27 mai 2017

Doris Perreaux ne sera pas députée de la 4e circonscription de l'Eure


Le Front national n’est pas un adepte de la vérité. Florian Philippot, notamment, joue avec les mots et les fausses informations. C’est lui l’inventeur de la formule maintenant célèbre : « c’est faux mais ça aurait pu être vrai. » D’où des ragots, rumeurs, faux scandales propagés par les sites de la fachosphère peu regardants sur les faits. Le pire c’est que les adhérents du FN sont imprégnés de ces demi vérités vrais mensonges et comme la campagne législative est lancée, ils s’en donnent à cœur joie.

Prenons la circonscription de Louviers, la 4e de l’Eure. Pendant des semaines le candidat fut le dénommé Timothée Houssin, responsable départemental du FN. Par un tour de passe-passe dont le FN a le secret, ledit Timothée a changé de circonscription pour se retrouver dans la 3e tandis que Doris Perreaux, super célèbre à Pont-de-L’arche où elle laisse un  souvenir impérissable, s’y colle dans la 4e.

J’ai pris le temps de lire la prose de Doris Perreaux. Prose qui n’est pas la sienne d’ailleurs puisque les candidats FN se voient remettre un kit avec  le guide du parfait candidat. Tout est mâché : les textes, la mise en page, la photo de Mme Le Pen (elle a au moins dix ans d’âge…la photo) l’immigration, la préférence nationale, et le reste à l’avenant. Un petit coup d’autoroute pour faire local et hop le tour est joué. On retrouve la litanie des promesses intenables et la folle proposition du protectionnisme ! Elle ose proposer de rouvrir un hôpital à Louviers faisant fi de toutes les actions passées au service d’une médecine compétente. Mme Perreaux ne manque pas d’air. Elle écrit : « La France est le pays le plus imposé du monde ! » Une sornette de plus. La France figure au 15e rang du classement mondial des pays les plus imposés. L’argentine occupe la première place et nettement. Le reste à l’avenant. Il n’y a pas un mot à croire de ce qu’elle raconte.

Le contexte politique et électoral a changé. Après la déroute de Mme Le Pen lors du débat face à Emmanuel Macron, le départ de Marion Maréchal, le chantage de Florian Philippot, le FN n’a plus le vent en poupe. Les sondages les plus récents prévoient une petite quinzaine de députés et peut-être même l’impossibilité pour le FN de constituer un groupe parlementaire. Il va sans dire que Doris Perreaux ne fait pas partie des éventuels gagnants. Elle est là pour assurer le financement du parti tout comme ces dizaines de candidats dont le seul espoir est de faire 1 % des voix (dans 50 départements différents) afin de financer les micro partis (ils sont 450 en France) un vrai scandale d’utilisation d’argent public ! Ces micro partis n’apparaissent d’ailleurs que tous les cinq ans et ne contribuent pas du tout à la vitalité de la démocratie, bien au contraire.

26 mai 2017

Je persiste et je signe : le suffrage universel ne doit pas servir à blanchir les élus


Le Parquet de Brest décide de ne pas ouvrir d’enquête préliminaire dans l’affaire Ferrand et les mutuelles de Bretagne. Après une analyse juridique serrée, aucun fait ne peut être reproché au ministre macroniste. Soit. Il n’a donc pas commis d’illégalité. Pour le couvrir, Edouard Philippe, le premier ministre, en vient même à invoquer le suffrage universel qui, selon lui, tranchera lors des prochaines élections législatives. Si les électeurs (trices) de la circonscription du Finistère dans laquelle M. Ferrand se représente, lui renouvellent leur confiance, alors de débat il n’y aura plus.
Modestement, je conteste cette vision des choses. Il ne faut pas mélanger le juridique et le politique qui sont de nature différente. Bernard Tapie, Nicolas Sarkozy, Patrick Balkany, François Fillon ont toujours considéré que le suffrage universel était une machine à blanchir, non seulement le linge sale, mais également les turpitudes des élus. Ils ont tort. Car les électeurs(trices) ne votent pas en toute connaissance de cause. Ils ne savent rien des dossiers d’instruction et des charges retenues contre certains mis en examen. Certes, la presse relate ce qu’elle peut relater, ce dont elle dispose, mais elle ne connaît pas à 100 % la nature des charges et éventuellement des « décharges » concernant les élus.

 Il est donc fort aventureux voire imprudent d’en appeler au suffrage universel comme le fait notre premier ministre. François Fillon en espérant l’immunité présidentielle, croyait échapper aux juges. Ce n’est pas parce qu’il a perdu les élections qu’il est coupable. Attendons la fin de l’histoire. En fait, la double affaire Ferrand est simplissime : si son fils a effectivement accompli des tâches administratives ou techniques à l’Assemblée nationale pour son père, il n’y a point d’emploi fictif et la loi reste la loi. Si la compagne de M. Ferrand a bénéficié d’un quelconque favoritisme dans l'affaire de la mutuelle de Bretagne, l’examen des documents et des contrats permettra d’en connaître précisément. A priori, Richard Ferrand a respecté la loi. On ne lui en demande pas plus. Ni moins.

25 mai 2017

Trop d'hommes politiques se défoulent sur la presse…en France aussi


JC Cambadélis.
Les statistiques de l’association Reporters sans frontières sont sans appel. Chaque année, plus d’une centaine de journalistes sont tués, partout dans le monde, au nom du totalitarisme et de l’oppression. Dans des dizaines d’états où la démocratie n’existe pas, les hommes et les femmes de presse prennent des risques quotidiens pour dénoncer les scandales qu’ils soient politiques, économiques ou sociétaux. Au nom de la liberté et notamment de la liberté de la presse, des journalistes dignes de ce nom sont par ailleurs emprisonnés, torturés, vilipendés.

Soyons franc ; La France jusqu’aujourd’hui, figurait en bonne position dans les états où la liberté de la presse est acquise et est devenue une composante du bon fonctionnement de la démocratie. L’arrivée des populistes, de droite et de gauche, a transformé le paysage. Bien qu’ils soient à l’opposé du spectre, Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon n’épargnent ni de leurs sarcasmes ni de leur arrogance ceux et celles qui posent les « mauvaises » questions. Comme chacun sait, un bon journaliste est quelqu’un qui doit la fermer et qui, quand il l’ouvre, doit brosser dans le sens du poil. Sinon gare.

Deux exemples récents pour illustrer les difficultés de ce métier. Jean-Christophe Cambadélis, Premier secrétaire du Parti socialiste est candidat dans une circonscription législative de Paris. La tâche s’annonce difficile puisque des candidats de droite et de la République en Marche veulent prendre sa place. N’est-ce pas le B-A BA de la démocratie ? Cela irrite M. Cambadélis qui ne décolère pas. Il est tellement en rogne qu’il en vient à se saisir brutalement des micros qui se tendent vers lui au cours d’une scène qu’un journaliste avisé a enregistrée. Le dépit, l’amertume, la déception forment un cocktail détonnant. Faut-il plaindre le pauvre JC Cambadélis quand les sondages donnent 6% des suffrages au PS le 11 juin prochain ? La Bérézina de 2017 surpassera celle de 1993 ! Et s’il n’y pas lieu de s’en réjouir, il n’y a pas lieu, non plus, de prendre la presse pour bouc émissaire.

Comme ce candidat républicain américain au poste de gouverneur d’un état dont j’ai oublié le nom, qui en en est venu aux mains avec un journaliste désireux d’avoir une réponse à ses questions. Lunettes cassées, visage tuméfié, plainte déposée. Le climat général est à la tension. On peut dire merci à Trump, à Poutine, à Erdogan, à tous ceux et toutes celles qui s’essuient les pieds sur les chartes de valeurs et bafouent tous les principes communément admis pour rendre la vie en société supportable.

Le Colorado est devenu l'ami de la Marie-Jeanne. Que fait la France ?


Un plan de Marie-Jeanne.
Un reportage sur l’état du Colorado, aux Etats-Unis, diffusé sur une chaîne de la TNT, montre comment cet état dont le gouverneur est républicain, est devenu le premier état américain à dépénaliser le cannabis, comment l’industrie et la production de la Marijuana sont réglementées, contrôlés, fiscalisées et comment les opinions des uns et des autres ont évolué depuis qu’un référendum dans l’état a, à la majorité, décidé de rendre le cannabis « acceptable » aux yeux de la société.
L’établissement, les conservateurs, les fanatiques religieux, avaient prédit le pire. Avec une dépénalisation du cannabis, on aurait évidemment plus de criminalité, plus d’insécurité…les prix de l’immobilier chuteraient, les affaires seraient moins bonnes et le Colorado deviendrait une sorte d’état pestiféré…

Avec le recul et depuis l’application de la loi fédérale, aucun de ces scénarios catastrophes ne n’est produit. La criminalité a baissé de 15 %, les prix de l’immobilier montent sans cesse, des friches industrielles retrouvent un usage, le gouverneur, fort discret, fait rentrer 51 millions de dollars de taxes dans ses caisses (afin de faire de la prévention anti-drogue paraît-il) et une industrie nouvelle emploie des centaines de salariés peu formés occupés à produire la fameuse graine et la non moins célèbre fleur. De nombreux jeunes affluent d’autres états pour s’installer au Colorado devenu un eldorado pour les amateurs de chanvre.Sans compter que l'état surveille de très près la production et veille au scrupuleux respect des règles qu'il a édictées.

En France, on n’en est pas là. On continue de discourir du sexe des anges. Sans parler de dépénalisation (Gérard Colomb prévoit des contraventions pour une fumette !) on n’ose même pas imaginer la légalisation de cette drogue douce, évidemment nocive si consommée avec excès, pourtant incluse dans le paysage des jeunes Français et Françaises premier(e)s consommateurs(trices) d’Europe. Les politiques doivent cesser de vivre sur des schémas anciens. Ils doivent comprendre que la répression, seule, ne viendra jamais à bout de comportements sociaux et individuels ancrés dans une recherche de plaisir. Puisque le combat contre la consommation de cannabis est perdu d’avance, il est du rôle de l’Etat d’encadrer son usage et d’en limiter au maximum les effets négatifs : gangs, mauvaise qualité des produits, contrebande, blanchiment d’argent sale…Il y faut certes du courage. Au gouvernement actuel de prouver qu’il en a.

24 mai 2017

Le gouvernement change. Pas Mediapart ni le Canard enchaîné.


« Le Canard enchaîné » de cette semaine met le doigt, une fois de plus, là où cela fait mal. Il met en cause Richard Ferrand, député PS sortant et ministre d’Emmanuel Macron, dans une affaire de location par la Mutuelle qu’il dirigeait de biens appartenant à sa compagne. Alain Touret, député PRG du Calvados, qui semble bien avoir confondu ses frais de représentation (dans le cadre de ses fonctions) avec de l’argent disponible pour des séjours au club Med, des achats divers, des greens fees golfiques et cela pendant des années, est quant à lui mis en cause par Mediapart.

Cette indemnité de Frais (IRFM) versée à tous les députés mensuellement est actuellement dépensée sans aucun contrôle. Pour nombre de députés, elle est devenue tout simplement un complément de salaire, non imposable et non contrôlable. Il suffit que le ou la député(e) déclare sur l’honneur faire un usage normal de cette indemnité pour que la présidence de l’Assemblée nationale ou le déontologue fantoche ferment les yeux.

C’est d’ailleurs pourquoi la future loi de moralisation de la vie publique va mettre un terme au fonctionnement actuel de cette IRFM. Elle continuera d’être versée aux parlementaires. Mais, dorénavant, elle sera imposable et des justifications comptables devront être apportées pour démontrer l’usage de ces fonds publics : frais de mission, voyage, transports, équipements…

Alain Touret a été cité suite à la publication frauduleuse de mails et de comptes récoltés par des hackers sur le site d’En Marche quelques jours avant le second tour de scrutin. Si le but avéré était de nuire à Emmanuel Macron, rien de pénalement responsable n’a été découvert si ce n’est ces petits arrangements très anciens. L’IRFM ancienne manière c’était comme les emplois familiaux : des habitudes qui, pour être moralement inexcusables, étaient, si je puis dire, monnaie courante.
Touret affirme qu’il va rembourser 16 000 euros pour des dépenses plus personnelles que collectives. Très bien. Une fois encore, le site Mediapart, qui rapporte les frasques du député radical, aura apporté sa pierre à la construction d’un vrai code de conduite des élus. Vous vous engagez pour représenter les citoyens ? Alors assumez et soyez cleans devant le fisc et devant la loi…que justement vous votez !

Une révolte, sire, non une révolution…


Les partis politiques traditionnels sont sens dessus dessous. Depuis la victoire d’Emmanuel Macron et la nomination des membres du gouvernement, les Républicains, mais surtout les socialistes, ne savent plus où ils habitent. Cambadélis évoque un changement de nom, Baroin se meut dans un rôle de leader qui ne lui va pas du tout, Florian Philippot, pour le FN, ajoute le grain de sable nécessaire à une belle embardée dans les premiers virages des législatives. La double monnaie inventée par Marine Le Pen laisse des traces indélébiles.

La République en marche est-elle en train d’écraser le paysage politique au point de faire gagner le président Macron, soucieux dès le premier tour de la présidentielle de s’assurer une majorité absolue à l’Assemblée nationale ? Les politologues ne croyaient pas à cette possible majorité absolue mais face aux hésitations, à la confusion et aussi au dépit de dirigeants encore sonnés par la défaite du 7 mai, plus rien ne semble devoir empêcher le nouveau président d’obtenir satisfaction.

Je suis effaré de la rapidité avec laquelle les Français se sont appropriés les thèmes du changement, de la modernité et de l’union nationale. Sans bien savoir ce que chacun de ces mots signifie pour le nouvel exécutif, le fait est qu’une majorité de citoyens et de citoyennes se retrouvent dans l’élan (réel ou virtuel) du macronisme. Je suis étonné de la vitesse avec laquelle le président de la République s’est approprié tous les codes pour mieux les contourner ou mieux les contrecarrer au point même qu’il s’est permis de déplaire à nombre de confrères et consœurs journalistes qui croyaient s’être mis dans la poche ce bleu-bite inexpérimenté. Je suis enfin choqué de la chute idéologique autant que politique des partis de gouvernement marginalisés à l’extrême. Ne s’agit-il que d’une révolte civique ? Et si c’était plutôt une révolution pacifique. Il faudrait nous y faire.