Parmi les six motions soumises au vote des adhérents du Parti socialiste, j'ai signé celle proposée par Martine Aubry. Non pas que la motion de Benoit Hamon ne m'ait pas intéressé mais les statuts du Parti socialiste (qu'il faudrait sans doute modifier) font que c'est autour de la motion arrivée en tête que se font les accords politiques. Il ne fait aucun doute que la motion Hamon est respectable et juste sur bien des points. L'exigence de la création d'un pôle bancaire public a tout mon accord. Mais compte tenu des affinités idéologiques des motions Aubry et Hamon, il eût fallu trouver un accord avant le vote des militants pour ne pas permettre à d'autres motions de faire la course en tête pour cause de divisions à gauche. Et finalement de demeurer maîtres du jeu. Si les sondages ont un sens — et ils en ont un — la motion Delanoë devrait prendre la première place. Le conditionnel s'impose car le résultat dépendra surtout de la mobilisation des adhérents. A l'heure actuelle, il me semble que c'est l'indifférence qui l'emporte.
Que dit Martine Aubry ? Elle affirme que, depuis l'élection de Nicolas Sarkozy, les Français souffrent encore plus que sous Chirac, que l'intervention de l'Etat dans la crise financière sera sans lendemain puisque le contribuable vient au secours des banquiers avant qu'ils ne retrouvent leurs billes. Elle reconnaît que l'alternance se fera autour du PS ou ne se fera pas. Elle proposera à toute la Gauche (PC, Verts mais aussi LCR) un accord de gouvernement. Chacun devra justifier son accord ou son…refus. Et on verra bien qui préfère qui ou quoi ?
L'objectif essentiel de la motion Aubry c'est de « réarmer la puissance publique ». De rendre son rôle à l'Etat qui a abandonné ses fonctions au marché. » Martine Aubry propose « …La question sociale doit être au cœur de nos préoccupations. Sauver l’Ecole de la République, redistribuer les richesses en commençant par augmenter les salaires en engageant une grande réforme fiscale, restaurer le droit à l’emploi, au logement, à la santé, sont des priorités absolues. J’y ajoute l’impératif écologique à l’heure des pénuries de matières premières et de la crise énergétique. Sur l’immigration, nous devons refuser de cautionner par notre silence, la peur de l’autre et l’intolérance… »
«…L’Europe ? Elle fait partie de l’identité socialiste. Nous devons avoir une Europe qui défende des règles, une Europe politique, sociale, humaniste… nos conquêtes (congés payés, abolition de la peine de mort, décentralisation, parité, PACS, RMI, CMU, l’aide personnalisée aux personnes âgées, les 35 heures, nous les assumerons, nous les défendrons… »
Comment réussir ? En dépassant les clivages du passé. Martine Aubry rassemble autour d’elle Laurent Fabius, Arnaud Montebourg, Jean-Christophe Cambadélis… elle est celle qui rassemble : « La motion D (Aubry) est la motion qui dépasse les clivages anciens et les vieilles querelles. Tournons nous vers l’avenir ! »
Le projet ? « Je propose la tenue de cinq conventions nationales (NDLR : depuis 2002 aucune ne s’est tenue) pour bâtir notre projet. Je veux un parti qui met en avant de nouvelles générations aux couleurs de la France. Un parti dirigé par une équipe large et soudée qui parle d’une même voix. » Finis la cacophonie actuelle, les oui de Manuel Valls à Sarkozy, les refus de vote, les abstentions sur des projets dangereux…« la présidentielle ce n’est ni aujourd’hui, ni demain. Après-demain, nous aurons des primaires aussi ouvertes que le permettra le dialogue avec nos partenaires. »
Le 6 novembre prochain, jour du vote des militants, je soutiendrai l'action entreprise par Martine Aubry. C'est une femme bien à gauche, opiniâtre, déterminée, courageuse. Je souhaite qu'elle devienne la Première secrétaire du Parti socialiste.
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