26 juin 2015

La fin du service public…sur France Inter


Pour Guillaume Erner et son émission « Service public » sur France Inter, c’était ce vendredi matin 26 juin 2015 la dernière. Non pas la dernière de la saison 2014-2015, mais la dernière tout court.

Quelles sont les causes du non renouvellement à la prochaine rentrée de son émission quotidienne du matin du lundi au vendredi ? Pour tout dire nous les ignorons. S’agit-il d’une volonté de sa part d’y mettre un terme pour entreprendre autre chose ? Ou bien, comme c’est souvent le cas à France-Inter, a-t-il découvert ces derniers jours que la radio que dirige Mme Laurence Bloch avait fait le choix de ne pas renouveler son contrat ? Nous le saurons sans doute dans quelque temps.

Mais, quoi qu’il en soit, ayant intitulé sa dernière émission : « La fin du service public ? », nous ne pouvons considérer comme fortuit, le choix qu’il a fait d’avoir comme unique et dernier invité et seul interlocuteur pour les cinquante minutes qu’elle dure, l’économiste et philosophe Frédéric Lordon. Frédéric Lordon que pour notre part – mais nous n’écoutons pas France Inter 24 heures sur 24 – nous n’avions pas entendu sur cette radio depuis plus d’un an et l’arrêt de l’émission de Daniel Mermet « Là-bas si j’y suis » qui était le seul à l’inviter régulièrement sur cette antenne, avec des journalistes du Monde diplomatique.

Car, au milieu de la pensée unique des économistes dits orthodoxes et journalistes européistes béats monopolisant les medias et intervenant régulièrement sur France Inter, comme les Dominique Seux des Échos, Dominique Reynié de la Fondapol, qui s’est récemment démasqué, Emmanuel Lechypre de BFM business, Christian Chavagneux d’Alternatives économiques, et timide contradicteur du précédent, Élie Cohen, voire Philippe Chalmin, etc, pour les premiers, et pour les seconds dont Bernard Guetta est l’archétype, sa pensée hétérodoxe sent le soufre. Et pour la plupart des gens bien-pensants qui dirigent cette antenne – de service public – faut-il le rappeler – et ne veulent à aucun prix déplaire au pouvoir ou sortir du politiquement correct, Frédéric Lordon est le diable en personne.

En l’invitant donc pour sa dernière émission, Guillaume Erner s’est-il servi de Frédéric Lordon pour régler des comptes ? Ce n’est là pour le moment que pure spéculation. Mais qu’importe. L’essentiel était ailleurs. L’essentiel était de pouvoir écouter les propos de Frédéric Lordon sur l’économie en général, sur l’Union européenne et la crise grecque en particulier. Et profiter de son talent de pédagogue à faire comprendre à tous ce qui nous est généralement caché ou développé sous le seul angle de l’économie néolibérale et de ses dogmes, ou encore présenté de façon volontairement embrouillée pour précisément le rendre inaccessible au commun que nous sommes. Pour finir par conclure avec le fameux « There is no alternative » de Margaret Thatcher ou encore plus récemment le « Il ne peut y avoir de choix démocratique contre les traités européens » de Jean-Claude Juncker, président de la Commission européenne.

Avec la personne de Frédéric Lordon, cette émission était, sur un registre un peu différent, un prolongement du brillant article des « Économistes atterrés » intitulé«  Nous accusons les créanciers de vouloir étouffer la Grèce… », paru hier dans Libération et repris in extenso par Jean-Charles Houel sur ce blog.

À écouter ou à réécouter sur France Inter :

Reynald Harlaut

Jean-Michel Baylet avait voulu racheter La Dépêche de l'Eure


Jean-Michel Baylet à Louviers en 1994. (photo JCH)
Le groupe « La Dépêche du Midi » vient de racheter trois journaux d’un autre groupe sudiste comprenant notamment « Le Midi Libre ». Jean-Michel Baylet, le PDG de La Dépêche (basée à Toulouse) a annoncé ce rachat ces derniers jours précisant que des salariés des deux groupes verraient leur emploi supprimé. J.M. Baylet a déclaré : "Je suis fier de ce qui vient de se passer. Nous devenons le quatrième groupe de presse français et surtout nous sommes indépendants. Je crois que cette acquisition est le combat de ma vie, car si on reste immobile on périt."
« Nous ne venons pas pour rester passifs. Nous voulons créer les conditions d'un retour à la prospérité. Nous devons prendre des décisions et certaines seront douloureuses. Nous devrons rationaliser et mettre en commun certains services. Nous avions déjà un plan stratégique en 2007. Nous le réactualiserons et le mettrons en œuvre."

Qui dit rachat dit économies d’échelle et donc suppressions d’emplois. "Nous vivons une formidable époque d'expérimentation et d'évolution. Il y a dix ans, il était impensable de faire payer un contenu. Depuis deux ans, le payant s'installe dans le paysage." 350 emplois devraient disparaître dans chaque groupe sachant que les effectifs atteignent près de 900 salariés pour chacun d'entre eux. Autrement dit, la décision douloureuse évoquée par le président des radicaux de gauche va en faire souffrir quelques un(e)s.

Ces regroupements dans le secteur de la presse ne datent pas d’aujourd’hui. Le phénomène de regroupement sévit dans la presse quotidienne et hebdomadaire régionale depuis une trentaine d’années. Robert Hersant, le papivore, a été l’un des précurseurs, suivi par d’autres groupes tels que le groupe Ouest-France, par exemple, avec des fortunes diverses. La Dépêche de l’Eure a notamment été rachetée en 1994 par Philippe Hersant alors que Baylet était déjà candidat mais avec une puissance de feu très réduite. Quand Hersant a mis 17 millions de francs sur la table et remboursait les créanciers, Baylet jouait petit bras sans assurer l’avenir de l’entreprise normande. Mais ce qui devait arriver arriva et après une décennie de déficits récurrents, La Dépêche est tombée dans l’escarcelle de Ouest-France qui la possède encore aujourd’hui. Evidemment les effectifs salariés ont fondu comme neige au soleil.
 
Puisque l’occasion m’en est fournie par l’affaire Uberpop et la révolte des taxis, j’aimerais rappeler que l’arrivée des ordinateurs dans les groupes de presse date de la fin des années quatre-vingt et que l’informatique a modifié de fond en comble les méthodes de travail et de production des journaux locaux. En quelques années, les linotypistes, les correcteurs, les metteurs en page, les maquettistes, les graveurs photo, etc. ont disparu du paysage, les journalistes étant appelés à remplir toutes les tâches sans supplément de salaire, cela va de soi. Ce qui va de soi également c’est que les actions coups de poing du syndicat du livre n’ont jamais pu empêcher l’évolution technologique et la volonté des patrons de presse de tirer le meilleur parti des « progrès ».

Voilà pourquoi le combat des taxis indépendants, pour compréhensible qu’il soit, ne pourra mettre un frein aux nouveaux modes de déplacement. Dans dix ans, nombre de luttes corporatistes (les pharmaciens, les notaires, les pigeons…) sembleront terriblement désuètes. Ce qui ne le sera pas c’est la résistance pour un droit du travail reconnu et un cadre légal global. La loi de la jungle dont a parlé M. Cazeneuve n’est pas une loi. Car dans ce cas-là, le plus fort l’emporte toujours.

25 juin 2015

« Nous accusons les créanciers de vouloir étouffer la Grèce... » par les économistes atterrés


Par Esther Jeffers, Henri Sterdyniak et Sébastien Villemot, pour le conseil d’administration des Economistes atterrés.
« La dette publique grecque représente aujourd’hui 321 milliards d’euros, soit 181 % du PIB grec. La majeure partie de cette dette (195 milliards) est due directement ou indirectement (via le Fonds européen de stabilité financière) aux autres États européens, tandis que 32 milliards sont dus au FMI et 27 milliards à la BCE. Suite au transfert massif des créances du secteur privé vers le secteur public en 2012, les créanciers privés ne détiennent plus qu’une faible part de la dette.
L’enjeu est politique : montrer qu’il n’y aurait pas d’alternative
Même si cette dette est un fardeau très lourd à porter pour la Grèce, elle ne représente que 2 % du PIB de l’Union européenne. La dette grecque est pour l’Europe un enjeu politique plutôt que financier. Même la perte totale de ces créances ne représenterait qu’un choc financier facilement absorbable pour l’Europe. Pour les dirigeants de l’Union européenne, l’enjeu n’est pas financier, il est surtout de faire plier le gouvernement grec, afin que les autres peuples ne soient pas tentés de porter au pouvoir des forces politiques opposées aux logiques néolibérales et austéritaires ; il est de bien montrer qu’il n’y a pas d’alternative.
Depuis 5 mois, le gouvernement grec négocie avec ses créanciers pour obtenir un accord qui déboucherait sur le versement d’une nouvelle ligne de crédit de 7,2 milliards d’euros. L’essentiel de la discussion porte aujourd’hui sur la liste détaillée des réformes qui devront être votées par le parlement grec avant que le versement puisse avoir lieu. Ainsi, le FMI veut dicter la politique grecque selon ses œillères libérales : il refuse les hausses d’impôts sur les plus riches et les entreprises et exige la hausse de la TVA, la baisse des pensions de retraite, la fin de l’aide aux plus petites pensions et un vaste programme de privatisations.
Le fait que la négociation ne porte pas uniquement sur les cibles d’excédents budgétaires primaires (c’est-à-dire avant paiement des intérêts), mais aussi sur la façon d’atteindre ces cibles, pose un problème démocratique. Il existe en effet de nombreuses façons de dégager un excédent budgétaire donné (entre réduire les prestations sociales, augmenter les impôts, réduire les dépenses militaires, etc.). Le choix relève d’une décision politique, qui devrait en toute logique démocratique être confiée aux parlementaires grecs qui décideraient en fonction de critères de justice sociale ou de priorités de développement. Ce n’est pas aux créanciers d’arbitrer entre différentes mesures budgétairement équivalentes, car sinon la démocratie est vidée de sa substance et la Grèce transformée en colonie de la dette.
Le cercle infernal des négociations perpétuelles
Au-delà de la question de la légitimité démocratique de l’accord qui pourrait être conclu, se pose surtout la question de sa viabilité et de sa soutenabilité à long terme. Car, si l’accord ne traite pas la question de la soutenabilité de la dette ni celle de la reconstruction de l’appareil productif grec, comme le souhaite le gouvernement d’Alexis Tsipras, alors strictement rien n’est résolu. Les 7,2 milliards déboursés seront immédiatement engloutis dans le remboursement des échéances de cet été: 1,6 milliards dus au FMI au 30 juin, puis 6,5 milliards dus à la BCE en juillet et août. Autrement dit, les créanciers auront prêté de l’argent à la Grèce pour que celle-ci les rembourse en retour immédiat… Cet accord n’aura fait que reporter le problème à septembre : le gouvernement grec se trouvera alors de nouveau dans l’obligation de demander un autre prêt pour pouvoir faire face à ses échéances et éviter le défaut. Mais ce prêt sera conditionné par de nouvelles mesures d’austérité demandées par les créanciers. Comment un pays peut-il vivre sous cette menace permanente ? Dans le même temps, la zone euro pâtirait de l’instabilité chronique qu’engendre l’incertitude liée à une éventuelle sortie de la Grèce.
Un accord n’incluant que des mesures d’austérité (hausses d’impôts et baisses de dépenses publiques) ne résoudra donc rien. La Grèce a déjà fait un ajustement fiscal considérable, puisqu’en 2014 elle affichait un excédent budgétaire primaire structurel (c’est-à-dire corrigé des effets de la conjoncture) de 4,3 % (selon les calculs de la Commission européenne elle-même) ; la Grèce est donc déjà l’élève le plus vertueux de l’Europe en matière budgétaire ! De nouvelles mesures d’austérité ne feront qu’aggraver la situation, car elles relèvent de la même logique économique fausse dont l’échec n’est plus à démontrer : de par leur effet récessif, les mesures d’austérité affaiblissent l’économie (le PIB grec est aujourd’hui à 26 % en-dessous de son niveau de 2008). La capacité de remboursement de la Grèce est donc détruite et le ratio dette sur PIB explose (par effet du dénominateur). L’austérité, en plus d’être socialement destructrice, est donc économiquement dévastatrice et ne permet même pas d’atteindre son objectif premier qui est de permettre le remboursement de la dette.
L’alternative ? Restructurer, rééchelonner et relancer
Une rupture est donc nécessaire avec les logiques qui ont jusqu’ici prévalu. Une solution globale et pérenne passe impérativement par une restructuration de la dette publique grecque, dont aucun économiste sérieux ne conteste le caractère insoutenable. Une première étape pourrait voir le rachat des créances du FMI par le Mécanisme européen de stabilité (MES). Cela permettrait d’écarter définitivement le FMI, qui représente un obstacle dans la recherche d’une solution mutuellement bénéfique pour la Grèce et la zone euro. Dans un deuxième temps, une remise de dette devrait être accordée par les Européens. Il s’agirait d’une part de reconnaître l’échec du programme d’ajustement qui a été imposé à la Grèce, et d’autre part de permettre aux Grecs de retrouver des perspectives d’avenir et une vision positive (et non punitive) de l’Europe. Les paramètres de la restructuration de la dette (rééchelonnement des paiements, taux d’intérêt, éventuelle réduction) devront être négociés avec deux objectifs : garantir la soutenabilité de la dette, ce qui implique la possibilité pour l’État grec de refinancer sa dette comme les autres États, sans être soumis à un chantage permanent à l’austérité ; laisser suffisamment de marges de manœuvre budgétaires à la Grèce pour lancer un plan de relance de l’appareil productif, condition nécessaire pour mettre fin à la crise économique, sociale et humanitaire.
Non, nous ne paierons pas chacun 1000 euros !
Contrairement à ce que propagent certains médias, ce programme n’implique pas que chaque citoyen européen aura à payer 1000 euros d’impôt supplémentaire pour les Grecs : un report de paiement, ou même une annulation partielle de la dette grecque, n’augmentera pas la dette publique brute des pays créanciers (qui incorpore déjà les prêts faits à la Grèce). Le choc serait pire si la Grèce, contrainte de quitter la zone euro du fait de l’intransigeance des créanciers, faisait un défaut total.
Les sommes que la Grèce n’aura pas à consacrer au remboursement de la dette pourront ainsi être utilisées pour la reconstruction de son appareil productif, via un plan massif d’investissement public dans l’éducation, les services publics et les infrastructures, adossé à des mesures de soutien à l’investissement privé. Le redressement productif représente en effet le défi principal de l’économie grecque. Car si le déficit commercial de la Grèce s’est aujourd’hui presque entièrement résorbé, les apparences sont trompeuses : ce rééquilibrage s’est opéré par une forte chute des importations, due à la compression de la demande intérieure, et non pas par une hausse des exportations. Lorsque l’économie grecque redémarrera, les importations repartiront à la hausse, creusant mécaniquement le déficit commercial, avec le risque de déclenchement d’une nouvelle crise de la balance des paiements. Il est donc indispensable de mettre en place des politiques permettant de développer des industries domestiques. Les fonds structurels européens, auxquels la Grèce est éligible au titre de son appartenance à l’Union européenne, doivent contribuer à ce nécessaire redressement productif, qui devra s’inscrire dans une logique de transition écologique.
L’issue de la confrontation entre le gouvernement grec et ses créanciers n’est, à cette heure, pas encore écrite. Quoi qu’il advienne, les Grecs peuvent déjà s’enorgueillir d’avoir porté au pouvoir un gouvernement qui, jusque-là, a réussi à tenir tête à des créanciers bloqués dans une logique d’austérité destructrice. Mais on aurait tort de voir dans cette confrontation l’expression d’un égoïsme grec s’opposant à d’autres égoïsmes nationaux. Le gouvernement grec est porteur d’un intérêt général européen. En remettant ouvertement en cause les logiques économiques absurdes qui maintiennent toute l’Europe dans la crise, il ouvre des perspectives pour la refondation d’une Europe réellement démocratique et sociale. À l’inverse, un échec du gouvernement grec ouvrirait un boulevard pour les forces nationalistes et xénophobes qui se nourrissent de la crise et du déficit démocratique de l’Union. Le combat des Grecs est le combat de tous les Européens. »
Article paru dans Libération du 25 juin

24 juin 2015

« Louviers cœur de ville », un projet que la municipalité veut partager avec les habitants


Jacky Bidault et François-Xavier Priollaud. (photo JCH)
La municipalité que dirige François Xavier Priollaud donne l’impression de vouloir jouer le jeu de la démocratie participative. Dans le cadre fixé, légitimement, par les choix de l’équipe majoritaire, les Lovériens disponibles sont invités à s’inscrire à des commissions thématiques relatives à l’avenir du centre ville autrement dit du centre commercial. Les lecteurs attentifs de ce blog auront remarqué qu’entre 1982 (avec une photo d’archives explicite) et 2015, la rue du Maréchal Foch n’a pas changé de visage. Le maire, affirme-t-il, est prêt à assumer le risque politique d’un projet global « d'embellissement » étalé sur la durée de son mandat actuel et destiné à « renforcer l’attractivité de la ville et améliorer le cadre de vie des Lovériens. »

Qui pourrait lui reprocher des objectifs aussi nobles ? Ce projet concerne le cœur de ville et son centre commercial composé de 200 boutiques diversifiées. Il englobe quelques places (Thorel et de la Halle aux Drapiers) quelques rues à requalifier : du Matrey, Foch, propose la création d’un plan vélo (très bonne initiative) et la révision des circulations et stationnements toujours remis sur le métier eu égard aux nécessité induites par les transports urbains et la volonté du maire de ne pas chasser les voitures du centre-ville.

La méthode et la forme changent. Lors des réunions publiques, l’ancien maire monopolisait la parole. Le nouveau assume les orientations générales mais fait expliquer les détails par ses adjoints et ses conseillers délégués. Il s’agit-là d’une nouveauté dans la mesure où le maire paraît faire confiance à son entourage et créé une dynamique collective dont nous jugerons l’efficacité au fil des années.

Je ne vais pas détailler l’ensemble du projet (accessible sur Internet). J’ai retenu quelques grands traits susceptibles de modifier « l’image » de la ville : la place Thorel restructurée, la place de la Halle semi-couverte, la rue piétonne du Matrey sans doute appelée à disparaître (prudence tout de même) le mobilier urbain revu et corrigé pour devenir cohérent à l’échelle de la ville (lampadaires, bancs, corbeilles, fleurissement, publicité commerciale, information municipale etc.) sans oublier le désir de la municipalité d’aider les commerçants et les riverains du centre à modifier leurs façades de rues et à « rendre moins tristes » certaines rues où manquent « lieu de vie et animation. »

Prévoyant un procès que certains lui font déjà, le maire a évidemment assuré que les autres quartiers de Louviers ne seraient pas abandonnés ou délaissés. Avec l’aide de l’agglomération Seine-Eure, de l’Etat, de la Région et du département, il proposera des améliorations (dans le domaine de la voirie par exemple) mais écarte la réalisation du projet Jules Ferry qu’un parent d’élève a soulevé lors de la réunion publique. Si le maire se déclare indifférent aux pétitions, il ne devrait pas ignorer que même si les parents changent au fil des ans, l’état de cette école a besoin de soins plus durables qu’un coup de peinture…

Le public a posé plusieurs questions suscitant des « explications » de la part de la municipalité. Explications, voilà le mot clé de la relation que souhaite nouer le maire avec les Lovériens : « Il ne s’agira pas d’une concertation de façade car ce projet n’aboutira et ne réussira que s’il est partagé par le plus grand nombre. »

23 juin 2015

Evreux : la gauche rassemblée propose au maire d'organiser un débat sur la politique culturelle de la ville et l'avenir du festival « le rock dans tous ses états »


Je publie le texte que la Gauche rassemblée vient d'adresser au maire d'Evreux. Suite à certaines déclarations publiques d'élus majoritaires (Ex-UMP). Le festival de rock, d'importance nationale, est peut-être menacé dans sa pérennité. Pierre Cohen, ancien maire de Toulouse, a été chargée par Fleur Pélerin, ministre de la culture, d'une mission destinée à examiner les problèmes posés à certains festivals. Il viendra donc prochainement à Evreux pour s'informer et interroger les protagonistes du festival de rock : élus, organisateurs, citoyens…
« Monsieur le Maire,
Le Festival « Le Rock dans Tous ses États » est le premier événement culturel de l’Eure et d’Évreux, une fierté pour les Ebroïciens, un marqueur fort de l’identité de notre ville comme « ville du Rock » et des musiques actuelles.
Pourtant, et depuis votre accession aux responsabilités, la majorité municipale n’a eu de cesse de multiplier les prises de positions hostiles au développement des musiques actuelles, de manière générale, et au Festival « Le Rock dans Tous ses Etats » en particulier. Les récentes déclarations dans la presse de votre adjoint à la culture M. Jean-Pierre Pavon n’ont pas été de nature à rassurer, ni les acteurs du Festival, ni les festivaliers, ni votre Conseil municipal. La presse nationale s’en émeut désormais elle-même. Partout, il se murmure que la municipalité d’Évreux n’a pour autre ambition que la fin d’une aventure culturelle hors du commun qu’il faudrait au contraire soutenir. Pourtant, nous en sommes convaincus, il n’est pas trop tard pour bien faire. C’est donc à un sursaut que « La Gauche Rassemblée » vous appelle : celui du débat, celui du dialogue, celui de l’écoute.
A quelques jours de la tenue de l’édition 2015 du Festival RDTSE, la Ministre de la Culture Mme Fleur Pellerin a en effet chargé aujourd’hui-même M. Pierre Cohen, ancien Maire de Toulouse, d’élaborer un « diagnostic précis » de « la réalité des problèmes » de certains festivals et ainsi que des « solutions que l’État peut y apporter ». Cette importante initiative est à saluer. Comme l’a annoncé Madame la Ministre, elle doit permettre de déterminer, festival par festival, si les difficultés sont « liées aux cachets des artistes qui sont trop élevés, aux désengagements des collectivités territoriales, ou parce que le festival n'a pas trouvé son public ? »
Alors que M. Pierre Cohen est chargé d’aller à la rencontre des organisateurs, mais aussi de leurs partenaires, le groupe municipal « La Gauche Rassemblée » souhaite donc que cette mission soit l’occasion d’un grand, d’un vrai, d’un sincère débat démocratique au sein du Conseil municipal sur la politique culturelle menée par la Ville d’Evreux.
Parce que c’est un débat d’intérêt général, parce qu’il engage l’avenir de notre territoire, parce que les enjeux économiques, budgétaires, stratégiques, sont décisifs, nous estimons que cette grande discussion que nous appelons de nos vœux ne doit pas se tenir à huis clos, dans l’opacité, tant sur les objectifs de la politique culturelle que vous menez que sur les moyens que vous allouez. Ce sont des deniers publics que vous engagez, c’est le visage de notre commune que vous impactez.
Aussi, nous vous demandons de bien vouloir considérer la tenue d’un Conseil municipal extraordinaire auquel serait invité M. Pierre Cohen ainsi que l’ensemble des partenaires financiers et des responsables du Festival « Le Rock dans Tous ses États » afin d’éclairer les Ebroïciens sur l’avenir du premier Festival de l’Eure. »

La Gauche Rassemblée (PS / PCF/ EELV/ PRG)

22 juin 2015

A Clichy-la-Garenne, la confiance règne…


Tout a une fin. Même des décennies de gouvernance socialiste à Clichy. Alors que le PS dirigeait cette ville depuis toujours, il s’est trouvé une vague bleue continue pour sortir l’équipe PS réélue lors du dernier scrutin municipal de mars 2014 annulé pour des irrégularités sanctionnées par le Conseil d’Etat.

Le vainqueur de cette élection n’est autre que le suppléant de Patrick Balkany, député-maire de Levallois-Perret, lequel n’avait pas le triomphe modeste, hier soir devant les caméras de télévision et les photographes. C’est cela qui est le plus désolant : constater avec un certain dépit que les électeurs ne tiennent aucun compte du comportement immoral ou amoral des élus inquiétés par la justice pour de bonnes raisons.

Je ne parviens pas à comprendre comment des hommes et des femmes mis en examen pour des faits graves ou, pire, condamnés à des peines d’inéligibilité parviennent à conserver ou à regagner la confiance des électeurs. Quand l’élection sert de machine à laver, elle ne fait pas pour autant disparaître les actes délictueux ou les comportements malhonnêtes mais elle restaure une confiance collective en des personnes dont on peut craindre qu’elles ne voient là qu’un signal à poursuivre sur la même voie. Le suffrage universel aurait-il des limites ? La loi est-elle suffisamment explicite pour empêcher des individus peu recommandables d’abuser de situations critiques ? La loi est faite par des élus. La réponse est donc dans la question.

M. et Mme Balkany sont la risée du Petit Journal et de la France entière. Leurs propriétés réelles ou supposées dans les Caraïbes, à Giverny ou à Marrakech, sont l’illustration même de ces excès que dénoncent presse et justice. Mais Balkany, hier soir, paradait effrontément dans la salle des fêtes de Clichy. M. Rémi Muzeau, le vainqueur, a montré le sien avec la morgue des arrivistes et des orgueilleux. Quant aux socialistes, les déroutes de Puteaux, Asnières, Clichy prouvent qu’une purge est en cours et que le traitement n’est pas fini. Gare aux régionales de décembre !