18 octobre 2008

Fadela Amara et le produit Destop

Le Destop serait-il le karcher du pauvre ? Le produit utilisé pour déboucher les canalisations et notamment celles des toilettes aurait-il suppléé le célèbre mot de Nicolas Sarkozy en visite sur une dalle bien connue d'un quartier d'Argenteuil devenu célèbre au corps défendant de ses habitants ? « Un bon coup de Destop pour stopper les sifflets dans les stades » voilà ce que propose la secrétaire d'Etat à la Ville, accueillie il y a peu à Val-de-Reuil, où de gros efforts sont faits pour que toutes les communautés s'agglomèrent et se respectent.

Dans la bouche d'un membre du gouvernement, qui plus est ancienne présidente de « Ni putes et ni soumises » qui n'avait pas de mot assez durs contre ceux qui fustigeaient les petits délinquants ou les ados d'origine étrangère en difficulté dans les quartiers chauds, ce propos est tout simplement scandaleux. Je sais bien que Fadela Amara n'a pas un langage chatié et qu'elle se vante assez de ne pas avoir fait ses humanités (et « Merci Sarkozy de m'avoir faite ministre moi qui viens de la banlieue ») mais quand un membre du gouvernement parle ainsi de milliers de jeunes en révolte contre le rejet dont ils sont victimes, que peut-on attendre ? On ne peut attendre que plus de violence, plus de haine, plus de désir de vengeance. Contre quoi ? contre le fait de ne pas être accepté comme Français. Voilà pourquoi les jeunes ont sifflé. Ils ont sifflé, alors qu'ils sont Français, contre un pays qui ne les reconnaît pas comme tels.

Fadela Amara n'est plus dans son rôle lorsqu'elle parle ainsi. Le mot Karcher a collé à la peau du candidat UMP à la présidence et lui colle encore. Le mot Destop collera longtemps à la peau de Fadela Amara alors que d'elle on attendait des paroles compatissantes.
(photo JCH)

Pourquoi j'ai signé la motion de Martine Aubry

Martine Aubry à Pont-Audemer (photo JCH)
Parmi les six motions soumises au vote des adhérents du Parti socialiste, j'ai signé celle proposée par Martine Aubry. Non pas que la motion de Benoit Hamon ne m'ait pas intéressé mais les statuts du Parti socialiste (qu'il faudrait sans doute modifier) font que c'est autour de la motion arrivée en tête que se font les accords politiques. Il ne fait aucun doute que la motion Hamon est respectable et juste sur bien des points. L'exigence de la création d'un pôle bancaire public a tout mon accord. Mais compte tenu des affinités idéologiques des motions Aubry et Hamon, il eût fallu trouver un accord avant le vote des militants pour ne pas permettre à d'autres motions de faire la course en tête pour cause de divisions à gauche. Et finalement de demeurer maîtres du jeu. Si les sondages ont un sens — et ils en ont un — la motion Delanoë devrait prendre la première place. Le conditionnel s'impose car le résultat dépendra surtout de la mobilisation des adhérents. A l'heure actuelle, il me semble que c'est l'indifférence qui l'emporte.

Que dit Martine Aubry ? Elle affirme que, depuis l'élection de Nicolas Sarkozy, les Français souffrent encore plus que sous Chirac, que l'intervention de l'Etat dans la crise financière sera sans lendemain puisque le contribuable vient au secours des banquiers avant qu'ils ne retrouvent leurs billes. Elle reconnaît que l'alternance se fera autour du PS ou ne se fera pas. Elle proposera à toute la Gauche (PC, Verts mais aussi LCR) un accord de gouvernement. Chacun devra justifier son accord ou son…refus. Et on verra bien qui préfère qui ou quoi ?

L'objectif essentiel de la motion Aubry c'est de « réarmer la puissance publique ». De rendre son rôle à l'Etat qui a abandonné ses fonctions au marché. » Martine Aubry propose « …La question sociale doit être au cœur de nos préoccupations. Sauver l’Ecole de la République, redistribuer les richesses en commençant par augmenter les salaires en engageant une grande réforme fiscale, restaurer le droit à l’emploi, au logement, à la santé, sont des priorités absolues. J’y ajoute l’impératif écologique à l’heure des pénuries de matières premières et de la crise énergétique. Sur l’immigration, nous devons refuser de cautionner par notre silence, la peur de l’autre et l’intolérance… »
«…L’Europe ? Elle fait partie de l’identité socialiste. Nous devons avoir une Europe qui défende des règles, une Europe politique, sociale, humaniste… nos conquêtes (congés payés, abolition de la peine de mort, décentralisation, parité, PACS, RMI, CMU, l’aide personnalisée aux personnes âgées, les 35 heures, nous les assumerons, nous les défendrons… »
Comment réussir ? En dépassant les clivages du passé. Martine Aubry rassemble autour d’elle Laurent Fabius, Arnaud Montebourg, Jean-Christophe Cambadélis… elle est celle qui rassemble : « La motion D (Aubry) est la motion qui dépasse les clivages anciens et les vieilles querelles. Tournons nous vers l’avenir ! »
Le projet ? « Je propose la tenue de cinq conventions nationales (NDLR : depuis 2002 aucune ne s’est tenue) pour bâtir notre projet. Je veux un parti qui met en avant de nouvelles générations aux couleurs de la France. Un parti dirigé par une équipe large et soudée qui parle d’une même voix. » Finis la cacophonie actuelle, les oui de Manuel Valls à Sarkozy, les refus de vote, les abstentions sur des projets dangereux…« la présidentielle ce n’est ni aujourd’hui, ni demain. Après-demain, nous aurons des primaires aussi ouvertes que le permettra le dialogue avec nos partenaires. »
Le 6 novembre prochain, jour du vote des militants, je soutiendrai l'action entreprise par Martine Aubry. C'est une femme bien à gauche, opiniâtre, déterminée, courageuse. Je souhaite qu'elle devienne la Première secrétaire du Parti socialiste.

17 octobre 2008

L’Empire de la honte (1)

Enfants de Madagascar

« C’est ce titre qu’avait choisi Jean Ziegler pour son avant-dernier livre dans lequel il disait tout le mal qu’il pense du néolibéralisme et des agissements des sociétés transcontinentales, pour l’essentiel américaines, qui tiennent, de par leur puissance financière, les pays du Sud dans un état d’asservissement de plus en plus préoccupant.

À l’occasion de la journée mondiale de l’alimentation, Jean Ziegler, ex rapporteur de l’ONU pour le droit à l’alimentation, était interviewé récemment sur France-Inter. Il a rappelé les promesses qu’avaient faites il y a une dizaine d’années l’ensemble des pays développés, d’éradiquer le lancinant et terrible fléau que représente la faim dans le monde.

La faim dans le monde, c’est aujourd’hui 923 millions d’êtres humains qui ne mangent pas chaque jour à leur faim ; c’est un enfant qui meure toutes les 5 secondes et 100.000 personnes qui meurent chaque jour, ou de la faim, ou de ses conséquences immédiates. Sans parler des ravages que font les carences alimentaires sur le développement physique et intellectuel des enfants mal-nutris. Il fallait pour cela dix ans à raison de trois milliards de dollars par an.

30 milliards de dollars, comparés aux 700 milliards de dollars du plan de M. Henry Paulson pour tenter de sauver l’économie américaine, ou encore aux 1 500 milliards d’euros du plan qu’à mis en place l’Europe de la zone Euro pour stabiliser le système bancaire, c’est me direz-vous, une goutte d’eau.

Mais cette goutte d’eau, les gouvernants des pays riches n’ont pas en dix ans réussi à la trouver. Et, loin de s’améliorer, la situation au regard du problème de la faim dans le monde s’aggrave chaque jour. Cette situation est totalement scandaleuse, car c’est bel et bien là un crime contre l’humanité que nous sommes en train de commettre, nous les pays riches, ainsi que le dénonce Jean Ziegler, crime dont nous aurons un jour à rendre compte.

Les organismes internationaux dépendant de l’ONU, chargés de venir en aide à ces pays ou d’organiser les échanges : la Banque mondiale, le Fonds monétaire international (FMI), l’Organisation mondiale du commerce (OMC), dirigés pour ces deux derniers, on ne le soulignera jamais assez, par MM. Dominique Strauss-Kahn et Pascal Lamy, des socialistes – c’est surréaliste –, sont totalement noyautés par les États-Unis d’Amérique et leur affidés. Ces organismes ne sont là, en réalité sous la caution morale que fournit l’étiquette de leurs dirigeants, que pour défendre les intérêts des sociétés transcontinentales les plus riches et accroître la dépendance et la misère des pays les plus pauvres par le moyen de la dette et de son corollaire la faim qui empêchent tout développement.

Jean Ziegler dénonce le double langage insupportable tenu par l’Occident envers les pays du Sud : le droit à l’alimentation, les droits de l’Homme, la démocratie. Et pendant ce temps-là, les Etats-Unis torturent en Irak, en Afghanistan, à Guantanamo. Pendant le même temps, ils retirent du marché mondial de l’alimentation 138 millions de tonnes de maïs et de blé pour en faire le bioéthanol nécessaire à faire rouler leurs voitures, faisant ainsi exploser les prix et affamant davantage les pays du Sud. Pendant le même temps l’Union européenne organise la famine en Afrique par le dumping agricole qui ruine la petite paysannerie.

Nul ne peut douter que cela va conduire à court terme à la Haine de l’Occident (2) c’est le titre qu’a donné Jean Ziegler à son dernier ouvrage. On voudrait encourager le terrorisme qu’on ne s’y prendrait pas autrement. Ce sera, comme on peut le craindre, si rien n’est rapidement fait pour mettre un terme à cette honte, l’arme du désespoir qu’utiliseront les populations affamées face à l’étalage toujours plus arrogant de la richesse incommensurable d’une poignée d’hommes, situation dont nous devenons chaque jour davantage par notre impuissance ou notre indifférence, les complices involontaires.
Reynald Harlaut

(1) Jean ZIEGLER, l’Empire de la honte, Librairie Arthème Fayard, Paris, 2005, Le Livre de poche, réédition 2008.
(2) Jean ZIEGLER, La Haine de l’Occident, Éd. Albin Michel, Paris, 2008.

16 octobre 2008

Pour qui sont ces sifflets…

L'hymne national sifflé pendant que Laam le chantait. Les joueurs français, quelle que soit la couleur de leur peau, conspués pendant 90 minutes malgré une victoire par trois buts à un. Bizarre ambiance, bizarre match que ce match dit « amical » entres les équipes nationales de France et de Tunisie. Je ne cautionne pas les sifflets. Je n'accepte pas que les joueurs soient humiliés.
Et pourtant. Je pense à ces supporteurs de la Lazzio de Rome qui font le salut fasciste quand ils entrent dans le stade ou quand leur équipe favorite marque un but. Je pense à la banderole des supporteurs du PSG « chômeurs, consanguins, bienvenue chez les Ch'ti » ou quelques chose de ce genre-là. Le football est le seul sport où les hooligans, les skin heads, les gars de la tribune Boulogne insultent, cognent, jurent, et parfois, tuent.
Tout est question de degré et de mesure. Les réactions des politiques à ces sifflets ont été diverses : Polies et récriminatrices pour les socialistes, équitables pour François Bayrou qui renvoie les siffleurs et le gouvernement dos à dos, compréhensives pour Marie-Georges Buffet, complètement à côté de la plaque pour les Fillon-Laporte-Bachelot. Cette dernière s'est même permis d'adresser un communiqué à la presse daté de la veille du match fustigeant ces sifflets. Cela veut dire qu'elle savait ce qui allait se passer ! Quelle hypocrisie.
Avec Laporte c'est le bouquet. Il imagine ne plus jouer contre le Maroc, l'Algérie et la Tunisie au stade de France ! « On jouera chez eux ou dans un stade de province. » Bonjour l'amitié entre les peuples. Nicolas Sarkozy a une solution : ils sifflent, on arrête le match et tout le monde à la maison. Le président Escalettes, qui n'est pas un aigle, a dit au président : « prenez vos responsabilités, moi, je ne réponds de rien. »
Pour qui sont ces sifflets ? Pas pour l'équipe de France, pas pour La Marseillaise. Ils sont contre l'immense difficulté d'insertion vécue par les jeunes maghrébins, Français comme vous et moi, qui se sentent exclus de l'école, du lycée, du travail. Comme aurait dit Coluche : « la société française ne veut pas de nous, on ne veut pas de la société française. »
La solution du gouvernement : la répression. Il se trompe sur toute la ligne. C'est lui qui s'est fait siffler. Le moment était mal choisi, c'est tout.

Le PS a vocation à jouer en ligue 1

Tous les adhérents du Parti socialiste de la Fédération de l'Eure ont rendez-vous ce soir à Pont-de-l'Arche pour leur assemblée générale sur les motions en vue du congrès national de Reims. Les représentants des six textes auront quelques minutes chacun pour expliquer les principaux objectifs qu'ils s'assignent et répondre ensuite aux questions des militants.
Cet exercice de démocratie prouve la vitalité du PS. Ce parti qu'on dit inaudible au plan national, aphone parfois, déchiré aussi, a quand même le mérite de faire fonctionner des instances qui permettent à chaque socialiste de l'Eure de donner son avis.
Des critiques avertis glosent sur ce fonctionnement. Certains commentateurs bien en vue moquent les querelles qu'ils résument à des combats de chefs. Sans nier l'aspect personnel de ces combats, il faut aussi reconnaître que derrière chaque chef potentiel se dessine une ligne politique très différente selon qu'il s'agit de Martine Aubry et Ségolène Royal, Bertrand Delanoë et Benoit Hamon. Ensuite, et ce n'est pas facile pour les perdants, la majorité doit gouverner et associer, autant que faire se peut, tous les élus et adhérents d'un parti dont la vocation, comme dirait Henri Weber, est de jouer en ligue 1, pas seulement en ligue 2.

Inflation à deux chiffres pour le budget 2009 de l'Elysée

Selon le député PS de l'Aisne René Dosière, les dépenses du Palais de l'Elysée sont en hausse de 11,45 % soit un montant de 112,3 millions d'euros. La présidence de la République ne fournit évidemment aucun détail sur ces dépenses. René Dosière, député PS, devenu un spécialiste reconnu et écouté de l'analyse des budgets élyséens, affirme que cette augmentation est due au nombre considérable de voyages du président, au doublement des réceptions, des envois de courriers… « C'est une progression 6,3 fois supérieure au budget de l'État. À ce rythme, en cinq ans, Nicolas Sarkozy doublera son budget » extrapole René Dosière dans son rapport intitulé « Le budget de l'Élysée ne connaît pas la crise ».
Les effectifs du personnel sont de 1031 personnes dont 150 recensées nulle part. Et quand on sait que sept millions d'euros de travaux ont été financés sur le budget de la Culture, cela veut dire qu'on masque au maximum des dépenses imputables à l'Elysée mais qu'on ne souhaite pas faire la clarté sur la réalité des sommes en jeu.
Depuis l'arrivée de Nicolas Sarkozy au palais présidentiel, les charges courantes, les déplacements, les travaux, les salaires des conseillers et assistants…connaissent une croissance démesurée qui choque en temps de crise au moment où les Français vont devoir se serrer la ceinture. Il ne s'agit pas de tomber dans la démagogie. On comprend que le chef de l'Etat dispose d'un train de vie au dessus de la moyenne. Son épouse a été habituée à la soie et au cachemire. Mais on sait aussi que Nicolas Sarkoy aime les yachts, les résidences secondaires somptuaires. Jouir de la vie a un prix. Pour les contribuables, elle a un coût : 112,3 millions d'euros soit 11,45 % de plus qu'en 2008. Vous avez dit inflation !

15 octobre 2008

Olivier Besancenot espionné par une officine privée

Olivier Besancenot à Louviers pour une assemblée générale d'A Gauche vraiment. (photo JCH)
C'est maintenant officiel. Olivier Besancenot, le leader de la LCR (Ligue communiste révolutionnaire) a été espionné, lui, sa femme, son fils à l'école maternelle, ses comptes bancaires, ses déplacements, ses parents (domiciliés à Louviers)…pour le compte d'une officine privée. Les policiers chargés de l'enquête par un juge auprès duquel l'ancien Lovérien avait porté plainte pour atteinte à la vie privée (notamment) ont placé plusieurs personnes en garde à vue et ont maintenant la certitude qu'un ancien policier a donné des renseignements pris sur fichier, qu'un douanier a fait de même (il est privé d'accès dès aujourd'hui) etc.etc.
Quand on assurait que le fichier EDVIGE pourrait tomber dans de vilaines mains, nous avions bien raison. Rien n'empêche des gens véreux de faire des copies de CD, de les imprimer, de vendre les informations puisque dans ce bas monde tout s'achète et tout se vend.
Il en va de même avec les informations collectées par les caméras de surveillance. Qui peut affirmer que, demain ou après-demain, des images ne circuleront pas ici ou là ? A des fins financières, politiques, par vengeance ou par chantage ? On peut prendre toutes les précautions du monde : un individu mal intentionné parviendra toujours à déjouer les contrôles, à contourner les obstacles juridiques ou techniques.
« Si vous craignez cela c'est que vous avez quelque chose à vous reprocher ? » On connait la chanson. Les membres du collectif antividéo-surveillance sont des gens honorables, élus ou non, citoyens engagés ou non, leur réputation fait d'eux des citoyens respectables. Que pourrait-on leur reprocher ? De ne pas vouloir être espionné, fiché, suivi, filmé. Ils assument.

le 29 octobre, une date à retenir

Le mercredi 29 octobre au Moulin à 20 heures, Dominique Guibert, Secrétaire Général adjoint de la Ligue des Droits de l'Homme au niveau national proposera une intervention sur le contrôle social et la politique sécuritaire et abordera, bien évidemment le thème de la vidéo-surveillance.
Le collectif constitué à Louviers contre l'installation des caméras dans les quartier recueille un succès certain avec la pétition actuellement en cours de signature aux Acacias, à Maison-Rouge et sur le marché du samedi.
Le collectif invite tous les Lovériens et toutes les personnes (signataires de la pétition contre EDVIGE par exemple) à être présents à cette soirée exceptionnelle qui donnera l'occasion à l'orateur de rappeler la position de La Ligue des Droits de l'Homme contre les systèmes d'enregistrement des citoyens et à l'auditoire de poser des questions.

Gisors est à l'Est de Louviers…

Marcel Larmanou (à gauche bien sûr) est un vieux routier de la politique. Il ne se laisse pas marcher sur les pieds. A droite, Leslie Cléret, représentant Jean Louis Destans, président du conseil général. (photo JCH)
En affirmant péremptoirement que la salle réservée au futsal et programmée dans le cadre de l'opération de rénovation urbaine du quartier de Maison-Rouge serait la première construite en Haute-Normandie, Franck Martin s'est attiré cette remarque cinglante de Marcel Larmanou, président de la SECOMILE, mais par ailleurs maire de Gisors : « après celle de Gisors ».
Piqué au vif le maire de Louviers s'en est tiré par une pirouette : « il est vrai qu'à Gisors on est toujours en avance de plusieurs années-lumières sur les autres villes ». S'en est suivi un court dialogue sur l'Est et l'Ouest, Marcel Larmanou étant bien sûr à l'Est puisque membre du Parti communiste depuis son âge de raison.

Franck Martin n'a pas manqué d'évoquer les joutes oratoires qui opposaient les deux hommes, déjà, au sein du conseil général. Il s'est rémémoré avec nostalgie sa présence à Evreux, dans une majorité départementale composite et de gauche, au sein de laquelle Marcel Larmanou s'est toujours trouvé plus à gauche et donc…plus à l'Est (1) que Franck Martin. Les saillies de ce dernier sur le CPE, sur « les entreprises qui vivent et qui meurent », sur ses relations avec Hervé Morin et la réunification de la Normandie résonnent encore aux oreilles de certains conseillers généraux.

Le fait est que, ce mardi, Franck Martin n'a pas été très bon. Un peu comme lors de la venue d'Alain Le Vern, président du conseil régional défenseur de la réouverture de la ligne SNCF entre Evreux et Rouen. Sur son blog — reconnaissons son honnêteté — le président de l'agglomération avoua avoir raté son intervention. On peut comprendre qu'une prise de parole en public génère de l'émotion voire de l'émotivité. Pour les dominer, il faut bien préparer son sujet, s'appuyer sur des notes solides, des chiffres vérifiés…ceux du chômage n'ont pas été les mêmes dans la bouche de Franck Martin (25 %) et celle du préfet (40 %). Qui a raison ? Sachant que le taux de chômage de l'ensemble de la ville serait de 17 % des actifs…

Ce qui compte c'est que les douze signataires se soient engagés fermement à modifier les conditions de vie dans ce quartier, à le sortir de son isolement. A agir et à faire. Les habitants n'en demandent pas plus.

(1) Quand on demandait à Guy Mollet, ancien secrétaire général de la SFIO, ce qu'il pensait du Parti communiste français, il répondait : « le PCF n'est pas à gauche, il est à l'Est. » Cette métaphore géographique a fait florès.

14 octobre 2008

Coup d'envoi de l'opération de rénovation urbaine du quartier de Maison-Rouge

De nombreux élus (parmi lesquels Christian Renoncourt étaient présents à la signature.(photo JCH)
L'opération de rénovation urbaine prend tout son sens quand on pense à l'avenir de ces enfants. (photo JCH)
« La rue de la Maison-Rouge prend naissance à l'extrémité de la rue de Beaulieu. Cette dénomination, qui lui est venue d'une maison construite en briques rouges vers 1820 a été approuvée par le conseil municipal dans sa séance du 24 juin 1840. » L'abbé Delamare, dans son histoire des rues de Louviers, n'imaginait pas qu'un jour, des décennies après l'écriture de son livre, un quartier complet du nom de Maison-Rouge abriterait 10 % de la population de la ville, dont une forte proportion d'origine étrangère, et 40 % d'habitants, selon les déclarations du préfet lui-même, frappés par le chômage.

Il était donc grand temps de revoir la copie de ce quartier du à l'imagination d'un architecte du nom de Perrotte qui connut ses premières constructions dans les années soixante-dix.
L'ANRU, agence nationale de rénovation urbaine, a classé le quartier de Maison-Rouge dans les quartiers destinés à profiter de la mane de l'état pour le sortir de l'isolement. S'y sont associés des bailleurs (SECOMILE, Eure habitat) des organismes financiers (La Caisse des dépôts et consignations, la CAF) des collectivités territoriales (La Région, le Département) et évidemment la ville de Louviers qui financera 8 % des 37 millions d'Euros.

J'ai déjà décrit, sur ce blog, les objectifs de cette opération. Au cours des interventions entendues ce soir lors de la signature de la convention, personne n'a évoqué (hormis Marc-Antoine Jamet) la grave crise financière qui ébranle le monde et qui, bientôt, va se traduire en pertes de marchés, en non construction de logements, en chômage accru dans le BTP. MAJ, représentant de la Région, a insisté auprès des banquiers pour qu'ils jouent leur rôle et auprès du préfet pour que l'Etat soit attentif et vigilant : « La rénovation urbaine, a expliqué le maire de Val-de-Reuil, c'est une idée de gauche ». Il pensait fortement à la visite de Fadela Amara, secrétaire d'Etat à la politique de la Ville, l'autre semaine, à Val-de-Reuil. Auparavant Leslie Cléret, vice-présidente du conseil général, au nom de Jean Louis Destans, avait bien expliqué le volet social d'un dossier très lourd avec « la rénovation, les démolitions, les constructions, le relogement »…

La grande salle de l'école Jacques Prévert a accueilli les participants à cette signature collective placée sous le signe de l'émotion. Quelques habitants (trop peu à mon goût) étaient présents pour participer au lancement d'une opération qui s'échelonnera sur une dizaine d'années compte tenu des ambitions affichées et des difficultés financières des uns et des autres.

L'abeille au patrimoine mondial de l'UNESCO ?

Récupération d'un essaim au printemps 2008. (photo JCH)
Martial Saddier, député de la Haute-Savoie, région apicole importante, a rédigé un rapport qu'il a présenté au Premier ministre « pour une filière apicole durable. Les abeilles et les pollinisateurs sauvages. » La mortalité particulièrement importante des abeilles et des insectes pollinisateurs sauvages est observée depuis plusieurs années. La généralisation du phénomène à toute la planète et sa forte augmentation depuis quinze ans ont conduit les travaux du « Grenelle de l'environnement » à préconiser un plan national afin de lutter contre ce phénomène.
Le constat : de 30 à 40 % des colonies d'abeilles meurent chaque année en France avec des destructions totales de cheptels. L'apiculture est toujours une passion mais si pour certains (dont je suis) elle est un loisir, pour d'autres, elle est un métier et donc la condition pour gagner sa vie. M. Saddier propose d'organiser de toute urgence une filière abeille ou apicole. La nouvelle organisation permettra de définir un statut différent entre l'amateur et le professionnel sachant qu'à compter du 1er janvier 2010, la déclaration annuelle de rûches sera rendue obligatoire. Ce qu'elle était déjà pour l'obtention de produits vétérinaires.
Le député propose la création d'un « Institut technique et scientifique de l'abeille » Il sera chargé d'élaborer et d'analyser les programmes de recherche de la filière. M. Saddier n'omet pas d'indiquer que les questions relatives à l'indépendance scientifique et technique ainsi que la place du syndicalisme devront été débattues.

Les principales thématiques :
— cibler les principales maladies connues (varroase, nosémose, viroses).
— La protection des végétaux : intensifier la recherche en matière de toxicité des molécules. Troubles du comportement.
— protection des pollinisateurs : recherche des procédés biologiques, screening des molécules contre les pathogènes, confirmer ou non les suspicions de résistance.
— Protocole d'expertise en cas d'intoxication, conforter le réseau d'agents sanitaires. (GDSA dans l'Eure)
— Guide des bonnes pratiques apicoles pour les agriculteurs et les apiculteurs.
— Mise en place d'un BTS apicole.
— Mise en place d'un système assurantiel poure la perte des ruches.

Le député énumère ensuite divers sujets de préoccupation : filière de production de reines, identification des parasites potentiels ennemis de l'abeille (exemple du frelon asiatique qui va coloniser la France entière) sans oublier les plantations OGM près des ruchers et la contamination des autres plantes par l'abeille…M. Saddier conclut son rapport en demandant un classement de l'abeille au patrimoine mondial de l'UNESCO !

13 octobre 2008

Guillaume Depardieu est mort

Léos Carax et Guillaume Depardieu lors du tournage de Pola X
dans la cour de la mairie de Louviers en 1998
(photo JCH)

On peut avoir dieu dans son nom et ne pas y croire. On peut avoir 37 ans et mourir d'une pneumonie foudroyante. Guillaume Depardieu est mort aujourd'hui à l'hôpital de Garches. J'ai eu l'occasion d'approcher l'acteur (même de loin) lors du tournage de Pola X à Louviers. Le film de Leos Carax avec Catherine Deneuve qu'il ne fallait pas prendre en photo. Les droits des stars sont réservés.
Il parait, quand on lit la filmographie de Guillaume Depardieu, que le film du réalisateur « des amants du Pont neuf » l'a révélé comme un grand acteur. L'un de ses derniers films « Versailles » le présente tel qu'il est dans la vie : violent et tendre, sensible et secret, affectif et distant. La vie l'a cabossé et cassé. Elle s'est évadée de lui sans crier gar(c)e.

Martine Aubry à Pont-Audemer

Martine Aubry répond aux questions d'un journaliste sur le marché de Pont-Audemer. (photo JCH)
Les signataires régionaux de la motion « Changer à gauche pour changer la France » avaient invité Martine Aubry à rencontrer des élus et des militants, ce matin, à Pont-Audemer. Avant de lever le verre de l'amitié et de prendre la route de Sandouville et celle de Cléon où elle devait rencontrer les salariés de Renault, Martine Aubry s'est promenée sur le marché local en compagnie de Laurent Fabius, Henri Weber, Alain Le Vern, président du conseil régional, Jean Louis Destans, président du conseil général et de plusieurs conseillers généraux dont Anne Mansouret, Leslie Cléret, Janick Lesœur, Daniel Leho, Bruno Questel, Francis Courel, Jacques Poletti etc…Yves Léonard, mandataire de Martine Aubry dans l'Eure et adjoint au maire de Pont-Audemer, était évidemment là.
Cette promenade sur le marché a permis au maire de Lille de questionner chalands et commerçants. Les affaires ne vont pas bien.Qui s'en étonnera ? A la salle des Carmes, très applaudie, Martine Aubry a souligné en une phrase que l'important « n'est pas d'être le plus à gauche au sein du Parti socialiste mais de faire que le Parti socialiste soit bien à gauche ». Laurent Fabius est resté muet mais très présent quand même. Il est évident qu'en Haute-Normandie, le soutien de l'ancien Premier ministre va peser lourd dans la bataille du congrès.
Ceux qui reprocheraient au Parti socialiste de recéler des hommes et des femmes animées d'ambitions élevées et se plaindraient qu'un débat interne ait lieu, devraient y regarder de plus près. Le duel entre Barack Obama et Hilary Clinton pour la candidature à la Présidence des Etats-Unis n'a pas été quiet. Appartenant tous deux au Parti démocrate, ils ont disputé une primaire sans se ménager. Aujourd'hui Hilary Clinton soutient Barack Obama avec sincérité et conviction. Il en ira de même au PS après les votes. Du moins est-ce mon espoir.

Bernard Tapie n'est pas quitte

Dans le contexte de crise financière mondiale qui frappe tous les pays « riches » et les pays émergents, l'indemnité accordée à Bernard Tapie par le trop fameux tribunal arbitral apparait comme aussi exagérée que déplacée. A la suite des auditions de la commission des Finances de l'Assemblée nationale sur ce qu'il faut bien appeler l'affaire Tapie, le groupe socialiste a déposé le mardi 30 septembre « un recours en excès de pouvoir contre la décision de Mme Christine Lagarde, ministre des Finances de recourir à une procédure d'arbitrage pour clore le litige opposant l'ancien président de l'OM et le Consortium de réalisation (CDR) et de ne pas en contester la sentence.
Le groupe socialiste considère que cette procédure était légalement inappropriée et que le refus du ministre de faire appel a gravement lésé les droits et les intérêts de l'Etat dont elle a la responsabilité. Elle a ainsi fait porter sur les contribuables une charge indue.
En pleine crise financière, les 285 millions d'euros versés sans contestation à Bernard Tapie témoignent d'une largesse pour le moins étonnante de la part des autorités publiques. »
Le MODEM de François Bayrou a également déposé deux recours en excès de pouvoir contre la décision du ministre. Le conseil d'Etat devra dire si la procédure d'arbitrage choisie par le gouvernement était adaptée à la situation sachant que Bernard Tapie a déjà touché les 285 millions d'euros.

12 octobre 2008

Enorme succès du marathon Seine-Eure

L'équipe de France féminine des 100 km est venue préparer les championnats du monde (JCH)
Marc-Antoine Jamet, maire de Val-de-Reuil, Bernard Amsalem, président de la fédération française d'athlétisme, et Richard Jacquet, maire de Pont-de-l'Arche. (photo JCH)

Parcours nouveau et « roulant ». Organisation parfaite. Concurrents ravis à la fin de leur course. Présence de Bernard Amsalem, président de la FFA (fédération française d'athlétisme) et de l'équipe de France féminine des 100 km venue se tester avant les championnats du monde programmés dans quatre semaines. Un maire de Val-de-Reuil heureux de la rénovation routière absolument parfaite pour canaliser Marathon et Ekiden (course par équipes). Un Guillaume Voranger (de la CASE) étonné de ce brouillard puis de ce soleil qui fait resplendir l'effort.
Il n'y a pas à dire. Pour sa 4e édition, le marathon Seine-Eure a joué dans la cour des grands. Un athlète raconte : « Nous sommes magnifiquement accueillis, toute l'organisation mérite un grand coup de chapeau ». On a vu parmi les 500 bénévoles, des Hondouvillais, des Pintervillais, des Incarvillais, des Lovériens, des Heudebouvillais, des Rolivalois…tous concernés par les courses sur route et le sens de l'effort. Il est vrai qu'à Val-de-Reuil, le triathlon a conquis ses lettres de noblesse depuis deux décennies.

Revenons à la course. Hommes, femmes, jeunes, moins jeunes, spécialistes en 2 h 20, passionnés en 3 h 40 ou 5 heures, le marathon est un effort sur route et sur soi-même. Le corps, affuté pendant des mois, a besoin du renfort d'un mental à toute épreuve. Il faut s'hydrater et se nourrir quand il faut. Ni trop, ni pas assez. Il faut aussi venir à bout de ces satanées lignes droites qui vous coupent les pattes même si les falaises sur Seine sont magnifiques dans la lumière. Au final, nombreux sont ceux qui ont battu leur record personnel. Et tout cela grâce à un parcours ultra-plat le long de l'Eure et de la Seine.

Il y aura, en 2009, une 5e édition du marathon Seine-Eure. Comment se priverait-on d'un événement aussi énorme ? Profitons de l'occasion pour présenter le programme du challenge des quatre communes : Les foulées de l'Iton auront lieu à Hondouville le 1er février 2009, le challenge René Marc se déroulera à Incarville le 29 mars 2009, la foulée Pintervillaise accueillera les amateurs le 1er mai 2009…à Pinterville et « Courir à Heudebouville » fera fleurir le bouquet final en mai 2009 à une date restant à préciser.
Contact : www.challenge4 communes.fr

Les jeunes Autrichiens tentés par l'extrême-droite

La France et les Français auraient intérêt à regarder de près les résultats des élections législatives autrichiennes récentes. Non pas parce que Jörg Haider, l'un des leaders de l'extrême droite s'est tué dans un accident de la route du à la vitesse excessive de son véhicule, mais parce que les jeunes de moins de 30 ans ont voté à 50 % pour les représentants des deux partis fortement inspirés par des thèses racistes elles-mêmes fortement teintées d'antisémitisme.
Il fut une époque pas très lointaine, lors de la coalition des conservateurs et du parti de Haider, où l'Union européenne décréta une sorte d'embargo à l'égard de l'Autriche. Pendant plusieurs mois, les pays démocratiques ont snobé le pays de Kurt Waldheim lequel, progressivement a réintégré les rangs des pays fréquentables.
Revenons sur le vote des jeunes. Pour la première fois, les jeunes âgés de 16 ans révolus avaient le droit de vote. Ce sont eux qui massivement ont apporté leurs voix à l'extrême droite, séduits par le discours anti-immigration des porte paroles des deux partis nostalgiques du nazisme. C'est un évènement qui dépasse les frontières du pays de naissance de Hitler. Il doit, comme on dit, « interpeller » les responsables politiques, notamment ceux de la gauche. Comment faire, quoi faire, pour empêcher que le désespoir des jeunes se transforme en une « haine » des partis démocratiques ? Comment faire, quoi faire, pour que les sans diplômes ou les diplômés se voient offrir des perspectives de travail, d'insertion, de formation ?
La gauche ferait bien d'analyser à la loupe les résultats de Vienne. Non pas que la jeunesse française soit forcément comparable à la jeunesse autrichienne. Tout de même, ce vote exutoire sent mauvais. 30 % pour les nazillons, en 2008, dans un pays de l'Union européenne développé…il y a quelque chose qui cloche là-dedans.