31 décembre 2016

Quelques réflexions au débotté : Copenhague, Philippe Cayeux, Jacqueline sauvage, Barack Obama, Vladimir Poutine, Donald Trump

 
Le vélo : tout est prévu pour faciliter la vie des cyclistes à Copenhague (photo JCH)
Il ne vous aura pas échappé que ce blog a été interrompu pendant quelques jours à cause d’un court voyage au Danemark. Je n’ai pas l’habitude de m’étendre sur mes activités dites privées. Cependant, et compte tenu du débat qui agite bien des politiciens autour de Schengen et de son espace de libre circulation des personnes, des biens et des services, je m’en voudrais de ne pas relater ma courte expérience récente. Les rues de Copenhague, en cette période de fêtes, se remarquent pour la sérénité des Danois, la circulation plus qu’intense des cycles, véritable pratique communautaire, et l’absence totale de présence policière ou militaire.
Pourtant, le Danemark depuis les dessins de Mahomet dans Charlie Hebdo repris par un journal national, est aussi dans la ligne de mire des djihadistes fanatisés. J’ai lu que le gouvernement danois avait rétabli le contrôle aux frontières. Étonnant par conséquent qu’aucune carte d’identité ne nous ait été demandée lors du départ de la capitale danoise. Preuve que Schengen fonctionne dans l’intérêt de tous les citoyens européens du moins ceux et celles qui font de la rencontre des autres et de la découverte des pays un art de vivre.

Le décès récent de Philippe Cayeux met évidemment dans la peine sa famille et ses amis nombreux à Louviers. Non seulement ses fonctions de conseiller d’orientation lui avaient permis de bien connaître le milieu scolaire et d’aider les collégiens à choisir leur voie mais en plus son engagement aux côtés de Franck Martin, lors de son premier mandat assez réussi, avait convaincu la gauche lovérienne de l’importance du spectacle vivant. Conseiller municipal délégué, Philippe avait créé avec enthousiasme le festival de la chanson française qui fit venir à Louviers Dominique A, Miossec et tant d’autres comme Idir par exemple. Malheureusement, des incompatibilités dommageables ne lui donnèrent pas l’occasion d’élargir sa palette qu’on savait généreuse. Il abandonna donc ses fonctions d’élu puisque le lien de confiance était rompu. Il n’empêche.
Auteur reconnu de textes pour la jeunesse, Philippe Cayeux s’était fait un nom et taillé une réputation admirée dans un genre aussi difficile que délicat. Nous serons nombreux à regretter son élégance ainsi que son sourire amical…

Pourquoi n’a-t-il pas agi plus tôt ? Pourquoi a-t-il fallu attendre tous ces mois pour qu’enfin le président de la République use de son droit de grâce à l’égard de Jacqueline Sauvage ? J’avais, en son temps, accusé François Hollande d’être l’homme des demi-mesures. J’avais donc raison. Son renoncement à être candidat à nouveau l’a conduit à se comporter comme un vrai président, apte à trancher, à décider. Que la famille de Jacqueline Sauvage, ses avocats, son comité de soutien, les Français en général, approuvent la grâce, c’est bien le moins. Les politiques aussi, de droite comme de gauche, ont rejoint la cohorte des soutiens à une femme que les magistrats considèrent comme coupable et non comme victime. Ces derniers l’accusent encore de ne pas avoir accepté cette condition apitoyée, de ne pas vouloir se repentir d’un crime que ses avocats ont affirmé avoir été commis en légitime défense. Me Soulez-Larivière considère qu’il eût mieux valu plaider les circonstances atténuantes puisque ce crime a eu lieu sans préméditation mais pas dans l’immédiateté des coups et des violences. Le fait est que la loi devra se voir améliorée au cours de la prochaine législature. Avec une notion d’emprise mentale expliquant…l’irréparable.

Deux juifs hostiles au grand Israël. (photo Taryn Simon)
Barack Obama aussi aura attendu la fin de son mandat pour régler ses comptes avec Benjamin Netanyahou. En préconisant l’abstention lors du dernier vote du Conseil de sécurité de l’ONU condamnant à nouveau la colonisation dans les territoires occupés de Cisjordanie, le président américain a signifié que cette colonisation galopante ne permettrait pas la création de deux états distincts et voisins contraints de vivre en paix. Le dirigeant israélien le plus à droite de l’histoire du jeune état a bien du mal à cacher qu’il envisage un seul état juif avec la présence de deux millions de Palestiniens tolérés on ne sait pas trop bien comment. L’annexion progressive mais constante de la Cisjordanie indique ainsi clairement que le mouvement « la Paix maintenant » est en panne en Israël et que l’élection de Trump va favoriser, par ailleurs, une droite extrême travaillée par le nationalisme et le religieux orthodoxe. 2017 s’annonce mal au Moyen-Orient.

Enfin, coup de chapeau à Poutine qui se fout bien de la gueule des gens. Permettez-moi cette trivialité. Le président (à vie ?) russe fait un bras d’honneur à Barack Obama qui, en fin de règne, tape sur la table trop tardivement. Maintenant qu’il est acquis que les services secrets russes ont envoyé leurs hackers en première ligne pour espionner les démocrates et perturber le jeu  normal de la démocratie américaine, Poutine n’a que faire des expulsions programmées aux USA de ses diplomates. Il peut se permettre de jouer les grands seigneurs en assurant que lui ne voit pas de raison d’équilibrer les sanctions puisqu’il attend patiemment l’arrivée au pouvoir de macho Trump qu’il a contribué à faire élire.
Les Républicains du Congrès ne sont pas tous poutinophiles. Il est possible que certains d’entre eux souhaitent aggraver les mesures antirusses adoptées par Barack Obama. Et si, comme on le prétend, Poutine veut créer des turbulences en France, en Allemagne et pourquoi pas en Autriche ou ailleurs, les systèmes de défense européens ont intérêt à veiller grain. En Français la Poutine est une bouillie d’avoine. Au Canada il s’agit d’un plat de frites et de fromages en grains. Ah ce Poutine, il nous fera tout avaler.


25 décembre 2016

Christian Estrosi enfourche sa bécane judiciaire pour faire taire la presse


« Alors que notre ville est toujours en deuil et qu’une enquête est en cours, Mediapart aurait-il eu accès à des images qui sont normalement protégées par le secret de l’enquête ? » Voilà tout ce qu’a trouvé Christian Estrosi, ancien maire de Nice et adjoint à la sécurité de la ville,  pour attaquer Mediapart et poursuivre le site d’information en diffamation. Il est vrai que le selfie de M. Estrosi avec l’auteur du massacre (pris en août 2015) fait mal dans le paysage même si on ne peut reprocher au président de la Région de poser pour des photos avec des gens qui l’encensent ou l’admirent.

Un procès en diffamation, si M. Estrosi confirme ses projets de plainte, ce qui n’est pas du tout évident aujourd’hui, est une arme à double tranchant. Le site Mediapart et Edwy Plenel, directeur de la rédaction, auront beau jeu de plaider la vérité des faits et aussi leur bonne foi qui exonèrent les journalistes de toute responsabilité. En règle générale les plaintes en diffamation n’ont qu’un but : faire taire les journalistes trop curieux ou trop bien informés. Cette arme est à double tranchant puisqu’un procès est aussi une occasion de rendre publiques des turpitudes et des preuves qui, sans cela, n’auraient été que survolées pendant un jour ou deux. Estrosi a donc tort de vouloir polémiquer sur la responsabilité de sa police et les erreurs éventuelles qu'elle a commises.

J’imagine que la menace d’un procès en diffamation n’effraie pas outre mesure la rédaction de Mediapart. Son enquête est argumentée, les mots sont bien choisis et surtout elle s’appuie sur un dossier redoutable pour la crédibilité de la police municipale niçoise qu’Estrosi veut protéger à tout prix. Quant au secret de l’instruction, on sait depuis belle lurette qu’il n’est qu’un secret de polichinelle. Destiné à protéger les justiciables des pressions et des rumeurs, il n’alimente en fait que le désir toujours plus grand des journalistes d’investigation de chercher à mettre au jour ce qu’on voudrait nous cacher. Que M. Estrosi trouve saumâtre de voir son système de défense mis à mal se comprend mais la liberté d'informer se situe au-dessus de ses états d'âme.