« Les faits ne paraissent
pas établis. » En omettant ce membre de phrase dans le communiqué paru hier
sous la signature de l’actuelle procureure de la République de Saint-Malo, la
responsable du parquet de cette ville a commis une faute. Une faute a priori vénielle
mais une faute contre la vérité historique concernant l’affaire Nicolas Hulot.
En 1997, entre les 9 et 11
juin de ce mois, Nicolas Hulot et disons une amie semblent avoir noué un lien
dont la nature n’appartient qu’à eux sauf délit ou crime évidemment. La jeune
femme de 20 ans, petite-fille d’un président de la République de gauche, attend
l’écoulement des dix années de prescription pour « viol » avant de porter plainte
au cours de la onzième année ( ?) Une enquête diligentée par les gendarmes
bretons aboutit à un classement sans suite motivé, indique le procureur de l’époque,
« pour prescription (I0 ans) et pour des faits qui ne paraissent pas établis. » La nuance est plus qu'importante.
![]() |
Nicolas Hulot a la rage. |
La défense de Nicolas Hulot
est fondée sur cette prescription qui, seule, ne laverait ni son honneur ni sa
probité. Mais pas que. Il insiste sur l’absence de matérialité des faits
permettant ainsi aux journalistes et aux citoyens d’avoir une idée claire sur le
dossier. Dès hier, les éléments de langage des responsables politiques de
droite comme du centre, insistaient sur l’absence de charges et s’étonnaient du
contenu de l’enquête de l’Ebdo, jeune journal animé par des journalistes
blanchis sous le harnais pourtant, dont on pourrait attendre plus de prudence
et plus de jugement.
Pourquoi, en effet, cette
enquête vaseuse et pourquoi maintenant ? La défense des journalistes
consiste à assurer que le numéro 3 du gouvernement doit laver plus blanc que
blanc et que son passé doit le rattraper s’il comporte des ombres ou des taches. Cela parait bien court pour expliquer ce choix éditorial.
Un choix compréhensible ? Mais à condition que ce passé — et c’est le cas jusqu’aujourd’hui —
comprenne des actes ou des actions hors la loi. Les responsables du journal
interrogés sur les plateaux télé (Laurent Valdiguié notamment, l’homme qui
sortit l’affaire des costumes de Fillon sur le JDD) semblaient plus que mal à l’aise
pour justifier la parution de cette enquête très discutée, semble-t-il, au sein
de la rédaction. On peut comprendre que des journalistes plus avisés que d’autres
et moins sensibles au sensationnel aient invité leurs cadres à la prudence. Que
les propriétaires du journal aient décidé de passer outre indique simplement
que la rigueur d’une enquête et l’intérêt général des lecteurs passent après le
coup de pub.
Je ne préjuge pas de faits…inconnus. Je ne sous-estime pas la souffrance endurée par des femmes sous la
contrainte. Après Balance ton porc et mee-too, il faudrait être soit aveugle
soit sourd pour ne pas prendre en compte les légitimes colères des victimes et la nécessaire libération de leur parole.
Mais il faut que cette parole soit prononcée à bon escient. Se payer un
politique n’est pas un argument suffisant. Que des journalistes se soient livrés
à cet exercice ne peut nuire qu’à la profession et à sa crédibilité. Sauf
preuve contraire.