20 juin 2020

Chez les Le Pen on ne manque pas de culot : les voilà gaullistes !


Chez les Le Pen on ne manque pas de culot. Des voix plus autorisées que la mienne ont commenté avec sévérité les déclarations et les gestes de Marine Le Pen à l’occasion de l’anniversaire de l’appel du 18 juin 1940 du général de Gaulle. Une Le Pen gaulliste ! On aura donc tout vu dans ce monde chaotique où les valeurs, les idées, les principes cèdent sous le poids des trahisons et des reniements.
En saluant le général de Gaulle, la responsable du Rassemblement national veut récupérer le Rassemblement du Peuple français qu’avait créé le plus grand des Français libres sous la 4e République. Elle joue sur les pertes de mémoire de ceux et celles qui, dans la Résistance, ont lutté chaque jour et chaque nuit, contre le défaitisme et le Pétainisme. Ils ne restent que quelques survivants mais les livres d’histoire, les témoignages écrits ou filmés auront tôt fait de clore le bec de Marine Le Pen, usurpatrice d’une action et d’un homme qui, seul, en France et à Londres, avait prophétisé la victoire du monde libre sur les forces du fascisme allemand, italien et Japonais.
Dans un entretien accordé au Monde, ces derniers jours, Julian Jakson, historien anglais, dresse un portrait sensible du général de Gaulle vu comme celui qui plaça la France au-dessus de toutes les contingences et de tous les régimes. Hier monarchiste, demain républicain, de Gaulle était avant tout Français. N’était l’affaire du 13 mai 1958 et le retour au pouvoir de celui qui allait créer la 5e République, supporté par une armée prête au coup d’Etat, ainsi que l’abandon des Harkis de l’autre côté de la Méditerranée, le palmarès du général de Gaulle pourrait être sans tache.
Pierre Mendès France avait coutume de différencier le de Gaulle de 1940 et celui qui reprit les rênes du pouvoir en 1958. L’ancien maire de Louviers n’admit jamais la constitution de cette 5e République taillée sur mesure pour l’homme du 18 juin. Car la tentation du pouvoir personnel y était trop présente. C’est sans doute ce caractère là du gaullisme qu’affectionne Marine Le Pen : le culte du chef, bien que Michel Debré, en préparant la constitution, ait quand même donné un rôle éminent au Parlement et donc à la démocratie représentative.
Il faut être bien sot ou bien aveugle pour suivre Marine Le Pen sur les chemins qu’elle emprunte. Nous sommes nombreux à nous souvenir des propos de son père lorsqu’il trouva bien des excuses aux extrémistes auteurs de l’attentat du Petit Clamart et destiné à tuer le chef de l’Etat français. L’extrême droite ne change pas. Elle modifie sa petite musique mais elle conserve les mots inscrits dans son programme de toujours.

15 juin 2020

« Cinq fermetures à Louviers ! De mémoire d'instit je n'avais jamais vu ça »


A la suite de mon billet sur les fermetures et ouvertures de classes à Louviers, j'ai reçu ce commentaire d'une enseignante (1) :
« Cinq fermetures à Louviers ! De mémoire d'instit je n'avais jamais vu ça. Où sont les déclarations de Blanquer, de Macron sur l'aide spécifique aux enfants défavorisés? Ils ont pourtant entonné des discours plein de compassion pour tous ces élèves qui ont été malmenés par la crise du covid (pas d'ordi à la maison, pas de connexion, pas d'aide de la famille, pas de bonnes conditions d'étude, pas de repas du midi). Une fois la propagande compassionnelle terminée, retour brutal à la réalité : 31 postes de remplaçants en moins dans l'Eure, des fermetures de classes. L'argument de l'administration est toujours le même : les effectifs. Ainsi la reine calculette a repris du service. Pensez donc ! Faire classe à 18 élèves, impossible! Soyez raisonnables, parents et enseignants ! Mais...
Quand dans une école, les effectifs baissent au point que les classes comptent 18 élèves par classe (pour reprendre le même exemple), c'est à l'équipe enseignante de décider comment repartir les élèves. Si c'est avec 18 élèves que se fait la meilleure répartition, l'école doit pouvoir continuer de fonctionner avec le même nombre d'enseignants. Si l'équipe pédagogique décide que la bonne répartition c'est 22 ou 23 élèves, (donc avec une classe de moins), on garde le même nombre d'enseignants. Celui ou celle qui voit sa classe supprimée (provisoirement peut être) doit pouvoir rester en poste dans l'école et prendre en charge de nombreuses tâches utiles d'enseignement. Quand on a peu on se bat pour le garder. L'éducation et l'instruction de la jeunesse doivent être la priorité. Alors messieurs dames les décideurs, rangez vos calculettes ! Faites confiance aux équipes éducatives pour organiser les classes, l'accueil des enfants et des familles, les cours, les sorties, le suivi scolaire....»

(1) La signataire de ce commentaire est Sophie Ozanne, institutrice honoraire, qui a longtemps travaillé à l'école Jean Zay.

14 juin 2020

Louviers : Cinq fermetures de classes, trois ouvertures. Le verre est à moitié vide.


L'école Jules ferry va connaître des changements. ©JCH
La fermeture de cinq classes (maternelles et primaires) dans différentes écoles de Louviers est évidemment une bien mauvaise nouvelle. L’Inspection académique, fondant ses décisions sur des statistiques, ne prend pas forcément en compte la nature des quartiers et les structures socioprofessionnelles des parents et par conséquent leur situation sociale. Un élément essentiel pour favoriser l’éducation des enfants dits défavorisés. Il faut tout d’abord convenir que les deux mois de confinement ont porté atteinte à un enseignement digne et respectueux de générations d’élèves pour lesquelles l’école est non seulement un lieu d’apprentissage, de développement des savoirs mais aussi un puissant facteur de lien social. La nation apprenante, à la télévision, n’a touché qu’une minorité d’enfants et les torts causés seront irrattrapables. Depuis une minorité d’élèves a retrouvé la classe, l’enseignant(e) le jeu. Certes, la pandémie n’est pas la faute du gouvernement. Mais lorsqu’on décide, en haut lieu, de fermer une classe, on se fonde actuellement sur un seul critère : le nombre d’élèves projetés lors de la rentrée prochaine. C’est pourquoi on attend des élus locaux qu’ils se battent bec et ongles contre les fermetures de classe, Jean-Michel Blanquer, le ministre de l’Education ayant exclu toute fermeture dans les communes de moins de 5000 habitants sans l’accord des maires.

Ainsi à Louviers plusieurs écoles vont voir fermer des classes par défaut. Où sont passées les familles ? Où sont les jeunes couples avec enfants ? Ne paie-t-on pas une accumulation de retards et d’infortunes diverses qui ne datent pas d’hier ? Je sais bien que le maire n’accepte pas ce point de vue. Il se fonde lui aussi sur des bases chiffrées et ne voit pas comment contester le raisonnement de l’Inspection académique. Il a raison sur un point : la situation scolaire d’une ville se prépare sur plusieurs années et il n’a accompli qu’un mandat. Là où il est, après ce premier mandat majoritairement entériné par les citoyens lovériens, il considère que la politique qu’il conduit est la bonne. Et qu’elle portera des fruits. Mais quand ?

La situation scolaire d’une ville est une photographie de son état de santé. Que les classes aient du mal à atteindre les seuils fatidiques est éminemment regrettable. Heureusement les parents d’élèves montent régulièrement au créneau pour amener l’Etat à plus de souplesse et d’adaptation. Peut-on considérer l’école Salengro ou celle des Acacias comme des écoles privilégiées ? Sûrement pas. Le devoir de tout élu est de faire de l’éducation sa priorité. Le dédoublement des CP est favorable à un enseignement adapté. C’est dans ce sens qu’il faut poursuivre l’action : moins d’élèves et plus d’enseignants.

François-Xavier Priollaud conteste les positions de son opposition municipale de gauche, la seule à s’être exprimée publiquement. Philippe Brun, notamment, a publié sur un réseau social, le plan de fermetures de l’académie. Il déplore ces cinq fermetures car Louviers est la ville qui, dans l’Eure, est la plus touchée. Pour le maire, ne doivent être menés que des combats qu’il considère comme justes et légitimes. Les calculs de l’académie (en avril) justifient selon lui, qu’on ferme ces cinq classes puisque, ajoute-t-il, « on va avoir trois ouvertures. » Cinq moins trois font deux. Le solde est négatif. Il sera toujours temps de compter les têtes blondes, brunes, rousses ou châtain à la rentrée prochaine. La crainte du maire est que les enseignants absents pendant l’année scolaire ne soient pas remplacés. C’est malheureusement souvent arrivé. Là-dessus il ne peut avoir aucune certitude. A la rigueur quelques promesses…

Le maire reproche par ailleurs à son opposition municipale de ne pas faire preuve de responsabilité. Mais l’opposition est dans son rôle. Comme elle ne pèse rien dans l’exécutif, elle utilise les moyens mis à sa disposition pour exister et rappeler ses priorités : la pétition, les réseaux sociaux, les relais associatifs, les parents d’élèves bien au fait des véritables besoins scolaires. J’avais dit à Philippe Brun qu’il aurait bien des difficultés pour gagner l’élection municipale. Après un mandat, il est rarissime qu’un maire sortant ne se succède pas à lui-même. Le second mandat est une autre paire de manches. Il reste que sur des points essentiels, des identités de vue peuvent être trouvées. L’état des écoles et l’accueil des enfants devraient faire consensus. Car il est un fait évident pour la majorité comme pour l’opposition : c’est à l’école que se construisent les futurs citoyens. Et on n’est jamais trop pour accomplir ce devoir fondamental.