4 février 2016

De FX Priollaud à Elise Lucet, de Sarkozy à Bernard Leroy…


La Dépêche indique cette semaine que François-Xavier Priollaud (UDI) soutiendra Bruno Le Maire, député d’Evreux ex-UMP devenue LR, lors de la prochaine primaire de la droite et du centre. FXP connaît-il bien celui qui devient son favori ? A-t-il lu avec attention ses déclarations, ses livres, ses discours ? Sait-il que l’impétrant se situe à la droite de la droite tendance Wauquiez et que ses prises de position sans nuances n’ont que peu à voir avec les circonvolutions d’un François Bayrou par exemple. Le centriste lovérien se déporte donc très loin sur sa droite…
Le directeur de campagne régionale d’Hervé Morin n’apportera pas son aide ni son influence au candidat choisi (bientôt ?) par le nouveau président de la région. Celui-ci prévoit en effet la victoire de François Fillon ( ?). J’en déduis donc, connaissant son goût pour les courses de chevaux et pour les cracks, qu’il croit parier sur le vainqueur de la future course à l’Elysée.
Notons que les duettistes Morin et Priollaud n’ont pas les mêmes espérances de carrière. L’un, nouveau dans le paysage, fait le pari de l’avenir ou du moins mise sur celui qui prétend l’incarner, l’autre plus expérimenté et ancien candidat lui-même à la candidature…préfère choisir la routine. Question de génération.

Il est heureux que des journalistes fassent leur métier et le fassent bien. Elise Lucet, par exemple, que les téléspectateurs connaissent puisqu’elle présente le journal de la mi-journée sur une chaine  du nom de Cash Investigation — elle met au jour de nombreux scandales touchant à la santé des gens ou encore aux excès d’un capitalisme industriel sans limites.
Cette semaine, elle consacrait ses reportages aux dommages causés par les pesticides et autres produits phytosanitaires utilisés contre les champignons ou les insectes nuisibles dans les vignobles et dans le maraîchage notamment. On sait que les grandes sociétés de la chimie, notamment, exercent des activités de lobbying très importantes et aussi très efficaces auprès des élus nationaux et européens. Son intrusion au cours d’un déjeuner (ou un diner ?) réunissant grands industriels et autres décideurs publics, en a réjoui plus d’un. Suivie comme son ombre par un cameraman (cadreur quoi) on la voit et on l’entend apostropher ces messieurs (il y a peu de dames présentes à ces agapes de « travail ») avec une persuasion dérangeante. Il est bien que les citoyens ne demeurent pas dupes face à ses liens pour le coup…alimentaires pouvant déboucher sur des lois, ou des textes, ou des pratiques que les défenseurs de la santé humaine (et animale) raisonnable devrait réprouver.

Puisque je parle de santé humaine, je ne peux omettre l’exclamation du candidat Sarkozy rendue publique cette semaine. La campagne électorale présidentielle est lancée puisque l’ancien président redevient expert en contre-vérités et autres mensonges. Ne vient-il pas d’attaquer Marisol Touraine, ministre de la Santé, pour avoir imposé le paquet de cigarettes neutre. Autrement dit, le paquet sans marque et sans fioriture. Cette mesure de santé publique a pour objectif de rendre moins attrayants les paquets de tabac et donc d’en diminuer la consommation par les jeunes surtout, plus sensibles que d’autres aux aspects clinquants de certaines images ou couleurs.
Sarkozy invoque les terroirs et prétend défendre les intérêts des producteurs hexagonaux ! Je parie que s’il était élu, cette promesse de supprimer le paquet neutre finirait comme celle qu’il fit concernant le mariage pour tous. Dans son mea culpa géant, Sarko n’a-t-il pas assuré que jamais il ne reviendrait sur la loi Taubira alors même qu’il avait affirmé publiquement qu’il en demanderait l’abrogation ! Les adhérents de la manif pour tous n’ont plus que leurs yeux pour pleurer. Et un bobard de plus !

Pourquoi ne pas avoir recompté les mains levées ? Pourquoi cette obstruction au suffrage ? Bernard Leroy a eu tort de ne pas accepter la proposition de Marc-Antoine Jamet lors de la dernière séance plénière de l’agglomération Seine-Eure. Il s’agissait d’un vote sur le vote. Comme en mai 1968. La gauche proposait un vote à main levée pour que les votes sur le budget 2016 se fassent à bulletins secrets. Le vote demandé par la gauche eut lieu. Mais on chipota sur les résultats : 17, 21, moins, plus. Alors que faire ? Revoter à main levée ? Non décida Bernard Leroy craignant de devoir passer la nuit à voter chapitre après chapitre. Que fit la gauche ? Elle quitta la salle de réunion séance tenante ( !) et prit rendez-vous pour le 4 février c’est-à-dire ce soir puisque le quorum n’était plus atteint après son départ.
Le climat de la CASE, version Martin, était parfois tendu mais il n’attint jamais ce degré de non consensus. Mettre 37 communes, dont 37 maires, ensemble pour défendre l’intérêt général exige évidemment des compromis. Le radical de gauche qu’était Martin était-il plus centriste que l’udéiste Leroy ?
La séance de ce jeudi 4 février devrait nous valoir encore quelques belles envolées. A condition de ne pas devenir lassante.

3 février 2016

Un membre du cabinet de Nicolas Sarkozy mis en examen pour « favoritisme »


La mise en examen d’Emmanuelle Mignon, ancienne directrice de cabinet de Nicolas Sarkozy, alors président de la République, pour « favoritisme », marque une étape supplémentaire dans l’instruction d’un dossier lourd parsemé de rebondissements judiciaires. Cette mise en examen intervient après celles de MM. Buisson, Giacometti et Vaulpré dans l’affaire dite des sondages de l’Elysée, sondages que la Cour des comptes avait dénoncés en leur temps pour absence d’appel d’offres et montant exorbitants.

Ces sondages aux questions parfois saugrenues et n’ayant que peu à voir avec la conduite normale de l’Etat étaient destinés à permettre à Nicolas Sarkozy d’en savoir plus sur le comportement de Dominique Strauss-Kahn, par exemple, candidat éventuel à la présidence de la République. Leur nombre, leur coût, leur fréquence, en ont choqué plus d’un. Il a fallu toute l’obstination des membres de l’association de lutte contre la corruption (ACCOR) pour qu’une instruction soit ouverte réduisant à néant les obstacles semés sur la route de la vérité.

Nicolas Sarkozy est protégé par son immunité de président et les avocats des mis en cause ont tenté d’étendre cette immunité aux actes du cabinet. La cour de Cassation saisie — il a fallu du temps pour qu’elle rende son verdict — n’a pas accepté cette extension d’où les mises en examen successives des protagonistes.

Malheureusement, toutes ces affaires judiciaires concernant Sarkozy ne feront pas bouger d’un iota les lignes politiques. Les membres du noyau dur de l’ex-UMP se soucient peu de la conduite erratique des responsables qu’ils soutiennent. C’est ainsi. Leur viscérale opposition à la gauche les empêche de faire preuve du discernement pouvant les amener à remettre en cause la confiance qu’ils accordent à leur favori. Qu’importe. La France, état de droit, s’honore quand les dirigeants, de droite ou de gauche d’ailleurs, n’échappent pas à la loi commune et sont appelés à rendre compte de leurs écarts.

1 février 2016

Hervé Morin prive les Normands de leur journal régional d'information


A Louviers, l'information est demeurée une priorité.
Dès son élection, l’une des premières décisions du président de la grande région normande, Hervé Morin, a été d’annoncer la suppression du journal d’information qu’éditaient les anciens exécutifs. Cette suppression est navrante, symbolique et surtout elle nuit gravement à l’exercice de la citoyenneté. La raison invoquée par le nouveau président — je vous la donne en mille — est la nécessité de réaliser des économies. Quel beau mot mais quelle démagogie ! Marc-Antoine Jamet, dans un récent réquisitoire a mis en pièces le raisonnement du président Morin lequel affirme qu’avec 25 millions d’euros d’économies sur 6 ans, on peut emprunter 250 millions…

Cette décision rapide est navrante. Ce journal d’information régional était le seul organe mutualisé à une échelle telle qu’il permettait aux Eurois d’être au courant de ce que les Seino-marins vivaient et réciproquement. Idem en Basse-Normandie. Un journal est un lien entre les élus et ceux qui les ont mandatés. Un lien fort et symbolique parce que l’information, en démocratie, est essentielle à la compréhension des actes de ceux et celles à qui on a donné du pouvoir. Quant à la citoyenneté, comment l’exercer convenablement quand on ignore ce que font les élus et pourquoi ils le font ? Les campagnes de promesses, si décevantes toujours et si mensongères souvent apparaissent comme autant d’alibis.

Hervé Morin considère donc l’information comme superfétatoire. C’est la preuve d’une forme de mépris pour les citoyens, lesquels ne mériteraient pas d’être associés — ne serait-ce que par la connaissance — aux projets du nouvel exécutif. Hervé Morin a grand tort. L’exemple contraire peut d’ailleurs être pris à Louviers où la municipalité Priollaud (un vice-président régional !) poursuit le travail d’information débuté par son prédécesseur. Il est vrai que les rédacteurs d’« Actua Louviers » sont des professionnels aguerris et compétents. Ce journal local est attendu, il apporte son lot d’informations, fournit de précieux renseignements pratiques et permet de mieux comprendre l’action municipale en cours. M. Priollaud, lui aussi en quête d’économies, n’a pas commis l’erreur de son mentor. Avec le temps, Morin reviendra à de meilleurs sentiments surtout quand il souhaitera se faire réélire.