21 octobre 2010

Ne laisson pas galvauder le mot « otage »

« On n'a pas le droit de prendre en otages des gens qui n'y sont pour rien, dans leur vie quotidienne ». Il faudra inscrire cette phrase au fronton des clichés les plus éculés. Face au mouvement de protestation contre la réforme des retraites soutenu par 69 % des Français, notre président de la République ne trouve rien d'autre qu'à faire preuve d'une pauvreté d'idée et de vocabulaire bien faible dans le contexte de crise économique et sociale que nous connaissons.

Des dizaines de milliers de travailleurs grévistes perdent chaque jour du salaire, du pouvoir d'achat, du nécessaire pour leurs familles. Que trouve à leur dire le chef de l'Etat : vous prenez des gens qui n'y sont pour rien en otage. Nous sommes tous pour quelque chose dans ce que nous vivons, nous sommes tous responsables des élus que nous choisissons, nous sommes tous coupables de ce que nous subissons si nous nous nous y résignons.

Otage ? Stéphane Taponnier et Hervé Guescquières, les deux journalistes de France 3 (et leurs trois accompagnateurs) sont de vrais otages. Les employés d'Areva, aux mains d'AQMI (1) sont de vrais otages. Ils sont prisonniers et risquent leur vie pour avoir voulu exercer leur métier d'hommes de presse ou pour avoir été victimes d'être salariés du groupe français de l'atome. N'employons pas le mot otage à tort et à travers, pour tout et n'importe quoi. Quand on est libre de penser, d'éditer, d'aller et venir, de protester, on n'est l'otage que de soi-même !

(1) AQMI : Al Qaida au Maghreb islamique

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