22 avril 2011

« Leçons de Fukushima » par Jean-Pierre Dubois, président de la LDH


La LDH n'a jusqu'à aujourd'hui jamais pris position sur la question du recours à l'énergie nucléaire à des fins non militaires : les politiques publiques de l'énergie lui semblaient relever d’un champ d'appréciation dépassant les limites de son mandat. Mais il n’en va de même ni du respect de la démocratie dans la prise de décision en la matière, qu'il s'agisse de l'information des citoyens ou de la légitimité des décideurs réels, ni de la priorité à la sécurité sur toute autre considération, compte tenu des conséquences effroyables d'un accident nucléaire.

La contradiction entre la lutte contre le réchauffement climatique et la dangerosité de toute exploitation nucléaire ne simplifie pas le débat, mais nous interroge sur les niveaux de garantie des droits à la vie et à la protection de la santé face, d’une part, au risque nucléaire et, d'autre part, à la menace climatique à moyen terme. Ce débat appellera mûre réflexion et échanges approfondis, compte tenu de notre attachement à des impératifs contradictoires, et du caractère vital de l’enjeu.

Mais point n'est besoin d'attendre d'avoir tranché la question de fond pour réagir au drame de ce printemps 2011.

Alors que tant de gouvernants et d'experts ont menti au moins par omission sur la gravité de la catastrophe de Tchernobyl, glosé sur l’insécurité dans la centrale ukrainienne, alerté sur la même impéritie dans la centrale bulgare de Kozlodui, cette fois c’est dans la troisième puissance économique de la planète, mondialement réputée pour sa modernité technologique, que l'imprudence atteint un niveau non moins sidérant.

Des imprudences au drame
On a installé plus de cinquante réacteurs nucléaires dans un pays touché par plus de mille séismes en 2010, et où les tsunami sont si fréquents que c'est ce terme japonais que l'on emploie dans toutes les langues du monde. On a implanté les centrales en bord de mer sans avoir prévu l'hypothèse d'une vague postsismique de dix mètres de haut, alors qu'on en a connu au même endroit qui avait dépassé vingt-huit mètres. Et, de l'aveu confondant des autorités européennes, ce n'est qu'après la catastrophe que l'on va évaluer les incidences des risques sismiques sur la résistance des centrales à un accident majeur.

Faut-il ajouter que Fukushima Daini, comme toutes ses pareilles au Japon, est une affaire privée gérée par le premier exploitant nucléaire commercial du monde, et qu'en 2007 les dirigeants de Tepco avaient été convaincus de dissimulation fautive d'un incident grave affectant le même site ? Faut-il rappeler qu'un sismologue japonais, qui avait prévu en 2007 exactement ce qui vient de se passer, a été écarté de ses fonctions ? La leçon terrible de ce nouveau drame, c'est que si la bureaucratie et la rusticité technologique avaient pesé lourd à Tchernobyl, la privatisation et la priorité à la profitabilité, alors même que la vie de trente-cinq millions de Tokyoïtes (habitant à moins de deux cent cinquante kilomètres de la centrale) est en jeu, n'ont pas mieux pris en compte la sécurité des habitants ni leurs droits à l'information et au débat démocratique... Quand il en était encore temps.

L'avenir énergétique en question
Certes, le niveau de mensonge de la « communication » gouvernementale française semble avoir diminué depuis quinze ans. Mais on a entendu la présidente d'Areva soutenir, près d'une semaine après le début de l'accident, que celui-ci n'était pas une catastrophe... Et, de même qu'en Allemagne, on ne mangeait pas en 1986 les salades qui restaient officiellement sans danger de notre côté du Rhin, le contraste reste frappant entre la chancelière allemande (qui estime que le plus tôt sera le mieux pour sortir du nucléaire) et les gouvernants français actuels (qui affirment tranquillement que le maintien du recours massif au nucléaire ne mérite même pas un débat sérieux).

Comment ne pas constater à quel point les fautes humaines amplifient les conséquences des risques naturels ? Comment ne pas dénoncer l'inversion des priorités entre sécurité civile et profit qui, au Japon, va se payer de décennies de souffrances et d'angoisses pour des millions de personnes peut-être ? Mais aussi, en France cette fois, l'arrogance aveugle de gouvernants qui refusent aux citoyens toute légitimité pour questionner, s'informer, débattre sur la garantie même de leur survie ? Comme si, décidément, ce qui va de soi dans les autres démocraties européennes se heurtait à la nature d'un régime dans lequel la « France d'en bas » doit faire confiance à un monarque éclairé par d'infaillibles et « experts » conseillers...

Il ne sera pas simple de décider de l'avenir énergétique de l'humanité, et tout particulièrement de celui de notre pays. Mais cet avenir doit être débattu et décidé démocratiquement, ce qui n'a jamais été le cas jusqu'à présent. Alors que nous approchons d'échéances décisives, les citoyens ont le droit de connaître les projets de ceux qui solliciteront leurs suffrages, pour pouvoir décider eux-mêmes du monde qu'ils laisseront aux générations futures. Prenons au sérieux le « développement durable », en français comme en japonais.

Jean-Pierre DUBOIS, président de la LDH
 Edito du Hommes et Libertés n°153, janvier/février/mars 2011, pages 8 et 9.

21 avril 2011

Est-ce cette France-là que nous voulons ?


Amel réside en France avec son mari, salarié, et leurs enfants. Amel est une jeune mère de famille, elle élève avec son mari deux charmantes petites filles. Lui travaille comme ouvrier, elle reste à la maison pour s’occuper du dernier-né de trois mois. Leur séjour en France est totalement légal : ils disposent d’une carte de séjour de dix ans. Ils sont en situation régulière. À Saint-Denis, où ils habitent, tout cela est relativement habituel, du moins pourrait-on le croire, car cette famille vit en fait un cauchemar : leur nourrisson est un « touriste de passage pour 3 mois ».
Amel est enceinte de sept mois quand elle doit partir en urgence en Algérie au chevet de sa mère gravement malade. Elle ne sait pas que ce voyage la conduira dans un monde kafkaïen. Elle accouche prématurément en Algérie à sept mois. Après cet épisode difficile à vivre, elle a hâte de rentrer auprès de sa famille. Hélas, la loi française ne le permet pas. Son enfant étant né à l’étranger, elle ne peut le ramener directement.
Elle doit attendre un visa provisoire pour l’enfant, si elle veut revoir ses filles. Sinon, elle doit entamer une procédure de rapprochement familial. Amel s’effondre. Elle vit une dépression. Il faut absolument rentrer. Son mari et ses enfants lui manquent. Elle choisit le visa. Le retour à la maison ne résout pas le problème, loin s’en faut : une cascade de difficultés l’attend. La préfecture lui signifie qu’au terme du visa, elle doit retourner en Algérie et demander pour l’enfant le regroupement familial, ce qui peut prendre beaucoup de temps. En France, le bébé n’a aucun droit, même pas celui d’être rattaché à la Sécurité sociale de son papa, puisqu’il y est en séjour provisoire.
C’est cette situation qu’Amel me raconte un soir de janvier, quand elle m’amène le bébé qui a de la fièvre. Je le soigne et, bien forcé par la situation, je rédige l’ordonnance au nom de sa grande sœur en espérant que le pharmacien ne tiquera pas trop sur la posologie inadaptée. Et je m’indigne ! Comment cela est-il possible ? Cet enfant a un papa qui travaille, qui cotise à la Sécurité sociale, qui a des droits. Je me renseigne auprès des personnes connaissant mieux que moi ces situations : eh bien, non, cet enfant n’a pas de droit, car il a eu le tort de naître où il ne fallait pas.
Nous faisons le « forcing » à la CPAM du 93 pour procurer une couverture sociale à ce bébé car, si par malheur il devait être hospitalisé, le coût serait rédhibitoire. Il faut du temps et de la pugnacité. Heureusement nous y arrivons, car aujourd’hui, l’enfant est hospitalisé pour une infection des voies respiratoires. Mais cela ne change pas la situation du bébé qui va bientôt être clandestin, puisque tout le monde conseille à Amel – même les institutions sociales ! –, de ne pas retourner en Algérie.
De toute façon l’état psychologique d’Amel ne le permet pas, état psychologique encore plus aggravé par la décision de la Caisse d’Allocation Familiale, qui demande le remboursement de la prime de naissance (eh oui, il y a là suspicion de fraude !) et qui, pour être certaine d’être remboursée, supprime le versement des autres prestations. Nous supposons que, comme d’habitude, quand il y a un problème déclaratif ou autre, la CAF suspend toutes les allocations, fait son enquête, et prend sa décision.
On remarquera qu’habituellement, en vertu des principes constitutionnels, il faut d’abord faire l’instruction avant de prononcer le jugement, mais pour la CAF, les principes constitutionnels sont accessoires ! Outre que la suppression arbitraire des prestations auxquelles elle a droit enfonce un peu plus cette famille dans la précarité, la violence institutionnelle qu’elle traduit projette Amel et les siens dans l’incompréhension et la détresse. Comment en est-on arrivé là ? Dans quel monde vivons-nous, pour fabriquer des bébés clandestins ? Quelle faute Amel a-t-elle commise pour être autant punie ?
Je voudrais connaître celle ou celui qui au consulat de France a refusé de délivrer les papiers à cette jeune mère de famille. Il ou elle a appliqué la loi, me dira-t-on. Quelle loi ? Celle qui est écrite sur le fronton de son bâtiment : liberté, égalité, fraternité ? Ou celle d’un État français redevenu ouvertement xénophobe. Je voudrais comprendre ce qui se passe dans la tête de tous ces acteurs de la préfecture qui, au nom de la France, perdent leur humanité. Les lois et les règlements ne cessent de brimer les étrangers. La France a-t-elle si peur qu’elle doive craindre la venue sur son territoire d’un nourrisson de trois mois ? Voit-elle en lui un possible perturbateur de l’ordre public ?
Comment peut on oublier à ce point les missions et les valeurs de la protection sociale, pour que la CAF se conduise de cette manière ? Est-ce le poison de la suspicion face à la fraude qui provoque ce comportement d’exclusion ? Que puis-je dire à cette famille ? Que ce monde est devenu fou, de cette folie qui conduit à ne plus savoir faire la part des choses. Que la loi fixe les conditions de la vie en société, mais qu’elle n’est jamais à l’abri de devenir stupide et ignoble dans son application. Que la citoyenneté que les hommes et les femmes politiques prétendent défendre n’existe pas pour un bébé né de parents maghrébins.
Didier Ménard, médecin de ce bébé clandestin et privé de droits.

Les préfets au service de l'intérêt général ?

Le SCOT intègre Seine-Bord et Seine-Eure (photo JCH)
La préfète de l'Eure, Fabienne Buccio, ne veut pas prendre de risques. Il semble bien que ses projets concernant les futures intercommunalités de l'Eure s'appuient sur un statu quo limitant les désagréments des uns et des autres malgré les inconvénients réels de ses options. Ainsi, la Chambre régionale des comptes a-t-elle rendu public un rapport s'étonnant de l'existence de deux intercommunalités sur le territoire de Louviers-Val-de-Reuil-Pont-de-l'Arche.

Tout semble fait pour que la communauté Seine-Bord soit « absorbée » par la Communauté d'agglomération Seine-Eure : logique territoriale, logique économique et de développement, chevauchement d'intérêts, la Chambre régionale s'étonne que ces deux communautés cohabitent au lieu de vivre sous le même toit. Il faut rendre à César ce qui est à César et rappeler que Franck Martin, président de la CASE est, depuis toujours, favorable à un unique territoire, allant de Hondouville à Alizay, d'Amfreville-sous-les-Monts à Montaure.

Concrètement, la Chambre régionale des comptes a identifié des logiques de « guichet » contraires à l'esprit même de la communauté (voirie) et des complémentarités dans la politique de l'habitat (SCOT commun). Alors, pourquoi la préfète, hormis le cas de la commune de Portejoie qui sera incluse dans Seine-Eure, ne prend-elle pas la décision (que la loi lui permet de prendre) de réunir les deux communautés ? Il faut y voir les pesanteurs historiques et les points de vue politiques. Seine-Bord est plus à droite qu'à gauche et veut ménager ses avantages financiers tirés de la présence de la zone industrielle d'Alizay. Seine-Eure est bien doté financièrement et dégage des excédents lui offrant la capacité d'investir sur un territoire en plein développement. Il suffirait que les élus, majoritairement, appuient là où ça fait mal pour dépasser les égoïsmes.

Ainsi, j'avais cru comprendre que les préfets se situaient au-dessus des intérêts particuliers et au service de l'intérêt général. C'est d'ailleurs ce que vient de répondre le secrétaire général de l'association des préfets à Marine Le Pen qui a écrit à chaque représentant de l'Etat dans les départements pour les rassurer en cas d'arrivée du FN au pouvoir : « Les préfets sont au service de l'Etat, ils sont apolitiques et n'ont pas à prendre partie pour telle ou telle offre partisane. »

20 avril 2011

Cinq étoiles pour l'hôpital des Feugrais

Je l'avais écrit il y a quelques mois et une étude indépendante le confirme : l'hôpital des Feugrais dit hôpital d'Elbeuf-Louviers-Val-de-Reuil se situe en tête de gondole des établissements publics et privés les plus performants. Avec cinq étoiles, les auditeurs ont classé cet établissement public de plus de 600 lits au firmament du classement national.

L'ensemble des éléments pris en compte indique une tenue remarquable de cet établissement. Qu'il s'agisse de l'accueil, du service des urgences médicales, des soins, des spécialités, de la chirurgie, de l'administration, de la maternité, de la lutte contre les maladies nosocomiales, tout concorde pour faire de cet hôpital régional un équipement de grande qualité.

Pour avoir eu besoin, familialement, de cet établissement, dans des conditions tendues, je peux affirmer que les patients ne peuvent que se louer des services de l'hôpital des Feugrais. Une amélioration pourrait sans doute être apportée dans le domaine des menus. Mais la restauration collective étant ce qu'elle est, il est sans doute excessif d'imaginer un rapport qualité-prix performant.

19 avril 2011

Se lancer dans l'arène exige qu'on maîtrise bien les jeux du cirque

Robert Ménard, ancien président de Reporters sans frontières, a bien changé. Du défenseur des journalistes et de leurs droits (d'aller et venir et de s'exprimer librement) Robert Ménard est devenu le prosélyte de la famille Le Pen. Par provocation, assure-t-il, il vient de commettre un ouvrage de quarante pages (je reconnais ne pas l'avoir lu car je ne veux pas l'acheter) intitulé « Vive Le Pen ! »

Dans ces quarante pages écrites avec son épouse Robert Ménard fustige les auteurs des lois dites mémorielles et s'indigne contre la pensée unique. En défendant le titre de son livre, il ne soutient pas les propositions des Le Pen mais veut défendre leur liberté de parole. Évidemment, ses confrères journalistes s'en donnent à cœur joie et comme le ring est grand et les stations de radio et les chaînes de télévision nombreuses, Robert Ménard en prend plein la pipe.

Cela ne le rend pas heureux. « Mépris, arrogance », il ne cesse de fustiger ses critiques et se place dans la position de la victime, position favorite des penseurs aux idées courtes. j'ai écouté Robert Ménard, hier au grand journal de Canal Plus. Il avait à ses côtés Dominique de Villepin. Parfois, l'ancien premier Ministre émettait des avis proches de ceux de Robert Ménard. C'était fait avec une élégance évidente et un vocabulaire de diplomate. Se lancer dans l'arène exige qu'on maîtrise bien les jeux du cirque.

Nous y sommes, pas d’échappatoire par Fred Vargas


Fred Vargas (DR)
« Nous  y voilà, nous y sommes. Depuis cinquante ans que cette tourmente menace dans  les hauts-fourneaux  de l'incurie de l'humanité, nous y sommes.
Dans le mur, au bord du gouffre, comme seul l'homme sait le faire  avec  brio, qui ne perçoit la réalité que lorsqu'elle lui fait  mal.
Telle notre bonne vieille cigale à qui nous prêtons nos  qualités  d'insouciance, nous avons chanté, dansé. Quand je dis « nous  »,  entendons un quart de l'humanité tandis que le reste était à la  peine. Nous avons construit la vie meilleure, nous avons jeté nos pesticides  à l'eau, nos fumées dans l'air, nous avons conduit trois voitures, nous avons  vidé les mines, nous avons mangé des fraises du bout monde, nous avons  voyagé en tous sens, nous avons éclairé les nuits, nous avons chaussé des  tennis qui clignotent quand on marche, nous avons grossi, nous avons mouillé  le désert, acidifié la pluie, créé des clones, franchement on peut dire  qu'on s'est bien amusés.

On a réussi des trucs carrément  épatants, très difficiles, comme faire fondre la banquise, glisser des  bestioles génétiquement modifiées sous  la terre, déplacer le Gulf  Stream, détruire un tiers des espèces vivantes, faire péter l'atome,  enfoncer des déchets radioactifs dans le sol, ni vu ni connu. Franchement on  s'est marrés.
Franchement on a bien profité.
Et on  aimerait bien continuer, tant il va de soi qu'il est plus rigolo de sauter dans un avion avec des tennis lumineuses que de biner des pommes de terre.
Certes. Mais nous y sommes. A la  Troisième Révolution.
Qui a ceci de très différent des deux  premières (la Révolution néolithique et la Révolution industrielle, pour  mémoire) qu'on ne l'a  pas choisie.
« On est obligés de la  faire, la Troisième Révolution ? » demanderont  quelques esprits  réticents et chagrins.
Oui.
On n'a pas le choix,  elle a déjà commencé, elle ne nous a pas demandé notre avis. C'est la mère Nature qui l'a décidé, après nous avoir aimablement laissés jouer avec elle depuis des décennies. La mère Nature, épuisée, souillée, exsangue, nous ferme les robinets. De pétrole, de gaz, d'uranium, d'air, d'eau. Son  ultimatum est clair et sans pitié : Sauvez-moi, ou crevez avec moi (à  l'exception des fourmis et des araignées qui nous survivront, car très  résistantes et d'ailleurs peu portées sur la danse).
Sauvez-moi ou crevez avec moi.
Évidemment, dit comme ça, on  comprend qu'on n'a pas le choix, on s'exécute illico et, même, si on a le  temps, on s'excuse, affolés et honteux. D'aucuns, un brin rêveurs, tentent  d'obtenir un délai, de s'amuser encore avec la croissance.
Peine perdue.
Il y a du boulot, plus que l'humanité n'en eut  jamais.
Nettoyer le ciel, laver l'eau, décrasser la terre,  abandonner sa voiture, figer le nucléaire, ramasser les ours blancs,  éteindre en partant, veiller à la paix, contenir l'avidité, trouver des fraises à côté de chez soi, ne pas sortir la nuit pour les cueillir toutes, en laisser au voisin, relancer la marine à voile, laisser le charbon là où  il est – attention, ne nous laissons pas tenter, laissons ce charbon tranquille récupérer le crottin, pisser dans les champs (pour le phosphore, on n'en a plus, on a tout pris dans les mines, on s'est quand même bien marrés).
S'efforcer.
Réfléchir, même.
Et, sans vouloir offenser avec un terme tombé en désuétude, être  solidaire.
Avec le voisin, avec l'Europe, avec le  monde.
Colossal programme que celui de la Troisième Révolution.
Pas d'échappatoire, allons-y.
Encore  qu'il faut noter que récupérer du crottin, et tous ceux qui l'ont fait le  savent, est une activité foncièrement satisfaisante. Qui n'empêche en rien  de danser le soir venu, ce n'est pas incompatible.
A condition  que la paix soit là, à condition que nous contenions le retour de la  barbarie, une autre des grandes spécialités de l'homme, sa plus aboutie peut-être.
A ce prix, nous réussirons la Troisième  révolution.
A ce prix nous danserons, autrement sans doute,  mais nous danserons  encore. »

Fred  Vargas
Archéologue et écrivain

18 avril 2011

Un acte de barbarie au musée d'Avignon

Ce qui s'est passé au musée Lambert d'Avignon est tout simplement un acte de barbarie. Ce musée, réputé pour la qualité de ses expositions d'art contemporain, présente des œuvres de peintres, sculpteurs, photographes…ayant pignon sur rue. La plupart d'entre eux sont des artistes créateurs capables d'apporter un nouveau sens à la recherche de figures, symboles, traces de notre civilisation.

Certaines œuvres sont discutées voire discutables. C'est la beauté et l'essence de l'art. Tout doit se faire dans le respect de l'artiste et du dialogue. Il s'est trouvé des intégristes catholiques pour pénétrer dans les lieux comme des voleurs munis de marteaux et surtout animés de bien vilaines intentions. Ils ont brisé deux œuvres de Serano, un Américain déjà agressé dans le passé.

Je ne veux absolument pas rentrer dans la polémique souhaitée par les intégristes. Ils auront toujours tort. Il se peut que des hommes et des femmes pieux, authentiquement religieux, dotés d'une foi inébranlable aient été choqués par les œuvres de Serano. Jamais ils ne seront excusés pour s'en être pris physiquement à ces œuvres. Non seulement, ils doivent être recherchés et traduits devant la justice mais en plus, ils devront présenter des excuses à l'artiste en particulier, aux créateurs en général et à tous les visiteurs qui fréquentent musées, salles d'expositions…à la recherche d'une idée de l'homme et du sens de la vie. ces barbares obscurantistes ont suscité de jolies paroles du ministre de la Culture en défense de l'artiste. Qu'attend Claude Guéant (et l'UMP) pour entamer un débat sur laïcité et intégrisme catholique ?

L'agglomération Seine-Eure Louviers doit suivre l'exemple de Montbéliard

Lu sur le site de http://www.enviro2b.com/2010/06/09/eau-montbeliard-%C2%AB-liquide-%C2%BB-le-contrat-de-veolia/ : « En plein contrat, l’agglomération de Montbéliard vient de décider de son propre chef de reprendre en régie la gestion de l'eau, actuellement confiée à Veolia, en principe jusqu’en 2022.
Coup politique d’un élu local aux ambitions nationales ou respect scrupuleux de l'argent public et engagement citoyen ? Une chose est sûre, Pierre Moscovici a choisi de frapper fort. « C'est la première fois en France, qu'un contrat de cette nature, est interrompu en cours d'exécution » affirme le président socialiste de la Communauté d’agglomération du Pays de Montbéliard.
La CAPM vient de décider « le retour en régie au plus tard à compter du 3 février 2015 » pour la gestion de son eau, précise le député PS du Doubs. La décision de Montbéliard met fin de manière anticipée, au contrat de délégation qui la lie à Veolia, actuellement chargé de la gestion et de la distribution de l'eau de la CAPM, en principe jusqu’en 2022.  

Prix trop élevé
Dans cette affaire, le responsable socialiste affirme ne pas être guidé par l’idéologie, soulignant que cette décision intervient après une discussion infructueuse engagée avec Veolia. Estimant le prix de l’eau trop élevé, la CAPM avait entamé des négociations avec le géant français de l’eau il y a quelques temps.
« C’est parce que nous ne sommes pas parvenu à un bon accord, que Veolia ne voulait pas baisser le prix de l’eau suffisamment, que j’ai pris cette décision » explique Pierre Moscovici. L’élu du Doubs affirme n’avoir qu’un souci : que l’usager paie moins en bénéficiant d’un service de qualité.
« La loi est de notre côté, puisqu’elle rend ce contrat caduc au 3 février 2015, en vertu de l’application des lois dites Sapin et Barnier. Celles-ci prévoient que la durée des contrats de délégation de service public en cours d’exécution, portant sur la distribution d’eau, ne sauraient avoir une durée supérieure à vingt ans » précise le Président de la CAPM.
Selon Pierre Moscovici, le prix actuel pratiqué par Veolia est « illégal ». Une association d’usagers de l’eau a d’ailleurs déposé un recours devant le tribunal administratif de Montbéliard à ce sujet. « Cette illégalité tient au versement d’un droit d’entrée, ou droit d’usage, de Veolia au bénéfice de la CAPM » précise le député socialiste.
Le contrat avait été signé en 1992, par une précédente majorité à Montbéliard, « contre l’avis de la gauche » souligne Pierre Moscovici. Si cette délégation d’une durée de 30 ans est parfaitement valable à l’époque, ce n’est plus le cas désormais, selon la CAPM. L'agglomération précise qu'elle compte « rembourser à Veolia la partie non amortie du droit d’usage ».  

Baisse de 23 centimes… dès 2011
Très concrètement, la CAPM précise qu’elle entend désormais se préparer à reprendre cette gestion en régie « au plus tard à compter du 3 février 2015 », soit 7 ans avant l’échéance en principe de la concession confiée à Veolia. Pierre Moscovici précise que le tarif de l'eau à Montbéliard devrait baisser de 23 centimes et ce… dès 2011…

17 avril 2011

« Qui a tué l’écologie ? » (suite)


Claude Dumont, président du WWF reçoit la Légion d'honneur en 2008
Revenons pour un second épisode sur le dernier livre de Fabrice Nicolino « Qui a tué l’écologie ? » dont nous avons parlé il y a quelques jours à l’occasion de l’annonce par Nicolas Hulot de sa candidature à la prochaine présidentielle. Et à la bande des quatre : le WWF (Fonds mondial pour la nature), Greenpeace, la Fondation Nicolas Hulot et FNE (France Nature Environnement), le WWF (Fonds mondial pour la nature), Greenpeace, la Fondation Nicolas Hulot et FNE (France Nature Environnement), le WWF (Fonds mondial pour la nature), Greenpeace, la Fondation Nicolas Hulot et FNE (France Nature Environnement).

Reprenons le fil de l’entretien qu’il a eu avec Daniel Mermet dans son émission « Là-bas si j’y suis », pour évoquer à présent le cas du WWF, Fonds mondial pour la nature, premier cité. Le WWF et son fameux panda, créé en 1961 par une association anglo-saxonne de notables qui s’inquiétaient des conséquences du prélèvement sans limites sur la faune sauvage par la chasse dans les empires coloniaux de l’époque. Longtemps dirigée par le prince Bernhardt des Pays-Bas, personnage trouble s’il en est, puis par Anton Rupert, milliardaire Sud-Africain. Tous deux présentent des parcours de vie singuliers, le premier comme ancien adhérent au parti nazi, le second comme ancien militant actif de l’apartheid. 

C’est ce dernier qui mit en place le système de financement d’une grande opacité qui existe encore aujourd’hui. À force de patience et de ruse, Fabrice Nicolino est parvenu à reconstituer une liste de donateurs sur les premières années d’existence du WWF. Pêle-mêle, on y trouve des gens aussi peu fréquentables que le maréchal Mobutu, le terrible dictateur zaïrois, Robert Mac Namara, ancien secrétaire à la Défense des États-Unis, ancien directeur de la Banque mondiale et principal responsable du bombardement des villes pendant la guerre du Vietnam. 

En France, Charles de Chambrun, ancien député-maire Front national de Saint-Gilles dans le Gard, élu en 1986. Actuellement, le WWF international est en relation d’affaires avec les pires multinationales de la planète comme Monsanto. Avec elle, au sein d’une commission, il coopère à faire obtenir à un soja transgénique, véritable arme de destruction massive des agricultures des pays en développement du Tiers-monde, notamment en Amérique latine, un label breveté WWF de produit durable ou soutenable. De même pour les plantations de palmiers à huile servant à la fabrication d’agro-carburants sur des terres arrachées aux populations indigènes et dans un monde où plus d’un milliard d’être humains ne mangent pas à leur faim. En France, toujours, existent des partenariats avec Bouygues, avec le cimentier Lafarge. Ainsi agissent ces sociétés les plus pollueuses qui, en recourant au WWF, achètent des sortes de certificats de bonne conduite comme au Moyen Âge s’achetaient les indulgences.

Que dire par conséquent du WWF et de son plan de communication intitulé : « Urgence climat » ? Sinon qu’on a affaire là aussi à une jolie brochette d’écotartuffes.

Transcription et présentation
Reynald Harlaut