaire, économique (polluante aussi après la Chine) qui ment, ment encore, ment toujours, dans une conférence de presse totalement surréaliste ne manque pas de surprendre. Au point que les directions de plusieurs chaines de télévision ont décidé, cette nuit,  de couper le son et l’image alors que Trump tenait le micro pour demander qu’on arrête le dépouillement dans plusieurs états tels que la Géorgie ou la Pennsylvanie deux états qu’il va vraisemblablement perdre dans les heures qui viennent.

Il s’est trouvé près de 70 millions d’Américains (Joe Biden en a quatre à cinq millions de plus quand même) pour donner leur voix à cet énergumène, bateleur de télé redoutable, qui a malmené sa fonction pendant quatre ans, nui aux institutions de ce grand pays, fait preuve d’une ignorance crasse à maintes reprises et qui a bien failli conserver son siège de président comme dans une mauvaise série qu’affectionnent tant les amateurs de coups tordus et de bras cassés. Mais il arrive que les voyous perdent dans la vraie vie et pas seulement dans les téléfilms. Trump l’animateur de  «the apprentice » s’est fait connaître des Américains et du monde entier pour sa fameuse phrase « you’re fired » (1) Il se trouve — si les résultats à venir se confirment — que Joe Biden « l’endormi » pourra lui balancer à la première occasion « Donald, tu es viré ». Le 20 janvier, quand Joe Biden jurera sur la Bible (la laïcité n’existe pas aux USA) il pourra regarder Trump (s’il est là) dans les yeux et sourire au destin.

Marine Le Pen qui soutenait Donald Trump a perdu, elle aussi, une belle occasion de se taire. La victoire annoncée de Joe Biden va porter un coup d’arrêt à tous les dictateurs, les tenants des thèses dites « illibérales » ces supporteurs des vérités alternatives et des phrases toutes faites. Finalement, l’élection américaine, en penchant du bon côté, nous donne une leçon de démocratie même si leur système (très ancien) nous paraît bien compliqué et surtout très bizarre, nous qui sommes habitués à « un homme ou femme, une voix. »

(1) « Vous êtes viré »

3 novembre 2020

Report de conférences à la SED

La SED (Sociétés d'études diverses de Louviers) avait prévu ce mois-ci deux conférences. Le samedi 14 novembre, à 16 heures, elle devait accueillir Gérard Gengembre, professeur émérite à l’Université de Caen, pour aborder un aspect de l’œuvre de Maurice Leblanc et de Georges Simenon : « La Normandie d’Arsène Lupin et de Maigret ». D’autre part, le jeudi 19 novembre, à 18 heures, l’Université populaire avait reprogrammé la conférence de Claude Cornu, initialement prévue le 19 mars et annulée en raison du confinement. Il devait évoquer la personnalité et l’œuvre de la première épouse de Pierre Mendès France, qui se consacrait avec talent à la peinture : « Lily Mendès France, peintre méconnue ». Le reconfinement en vigueur jusqu’au 1er décembre oblige à reporter en 2021 ces deux manifestations. La SED espére toutefois qu’une amélioration de la situation sanitaire permettra dès le mois prochain le retour à une vie normale. Si tel est le cas, elle pourrait maintenir, le samedi 12 décembre, la conférence d’Éric Roussel, historien et membre de l’Institut : « Printemps 1940 : de Gaulle entre dans l’Histoire ». Nous ne manquerons pas de vous en informer le moment venu.

2 novembre 2020

Le fonds d'archives consacré à la démocratie participative consultable depuis aujourd'hui

Les Lovériens apprendront sans surprise que, depuis aujourd’hui, mon fonds d’archives donné à la ville de Louviers en 2018 est accessible sur Internet grâce aux liens indiqués en bas de page. Ce fonds a été constitué à la fois dans le cadre de mon travail de journaliste à La Dépêche et de mon engagement militant auprès du Dr Ernest Martin, d’abord et Henri Fromentin ensuite, deux hommes exceptionnels aux qualités très différentes mais tellement complémentaires. Ce fonds comprend également divers articles de presse et éléments documentaires consacrés à Pierre Mendès France, un homme que j’ai toujours admiré pour son courage politique, son éthique et la haute qualité de ses idées et propositions. 

 

Je dois rendre hommage, tout d’abord, au remarquable travail de Vanina Gasly, archiviste en chef du pôle archives de l’agglomération qui, pendant plusieurs mois, a pris connaissance des documents, les a classés, répertoriés pour que leur consultation publique soit possible dans les meilleures conditions. J’imagine qu’elle a été assistée par ses collaborateurs(trices) à qui je manifeste une reconnaissance sincère.

 

Je dois, également, profiter de l’occasion pour remercier Hélène Hatzfeld (1). Cette belle personne est à l’origine de ce don. Amenée à consulter des documents épars pour l’écriture de son livre (en plus des rencontres avec des témoins encore vivants), elle m’a encouragé à fouiller dans mon grenier pour redonner vie à des délibérations, jugements, articles de presse, affiches, journaux militants ou journaux d’informations générales, évoquant « l’aventure » lovérienne et son expérience de démocratie directe et participative pour la période 1965-1983…tantôt au pouvoir, tantôt dans l'opposition.


 

Le pôle archives de l’agglomération Seine-Eure met donc, dès maintenant, à disposition des chercheurs, des historiens, des citoyens, un fonds qui eut pu disparaître sans la vigilance d’observateurs avertis. Je souhaite, enfin, que toutes les personnes disposant de documents patiemment collectés et conservés s’interrogent sur leur devenir. Le pôle archives se tient à leur disposition pour évoquer avec elles la possibilité d’écrire des histoires qui, souvent, font la grande Histoire.

 

-          Lien direct vers l’inventaire : https://www.agglo-seine-eure.fr/wp-content/uploads/2020/11/AggloSeineEure_Archives_Inventaire_JChouel_5S.pdf

-          Lien vers la page où sont proposés tous les inventaires du Pôle archives : https://www.agglo-seine-eure.fr/pole-archives%e2%80%af/moyen-age-jours-gouts/ (descendre dans la page jusqu’à « archives privées »

 

(1) Hélène Hatzfeld, « La politique à la ville, inventions citoyennes à Louviers » (1965-1983) Presses universitaires de Rennes avec le soutien de l'Institut Mendès France et de la Fondation Jean Jaurès.

 

Deux instituteurs de l'école laïque et républicaine ont forgé mon éducation intellectuelle

Ce matin, tous les élèves des écoles, collèges et lycées de France ont respecté une minute de silence en mémoire de Samuel Paty, ce professeur d’histoire et géographie décapité par un islamiste radical Tchetchène domicilié à Evreux. Jean Castex, le Premier ministre et Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Education nationale, étaient présents dans le collège de Conflans-Sainte-Honorine où M. Paty enseignait. Ce fut aussi l’occasion d’écouter la lecture d’un texte écrit par Jean Jaurès adressé à la jeunesse française dans le but de promouvoir un enseignement des fondamentaux et une éducation morale et civique. « Faire nation » pourrait résumer ce beau texte.

 

Serge Bove

Cette journée est pour moi l’occasion de saluer deux instituteurs aujourd’hui disparus qui ont marqué ma jeunesse à l’école Jules Ferry de Louviers. Je veux parler de Jean Fermanel et Serge Bove. L’un et l’autre exerçaient leur métier avec passion. L’un et l’autre veillaient à nous ouvrir au monde. On apprenait par cœur des poèmes, on écoutait Pierre et le loup, on assistait à des séances de cinéma dans la salle des colonnes de la cour de la mairie, sans oublier les dictées, les exercices de calcul, les commentaires de textes savamment corrigés et souvent préparés à la ronéo. Ils étaient savants, c’est un fait, mais surtout, ils étaient heureux de partager leur savoir et de forger des têtes bien faites plutôt que bien pleines.

Ces deux maîtres de l’école laïque et républicaine m’ont donné toutes les bases nécessaires à une culture générale indispensable dans le métier que je souhaitais exercer un jour : journaliste. Bien sûr, dans les années 1953-1957, Internet n’existait pas. La télévision n’avait pas encore connu le boum des années soixante et soixante-dix. Les réseaux sociaux n’étaient que le réseau de mes copains et de mes amies du quartier dit des Amoureux où d’autres apprentissages se développaient : courir les bois, chercher des vipères, pêcher des grenouilles, cueillir du muguet, se cacher dans les rhododendrons, manger des pommes pas mures. Le bois de Saint-Lubin, la porte au père, la mare même, nous étaient aussi familiers que les jardins de notre domicile.

Jamais, ô grand jamais, on n’aurait pu imaginer qu’un enseignant de cette école républicaine méritocratique enfant des Lumières pourrait mourir un jour sous les coups d’un ignorant fanatisé. Les temps changent, donc, mais le rôle des enseignant(e)s est toujours aussi fondamental. Apprendre à lire, à calculer, à connaître les mots, à faire des phrases…bien évidemment permet de classer ses pensées et de maîtriser les concepts abstraits. Mais aussi de forger un caractère, une personnalité pour vous accompagner durant toute la vie. Je dis encore merci à ces deux maîtres de ma jeunesse.