22 décembre 2018

Les gilets jaunes parisiens enlèvent leur masque : ils chantent La quenelle de Dieudonné


Cette semaine, il ne s’est guère trouvé que Jean-Luc Mélenchon pour appeler à la poursuite du mouvement des gilets jaunes. Avec un talent certain de tribun, une sincérité qu’on ne peut nier, le chef de file de la France insoumise a dressé une fresque palpitante de l’histoire de France assurant que l’insurrection en cours ressemblait aux grands moments révolutionnaires de notre pays !

A l’évidence, les chiffres de participation aux manifestations constatés ce samedi, à Paris et dans les autres villes du territoire, contredisent les prédictions de l’ancien candidat à la présidentielle. Ils n’étaient plus que quelques centaines aux frontières de l'hexagone, à Montmartre, à Versailles, ou sur les péages d’autoroutes. Les blocages aux ronds points, considérés comme dangereux par le ministre de l’Intérieur, ont malheureusement occasionné un nouveau décès (le 10e depuis le début du mouvement) sans omettre les bagarres, incidents, incendies et autres dommages matériels…

Photo la Provence (capture d'écran)
J’ai écrit, ici, 15 jours avant le 17 novembre, que les gilets jaunes étaient, dans leur majorité, proches des thèses du rassemblement national. Sondage après sondage, cette affirmation se confirme. Marine Le Pen avec 24 % des voix en vue des européennes de mai, caracole en tête devant La République en Marche (19 %) et la France insoumise (11,5%). Laurent Wauquiez et Les Républicains obtiendraient 8 % soit un score très médiocre ! Quant à la gauche, ses divisions — si elles se confirment — feront d’elle des participants sans influence.…7 à 8 % pour les Verts, 7 % pour le PS, des miettes pour les autres. Et même 8 % pour une liste gilets jaunes si elle se présentait, ce qui ferait chuter le RN de plusieurs points d’intentions de vote.

Mais il y a pire. Devant le Sacré Cœur de Paris, des dizaines de gilets jaunes ont entonné ce matin « La Quenelle » de Dieudonné, le farouche antisémite, condamné à diverses reprises pour incitation à la haine raciale et autres infractions fiscales. Et comme il ne reste que les plus convaincus, on a une certaine idée de ce que Jean-Michel Apathie subodore depuis des semaines : un mouvement orchestré et inspiré par une extrême droite fort habile, tout simplement déguisée en gilet jaune. Dans ces conditions, je ne comprends toujours pas l’obstination d’un Jean-Luc Mélenchon qui encourage l’occupation de la rue dans la mesure où la gauche républicaine et sociale, sous toutes ses formes — dieu sait qu’il en existe beaucoup — n’inspire nullement les manifestants jusqu’auboutistes. Et à moins d’être sourds et aveugles, les gilets jaunes du 22 décembre ne sont plus ceux du 17 novembre !

21 décembre 2018

Louviers-Elbeuf, « Histoire croisée de deux cités drapières »


La première page de couverture.
De longs mois d’écriture et un travail d’archives colossal : L'« Histoire croisée de deux cités drapières » (1) que sont Louviers et Elbeuf, est d’abord le fruit d’une collaboration exemplaire entre la SED (Société d’études diverses de Louviers et sa région) et la Société de l’histoire d’Elbeuf. En cela, le mérite des rédacteurs(trices) des 200 pages de textes et de recherche d’illustrations, doit être souligné. Ensuite, quelle belle idée ! Alors que les lieux communs ont tendance à insister sur les querelles anciennes opposant les deux villes, on retient de la lecture (même rapide, article oblige) du livre un sentiment de ressemblance et de destin commun bien plus riche et plus positif qu’on le croit communément.

Évidemment, les deux cités drapières appartiennent à deux départements différents. Quand le pouvoir a décidé de placer Elbeuf en Seine-inférieure, il a contribué à éloigner Elbeuf de Louviers alors que l’histoire et la proximité géographique contribuaient t plutôt à conserver Elbeuf dans l’Eure. Il est d’ailleurs remarquable, qu’aujourd’hui, des communes du Roumois choisissent l’agglomération Seine-Eure (Louviers-Val-de-Reuil) pour affronter le futur.

Dans ces 200 pages, les auteurs préviennent que l’exhaustivité n’est pas atteinte. Pourtant, du néolithique à la période contemporaine, les habitants des deux cités trouveront matière à connaissance dans tous les domaines de la vie. Urbanisme, santé, équipements collectifs, guerres, industries, démographie, tout est passé au crible de l’action des différents élus et responsables au quotidien. Comme il fallait s’y attendre, le drap occupe une place centrale. Tour à tour, les industriels de cette industrie — elle a fait la renommée internationale des deux villes — démontrent leur savoir-faire et leur génie inventif appuyé sur les progrès scientifiques, qu’il s’agisse de l’énergie, du commerce, de l’exigence de qualité par exemple. Que les uniformes de l’empereur Napoléon aient été faits en drap de Louviers en dit long sur la qualité prestigieuse de ce tissu.

Mais avec le temps la mono-industrie aux noms éternels comme Blin et Blin pour Elbeuf et Jeuffrain-Miquel-Vandevoorde pour Louviers a laissé la place à des  activités industrielles et entrepreneuriales modernes, Louviers bénéficiant de la présence de Val-de-Reuil et des parcs industriels de l’agglomération Seine-Eure.
Le livre ne néglige pas, loin de là, les artistes et écrivains de renom ainsi que les politiques dont l’importance, s’agissant par exemple de Pierre Mendès France à Louviers ou Laurent Fabius à Elbeuf, n’échappe à personne. Certes, l’actuel président du Conseil constitutionnel ne fréquente plus beaucoup la Normandie mais il y conserve nombre d’amis, pas seulement des politiques d’ailleurs, puisque l’ancien député d’Elbeuf  n’omettait pas de rendre souvent visite aux antiquaires et commissaires-priseurs de notre région. Ne pas évoquer la fréquentation d’un établissement scolaire elbeuvien par Pierre Bérégovoy, ancien Premier ministre de François Mitterrand, serait une faute ainsi qu'omettre le souvenir d’André Maurois, académicien et écrivain français parmi les plus célèbres.

Pour ceux qui s’intéressent aux vieilles pierres, qu’ils sachent que les villes d’Elbeuf et Louviers n’en manquent pas. Des églises, bien sûr, mais pas que…car le patrimoine de ces deux villes est riche en rues pavées, bords de fleuve ou de rivière, musées, le tout mis en valeur par les deux sociétés savantes associées. 

Vous inviter à lire (donc à acheter ?) l’« Histoire croisée de deux cités drapières » est d’une grande banalité mais je vous le conseille, cependant. Toutes les générations y trouveront telle illustration, tel chapitre, tel nom d’artiste…susceptibles de montrer un autre visage que celui que l’on a sous les yeux tous les jours. Comme le soulignent les auteurs : « le passé est comme un jardin, on peut le travailler chaque année et chaque année, il nous offre une moisson de nouvelles découvertes. »

(1) Livre en vente dans les librairies des deux villes au prix de 25 euros.
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20 décembre 2018

Le référendum d'initiative citoyenne (RIC) ? Il pose un vrai problème mais apporte une mauvaise réponse

Revenons sur cette histoire de référendum d’initiative citoyenne. Un débat est né sur cette proposition émanant de gilets jaunes soutenus plus ou moins directement par Marine Le Pen (dont le référendum d’initiative populaire est une copie conforme) et par Jean-Luc Mélenchon qui y ajoute le référendum confiscatoire permettant de démissionner des élus sous un prétexte choisi par la population ! Une constitution privilégiant la démocratie représentative ne peut l'accepter.

Quand j’entends un certain Maxime Nicole (Fly Rider) sur la toile revendiquer « la souveraineté et la liberté du peuple » j’ai le poil qui se hérisse. Ce Maxime Nicole, à qui tous les journalistes de radio et de télé tendent le micro, est âgé de 25 ans, se prend pour un penseur d’exception alors que quand on l’écoute bien, on entend des arguments éculés, mensongers, complotistes. C’est lui qui disait détenir des secrets aptes à mettre à bas la République, c’est le même qui a lancé le mot d’ordre contre « le pacte de Marrakech et l’invasion migratoire », c’est le même encore qui a vu dans l’attentat terroriste de Strasbourg, « comme par hasard », la main du gouvernement sans le dire expressément. Et je me dis : faut-il donner du pouvoir à ces démagogues patentés, ces hâbleurs répétitifs, amateurs de Fake news ? Ils trouvent des Français pour croire en leurs balivernes. Soit. Devons-nous pour autant céder à leur chantage, devons-nous nous mettre à genoux devant des gilets jaunes « aux cheveux longs et aux idées courtes »?

Certainement pas. Et le gouvernement (dont Edouard Philippe) ne devrait pas donner trop de crédit à une proposition qui pose un vrai problème mais apporte une mauvaise réponse. Que le besoin de démocratie participative s'exprime, c'est évident. Mais comme le dit Dominique Wolton, sociologue et expert en communication « une affirmation devant un micro n’est pas pour autant une vérité. » Il ne faut pas confondre l’information vérifiée, recoupée, corroborée (par des journalistes dont c’est le métier) avec l’expression des émotions spontanées trop souvent construites sur des affects individuels oubliant que l’intérêt général n’est pas la somme des intérêts particuliers. 

C’est si vrai que les commentaires publiés sur la toile sont, dans leur grande majorité, anonymes, comme si les auteurs avaient honte de leur expression, comme s’ils craignaient d’être montrés du doigt pour leurs insultes, menaces, agressions verbales. Et par peur des procès judiciaires aussi. Le référendum d’initiative citoyenne ? Pourquoi pas mais alors, il doit être encadré, limité, respectueux du droit et des lois. Imagine-t-on un référendum sur la peine de mort ? Sur le mariage pour tous ? Sur la Procréation médicale assistée ? L’interruption volontaire de grossesse ? Tous sujets devant être traités avec tact, éthique, raison…nécessitant informations contradictoires, climat apaisé, refus des passions tristes.

La responsabilité de chacun est bien dans le courage de ses opinions. Les tireurs venus devant le domicile de Bruno Questel, député, se sont sauvés comme des pleutres. Les voleurs, pilleurs, destructeurs à Paris agissaient casqués et masqués. En ces temps troublés, il me paraît sain de rappeler que la charte du journaliste (dont le métier est d'informer, pas de déformer) commence ainsi : « un journaliste digne de ce nom, prend la responsabilité de tous ses écrits, même anonymes. Il tient la calomnie, les accusations sans preuves, l’altération des documents, la déformation des faits, le mensonge pour les plus graves fautes professionnelles…» voilà pourquoi on doit considérer avec la plus grande méfiance et la plus extrême prudence les propos des Maxime Nicole, Eric Drouet et autres Cauchy, soi disant porte parole des gilets jaunes. Ils n’engagent qu’eux-mêmes et ceux qui les suivent…soit quelques milliers de complices. Ils ne doivent pas faire la loi, applicable à tous et pour tous.
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17 décembre 2018

Bruno Questel invité spécial de l'émission « C politique » sur la 5


Bruno Questel hier soir à la télévision. (Capture d'écran)
Bruno Questel, député de Louviers, invité de l’émission C politique, sur la 5, a décrit par le menu l’agression de tireurs venus sonner à la porte de son domicile de Bourgtheroulde, vendredi dernier. Des cartouches retrouvées à terre prouvent que les armes utilisées n’étaient pas factices mais bien létales quand bien même les visiteurs du soir n’avaient pas l’intention de tuer qui que ce soit. Cet acte d’intimidation a quel but ? Intimider l’élu de la nation dans ses prises de position, ses convictions, ses votes ? C’est bien mal connaître Bruno Questel.

L’ancien lycéen de Louviers a été suffisamment cabossé dans sa vie politique pour adopter une attitude raisonnée à l’égard de ce fait divers peu banal. Bien sûr, la carapace n’est jamais assez épaisse quand on est à la tête d’une famille et que l’action militante conduit à courir des risques. Sur le plateau de C politique, l’élu de la 4e circonscription avait face à lui un gilet jaune qui, sous un air affable, a durci le ton lorsque le député a mis en cause l’occupation des ronds points, mal sécurisés (on compte plusieurs morts et blessés depuis le 17 novembre) nécessitant la présence des forces de l’ordre qui, par les temps qui courent, ont autre chose à faire.

Bruno Questel, membre de la République en Marche, assume les erreurs commises par le gouvernement et la majorité mais défend bec et ongles les propositions du Président de la République devenu, sous la pression de la rue, plus ouvert au dialogue et plus attentif aux travailleurs pauvres. Mais les gilets jaunes ne veulent pas seulement du pain. Ils veulent aussi une reconnaissance. Une dignité que les propos malheureux du président semblaient ignorer. « Les premiers de cordée, ceux qui réussissent et ceux qui ne sont rien, les fainéants et les gaulois réfractaires…» autant d’expressions symboliques , pour le moins, émanant d’un Jupiter longtemps sourd et aveugle.

Le député de Louviers, en son for intérieur, ne peut que regretter ces saillies présidentielles arrogantes. Lui qui est sur le terrain en permanence, à l’écoute depuis des semaines, mesure la distance qui sépare la France d’en haut et celle d’en bas comme dirait JP Raffarin. Le successeur de François Loncle s’est exprimé, hier soir, avec clarté et responsabilité. Conscient de l’importance de la tâche à venir et du lien à maintenir avec ses électeurs(trices) il a déclaré ne pas renoncer au dialogue avec ses « agresseurs » dont il connaît, pour une partie d’entre eux, l’identité. C’est la preuve d’une conscience claire de la nature des problèmes sociaux, économiques et institutionnels qui sont devant nous.

Et demain ? A l’évidence, Emmanuel Macron va devoir ramer pour retrouver une crédibilité politique. Sa forte majorité à l’Assemblée nationale lui épargne l’angoisse de la mise en minorité. L’opinion publique ? Une autre paire de manches.
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16 décembre 2018

Le député de l'Eure, Bruno Questel, menacé par des « chasseurs » d'un genre particulier


Bruno Questel.©JCH
Bruno Questel, député de l’Eure, successeur de François Loncle dans la 4e circonscription de ce département, a été victime de pressions et de menaces, de la part d’une quarantaine de gilets jaunes venus devant son domicile de Bourgtheroulde (27), ville dont il a été maire pendant longtemps et dans un canton qu’il représente au conseil départemental.

La soirée avait débuté par une réunion publique tenue en fin d’après-midi, ce vendredi, à Louviers dans le quartier de Maison rouge. C’est là qu’il a dû notamment répondre aux questions de quatre avocats venus l’interpeller sur la réforme de la justice voulue par Nicole Belloubet, ministre de la justice et garde des sceaux. Lui-même avocat, Bruno Questel nous a raconté avoir répondu calmement à toutes les interrogations des hommes et femmes à la robe noire même si l’une d’entre elles a tweeté qu’elle avait réussi à « pourrir » la réunion du député ! Il existe sans doute d’autres moyens pour faire connaître son opposition à un projet de loi.

Le pire était à venir. Rentré chez lui, assez tard, donc, sa famille et lui-même ont été sortis du domicile par des tirs de fusil manifestement destinés à susciter inquiétude voire angoisse. Des cartouches ont d’ailleurs été retrouvées qui permettront peut-être aux enquêteurs de remonter jusqu’aux tireurs. Bruno Questel, comme d’autres députés du groupe La République en Marche, a donc été menacé parce qu’il appartient au groupe majoritaire à l’assemblée et soutient le gouvernement par ses votes. C’est évidemment scandaleux et déplorable. On peut ne pas être d’accord avec la politique conduite par l’exécutif (1), cela ne justifiera jamais le recourt à des méthodes violentes ou fascisantes destinées à intimider un élu. Bruno Questel, un homme d’expérience, a porté plainte à la gendarmerie d’autant que plus tard après les faits narrés ci-dessus, une quarantaine de gilets jaunes sont venus devant sa porte pour lui dire leur façon de penser…

Ces méthodes, soyons clairs, sont des méthodes dont l’extrême droite, si elle n’en détient pas l’exclusivité, est adepte. J’espère que l’on saura, dans les semaines qui viennent, qui a menacé le député de l’Eure. Ce dernier continuera, il nous l’a confié, à suivre sa ligne de conduite. Les menaces de mort, anonymes, les coups de fusil (en l’air pour l’instant !) et les insultes verbales n’appartiennent pas au registre démocratique. L’agression contre Bruno Questel est donc bien une attaque et un chantage à l’égard d’un élu de la nation. L’idée d’un referendum révocatoire, à la mode dans les récentes manifestations, n’est rien d’autre qu’une copie des régimes sud-américains (Venezuela, Bolivie etc.) dont le degré de violence dépasse largement celui des dernières semaines en France. Est-ce cela que nous voulons ? J’en doute.

(1) Emmanuel Macron a reconnu avoir été blessant…et maladroit dans son expression. C’est bien le moins qu’il pouvait faire. L’arrogance et le mépris reconnus par tous ne sont pas admissibles de la part du Président de la République. Il a promis de changer de gouvernance ? On le jugera à l’épreuve des faits.