Jean-Michel Baylet à Louviers en 1994. (photo JCH) |
Le groupe « La Dépêche du
Midi » vient de racheter trois journaux d’un autre groupe sudiste comprenant
notamment « Le Midi Libre ». Jean-Michel Baylet, le PDG de La Dépêche (basée à
Toulouse) a annoncé ce rachat ces derniers jours précisant que des salariés des
deux groupes verraient leur emploi supprimé. J.M. Baylet a déclaré : "Je suis fier de ce qui vient de se passer. Nous devenons le quatrième
groupe de presse français et surtout nous sommes indépendants. Je crois que
cette acquisition est le combat de ma vie, car si on reste immobile on périt."
« Nous ne venons pas
pour rester passifs. Nous voulons créer les conditions d'un retour à la prospérité.
Nous devons prendre des décisions et certaines seront douloureuses. Nous
devrons rationaliser et mettre en commun certains services. Nous avions déjà un
plan stratégique en 2007. Nous le réactualiserons et le mettrons en œuvre."
Qui
dit rachat dit économies d’échelle et donc suppressions d’emplois. "Nous vivons une formidable époque d'expérimentation
et d'évolution. Il y a dix ans, il était impensable de faire payer un contenu.
Depuis deux ans, le payant s'installe dans le paysage." 350 emplois devraient disparaître
dans chaque groupe sachant que les effectifs atteignent près de 900 salariés
pour chacun d'entre eux. Autrement dit, la décision douloureuse évoquée par le président des
radicaux de gauche va en faire souffrir quelques un(e)s.
Ces regroupements dans
le secteur de la presse ne datent pas d’aujourd’hui. Le phénomène de regroupement sévit
dans la presse quotidienne et hebdomadaire régionale depuis une trentaine d’années. Robert
Hersant, le papivore, a été l’un des précurseurs, suivi par d’autres groupes
tels que le groupe Ouest-France, par exemple, avec des fortunes diverses. La Dépêche
de l’Eure a notamment été rachetée en 1994 par Philippe Hersant alors que
Baylet était déjà candidat mais avec une puissance de feu très réduite. Quand
Hersant a mis 17 millions de francs sur la table et remboursait les créanciers,
Baylet jouait petit bras sans assurer l’avenir de l’entreprise normande. Mais
ce qui devait arriver arriva et après une décennie de déficits récurrents, La Dépêche
est tombée dans l’escarcelle de Ouest-France qui la possède encore aujourd’hui. Evidemment les effectifs salariés ont fondu comme neige au soleil.
Puisque
l’occasion m’en est fournie par l’affaire Uberpop et la révolte des taxis, j’aimerais
rappeler que l’arrivée des ordinateurs dans les groupes de presse date de la
fin des années quatre-vingt et que l’informatique a modifié de fond en comble
les méthodes de travail et de production des journaux locaux. En quelques années, les linotypistes,
les correcteurs, les metteurs en page, les maquettistes, les graveurs photo,
etc. ont disparu du paysage, les journalistes étant appelés à remplir toutes
les tâches sans supplément de salaire, cela va de soi. Ce qui va de soi également
c’est que les actions coups de poing du syndicat du livre n’ont jamais pu empêcher
l’évolution technologique et la volonté des patrons de presse de tirer le
meilleur parti des « progrès ».
Voilà
pourquoi le combat des taxis indépendants, pour compréhensible qu’il soit, ne
pourra mettre un frein aux nouveaux modes de déplacement. Dans dix ans, nombre
de luttes corporatistes (les pharmaciens, les notaires, les pigeons…)
sembleront terriblement désuètes. Ce qui ne le sera pas c’est la résistance
pour un droit du travail reconnu et un cadre légal global. La loi de la jungle
dont a parlé M. Cazeneuve n’est pas une loi. Car dans ce cas-là, le plus fort l’emporte
toujours.
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