23 janvier 2010

Merci à la Société d'études diverses

Merci aux nombreux auditeurs présents dans la salle Pierre Mendès France, ce samedi, pour écouter la conférence que j'ai consacrée dans le cadre des activités de la Société d'études diverses à des rencontres avec quelques personnalités remarquables. Merci à Claude Cornu et Bernard Bodinier (et Jean-Pierre Binay) de m'avoir invité à narrer quelques uns des plus belles pages de ma vie professionnelle et personnelle.
Les personnes qui souhaitent lire le texte de cette conférence pourront le consulter sur le site de la SED dès qu'il aura été mis en ligne.

A quand la bourde de Bruno Le Maire ?

Les ministres candidats aux élections régionales prennent des risques. Des risques politiques, d'abord, en cas de défaite. Des risques pour leur crédibilité ensuite quand ils ne connaissent pas (ou qu'ils les connaissent mal) les dossiers. En Ile-de-France et à Paris, Valérie Pécresse, tête de liste UMP a fait des transports en commun son cheval de bataille préféré contre la majorité sortante PS-PC-Verts.

Elle devait être aidée par Chantal Jouanno, la secrétaire d'Etat de Jean-Louis Borloo, revenu de Copenhague avec un gros échec dans ses bagages. Or, Chantal, que nous connaissons bien dans l'Eure, sur laquelle Nicolas Sarkozy a fondé de gros espoirs, vient de dilapider en une interview à 20 minutes, une partie du capital lentement acquis.

Parmi ses propositions : l'automatisation des certaines lignes de métro (la 14 notamment) la 1 aussi…qui le sont déjà ou en passe de l'être ! Comment peut-on faire une bourde pareille ? Il est évident que Chantal Jouanno circule en limousine et que du métro, elle ne connaît rien. Il est clair, aussi, que ses conseillers ont oublié de la renseigner et pour un ministre, cela fait très amateur.

Nous qui sommes dans l'opposition savons que toutes nos critiques et nos propositions doivent être argumentées. C'est pourquoi nous avançons à pas comptés car c'est le prix du sérieux et du respect manifesté pour les électeurs. Sans conseillers, sans directeur de cabinet et sans personnel, les oppositions doivent conjuguer des connaissances techniques et financières et mener un combat a priori inégalitaire. C'est pourtant dans ce combat que se forgent les futures majorités. Chantal Jouanno me semble bien mal partie. A quand la bourde de Bruno Le Maire ?

22 janvier 2010

« La démocratie c'est faire ce que dit le chef, un raisonnement manichéen »

Allez Louviers est le journal municipal. Il est financé sur le budget communication de la ville et, ainsi, payé par tous les Lovériens qu'ils soient de droite, du centre ou de gauche. Conformément à la loi, un espace est réservé aux groupes de la majorité et de l'opposition pour que les élus puissent s'exprimer librement sur les sujets de leur choix.

Les autres pages, autrement dit 95 % de l'espace, sont consacrées à des informations utiles, d'autres au calendrier des activités et festivités, d'autres encore à la gloire et à la promotion du maire. Depuis quelques numéros, le premier magistrat de la commune lovérienne ne se retient plus. Il polémique, agresse ses oppositions municipales et ceux considérés comme tels. D'ailleurs, au sein même de son parti, il en est qui la trouve saumâtre.

Louis-Marie Martin, membre du PRG, écrit sur son blog : « Oui mes amis je suis avec vous. Michel Champredon a pourtant reçu UN soutien venu de Louviers en la personne de Franck MARTIN. Il est vrai qu'il est coutumier du fait, en 2007, avant les municipales, il avait soutenu Rive Gauche sans consulter les militants radicaux ni au niveau départemental ni les ébroïciens. Ainsi la Démocratie selon Franck MARTIN, c'est faire ce que dit le chef même lorsque l'on est pas d'accord. Son raisonnement est très manichéen, on est dans la majorité ou dans l'opposition. »

Quand un socialiste, de Louviers ou de Val-de-Reuil, met en cause le président départemental du PRG, s'est suspect. Quand un adhérent du PRG le fait, c'est plus crédible mais cela va dans le même sens. Le chef dit, les autres exécutent.

Il en va de même au sein du conseil municipal ou de la vie associative : ou tu es avec moi ou tu es contre moi. Il serait temps, lui qui en appelle à une démocratie moderne et vivante, que le maire de Louviers cesse de voir la vie et la ville du haut de son seul balcon. Ou du haut de celui de Véolia. M. Proglio avait besoin d'un avocat pour plaider la cause de sa double casquette et de sa double paie. Le (bientôt) re-cumulard Lovérien aurait dû consacrer un encadré (sur six pages et demi de pub ou de rédactionnel ?) du dernier «Allez Louviers» à la dramatique situation de l'homme aux deux millions d'euros…On aurait ainsi mieux compris comment Proglio pouvait se permettre d'exiger 450 000 euros sans travailler !

Les déplacements furtifs du candidat-ministre ignorent les usages républicains


Marc-Antoine Jamet nous adresse ce communiqué :
« Après y avoir enregistré, quasi secrètement, voici dix-huit mois, un publi-reportage de TF1 où il disait sauver une PME rolivaloise qu’il laissa -comme à son habitude- choir le lendemain, M. Bruno Le Maire vient de demander à son cortège de limousines, ses chauffeurs et collaborateurs, ses quatre policiers de faire aujourd’hui une seconde étape clandestine dans la 4ème ville de l’Eure, au Centre de Formations des Apprentis de Val-de-Reuil.

Soit le candidat ministre, bien qu’il semble utiliser les moyens que les contribuables mettent à la disposition de l’État (pour lui permettre, par exemple, de ruiner les éleveurs et les producteurs de lait Haut-Normands), est en campagne et alors il n’a rien à faire, sept semaines avant le scrutin, dans un établissement public de formations
vis-à-vis duquel Alain Le Vern, Président du Conseil régional, a toujours fait preuve d’une neutralité politique qu’il a encore démontré voici 24 heures en inaugurant le self ouvert aux 1700 élèves sans prononcer un mot sur les futures élections.

Soit le ministre candidat agit officiellement et un minimum de connaissances des usages républicains aurait du l’amener à informer la Région, qui gère et finance l’établissement, de son saut de puce et avertir le maire de la commune, voire le député de la circonscription, François Loncle, qui l’auraient fort civilement reçu, de ce début de week-end furtivement passé chez nous.

Dans les deux cas, cette désinvolture ne peut être involontaire de la part d’un ancien diplomate successivement collaborateur de M. de Villepin et rallié au gouvernement de M. Sarkozy. Elle témoigne, à la fois, du retour des candidats officiels tels qu’ils avaient disparu à la fin du second empire, arpentant nos territoires gyrophares et sirènes au vent, du mépris pour les communes et les maires qui fait écho à la réforme destruction des collectivités locales, d’un profond désintérêt pour les habitants et leurs difficultés, notamment les pertes d’emplois Chez M’Real et Bosch.

Du chef de file de la droite locale on espérait un peu plus de hauteur, pour la Haute-Normandie un peu plus de respect, pour les usages républicains un peu moins de dédain.»

21 janvier 2010

Quel Im(p)roglio que le salaire du patron d'EDF-Véolia

Mme Lagarde, ministre de l'Economie, n'en menait pas large lors des questions d'actualité posées par les députés, mercredi. Interpellée par un député socialiste sur le montant du salaire exigé par Henri Proglio patron d'EDF et président du conseil d'administration de Véolia, Mme Lagarde s'est emmêlé les crayons. Elle a confondu salaires et indemnité et oublié les promesses qu'elle avait faites aux parlementaires en Novembre dernier. N'avait-elle pas affirmé que M. Proglio ne cumulerait pas ses revenus publics et privés ?

M. Proglio va toucher 2 millions d'euros par an. Une paille. Alors que le débat sur l'allongement du nombre d'années nécessaire pour toucher sa retraite à taux plein va faire rage, on devrait plutôt se poser la question des recettes et taper au portefeuille. Taxons tous les bonus, toutes les stocks options, tous les revenus du capital et supprimons certaines niches fiscales totalement injustifiées.

Jacques Delors, Martine Aubry : tel père, telle fille…par Reynald Harlaut


Les habitués de mon blog savent combien Reynald Harlaut et moi sommes complices. Nous sommes d'accord à 95 %. Mais il arrive (rarement) que certains passages ou certaines expressions des textes qu'il souhaite publier n'entrainent pas mon adhésion. Il s'agit là, sans doute, des 5% restants. Dois-je, pour autant, l'empêcher d'exprimer son opinion ? Certainement pas. Je publie donc le texte qu'il m'a adressé ce matin après la prise de position de Martine Aubry sur l'avenir des retraites en France. Il mérite une lecture attentive.

« L’an passé, à quelques jours des élections européennes, Jacques Delors lançait un appel pour une Europe sociale. Dimanche, Martine Aubry, Premier secrétaire du Parti socialiste déclarait à propos de l’âge de la retraite : « Je pense qu'on doit aller, qu'on va aller très certainement vers 61 ou 62 ans.» Il y a quelques jours elle mettait à l’actif de son bilan au Gouvernement de Lionel Jospin, la réconciliation des Français avec l’entreprise.

Quel rapport entre tout cela me direz-vous ? Nous allons y venir. Mais soyons-en convaincus, si l’on veut un jour que les Français placent à nouveau leurs espoirs dans la Gauche, il nous faut d’abord balayer devant notre porte. Et il est désormais temps de tordre le cou à un certain nombre de mythes de gauche. Le mythe de Jacques Delors socialiste est de ceux-là.

Car cette Europe néolibérale obsédée par la libre concurrence et qui, en dépit de la crise, n’a rien changé à ses projets, c’est celle-là même qu’a largement contribué en mettre en place Jacques Delors. Il fut avant tout, ainsi que le démontrait François Ruffin dans son article, « l‘homme des firmes » . Et Jacques Delors ne s’en cachait pas il y a encore peu de temps ; il s’en vantait, même. Il se déclarait très fier d’avoir pendant son passage à la présidence de la Commission (1985-1994) contribué à bâtir l’Europe main dans la main avec les grands patrons (Total, Nestlé, Renault, Siemens, etc.). Socialiste, du moins continue t-il de se définir comme tel, il aurait pu vouloir faire l’Europe avec les peuples, avec les syndicats. Mais non, c’était tellement plus aisé et dans la continuité du traité de Rome, d’œuvrer avec le patronat. Et pour comprendre pourquoi il se comporta ainsi, il est utile de remonter le temps.

Jacques Delors, est-il nécessaire de le rappeler, fit ses premières armes en politique dans les bagages de Jacques Chaban-Delmas – pas vraiment un gauchiste –, dont il fut la caution progressiste grâce à son passé de militant syndical à la Confédération française des travailleurs chrétiens (CFTC). Premier ministre d’un gouvernement qui voulait instaurer, juste après 1968, une « nouvelle société », et en dépit de ses modestes ambitions, Chaban-Delmas parut beaucoup trop à gauche au président Pompidou qui le contraint à démissionner… Jacques Delors devint ensuite membre du Conseil de la Banque de France – un repaire de dangereux gauchistes – et intégra assez tardivement le Parti socialiste dont il présida la commission économique de 1979 à 1981. Et c’est donc logiquement qu’il entra dans les gouvernements de Pierre Mauroy puis de Laurent Fabius de 1981 à 1984 comme ministre de l’Économie et des Finances. Ainsi éclairés, on comprend mieux à présent pourquoi la nationalisation des banques intervenue dès 1981 ne fut pas vraiment sa tasse de thé et sa participation active au « virage » de 1983, c’est-à-dire à l’enterrement du Programme commun sur lequel fut élu François Mitterrand.

Rien qu’en France ce sont 200 milliards d’euros par an qui passent de la poche des salariés à celle des actionnaires.

Revenons en 1985. Je cite à nouveau François Ruffin. « Pour bâtir, dans le consensus, l’Europe libérale, Jacques Delors était l’homme rêvé. De “socialiste”, il portait le nom. Assez pour que la gauche, de France et d’ailleurs, s’illusionne sur un habillage “social” du projet. » Et de fait, à peine eut-il pris la présidence de la Commission à Bruxelles en 1985, qu’il négocia fort habilement et imposa aux gouvernements des pays membres de la Communauté européenne, à la grande satisfaction du patronat qui n’en demandait pas tant et dans le silence assourdissant des syndicats, la suppression de l’indexation des salaires sur les prix. C’était là le prix à payer pour une politique monétariste et pour la lutte contre l’inflation, catéchisme des banquiers. Ce fut le point de départ historique de la régression de la part des salaires dans le produit intérieur brut (PIB) qui, rappelons-le, ont perdu en vingt cinq ans plus de 11 % au regard de ce qu’ils représentaient dans les richesses créées. Rien qu’en France ce sont 200 milliards d’euros par an qui passent annuellement de la poche des salariés à celle des actionnaires, si l’on se réfère à l’équilibre du marché du travail tel qu’il était en 1982 . Grande et belle mesure sociale, n’est-ce pas ? Et l’on s’étonnera ensuite qu’il n’y aura bientôt plus assez d’argent pour payer les retraites.

En ces temps-là, l’Europe ne pouvait se construire que sur le credo libéral : d’un côté : la rigueur pour les salariés avec la modération salariale, le gel du SMIC et, comme nous venons de le voir, la désindexation des salaires sur les prix ; de l’autre : la liberté pour les entreprises : libre circulation des capitaux et des marchandises leur permettant déjà à l’époque d’externaliser hors d’Europe leurs productions et de rapatrier les profits. Rappelons-nous, parmi les premières délocalisations – le terme n’existait même pas encore –, la fermeture des ateliers chez Labelle et leur transfert au Maroc. Tout cela au nom de la compétitivité sans laquelle les entreprises ne pouvaient créer de la richesse, investir et nous disait-on, créer de l’emploi…

Qu’aujourd’hui, Martine Aubry, sa fille qui a été à bonne école, tende à Nicolas Sarkozy des perches qu’il n’eut même pas osé imaginer dans ses rêves les plus fous, quoi de surprenant à cela ? Jacques Delors versait il y a peu des larmes de crocodile sur le sort des peuples européens dans la tourmente libérale et promettait pour plus tard, quand tout irait mieux, l’Europe sociale qu’il annonçait déjà il y a vingt cinq ans. Avec cette déclaration, Martine Aubry n’est pas en reste et se montre en cela la digne fille de son père. Alors, non merci Monsieur Delors et Madame Aubry, on a déjà donné ! »

Reynald Harlaut
Parti de Gauche

20 janvier 2010

« Un village d’irréductibles varois reprend la gestion de son eau »

Tel est le titre d’un article de Corinne Letellier dans Siné Hebdo n°72 qui sort aujourd’hui mercredi 20 janvier 2010 et que nous retranscrivons intégralement.

« Il s’appelle Michel Partage, un nom prédestiné pour cet élu varois qui a fait de « l’accès à l’eau potable pour tous » son combat au quotidien. En 2001, ce citoyen en colère mène une liste d’opposition au municipales pour que l’eau de son village retourne à une régie communale. Dix ans plus tôt, le maire de Varages avait cédé aux arguments de la SEERC (Société d’équipement et d’entretien des réseaux communaux). Cette filiale de la Lyonnaise des eaux promettait un meilleur service, grâce à son contrat d’affermage (délégation à un privé) de douze ans. Très vite, les villageois s’étaient étranglés en recevant leur facture d’eau du robinet, surchlorée, imbuvable et chère !

Le candidat novice, malgré les rumeurs d’empoisonnement distillées par ses adversaires, remporte les élections et, en 2003, Varages reprend le contrôle de son eau. Décidé alors à « partager » son expérience, le nouvel élu impressionne Danielle Mitterrand, présidente de France Libertés, lorsqu’il prend la parole, à Genève, au Forum mondial de l’eau. Grâce à cette rencontre, une centaine d’élus et de personnalités signeront en octobre 2005 l’Appel de Varages, pour un service public de l’eau en France.

Aujourd’hui, Michel Partage est conseiller général du Var et président d’Eau (Élus, associations, usagers), une association qui s’impose dans les débats publics, en France où « payer sa facture d’eau devient impossible pour certaines familles » et en Europe vec Aqua Publica Europea, un groupement d’opérateurs publics. Invités à témoigner aux forums de Mexico, d’Istanbul et de Nairobi (il a même été contacté par Evo Morales), notre Varageois reste optimiste car, depuis son appel, une trentaine de grandes villes françaises, dont Paris, sont revenues en régie publique. Il note également une évolution des mentalités depuis les municipales de 2008 : « Avant, les élus souhaitant revenir en régie publique devaient se justifier ; aujourd’hui, ce sont ceux qui veulent renouveler le contrat d’affermage qui doivent convaincre ! »

Au-delà même du retour en régie publique de l’eau sur le territoire de l’Agglomération Seine-Eure, que nous réclamons, et en dépit des affirmations mensongères de Franck Martin, son président, sur l’échéance du contrat liant la CASE à Véolia et sur le prétendu meilleur service rendu par cette dernière, notre combat pour un accès à l’eau potable pour tous, en France comme dans le monde, progresse, et c’est une bonne nouvelle. Elles ne sont pas si nombreuses que cela et on ne manquera pas de la souligner.

Reynald Harlaut
Parti de Gauche

La parole d'un ministre c'est peau de balle…

Revenons sur le salaire de M. Proglio. J'avais oublié que le gouvernement, par la voix de Mme Lagarde, ministre de l'économie, s'était engagé devant le Parlement à ce que M. Proglio ne cumule pas les salaires de Véolia et EDF. On voit ce que vaut la parole d'un ministre. C'est peau de balle et balai de crin.

Grosses salaires et grosses dépenses

Lu sur la toile :
« Delphine Dyèvre note dans L’Express que « traquer les dépenses somptuaires de Nicolas Sarkozy est devenu un sport national chez les députés socialistes. » Après l’affaire des sondages de l’Elysée, puis celle de l’avion présidentiel, c’est au tour des dépenses engagées par Nicolas Sarkozy lors de son déplacement à New York pour l’assemblée générale annuelle des Nations unies, en septembre 2009 d’être pointées du doigt.

L’AFP nous apprend en effet que le député PS Hervé Féron a annoncé avoir “interpellé” la Cour des comptes. Le député, en voyage à New York au même moment, s’est vu confier par des sources de l’ambassade et un ami restaurateur, le montant des dépenses de la réception organisée pour les Français de New York, le 23 septembre 2009 (photo).« Le président de la République organise une “garden party” au Manhattan Center Studio pour 4.000 Français installés aux Etats-Unis pour une facture, selon plusieurs sources, de 400.000 euros pour le budget réception, et de 2 millions d’euros en tout », affirme le député, réitérant des critiques faites le 25 septembre, au lendemain de la réception. Lire l’article de Renaud Chenu dans Bakchich à ce sujet.

Le député a demandé, par deux fois, des explications au ministre des Affaires étrangères par une question écrite. Le 29 décembre, « le ministre me fait une non-réponse en ne confirmant ni n’infirmant le montant de 2 millions d’euros » faisant savoir que « les frais afférents à ces réceptions ne relèvent pas » du Quai d’Orsay mais du “budget des services de la présidence de la République », argumente M. Féron.

Dénonçant « l’indécence » de la somme des 2 millions « si elle était confirmée », et jugeant qu’il n’est « pas normal qu’un député ne puisse obtenir une réponse complète quand il pose des questions sur l’utilisation des finances publiques », M. Féron avait interpellé, juste avant son décès, Philippe Seguin, président de la Cour des comptes, « pour demander les informations qui (lui) sont implicitement refusées ».

19 janvier 2010

Que les gros salaires lèvent le doigt

Henri Proglio va toucher 1,6 millions d'euros chez EDF et 450 000 euros chez Véolia. On attendra jusqu'à la fin de l'année le rapport édité par la CASE et qui nous indiquera combien les usagers abonnés à l'eau et à l'assainissement paient pour le salaire de M. Proglio.

En effet, les frais de siège (ou de fauteuil en l'occurrence) sont dispatchés entre le local, le régional, le national et nous serons heureux d'apprendre combien M. Proglio « tire » de ses visites symboliques dans son ancienne entreprise. M. Devedjian, ministre de la relance (?) peut bien assurer que si M. Proglio cumule les salaires et les indemnités c'est parce qu'il cumule les heures de travail. Mon œil !

Deux millions d'euros de salaire pour 320 jours cela fait 6250 euros par jour ! Par jour ! aurait crié Coluche. Quel capitaine d'industrie mérite un salaire pareil ? Sans compter les stock options.
M. Mestrallet, ex-PDG de GDF-Suez touchait un salaire mensuel de 1 016 667 € soit 33 888 euros par jour ! Ça va la vie ? Vive le bouclier fiscal…et merci encore à M. Sarkozy pour sa bienveillance à l'égard des patrons. Surtout les grands.

Les résultats des élections régionales de 2004 en Haute-Normandie et dans l'Eure

Une des rares fois où Hervé Morin a été présent à Rouen. Visiblement il s'ennuie.(photo JCH)

Pour se fixer les idées, il n'est pas inutile de se souvenir des résultats des élections régionales de 2004. Au niveau de la région et dans l'Eure.

Au second tour, en Haute-Normandie, on comptait 1 220 006 inscrits. Il y eut 34,40 % d'abstention soit 800 279 votants pour 774 656 suffrages exprimés.
Ont obtenu : Liste Rufenacht (UMP-NC) 253 480 voix soit 32, 72 % des suffrages, la liste FN, 113 013 voix soit 14, 49 % des suffrages, la liste Le Vern (PS-PC-Verts-PRG) 408 163 voix soit 52,69 % des suffrages. Même dans une triangulaire, la liste de Gauche a obtenu la majorité absolue des voix des électeurs haut-Normands.

Les résultats dans l'Eure au second tour : inscrits, 379 712, abstention, 35,07 % soit 246 548 votants et 237 282 suffrages exprimés.
Ont obtenu : liste Rufenacht,84 226 voix (35,50 %) liste FN, 42 445 voix (17,89 %) et liste Le Vern, 110 611 voix soit 46,62 % des suffrages.

Au premier tour dans l'Eure : sept listes étaient en présence : Ont obtenu : liste Rufenacht (16,10 %) liste FN (19,04 %) liste Ex-Gauche (5,22%) liste Le Vern (32,36 %) liste Morin (20,67 %) liste ex-Droite (1,94 %) et liste Frau (écolo indépendant) 4,66 %.

18 janvier 2010

Un peu de jugeote ne leur ferait pas de mal

Je ne connais pas les détails précis de l'organisation par les radicaux de Gauche du débat avorté sur le port de la Burqa et projeté dans un café de Val-de-Reuil. J'ai lu, comme tout un chacun (sur le blog Voie militante notamment) les observations des uns et des autres et ai apprécié à leur juste valeur les agressions du rédacteur du blog radical à l'intention de Marc Antoine Jamet. (1) Je ne suis pas l'avocat du maire de Val-de-Reuil. Il est assez grand et talentueux pour se défendre tout seul. Il n'empêche : il ne faut pas prendre les enfants du bon Dieu pour des canards sauvages.

Pourquoi le PRG a-t-il décidé de décentraliser le lieu des débats qu'il organise habituellement de Louviers à Val-de-Reuil ? Il y a les raisons officielles et les «arrières-pensées douteuses», expression chère au président départemental du PRG. Le PRG a choisi Val-de-Reuil pour provoquer Marc-Antoine Jamet et parce que cette ville compte de nombreux musulmans.
On sait que l'ex-ville nouvelle est habitée par des Marocains, des Turcs, des Kurdes, des Algériens, des Africains subsahéliens…j'ai distribué des tracts plusieurs fois récemment sur le marché de la ville et j'y ai rencontré de nombreux maghrébins. Comme l'écrit Olivier Taconnet en forme d'aveu : « Les animateurs du café radical avaient été alertés du fait que Val-de-Reuil n'était pas une ville comme les autres. »

Justement. Si Val-de-Reuil n'est pas une ville tout à fait comme les autres, il faut aborder certains sujets avec d'infinies précautions. Je ne légitime aucune censure ou aucune mesure qui serait prise contre la liberté de réunion ou d'expression. Mais le maire de Louviers pourrait se mettre à la place de son collègue rolivalois et s'interroger sur l'opportunité d'un tel débat quand on entend M. Xavier Bertrand (secrétaire général de l'UMP) annoncer qu'il veut légiférer pour empêcher les étrangères qui portent le voile intégral de devenir Françaises ! Daniel Cohn-Bendit pose cette question aujourd'hui : « et celles qui, françaises, portent la Burqa, va-t-on leur ôter la nationalité française ? »

Les débats sur l'identité nationale, sur le port de la Burqa, ne se déroulent pas dans la sérénité. Les militants du Front national montent au créneau, les racistes et les xénophobes s'en donnent à cœur joie. Je sais bien que les quelques PRG de Louviers ne font rien comme les autres mais quand même. Un peu de jugeote ne leur ferait pas de mal.

(1) « On est dans une logique de territoire c'est-à-dire ce qu'il y a de plus hideux en politique et au niveau du débat d'idées »… « Voilà quelque chose de proprement lamentable et de parfaitement incohérent »…

Vous êtes Français ? Prouvez-le !

« Depuis plus de vingt ans, les différents gouvernements infligent un traitement discriminatoire aux Français nés à l’étranger, ou nés en France de parents étrangers ou devenus français par naturalisation.

À l’occasion du renouvellement de ses papiers d’identité, il est maintenant demandé systématiquement à chacun d’entre eux de faire la preuve de sa nationalité française. La situation continue de s’aggraver : d’une pratique qui se cantonnait à la carte d’identité, la délivrance du passeport fait désormais l’objet des mêmes attentions et on en arrive à l’ouverture d’un bureau spécialisé pour ces Français « différents ».
Au-delà de l’avalanche de preuves réclamées, de la difficulté de reconstituer des parcours que l’histoire de la France ou du monde a bouleversés et de la répétition stupide des mêmes demandes à chaque renouvellement, imagine-t-on ce que représente cette mise en cause directe de la personnalité de chacun et le réveil douloureux de souvenirs souvent dramatiques ?

Il y a quelque chose d’intolérable à faire ainsi de millions de Français d’origine les plus diverses des personnes suspectes a priori de fraude, puisque ce sont à elles de prouver leur nationalité et non à l’administration de démontrer une fraude ou une erreur. Cette attitude est d’autant plus vexatoire qu’en vertu de l’article 21-13 du Code Civil, la nationalité de ceux qui ont vécu en tant que Français depuis plus de dix ans ne peut plus être contestée.

Nous dénonçons une logique résultant d’une peur de l’étranger dont il importerait de se prémunir à toute force, y compris en suspectant des millions de Français. Et parce que nous refusons que ces situations se règlent par des passe-droits en faveur de ceux qui ont les moyens de protester contre de telles discriminations, nous exigeons que le gouvernement y mette un terme et rétablisse un traitement normal et égal pour tous de la délivrance des pièces d’identité. »

Signataires :
Michèle ANDRE, vice-présidente du Sénat ; Ariane ASCARIDE, comédienne ; Gérard ASCHIERI, syndicaliste ; Jean-Christophe ATTIAS, directeur d’études à l’EPHE-Sorbonne ; Edouard BAER, comédien ; Jeanne Balibar, comédienne ; Guy Bedos, comédien ; Esther Benbassa, directrice d’études à l’EPHE-Sorbonne ; Jean-Luc BENNHAMIAS, député européen ; Matthieu BONDUELLE, secrétaire général du syndicat de la Magistrature ; Pascal BONIFACE, universitaire ; Nicole BORVO, sénatrice ; Zabou BREITMANN, comédienne ; Annick COUPE, syndicaliste ; Didier DAENINCKX, écrivain ; Jean-Michel DUCOMTE, président de la Ligue de l’Enseignement ; Jean-Pierre DUBOIS, président de la LDH ; Kamel JENDOUBI, président du Réseau euroméditerranéen des droits de l’Homme ; Marie-Pierre DE LA GONTRIE, secrétaire nationale du Parti socialiste à la justice et aux libertés publiques ; Robert GUEDIGUIAN, cinéaste ; Françoise HERITIER, professeure au Collège de France ; Jean-Claude KAUFMANN, directeur de recherche au CNRS ; Christophe HONORE, cinéaste ; Henri LECLERC, président d’honneur de la LDH ; Patrick LOZES, président du CRAN ; Daniel KARLIN, cinéaste ; Marie NDIAYE, écrivaine ; Gilles PERRAULT, écrivain ; Lydie RAPPAPORT, directrice de recherche au CNRS ; Roland RAPPAPORT, avocat au barreau de Paris ; Jean-Marc ROIRANT, secrétaire général de la Ligue de l’Enseignement ; Benjamin STORA, professeur des Universités ; Michel TUBIANA, président d’honneur de la LDH ; Marie-Christine VERGIAT, députée européenne.

L’appel a été publié dans Libération en date d’aujourd’hui : http://www.liberation.fr/societe/0101614261-appel-pour-les-francais-rejetes

17 janvier 2010

Identité nationale : attention aux bavures !


« Nous nous réjouissons que les musulmans soient heureux du match, sauf que quand après ils déferlent à 15.000 ou à 20.000 sur la Canebière, il n'y a que le drapeau algérien et il n'y a pas le drapeau français, cela ne nous plaît pas». Jean-Paul Gaudin, maire de Marseille, a raté une belle occasion de se taire. Alors même qu'il participait à un débat sur l'identité nationale en présence d'Eric Besson, Gaudin s'est lâché. C'est ce que Jean-François Copé appelle « libérer la parole ». Franchement, si libérer la parole veut dire se laisser aller à des propos pour le moins stigmatisants, on se demande par quel miracle cette parole pourrait rassembler et non diviser.

Revenons aux faits eux-mêmes. L'équipe d'Algérie se qualifie pour la phase finale de la coupe du monde de football et des milliers de fils et de filles de parents ou de grand-parents algériens (pas forcément des Musulmans d'ailleurs) manifestent leur joie dans les rues de Marseille ? Et Alors, où est le mal ? Il est normal qu'on fête la victoire d'une équipe dont les joueurs sont issus du pays de vos ancêtres. Comment rester indifférents ? Gaudin regrette qu'il n'y ait pas eu de drapeau français sur la canebière mais l'équipe qui a joué n'était pas l'équipe de France !

Il s'agissait d'émotion, de sentiments, d'affectif. En aucun cas d'une réaction antifrançaise. Les origines, cela existe ! Alors quand dans son discours, Gaudin évoque les 2600 ans de Marseille et l'assimilation des étrangers, il oublie de préciser que cette assimilation n'oblige pas à oublier ses racines, sa culture, son ancien pays au prétexte qu'il faudrait devenir « semblable » aux autochtones.

Ce qui est grave quand on regarde la vidéo et qu'on entend les propos des uns et des autres, c'est le climat de tension qui règne dans les débats. On n'y discute pas dans la sérénité. JF Copé a tort quand il assure qu'il vaut mieux «sortir» ce qu'on a sur le cœur. Ce laisser-aller correspond bien au style du président, souvent brutal, parfois vulgaire, rarement rassembleur. Attention aux bavures.