26 juin 2015

Jean-Michel Baylet avait voulu racheter La Dépêche de l'Eure


Jean-Michel Baylet à Louviers en 1994. (photo JCH)
Le groupe « La Dépêche du Midi » vient de racheter trois journaux d’un autre groupe sudiste comprenant notamment « Le Midi Libre ». Jean-Michel Baylet, le PDG de La Dépêche (basée à Toulouse) a annoncé ce rachat ces derniers jours précisant que des salariés des deux groupes verraient leur emploi supprimé. J.M. Baylet a déclaré : "Je suis fier de ce qui vient de se passer. Nous devenons le quatrième groupe de presse français et surtout nous sommes indépendants. Je crois que cette acquisition est le combat de ma vie, car si on reste immobile on périt."
« Nous ne venons pas pour rester passifs. Nous voulons créer les conditions d'un retour à la prospérité. Nous devons prendre des décisions et certaines seront douloureuses. Nous devrons rationaliser et mettre en commun certains services. Nous avions déjà un plan stratégique en 2007. Nous le réactualiserons et le mettrons en œuvre."

Qui dit rachat dit économies d’échelle et donc suppressions d’emplois. "Nous vivons une formidable époque d'expérimentation et d'évolution. Il y a dix ans, il était impensable de faire payer un contenu. Depuis deux ans, le payant s'installe dans le paysage." 350 emplois devraient disparaître dans chaque groupe sachant que les effectifs atteignent près de 900 salariés pour chacun d'entre eux. Autrement dit, la décision douloureuse évoquée par le président des radicaux de gauche va en faire souffrir quelques un(e)s.

Ces regroupements dans le secteur de la presse ne datent pas d’aujourd’hui. Le phénomène de regroupement sévit dans la presse quotidienne et hebdomadaire régionale depuis une trentaine d’années. Robert Hersant, le papivore, a été l’un des précurseurs, suivi par d’autres groupes tels que le groupe Ouest-France, par exemple, avec des fortunes diverses. La Dépêche de l’Eure a notamment été rachetée en 1994 par Philippe Hersant alors que Baylet était déjà candidat mais avec une puissance de feu très réduite. Quand Hersant a mis 17 millions de francs sur la table et remboursait les créanciers, Baylet jouait petit bras sans assurer l’avenir de l’entreprise normande. Mais ce qui devait arriver arriva et après une décennie de déficits récurrents, La Dépêche est tombée dans l’escarcelle de Ouest-France qui la possède encore aujourd’hui. Evidemment les effectifs salariés ont fondu comme neige au soleil.
 
Puisque l’occasion m’en est fournie par l’affaire Uberpop et la révolte des taxis, j’aimerais rappeler que l’arrivée des ordinateurs dans les groupes de presse date de la fin des années quatre-vingt et que l’informatique a modifié de fond en comble les méthodes de travail et de production des journaux locaux. En quelques années, les linotypistes, les correcteurs, les metteurs en page, les maquettistes, les graveurs photo, etc. ont disparu du paysage, les journalistes étant appelés à remplir toutes les tâches sans supplément de salaire, cela va de soi. Ce qui va de soi également c’est que les actions coups de poing du syndicat du livre n’ont jamais pu empêcher l’évolution technologique et la volonté des patrons de presse de tirer le meilleur parti des « progrès ».

Voilà pourquoi le combat des taxis indépendants, pour compréhensible qu’il soit, ne pourra mettre un frein aux nouveaux modes de déplacement. Dans dix ans, nombre de luttes corporatistes (les pharmaciens, les notaires, les pigeons…) sembleront terriblement désuètes. Ce qui ne le sera pas c’est la résistance pour un droit du travail reconnu et un cadre légal global. La loi de la jungle dont a parlé M. Cazeneuve n’est pas une loi. Car dans ce cas-là, le plus fort l’emporte toujours.

Aucun commentaire: