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Les citoyens dans l'hôtel de ville de Louviers en 1977.©Jean-Charles Houel |
Le Conseil économique,
social et environnemental a lancé, à la fin de l’année passée, une consultation
ouverte à tous et toutes afin de connaître les revendications des Français,
qu’ils soient gilets jaunes ou sans gilets. Cet appel au peuple a été
l’occasion d’une manipulation qui fait craindre les pires conclusions en cas de
prise en compte (un jour ?) des pétitions sur Internet. Devinez quel sujet
est jugé prioritaire par des internautes ayant répondu aux sollicitations du
CESE ? Je vous le donne en mille : L’abrogation de la loi Taubira sur
le mariage pour tous. Alors que les gilets jaunes n’ont à aucun moment, remis
en cause cette loi, on découvre avec effarement que cette loi progressiste,
égalitaire, est toujours contestée par les divers mouvements radicaux liés à
l’intégrisme catholique dont « la manif pour tous » qui n’est en réalité qu’une
manif pour quelques uns. Les suppôts de la manif pour tous continuent d’occuper
les réseaux sociaux d’où le résultat enregistré par le CESE.
Cela montre, tout
simplement, qu’ouvrir le robinet des doléances, sans cadres, sans précautions
légales, pourrait aboutir à l’adoption de textes issus de minorités agissantes
susceptibles d’influencer et de dominer une majorité silencieuse ou
indifférente. Il existe, historiquement, en France des mouvements ou partis
dont l’agitprop est le principal mode d’intervention publique. Joindre
l’agitation collective à la propagande individuelle, c’est une méthode que les
communistes soviétiques ont longtemps utilisée avec la conclusion que l’on
sait. Il en va ainsi dans tous les pays totalitaires et dans les démocratures à
l’œuvre à l’est de l’Europe.
Ayant, par ailleurs, participé
pendant longtemps aux commissions extramunicipales créées à Louviers (Eure) dans
les années soixante-dix et quatre-vingt, je puis affirmer que le premier souci
des citoyens alors présents le situait devant leur porte. C’est un lieu commun
de constater que les soucis individuels priment toujours l’intérêt général et
qu’il y a fort à craindre que le grand débat national proposé par le président
de la République soit plutôt un grand déballage de frustrations, de jalousies
et de vengeances diverses. Accordons quand même aux organisateurs le
bénéfice du doute mais si j’en juge par la constatation citée plus haut,
n’attendons pas trop des trois mois à venir.
Le mieux serait que des
sujets soient proposés, des volontés exprimées, le tout enveloppé d’une information
complète comprenant les projets, leur financement, leurs conséquences sur notre
vie quotidienne, sur l’environnement, afin que la consultation nationale
débouche sur de véritables interrogations et réflexions. Il est du rôle de
l’exécutif de proposer son programme et, éventuellement, de vérifier que les
Français sont toujours branchés dessus. La démocratie a besoin de respiration…pas
d’asphyxie violente ou sournoise.