23 octobre 2010

Ce cochon de Morin et le roi des cons…

« C'est difficile d'expliquer à des cons…………à des hommes et des femmes que leur sécurité se joue à 7000 kilomètres de chez eux…». Ce cochon de Morin, est devenu, ces jours derniers, le roi du lapsus en direct sur une chaine de radio. Après l'inflation-fellation de Rachida Dati, le fichier des empreintes génitales de Brice Hortefeux, Hervé Morin est la 3e personnalité politique de droite à se mettre en valeur, si je puis dire, à la suite d'un écart de langage coupable.

Devoir expliquer à des cons…voilà bien ce que déplorent des tas de ministres et sans doute les principaux dirigeants de ce pays. Ils ne sont pas tout seuls. Georges Frèche, le célébrissime imperator de la région Languedoc-Roussilon s'était déjà distingué dans ce domaine et avec la même expression. Cela n'a d'ailleurs pas empêché des milliers de cons de voter pour lui. Et à l'avenir on verra que des centaines de milliers d'autres sont prêts à renouveler leur connerie en votant pour Sarkozy ou Morin à Epaignes.

Ce qui est bien embêtant dans une démocratie et un état de droit, c'est qu'il faut expliquer et s'expliquer sur les décisions qu'on prend ou les actes qu'on commet. Pourquoi 10 millions de francs en espèces versés sur un compte de campagne (Balladur) ? Pourquoi onze Français morts dans un attentat ciblé à Karachi ? Pourquoi des conflits d'intérêts suspects dans les affaires Woerth-Bettencourt ? Pourquoi le procureur Courroye commet-il un acte illégal en faisant examiner les « fadettes »(1) des journalistes du Monde ? Pourquoi Une réforme des retraites passée à la hussarde au Parlement ? Les sujets sont multiples qui mériteraient des réponses.

Mais pourquoi expliquer à des cons ce que, de toutes façons, ils ne comprendraient pas ? La complexité ma pauvre dame ! Tout est dans la complexité. Et le citoyen n'y a pas accès. Il est trop con. Du moins sont-ils nombreux, les gens de pouvoir, à le croire. Jusqu'à quand ?

(1) fadette : facture de téléphone portable indiquant les numéros d'appels des correspondants du titulaire de l'outil.

22 octobre 2010

Maximilien Luce, peintre néo-impressionniste engagé

Si vous n’y êtes déjà allé, il vous reste encore quelques jours pour vous rendre à Giverny voir la très belle exposition consacrée à Maximilien Luce (1858-1941) au Musée des Impressionnismes (ancien musée américain de la fondation Terra). Elle fermera ses portes le 31 octobre.

Je dois humblement l’avouer, j’ignorais tout de cet artiste, jusqu’à son nom, et si Claude Cornu, responsable des conférences et des activités à la Société d’Études diverses de Louviers (SED) ne m’avait pas convié à participer à la visite qu’il organisait, guidée par un conférencier – en l’occurrence une conférencière -, sans doute ne m’y serais-je pas rendu de ma propre initiative. La découverte de cet artiste et de son œuvre n’en a été que plus enthousiasmante tant la surprise fut grande.

Dessinateur exceptionnel, ami des plus grands dont Pissarro, Signac et Seurat, il se rallie très jeune au courant divisionniste, dernier avatar de l’impressionnisme, dont les deux derniers cités sont les représentants les plus connus. Artiste accompli, abordant tous les genres, la traduction dans son œuvre de son engagement politique aux côtés du mouvement anarchiste le rend particulièrement attachant. Là est probablement la raison principale de l’ostracisme dont il a longtemps fait l’objet de la part des instances officielles. Cet homme, issu d’un milieu modeste, n’était déjà pas de son temps, politiquement correct.

Témoin privilégié des luttes sociales à une époque où les ouvriers ne disposaient d’aucun droit, il rend, dans des tableaux d’une grande retenue, le plus bel hommage qui soit aux travailleurs et aux gens du peuple sans jamais tomber dans la grandiloquence ou les travers de la peinture officielle du réalisme socialiste en Union soviétique. En cela, il est un incontestable successeur des Frères Le Nain et de Chardin.

Par un tableau bouleversant (illustration), il nous montre la répression féroce du pouvoir versaillais lors de la Commune de Paris. Il nous aussi dit la souffrance, à leur retour en permission, des soldats de la Grande guerre qui ont vécu l’horreur des tranchées.

Son combat contre l’injustice d’une société facile aux riches mais d’une dureté impitoyable envers les plus faibles, n’a rien perdu de sa pertinence. Son message est plus que jamais d’actualité. Cette universalité et cette intemporalité sont bien les marques d’un grand artiste.

Reynald Harlaut

Bussereau : « il n'y a pas de pénurie à la pompe », est un vilain menteur

Il n'y a pas de pénurie à la pompe : mon œil ! (photo JCH)

Bussereau veut renoncer à son portefeuille de secrétaire d'Etat aux transports. Il a bien raison. Quand il aura quitté le gouvernement il ne sera plus obligé de mentir comme il respire. En affirmant « il n'y a pas de pénurie à la pompe » il est la risée des centaines de milliers d'automobilistes contraints de faire la queue pendant plusieurs dizaines de minutes voire deux heures (comme à la station Leclerc d'Incarville) pour faire le plein (1) et qui savent bien, eux, que la pénurie est réelle.

Au lendemain du premier tour des régionales, les responsables de l'UMP n'avaient pas reconnu leur cuisante défaite. Les éléments de langage distribués par l'Elysée laissaient accroire qu'on allait voir ce qu'on allait voir au second tour, que les abstentionnistes allaient changer la donne et que les listes UMP allaient faire un malheur. Le malheur est arrivé, en effet, mais dans le camp de la droite puisque 95% des régions sont restées dans l'escarcelle de la gauche. Les listes UMP-NC ont pris une déculottée mémorable.

Au plus haut niveau de l'Etat, on pratique la méthode Coué. Contrairement à toutes les évidences, on s'acharne à refuser de reconnaître que la crise sociale est profonde et que les manifestants et grévistes n'accepteront pas de se laisser marcher dessus. Le gouvernement passe en force au Sénat, il veut passer en force dans la rue mais la rue ne lui appartient pas. Les prochains cortèges vont voir les rangs des protestataires grossir ! Et Bussereau sera pris d'un grand coup de pompe…

(1) Fabienne Buccio, préfète de l'Eure, a pris un arrêté interdisant aux particuliers de bénéficier de plus de 20 litres de carburant à la pompe. Cela s'appelle du rationnement.

Attention ! Lois Besson, Hortefeux..lois d’exception !

(photo RH)
Mardi 19 Octobre 2010, à Evreux, avait lieu un rassemblement devant la Préfecture contre le projet de loi Besson, dans le cadre du mouvement « Non à la politique du pilori ». A l’appel de différentes associations et partis politiques (1), nous étions entre 120 et 150 personnes rassemblées devant la Préfecture pour protester contre la loi Besson.

Après une intervention de la LDH (2) faite au nom de toutes les organisations et associations à l’initiative de ce rassemblement, une délégation (LDH, CEFED et RESEF) a été reçue par la Directrice de Cabinet de la Préfète.

Sur les conséquences de la nouvelle loi qui aggrave une fois de plus (5ème loi en 7 ans) les conditions « d’accueil » des immigrés dans notre pays, la réponse a été la suivante : « La loi Besson vise à uniformiser les politiques européennes dans le domaine de l’immigration. »

Rappelons les dix bonnes raisons de dire NON à la loi Besson :

1) Non aux expulsions en raison de l'origine !
2) Non aux « Français de seconde zone » !
3) Non à la présomption de culpabilité !
4) Non à la condamnation pénale du fait d’autrui !
5) Non à la généralisation des peines plancher sans décision de justice
6) Non aux campagnes électorales pour choisir les juges !
7) Non à l’atteinte au droit d’asile !
8) Non à la remise en cause du droit à la santé pour les migrants
9) Non à la stigmatisation des pauvres et des Gens du voyage !
10) Non à l’amalgame immigration–délinquance repris de l'extrême droite !

(1) à l’appel de : LDH Evreux, LDH Pont Audemer, LDH Louviers, Collectif Wei Ying et Ming -RESF27, CEFED 27, Secours Catholique – Réseau mondial Caritas – Eure, UL CGT Evreux, Sud Education HN, FSU 27, ATTAC Risle-Charentonne, Gauche Unitaire 27, Parti de gauche 27, NPA 27, NPA Evreux, PCF 27, PCF Agglo Evreux, MJS, Union Locale CFDT 27.
source : Site du Collectif RESF 27
(2) Ligue des Droits de l’Homme

21 octobre 2010

Ne laisson pas galvauder le mot « otage »

« On n'a pas le droit de prendre en otages des gens qui n'y sont pour rien, dans leur vie quotidienne ». Il faudra inscrire cette phrase au fronton des clichés les plus éculés. Face au mouvement de protestation contre la réforme des retraites soutenu par 69 % des Français, notre président de la République ne trouve rien d'autre qu'à faire preuve d'une pauvreté d'idée et de vocabulaire bien faible dans le contexte de crise économique et sociale que nous connaissons.

Des dizaines de milliers de travailleurs grévistes perdent chaque jour du salaire, du pouvoir d'achat, du nécessaire pour leurs familles. Que trouve à leur dire le chef de l'Etat : vous prenez des gens qui n'y sont pour rien en otage. Nous sommes tous pour quelque chose dans ce que nous vivons, nous sommes tous responsables des élus que nous choisissons, nous sommes tous coupables de ce que nous subissons si nous nous nous y résignons.

Otage ? Stéphane Taponnier et Hervé Guescquières, les deux journalistes de France 3 (et leurs trois accompagnateurs) sont de vrais otages. Les employés d'Areva, aux mains d'AQMI (1) sont de vrais otages. Ils sont prisonniers et risquent leur vie pour avoir voulu exercer leur métier d'hommes de presse ou pour avoir été victimes d'être salariés du groupe français de l'atome. N'employons pas le mot otage à tort et à travers, pour tout et n'importe quoi. Quand on est libre de penser, d'éditer, d'aller et venir, de protester, on n'est l'otage que de soi-même !

(1) AQMI : Al Qaida au Maghreb islamique

"Nègre je suis, nègre je resterai" par Audrey Pulvar

« L’arabe menteur, l’arabe voleur, le chinois travailleur mais sale, le juif cupide, la française sexuellement libre, le latino chaud lapin, la négresse panthère, la négresse lascive, le nègre danseur, le nègre rieur, le nègre footballeur, le nègre paresseux… strike ! En cherchant un peu, on pourrait en trouver d’autres, des idées à fournir à monsieur Jean-Paul Guerlain pour son petit précis de clichés racistes. C’est donc celui du nègre fainéant, bon à rien, qu’il aura choisi de nous servir, dans un silence sidérant, sur le plateau du 13 heures de France 2 vendredi dernier.

« J’ai travaillé comme un nègre, je ne sais pas si les nègres ont toujours tellement travaillé, mais enfin… ». C’est la deuxième partie de la phrase, 13 mots, qui lui valent... quoi au juste ? On a bien cherché, on a bien attendu pendant tout le week-end, dans la bouche de tous ces responsables politiques, un début de condamnation, d’émoi, d’indignation. Seule Christine Lagarde a réagi. Pour les autres, on attend encore. En France, on peut donc prononcer des paroles racistes à une heure de grande écoute, sur un média national sans qu’aucune grande voix, politique, intellectuelle ou artistique ne s’en émeuve. Oh, les associations font leur job, qui menacent de porter plainte. Mais qui parle de racaille ? De scandale ? De honte ? D’obscénité ? De crachat ? Le crachat, que ce très distingué Monsieur Guerlain a jeté à la figure non pas seulement de tous les Noirs d’aujourd’hui, mais surtout, cher Monsieur Guerlain, sur la dépouille des millions de morts, à fond de cale, à fonds d’océan, déportés de leur terre natale vers le nouveau monde. Ces millions de personnes asservies, avilies, déshumanisées, pendant quatre siècles, réduites au rang de bras et de mains destinées aux champs de coton, aux champs de canne, à la morsure du fouet ou celle du molosse, tous ces esclaves, vendus comme une force de... travail ! Pas des hommes, non, ni des pères, ni des mères à qui l’on arrachait leurs enfants pour en faire d’autres bêtes de sommes, pas des humains, mais des outils, du matériel. Des marchandises.


Cher monsieur Guerlain, vous dont l’un des parfums suffisait, à lui seul, à rassurer l’enfant que j’étais quand sa mère s’absentait, vous dont le nom m’a accompagnée, de mère en fille, de sœur en sœur, aussi loin que remontent mes souvenirs et dont je ne pourrai plus, jamais, porter la moindre fragrance, moi négresse, je vous relis, je vous dédie ces quelques lignes, signées Aimé Césaire : « Vibre… vibre essence même de l’ombre, en aile en gosier, c’est à forces de périr, le mot nègre, sorti tout armé du hurlement d’une fleur vénéneuse, le mot nègre, tout pouacre de parasites… le mot nègre, tout plein de brigands qui rôdent, de mères qui crient, d’enfants qui pleurent, le mot nègre, un grésillement de chairs qui brûlent, âcre et de corne, le mot nègre, comme le soleil qui saigne de la griffe, sur le trottoir des nuages, le mot nègre, comme le dernier rire vêlé de l’innocence, entre les crocs du tigre, et comme le mot soleil est un claquement de balle, et comme le mot nuit, un taffetas qu’on déchire… le mot nègre, dru savez-vous, du tonnerre d’un été que s’arrogent des libertés incrédules »*.

Aimé Césaire qui, à l’insulte, répondit aussi un jour : « Eh bien le nègre, il t’emmerde ! ».
* Extraits du poême "Mots", du recueil Cadastres, d'Aimé Césaire.

Edito du 18/10/10 sur France-Inter

20 octobre 2010

Alain Lefeez répond à Sylvia Mackert


Sylvia Mackert utilise souvent la rubrique commentaires des différents blogs régionaux. Je ne le lui reproche pas. Au contraire, c'est bien d'alimenter le débat. Je crains, toutefois, qu'elle se soit trompée sur le sens de mon texte concernant l'attitude du maire de Louviers apostrophé par un syndicaliste FO. Alain Lefeez m'a, à son tour, adressé un commentaire qui vaut texte dans la mesure où il éclaire bien le double jeu du maire radical de gauche.

« Comment ça, ce n’est pas une "récup" pure et simple ?

Franck Martin président des radicaux de gauche de l’Eure a dans un de ses blogs, avant les vacances, encensé le discours ( « un discours remarquable », « prouesse de communication ») de Jean Michel Baylet sur les retraites.

Je cite : « Nous devons traiter sans angélisme et sans violence des questions que la gauche feint d’ignorer parce qu’elles sont dérangeantes pour tous les dogmes : Oui notre système de solidarité doit être profondément réformé. Oui, la sacro-sainte répartition comme seule légitimité de notre système de retraites a vécu. Elle était efficace à la libération dans d’autres conditions économiques et démographiques. Elle est vouée aujourd’hui à l’échec. Je reviens, pour ma part, sur une proposition souvent avancée par les radicaux et qui a le grand défaut de prendre à rebrousse-poil tous les catéchismes sociaux. Le financement des retraites ne sera possible demain que si nous pouvons concevoir un système à trois étages. Financé par l’impôt, un étage de sécurité égal au SMIC. Financé par la répartition, un étage de solidarité jusqu’à 2,5 ou 2,8 fois le SMIC. Et financé par l’assurance, un étage de responsabilité pour toutes les retraites situées au-delà et qui n’ont, selon moi, aucun rapport avec l’impératif de solidarité. »

Je n’ai pas entendu de manifestants tenir ce genre de discours hier, donc oui, c’est de la "récup" pure et simple comme le dit le syndicaliste FO dans cet article. Dès que j’ai vu le maire de Louviers gesticuler dans la manif d’hier, je me suis tout de suite remémoré le merveilleux texte de mon copain Reynald l’année dernière sur ce blog : « L’escamoteur ».

PS : Vous trouvez qu'en Allemagne les syndicats négocient mieux, pas besoin de manifs. En France avec Sarko, c'est : pas de négociations. Que nous reste-t-il ? Il nous reste la rue. La rue, jusqu’à ce que ce pouvoir cède. Qu'il cède pour négocier. »

Juliette écrit à son cher papa

Mon cher papa,

Hier je suis encore allée à la manif. J’y trouve une ambiance de plus en plus chaleureuse. Tout le monde se parle. On fait des connaissances, on échange des adresses pour s’envoyer des photos. On sent bien que l’esprit est fraternel, joyeux, déterminé aussi.

Aujourd’hui il n’est pas facile d’avoir des infos sur les radios publiques. Je crois que cette fois, elles font toutes la grève.

Ah non ! Ce midi, j’ai écouté France Bleu. Ils avaient d’abord invité Jean-François Roubaud, le président de la CGPME. Il nous a expliqué que si les blocages continuent les entreprises vont faire faillite, ce qui augmentera le nombre de chômeurs.

Ensuite, ils ont passé quelques appels d’auditeurs. Ils étaient tous contre la grève…

L’invité suivant était Frédéric Lefebvre, porte-parole de l’UMP, qui a fait de la pédagogie pour que les auditeurs comprennent qu’on ne peut pas faire autrement. Les autres pays font aussi une réforme des retraites. Et nous nous ne ferions rien ?

Tu sais comme je suis naïve mais si j’écoute encore les radios publiques c’est que j’ai l’impression qu’elles doivent appartenir au peuple et être le reflet de ses préoccupations. Mais là, j’ai vraiment un grand sentiment d'abandon…

Je t’embrasse
Ta Juliette

« Faire aussi bêtement de la politique »

On aperçoit le maire de Louviers à la gauche de la photo. Il mitraille les leaders syndicaux. Il se montre. (photo JCH)

« Il semble que tu n'as pas remarqué la présence de FM dans le cortège et dans la cour de la Mairie, houélou chéri...C'est, d'une certaine manière, ce qui te rend si attachant : faire aussi bêtement de la politique ! » Mon fidèle lecteur(trice) n'aurait pas dû m'adresser ce commentaire. Pourquoi ? Tout simplement parce que le maire de Louviers n'a cessé de jouer les vedettes en remontant le défilé avec son appareil-photo-caméra et surtout, a occupé le devant de la scène sur le kiosque à musique de la cour de la mairie. Quel toupet !

Gaétan Levitre, conseiller général de Pont-de-l'Arche, Richard Jacquet, maire de cette ville et bien d'autres élus l'ont joué discret et modeste dans le cortège. Ils ont adopté l'attitude qui convient en pareil cas. L'intersyndicale était à la manœuvre et il fallait respecter cette hiérarchie des responsabilités. En ce moment, les élus doivent accompagner le mouvement, ni le précéder ni le récupérer.

Comme c'est plus fort que lui, notre narcisse-maire-provocateur n'a pu résister à son péché mignon : faire le clown et parader devant les manifestants. Cela a eu une conséquence inattendue. Un syndicaliste de FO a pris le micro et a déclaré : « Il y a aujourd'hui dans le défilé, des élus qui arborent leur écharpe tricolore. Alors, chers camarades, je vous le demande : allez sur les blogs lire ce qu'ils racontent. Il y en a qui sont là et qui défendent la retraite par capitalisation ! »

Je suis certain que si le maire de Louviers avait osé prendre la parole, il aurait eu droit à un beau chahut. Il a senti le vent mauvais et rangé son appareil photo. Il était plus que temps. Alors, lequel fait bêtement de la politique ?

19 octobre 2010

Retraites : au sixième jour, la mobilisation ne faiblit pas

photo Jean-Jacques Nolle

Combien étions-nous ce mardi 19 octobre à Évreux à répondre à l’appel des organisations syndicales et des partis politiques de gauche ? Douze mille, quinze mille ? Il nous a paru que nous étions aussi nombreux que lors de la manifestation du 12 octobre dernier. C’est dire que le niveau de mobilisation est intact.

Nicolas Sarkozy et son gouvernement, arc-boutés sur des positions qui ne leur laissent à présent aucune marge de manœuvre, comptaient sur la lassitude et le pourrissement de la situation. C’est perdu !

Car jamais en France on n’a connu l’arrêt total (sans jeu de mots) du raffinage pour cause de grève. Est-ce cela qu’ils nomment la rupture ? Aux déclarations de Fillon assurant que le pays ne connaîtrait pas de pénurie de carburant, la réalité de la situation apporte un démenti cinglant. Comme sur le reste, ils ne cessent de nous mentir.

Ils disaient aux jeunes que ce mouvement ne les concernait pas et qu’ils n’en connaissaient même pas les enjeux. Affichant le mépris qu’ils ont pour eux, ils affirmaient qu’ils ne connaissaient rien à la loi en débat sur les retraites et que leur seul objectif en manifestant était de sécher les cours. La jeunesse leur apporte un démenti cinglant. Bien sûr qu’elle les concerne.

Retarder le départ des plus anciens va freiner l’entrée des plus jeunes dans la vie active. Ils savent bien que déjà ce sont eux qui sont le plus pénalisés par la crise et la pénurie d’emploi. 25% des moins de vingt-cinq ans sont en recherche d’emploi. Ils savent aussi que désormais, pour la plupart d’entre eux, c’est la précarité qui les attend avec des stages, des CDD à répétition ou des petits boulots à raison de quelques heures par semaine. Ils se rendent à l’évidence qu’ils ne pourront espérer conserver le niveau de vie de leurs parents. Parents qui eux-mêmes commencent à payer cash les conséquences de la crise financière avec son cortège de suppressions d’emplois, de fermetures d’entreprises et d’angoisse pour leur avenir plus que jamais incertain.

Ils savent enfin que sur cela comme sur le reste Sarkozy et sa clique leur ont menti et ne cherchent à protéger qu’une poignée de personnes immensément riches en faisant porter tous les efforts sur les plus modestes. Ces jeunes, avec la soif d’idéal qui est la leur, sont profondément révoltés par tant d’injustice.

Tous, jeunes et vieux, quelle que soit la situation dans les prochains jours, que la loi sur les retraites soit votée ou non, affirment que leur colère restera intacte, leur sentiment d’injustice profond et qu’il s’exprimera à nouveau à la moindre occasion. Quelle que soit désormais l’issue du conflit, Sarkozy ne perd rien pour attendre.

Reynald Harlaut
Parti de Gauche

Plus de 1000 manifestants dans les rues de Louviers contre la réforme des retraites

Les manifestants se sont retrouvés dans la cour de la mairie pour écouter les interventions des représentants syndicaux. (photo JCH)

Une belle et grande manifestation comme Louviers en vit une tous les dix ans. Des salariés du privé et du public unis comme jamais contre la réforme des retraites imposée par le gouvernement. Une foule joyeuse, jeune, vieille, salariés, retraités, chômeurs tous rassemblée pour adresser un signe au pouvoir en place. Et surtout une intersyndicale motivée, rassurée par ce mouvement de la base qui ne s'essouffle pas et ne renonce pas.

Après le rendez-vous sur le parvis de l'église Notre-Dame, les manifestants ont emprunté les rues de Louviers de manière bon enfant et avec la conviction de la justesse des slogans égrenés selon les partis, syndicats, mouvements présents dans le cortège. Tous se résument en une phrase : depuis le Front populaire de 1936, la réforme des retraites de Sarkozy est la première réforme à mettre à mal un acquis social gagné de haute lutte et grâce à la présence de la gauche au pouvoir !

La retraite à 60 ans est emblématique, symbolique des acquis considérés comme inamovibles car il s'agit d'une victoire sur la pénibilité, il s'agit aussi d'une conquête pour une nouvelle vie, de loisirs, de temps consacré aux autres, de liberté donc d'absence de contraintes. Le prinicpal problème du nouveau projet de loi c'est qu'il éreinte toutes les catégories de femmes et d'hommes. Il ne laisse aucune marge à une liberté de choix et va condamner des dizaines de milliers de salariés au chômage eu égard à la vilaine place réservée aux séniors dans notre société.

Les jeunes lycéens ont parfaitement compris, non pas toutes les subtilités de la réforme, mais le sens de l'histoire. A terme, ce sont eux qui paieront les pots cassés et subiront la loi des fonds de capitalisation. Car le vrai objectif de Sarkozy est de briser le système par répartition pour introduire le loup dans la bergerie et donc favoriser les fonds de pension. Il s'agirait alors d'une autre société, d'une autre démocratie. La majorité des Français n'en veut pas. Ils le disent à Louviers et partout en France. Sans s'essouffler.

18 octobre 2010

« La Grande Régression » par Jacques Généreux

(photo Jean-Charles Houel)

« C’est le titre qu’a donné à son dernier ouvrage l’économiste Jacques Généreux, professeur à Sciences Po, responsable des questions économiques au Parti de Gauche. Il était ce matin l’invité de France Culture pour le présenter et en débattre.

« Durant les vingt premières années de ma vie, j’ai grandi dans un monde où le destin des enfants semblait naturellement devoir être plus heureux que celui de leurs parents ; au cours des trente suivantes, j’ai vu mourir la promesse d’un monde meilleur. En une génération, la quasi-certitude d’un progrès s’est peu à peu effacée devant l’évidence d’une régression sociale, écologique, morale et politique, la «Grande Régression» qu’il est temps de nommer et de se représenter pour pouvoir la combattre.

Car la première force des malades et des prédateurs qui orchestrent cette tragédie est leur capacité à présenter celle-ci comme le nouveau visage du progrès. Et leur première alliée, c’est la perméabilité des esprits stressés, trop heureux de s’accrocher à n’importe quelle fable qui fasse baisser d’un cran la pression et l’angoisse. À l’âge de la démocratie d’opinion, les réactionnaires ne peuvent se contenter de démolir l’acquis des luttes passées en faveur d’une vie meilleure pour tous; il leur faut aussi anesthésier les résistances, susciter l’adhésion ou la résignation de leurs victimes; ils doivent remporter une bataille culturelle dont l’enjeu est de nous faire aimer la décadence. »

Le ton est donné. Jacques Généreux dénonce clairement le néolibéralisme à l’œuvre dans le monde depuis une trentaine d’années. L’idéologie selon laquelle seuls comptent le profit maximum et l’enrichissement personnel. La même qui conduit à mettre les États au service d’intérêts privés. À les ruiner en livrant à la privatisation tout ce qui peut rapporter des profits. Et à affirmer ensuite qu’ils n’ont plus les moyens d’assurer les services publics dont ils sont les garants : éducation, santé, culture, justice, sécurité, etc.

Les caisses sont vides ne cesse t-on de nous répéter. Mais à l’aide de quelques exemples, Jacques Généreux, montre que cette situation n’est pas la réalité, mais le résultat d’un tour de passe-passe comptable. La France est un pays riche. Très riche. Le cinquième état le plus riche au monde. Qu’on taxe de façon équitable l’ensemble des revenus et non comme c’est majoritairement le cas aujourd’hui ceux du travail, qu’on cesse d’exonérer les entreprises des charges sociales relatives par exemple aux heures supplémentaires, qu’on déplafonne les cotisations sociales sur les hauts salaires, et c’est plus de cent milliards d’euros qui entreraient à nouveau annuellement dans les caisses de l’État, rendant ainsi totalement inutiles la réforme des retraites et la réduction de la prise en charge des prestations de santé. Pour ne citer que ces deux points précis.

« La peur du désordre et des catastrophes ne soutient jamais l’aspiration au progrès social. Dans un monde à feu et à sang, tout comme dans un cinéma en flammes, des individus atterrés et dissociés ne revendiquent pas la justice et la solidarité, ils sauvent leur peau et n’espèrent qu’un retour à l’ordre. La victoire de la peur soutient toujours celle de la droite conservatrice, quand ce n’est pas celle des fascistes. De tout temps, les classes dominantes ont exploité et amplifié la hantise d’une agression étrangère, d’une catastrophe économique ou d’un désastre naturel, pour reléguer l’exigence de justice derrière le souci de l’ordre public et pour masquer la scandaleuse inégalité des conditions de vie sous le factice intérêt général de la survie. »
La question qui se pose est la suivante : jusqu’à quand les peuples accepteront-ils de leur plein gré l’asservissement auquel ils sont soumis par la pensée unique néolibérale, trop souvent relayée – il faut le déplorer – par des gouvernements sociaux-démocrates qui se déclarent impuissants à la combattre et à lui proposer des alternatives ? »

Reynald Harlaut
Parti de Gauche

Jacques Généreux, La Grande Régression, Éd. Seuil, 18 euros.

17 octobre 2010

« Lycéens, étudiants, salariés, privés d'emploi, retraités : nous pouvons gagner ! »

« De nombreux secteurs professionnels tiennent des assemblées générales de salariés, nous sommes de plus en plus nombreux à combattre la réforme des retraites présentée par le gouvernement et à vouloir un projet basé sur une meilleure répartition des richesses.
De nombreux jeunes sont rentrés dans le mouvement, conscients de l'importance du combat solidaire entre les générations.

Le gouvernement doit admettre que c'est un mouvement de fond qui s'est installé dans le pays et que la seule voie possible est l'ouverture de réelles négociations sur l'avenir des retraites. Tous ensemble, salariés, retraités, chômeurs, jeunes lycéens et étudiants, nous pouvons gagner.

L'intersyndicale du département (CFDT,CFE-CGC,CGT,FO,FSU, Solidaires,UNS) vous propose cinq lieux de manifestation.

Le mardi 19 octobre : grève interprofessionnelle et manifestations

LOUVIERS 10 heures parvis de l'église, VERNON, 10 heures, Mairie, PONT-AUDEMER, 10 heures lycée Jacques Prévert, BERNAY, 10 heures, Gare, EVREUX, 14h30, Pré du Bel ébat