4 décembre 2020

On ne peut pas à la fois demander la fin du confinement et refuser d'être vacciné

Je l’affirme sans crainte. Dès que l’assurance maladie me fera connaître la date possible de la vaccination contre la COVID19, je me ferai vacciner et cela pour plusieurs raisons évidentes. Depuis des années, je me fais régulièrement vacciner contre la grippe sans aucun effet secondaire ou indésirable. Il est un fait que depuis la vaccination, j’ai échappé au virus. D’autre part, je fais faire régulièrement les rappels antitétaniques notamment dans la mesure où les piqures d’abeilles (que je ne crains pas) et que je collectionne chaque année peuvent dégénérer et s’infecter méchamment.

Alors pourquoi hésiter quand, comme moi, âgé de plus de 65 ans, de sexe masculin, je fais partie des populations à risques augmentés ? J’entends dire beaucoup d’âneries sur les vaccins proposés contre la COVID et s’agissant des vaccins à ARN messager, il est totalement exclu que le vaccin puisse pénétrer dans notre génome et modifier en quoi ce soit notre ADN. La confiance dans la vaccination n’exclut pas la prudence mais je ne vois pas pourquoi l’Agence européenne du médicament et la Haute autorité de santé en France autoriseraient les nouveaux vaccins s’ils étaient un tant soit peu dangereux pour notre santé. Je ne suis pas de ceux qui croient qu’on nous cache tout, que les laboratoires ne pensent qu’au fric et que les politiques sont animés d’idées noires. Je sais bien que Trump nous a habitués aux faits alternatifs et qu’il ment une fois sur deux. Mais quand même. Il a été balayé lors de l’élection américaine et non sans raison. Je n’ignore pas non plus les techniques mises au point par les laboratoires pharmaceutiques, notamment aux Etats-Unis, pour amasser un maximum d’argent. Sanofi annonce un vaccin à 10 euros la dose quand les firmes Pfizer ou Moderna parlent de 30 euros la dose (il en faudra deux pour être couvert). Cela n'enlève rien à la protection vaccinale et son principe, surtout au pays de Pasteur. Et surtout à Louviers Val-de-Reuil où Sanofi Pasteur possède un site de production de vaccins d'importance mondiale. (photo JCH : Jacques Monod prend son repas à la cantine de l'usine Pasteur vaccins)

Alors, si la première phase de vaccination — et c’est bien normal — est réservée aux résidents des EHPAD et au personnel soignant, la seconde devrait démarrer en février-mars 2021.  Nous serons 14 millions à être candidat(e)s à cette vaccination et dans la mesure où plus il y aura de personnes vaccinées plus reculera la pandémie, je suggère que pas un ou une d’entre elles (sauf raisons médicales évidemment) n’échappe à cette protection individuelle et collective.

3 décembre 2020

FX Priollaud : « VGE était un président réformateur et visionnaire »

J’ai été un adversaire politique de Valéry Giscard d’Estaing et je ne vais pas vanter des mérites que ses amis politiques sauront mieux défendre que moi-même. Il aura été le représentant d’une France privilégiée tout en étant un homme de progrès capable de sentir les humeurs d’un pays que mai 68 avait profondément remué. Comme d’autres états dans le monde, la France de cette époque avait besoin de briser des chaines et de se libérer d’un carcan idéologique dépassé. Le général de Gaulle puis Georges Pompidou, appartenaient à des générations de la guerre et de l’immédiat après-guerre. Valéry Giscard d’Estaing apparaissait comme un homme neuf, réformateur, certes, mais tout de même défenseur d’intérêts servis par un système économique injuste. N’avait-il pas été le ministre de gouvernements dont le moins que l’on puisse dire est qu’ils n’étaient pas économiquement progressistes. Les élections législatives de 1978 avaient été un coup de semonce. La droite avait certes, gagné, mais la gauche, notamment socialiste, avait conquis maintes circonscriptions. La défaite de 1981 était inscrite dans cette première alerte.

VGE, fit voter des lois plutôt sociales-démocrates adoptées car soutenues par la gauche : majorité à 18 ans, interruption volontaire de grossesse, divorce par consentement mutuel, engagement européen. Il porta comme un fardeau la défaite du général de Gaulle de 1969 que les Chiraquiens avaient décidé de lui faire payer puisque VGE avait voté non au référendum de 1969. Nul n'ignore que Jacques Chirac le détestait et fit ce qu'il fallait pour assurer sa défaite en 1981. Ce président jeune (48 ans) d’une modernité à la fois hautaine et populaire, aurait pu connaître un autre destin s’il avait su prendre en compte les désirs d’une France au travail minée par les crises économiques (pétrolières notamment) et par son désir d’une répartition plus juste des richesses produites. Son « au revoir » télévisé, ridicule voire pathétique, avait montré les limites de sa compréhension de cette France laborieuse autant que son refus de mettre fin à la peine de mort que François Mitterrand allait courageusement imposer quelques semaines après sa victoire en mai 1981. VGE avait ensuite beaucoup travaillé sur le traité constitutionnel européen rejeté par les Français à 55 %. Sa déception était immense mais comment, en cette fin d’année 2020 en crise sur tous les fronts, sanitaire, économique, social, ne pas saluer la mémoire de cet homme d’état très intelligent aux allures parfois compassées, alors que la Covid 19 a eu raison de sa résistance physique.

Le maire de Louviers, François-Xavier Priollaud, dans le communiqué qu’il nous a transmis, fait part de son admiration et salue l’action d’un « président visionnaire »:

 

« Valéry Giscard d’Estaing aura marqué de son empreinte le destin de la France et de l’Europe. Je veux rendre hommage à son esprit résolument réformateur, à son intelligence hors du commun et à la modernité qu’il a su insuffler pendant un septennat pour transformer durablement notre pays.

Il fait partie du club fermé de ces présidents visionnaires qui ont eu un temps d’avance sur leur époque à travers de grandes réformes sociétales, démocratiques, technologiques, économiques et européennes. Elles ont toutes eu pour point commun d’avoir été des réformes de progrès pour tous, et pas seulement pour « Deux Français sur trois ».

VGE a su incarner comme nul autre la famille centriste qui est devenue grâce à lui une force politique centrale, au cœur des territoires, autour des valeurs libérales et humanistes.  

J’ai mesuré en travaillant à ses côtés lors de la Convention européenne, en 2002-2003, combien Valéry Giscard d’Estaing, attaché à la relation transatlantique et fervent européen, a toujours eu à cœur de promouvoir une Europe politique, souveraine et conquérante.»

2 décembre 2020

Une déclaration de Philippe Brun : « Il s'agissait pour moi de dénoncer les multiples irrégularités…»

Philippe Brun conseiller municipal et conseiller communautaire nous prie d'insérer :

« Le 20 mars 2020, au lendemain du premier tour de l'élection municipale, j'ai pris la responsabilité et le risque politique de déposer devant le tribunal administratif de Rouen une protestation contre l'utilisation excessive par M. Priollaud de l'argent du contribuable pour faire campagne. Il ne s'agissait pas pour moi de faire annuler l'élection, objectif que je savais irréalisable, mais de dénoncer les multiples irrégularités constatées pendant la campagne et qui manifestent un affaiblissement de la morale publique auquel je ne pouvais me résoudre. 

 Les habitants ont en effet vu se multiplier, dans les semaines qui précèdent l'élection, dîners gratuits dans les quartiers, goûters, distributions de livres aux enfants avec la photo du maire, inaugurations d'équipements non terminés ou de travaux non commencés, rubrique "fake news" dans le journal municipal répondant à mes tracts... Autant de manœuvres prohibées tant par le code électoral que la jurisprudence du Conseil d'Etat. Le but, avoué en privé par certains des soutiens de M. Priollaud, était de faire réélire par tous les moyens un maire en mauvaise posture, sanctionné deux ans plus tôt par un score très faible aux élections législatives dans sa propre commune. Cette stratégie a porté ses fruits et a permis à M. Priollaud d'être réélu dans un contexte de participation très faible, avec moins de 19 % des inscrits.

Aujourd'hui, le tribunal administratif de Rouen rejette ma requête, compte tenu de l'écart de voix. Ma haute conception de la justice m'interdit de commenter sur le fond cette décision, dont je ne partage pas l'appréciation. L'objectif de ma requête, c'est à dire de rappeler M. Priollaud au respect des règles du code électoral, est aujourd'hui satisfait. La grande fébrilité qu'il a affichée, en m'insultant publiquement, est la preuve de sa prise de conscience du danger qu'ont fait peser ses actes répréhensibles sur sa carrière politique. Je veux croire qu'il sait désormais avoir face à lui des femmes et des hommes déterminés qui ne laisseront passer aucun mélange des genres.

Nous ne sommes plus le 20 mars 2020. Depuis cette date, le confinement généralisé et la crise sanitaire ont mis à terre notre économie, fait exploser le niveau de chômage et de pauvreté. Notre ville en souffre gravement. Dans ces conditions, je ne ferai pas appel de cette décision et consacrerai l'essentiel de mon temps et de mon énergie aux lovériens en souffrance. »


Election municipale de Louviers : « Les moyens mis en œuvre ne constituent pas une manœuvre »

Je remercie François Xavier Priollaud, maire de Louviers de m’avoir adressé copie du jugement rendu par le tribunal administratif et tendant au rejet de la requête en annulation de l’élection municipale du 15 mars dernier sollicitée par Philippe Brun, l’une des têtes de listes de la gauche lovérienne. Comme je l’ai précisé dans un billet précédent, les juges administratifs n’ont pas considéré que les griefs invoqués par Philippe Brun contre l’élection de la liste Priollaud avaient entâché la régularité d’un scrutin marqué par l’obtention de la majorité absolue des suffrages par la liste de centre-droit (plus de 52 % des suffrages exprimés).

A la lecture des arguments du commissaire rapporteur, il ressort que M. Priollaud n’a pas profité de sa position de maire lors de la campagne électorale qu’il s’agisse de la distribution d’un agenda ou de livres à des scolaires, d’article dans le journal municipal ou encore d’inaugurations jugées admissibles eu égard à la réalisation des équipements. On peut lire : « Au total, dès lors que, compte tenu de l’importance de la commune de Louviers, les moyens mis en œuvre au cours des années précédant le scrutin pour les besoins de sa communication institutionnelle n’apparaissent pas anormalement excessifs, les divers événements analysés pris isolément ou dans leur ensemble, ne constituent ni des procédés prohibés par les dispositions de l’article L. 52-1 du code électoral ni, de façon plus générale, des manœuvres ayant rompu l’égalité entre les candidatures et ayant eu une influence sur le résultat du scrutin. »

De même le tribunal n’a pas considéré que les dépenses occasionnées par la parution du livre d’Ingrid Levavasseur devaient être intégrées au compte de campagne de Philippe Brun. Ce dernier avait enfin invoqué la forte abstention (plus de 60 %) des électeurs (trices) de Louviers provoquée par l’annonce du confinement. Le tribunal considère que le taux d’abstention ne résulte pas d’une manœuvre et qu’on ne peut par conséquent en rendre responsable le maire de Louviers.

 

La guerre de l'eau ne fait que commencer

J’ai regardé et écouté avec attention et un certain effarement, je dois le reconnaître, le film de Jérôme Fritel et intitulé « Main basse sur l’eau », diffusé mardi soir sur Arte. Les sécheresses et incendies australiens servent de fil conducteur introductif à un documentaire destiné à dénoncer la marchandisation de l’eau qui devient l’objet des fonds « vautours ». Le changement climatique et l’appétit des banquiers nous annoncent des lendemains très difficiles. En Australie, la catastrophe a lieu dès aujourd’hui. Il faut entendre ces fermiers, éleveurs laitiers, pieds et poings liés soumis aux volontés de ces fonds d’investissements qui leur vendent de l’eau à coup de millions de litres et de millions de dollars. Il faut entendre ce banquier trop heureux de souligner que son objectif n’est pas de satisfaire les consommateurs mais « de créer de la richesse pour ses actionnaires. » Pour les traders australiens, l’eau n’est rien d’autre qu’une marchandise. Point barre. Elle doit être soumis à la loi de l’offre et de la demande. Que certains en manquent ou ne puissent pas la payer, c’est la loi du marché dans toute son immoralité et toute sa barbarie. Pas une larme à verser. Que de l’argent à se faire.

 

Les fermiers interrogés ne comprennent pas le marché de l’eau. Ils ne comprennent pas que cette eau tombée du ciel soit devenue un produit financier et non de consommation. Car l’eau peut être un vrai filon. Comme tout ce qui devient rare, l’eau s’est transformée en arme spéculative : « Les rendements atteignent 25 % ! » Et au fil du documentaire, on devine que l’Amérique est sur le point de succomber, que la Californie elle aussi, va bientôt manquer d’eau et que la guerre de l’eau est déjà commencée.

 

Sommes-nous en Europe et en France en particulier, à l’abri de ce qui peut sembler comme une aberration ? Certainement pas. L’exemple britannique est éclairant. Margaret Thatcher a obtenu la privatisation de l’eau avec des conséquences tragiques. Elle clamait que le privé faisait toujours mieux que le public ! Mais le privé travaille pour des temps courts quand la collectivité, elle, doit voir loin. Ce qui compte pour les spéculateurs ce sont les rendements financiers pas le volume des investissements. Quand on voit que les dirigeants de Véolia ont jeté leur dévolu sur Suez (qui refuse l’OPA) pour ainsi détenir le monopole de l’eau en France, on tremble également à l’idée d’entendre ces derniers assurer qu’un fonds d’investissement dédié évitera la censure des politiques…

 

Ce qui nous ramène immanquablement au débat en cours au sein de l’agglomération Seine-Eure sur l’avenir du mode de gestion de ce bien commun fondamental qu’est l’eau du robinet. Revenir en régie publique n’est pas seulement un choix politique. C’est aussi une manière de défendre ce qui fait société dans un pays comme la France. Notre département n’est plus épargné par les sècheresses chroniques dues au changement climatique. Chacun et chacune d’entre nous mesurent combien le fait de disposer d’une eau potable en quantité et en qualité à un prix raisonnable devient un bien précieux à ne pas mettre en toutes les mains. Défendre la régie publique c’est défendre ce bien commun.C'est défendre l'avenir.

1 décembre 2020

Le tribunal administratif de Rouen conclut au rejet de la requête en annulation de l'élection municipale de Louviers

Lors des dernières élections municipales, la liste de François-Xavier Priollaud a gagné dès le premier tour. Certains candidats de sa liste m’avaient assuré que cette victoire serait évidente eu égard « au travail réalisé et aux liens tissés par le maire avec la population » notamment avec les électeurs et les électrices d’un certain âge. Compte-tenu du nombre de listes en présence, je ne croyais pas cette victoire possible dès le 21 mars. La présence d’une liste LREM et d’une liste d’extrême droite m’avaient convaincu de cette impossibilité d’autant plus crédible que la gauche aussi partait en ordre dispersé avec les listes Brun, Ortega et Mohamedi. La multiplicité des candidatures aurait dû, dans des conditions normales, aboutir à un second tour. Le score de M. Houssin, du Rassemblement national, a été ridiculement faible tandis que le candidat LREM n’était là que pour faire un tour de piste. La liste Priollaud avait donc une autoroute devant elle.

 

Si l’on ajoute à ces données l’annonce du confinement à la veille du premier tour par Edouard Philippe avec pour conséquence une abstention massive notamment dans les quartiers dits populaires, on obtient avec 52 % des suffrages une victoire nette pour la liste Priollaud qui en tire sa légitimité. En cas de second tour, cette victoire aurait sans doute penché du même côté (il est rare qu’un maire soit battu à la fin de son premier mandat) mais l’union des listes de gauche (Ortega-Brun en tout état de cause) aurait peut-être créé une dynamique…et limité les écarts en voix. Mais avec des si…Les têtes de listes à gauche (MM. Brun et Ortega encore) ont déploré l’erreur commise et décidé de travailler en commun au sein de l’opposition. Ce qu’ils font concrètement depuis l’élection.

 

Philippe Brun
Philippe Brun, de son côté, a entamé un processus juridique devant le tribunal administratif en défendant l’idée que les 98 voix d’avance par rapport à 50 % des suffrages exprimés avaient été acquises dans des conditions anormales. Il en avait parfaitement le droit. Juge lui-même, il connaît la jurisprudence et a construit une plainte étayée pour obtenir l’annulation du premier tour de scrutin et l’inéligibilité du maire sortant. Le 16 novembre, les juges rouennais ont entendu les deux parties en présence, MM. Priollaud et Brun, et ont reporté leur décision au 1er décembre. Quels étaient les griefs avancés par M. Brun ? Grosso modo il reprochait au maire d’avoir abusé de sa fonction en mélangeant les torchons et les serviettes soit en organisant des inaugurations-bidons soit en utilisant le journal municipal comme vecteur électoral, ce que M Priollaud avait vivement contesté.

 

Le rapporteur spécial — qui semble avoir survolé le dossier — conclut que si on pouvait reprocher des choses au maire, ce n’était que des peccadilles et que cela n’avait pas d’incidence sur le résultat final tant la différence de suffrages entre les listes était conséquente. De même les reproches du maire à l‘égard de Philippe Brun (à cause du livre d’Ingrid Levavasseur notamment) n’étaient pas, selon le rapporteur spécial, une manœuvre pouvant aboutir à son inéligibilité. La commission des comptes de campagne ayant, quant à elle, rejeté cet argument et disculpé M. Brun de toute manœuvre.

 

Philippe Brun a donc pris le risque de passer pour un mauvais perdant. Qu’importe. Il a fait passer ce qu’il estime son bon droit avant sa susceptibilité. Le tribunal avait annoncé son jugement pour aujourd’hui. Philippe Brun a donc eu ce jour connaissance du sens décidé par la juridiction administrative. Elle conclut au rejet de sa requête. L’élection municipale de Louviers ne sera donc pas annulée de même l’inéligibilité demandée par M. Priollaud contre son opposant a été rejetée. Un appel — si appel il y a — pourra être porté contre ce jugement devant le Conseil d’Etat. Les parties attendent de pouvoir en lire le contenu en détail pour se prononcer.

30 novembre 2020

Mardi soir sur Arte : « Main basse sur l'eau » un documentaire d'actualité pour les élus de Seine-Eure

 

Photo d'archives JCH
Alors même que l’exécutif de l’agglomération Seine-Eure veut proposer de confier les services de l’eau sous forme de délégation de service public, sans doute à la société privée Véolia, la programmation télévisée tombe à propos. « Main basse sur l’eau », un documentaire à regarder absolument par les élus de la CASE sera projeté demain mardi à 21 heures sur la chaine Arte. 

Ce documentaire de Jérôme Fritel est annoncé ainsi : « Après l'or et le pétrole, voici venu le temps de la ruée vers l'eau. Les populations augmentent, l'agriculture s'étend, sans oublier la pollution et le réchauffement climatique. Partout sur le globe, la demande en eau explose. En 2050, au moins une personne sur quatre vivra dans un pays affecté par des pénuries d'eau chroniques. De quoi attiser les convoitises des géants de la finance qui ont décidé de s'attaquer à ce secteur en y investissant des milliards d'euros. Les banques, les fonds de placements et les fonds spéculatifs se jettent sur tout ce qui a trait à l'eau, déjà appelée l'or bleu.

Aujourd’hui, des banques et des fonds de placements – Goldman Sachs, HSBC, UBS, Allianz, la Deutsche Bank ou la BNP – s’emploient à créer des marchés porteurs dans ce secteur et à spéculer, avec, étrangement, l’appui d’ONG écologistes. Lesquelles achètent de l’eau "pour la restituer à la nature", voyant dans ce nouvel ordre libéral un moyen de protéger l’environnement. En Australie, continent le plus chaud de la planète, cette marchandisation de l’eau a pourtant déjà acculé des fermiers à la faillite, au profit de l’agriculture industrielle, et la Californie imite ce modèle. Face à cette redoutable offensive, amorcée en Grande-Bretagne dès Thatcher, la résistance citoyenne s’organise pour défendre le droit à l’eau pour tous et sanctuariser cette ressource vitale limitée, dont dépendront 10 milliards d’habitants sur Terre à l’horizon 2050.

 

Ce documentaire et les questions qu'il soulève en particulier sur notre territoire justifient l'engagement de nombreux élus et militants en faveur d'une régie publique de l'eau. Dans une lettre adressée à l'ensemble des élus de la CASE, le président Leroy présente les positions qu'il comptera défendre devant le conseil d'agglomération et qui se résume à une délégation de service public qu'il souhaite faire approuver avant la fin de l'année 2020.

Ses opposants considèrent qu'il n'y a pas d'urgence à faire le choix d'une régie publique ou d'une DSP puisque le marché conclu actuellement avec Véolia courra encore en 2021. Ils proposent un report du vote et l'étude collective et contradictoire des avantages et inconvénients de telle ou telle solution (régie publique à définir…ou DSP) puisqu'il semble bien que l'audit réalisé (que les élus n'ont pu analyser dans son intégralité) et les propositions par un cabinet d'« experts » parisiens
méritent un débat contradictoire en bonne et due forme. Les 40 000 abonnés (et beaucoup plus d'usagers) du service de l'eau sur le territoire de l'agglomération devraient eux aussi s'intéresser à ce documentaire démontrant combien l'eau demeure un bien collectif essentiel à la vie des hommes, des animaux et des plantes.

L'Académie de Versailles corrige sa boulette : trouver le remplaçant de Samuel Paty sur le site de Pôle emploi

 

Dans un premier temps le rectorat de Versailles a publié une annonce sur le site de pôle emploi : « L’académie de Versailles recrute professeur-professeure pour enseigner l’histoire et la géographie au collège du Bois d’Aulne à Conflans-Sainte-Honorine. Diplôme requis, licence d’histoire ou de géographie ou de science politique. Bonne culture générale. »

 

Le syndicat des professeurs d’histoire et de géographie a réagi aussitôt :

« Que l'on cherche à remplacer un collègue, cela se comprend bien évidemment, mais comment imaginer que les services de l'Académie de Versailles en charge de la gestion des ressources humaines ne se soient pas posés la question une seule seconde, de l'effet que pouvait avoir cette annonce ?

 

Comment imaginer ?


Comment imaginer que la dizaine d'inspecteurs pédagogiques régionaux de notre discipline, exerçant dans l'académie de Versailles, et donc en charge du recrutement des contractuels, n'aient pas été interrogés à ce propos ? Mais dans ce cas d'espèce, le pire n'est pas seulement probable mais certain. Nous avons bien là la démonstration de l'existence de services « hors-sol », déconnectés de la réalité du terrain. Le poste de Samuel Paty n'est qu'une variable qu'il convient d'ajuster, et l'objectif est évidemment de tourner la page, sans imaginer les conséquences à long terme de ce qui s'est produit dans cet établissement. Les discours lénifiants sur « l'école de la république » sonneraient-ils creux ? Une technostructure sans âme se chargerait-elle de faire tourner une machine qui n'a plus aucune considération pour l'humain ? On peut comprendre que les candidats ne se bousculent pas au portillon pour prendre ce poste, surtout lorsque l'on annonce une fourchette de salaire suffisamment large pour laisser place à l'interprétation. Mais au-delà du salaire, c'est bien d'un poste à profil qu'il s'agit.


Quel héritage devra porter celui qui remplacera Samuel Paty ?


Comme d'habitude, pour ne pas dire tout le temps, on se contentera de lâcher un contractuel dans le grand bain. Notre préoccupation n'est pas de dénoncer ce qui relève bel et bien d'une forme d'inhumanité en matière de gestion des ressources humaines, mais en tant qu'association de spécialistes de l'enseignement de l'histoire et la géographie, et dans le contexte de Conflans-Sainte-Honorine, nous avons des questions à poser. Sera-t-il accompagné ? Recevra-t-il une formation spécifique ? Nous aimerions bien avoir quelques certitudes. L'enseignement moral et civique ne s'improvise pas. Assumer cette mission c'est vouloir clairement poursuivre sur la voie que Samuel Paty a pu tracer, celle d'un enseignant qui a refusé tout compromis sur la liberté d'expression. Peut-on se contenter d'un « débutant accepté » au détour d'une annonce sur pôle emploi ? Quelle image donne-t-on de notre métier de professeur d'histoire-géographie, passeur de savoirs et éducateur à la citoyenneté ? Trouveriez-vous cela ailleurs ! »

 

L’Académie de Versailles a publié un communiqué ce dimanche à 15h15 : « Cette annonce inappropriée est une maladresse de nos services. Deux enseignants expérimentés, titulaires et volontaires ont été nommés depuis deux semaines pour prendre en charge les élèves de Samuel Paty au collège du Bois d’Aulne. » Ce communiqué rectificatif était attendu. Il est le bienvenu.

29 novembre 2020

Le gouvernement doit supprimer l'article 24 de la loi sur la sécurité globale

Lors de la création des réseaux de vidéo surveillance, j’ai milité contre les risques que cette technique faisait courir aux libertés individuelles et collectives. Les élus affirmaient, pour justifier leur usage, que la vidéo surveillance contribuait à la prévention des délits, sans être totalement affirmatifs sur la garantie de la vie privée et donc de l’intimité. S’il est vrai que les caméras ne sont ni de droite ni de gauche, elles ont été pendant de longues années une exclusivité pour ceux et celles qui réclament une forme de contrôle de nos vies mettant ainsi en cause une liberté démocratique fondamentale : celle d’aller et venir où bon nous semble.

 

Les temps ont changé. La violence sociétale augmente et bien des élus de gauche ont décidé d’installer des systèmes de vidéo surveillance dans les villes qu’ils dirigent allant même jusqu’à accepter de se doter d’une police municipale ce qu’ils refusaient jusqu’aujourd’hui comme Anne Hidalgo à Paris. Les mentalités ont donc évolué au fil du temps et les dangers, terroristes notamment, aussi. Sans l’intervention de la police municipale de Nice, le coupable de l’assassinat de plusieurs personnes présentes dans une église, aurait pu poursuivre son œuvre criminelle.

 

La loi sur « la sécurité globale » actuellement discutée au Parlement, avec le fameux article 24 qui, sur le papier, devrait protéger les policiers, tord le cou à une autre liberté fondamentale : la liberté de la presse. Comment imaginer que dans la France de 2020, une loi puisse empêcher des journalistes de photographier ou filmer les interventions des forces de l’ordre sous prétexte que lesdits journalistes (ou des citoyens ordinaires) auraient « l’intention » de nuire physiquement ou psychiquement aux pratiquants de la « violence légitime », seule violence admise dans une démocratie. Ce délit intentionnel, s’il n’est pas rejeté par le Parlement, sera sans doute jugé anticonstitutionnel car on voit mal comment prouver un délit non encore concrétisé.

 

La scandaleuse agression dont a été victime le producteur (noir soit dit en passant) parisien de la part de quatre policiers filmés par des caméras de surveillance dans ses locaux professionnels démontre, s’il en était besoin, que sans ces images, jamais la vérité n’aurait pu être administrée. La parole des policiers assermentés pèse toujours plus lourd devant les juges que les affirmations d’un citoyen lambda. Qui plus est, cette agression a été aggravée par des propos racistes et des faux en écritures publiques, les auteurs des coups ignorant qu’ils avaient été filmés…Ces policiers « font honte » à la France, comme le dit le Président de la République. Ils seront sans doute révoqués à la suite des enquêtes et des poursuites pénales à venir.

 

Pour autant, et on l’a encore déplorée hier à Paris à la fin de la manifestation pour défendre la liberté de la presse, les policiers et gendarmes sont eux aussi victimes de la violence. Des autonomes, des casseurs, des voleurs aussi, ont pris l’habitude de polluer les défilés citoyens très majoritairement pacifiques. D’où les gaz lacrymogènes, l’usage des LBD si dangereux et les interpellations musclées. Les auteurs échappent, pour la majorité d’entre eux, aux foudres de la loi pénale. Il appartient aux autorités légales de mettre au point des stratégies préventives en amont ou punitives en aval. En fait, ce qui est en cause c’est la chaine de commandement : les policiers en première ligne reçoivent-ils des ordres discutables et si oui, de la part de qui ? Le directeur général de la police nationale et le préfet de police détiennent la réponse…à moins que M. Darmanin, le ministre de l'Intérieur, ne la possède lui-même ?