28 décembre 2013

JM Le Pen veut des droits d'auteur, Alliot-Marie joue la sécurité, L'abstention grandit à chaque vote…


Les habitants de Neuilly-sur-Seine ont échappé au pire. L’UMP, fort mécontente de la popularité du maire divers droite, M. Fromantin, voulait en effet tenter de récupérer la mairie en lançant un scud de première force. Ce Scud devait forcément être une personnalité de premier plan et à la notoriété capable de susciter l’élan des habitants de la ville la plus riche du département.
A qui l’appareil UMP a-t-il songé ? Je vous le donne en mille. A la célébrissime Michèle Alliot-Marie ! Non contente d’avoir joué le rôle (policier) qui fut le sien lors du printemps tunisien — et je ne parle pas de son voyage privilégié en avion pour se rendre dans le sud du pays — Michèle Alliot-Marie a payé cash toutes ses erreurs et maladresses lors des élections législatives en étant battue dans sa circonscription du pays basque.
Plus habituée aux ors parisiens et compte tenu des égards dont elle s’estime digne, l’ancienne ministre de Nicolas Sarkozy se serait bien vue à la tête Neuilly. Finalement, sondage en poche, MAM a décidé de se retirer sur la pointe des pieds. Elle préfère le confort douillet d’une place éligible aux prochaines élections européennes. C’est là — on le sait —que les battus du suffrage universel national se recyclent pour demeurer vivants dans la vie politique.

« Touche pas au grisbi salope », voilà ce que Jean-Marie Le Pen a dû dire à sa fille Marine, paraphrasant Michel Audiard dans le cultissime film de Georges Lautner, les Tontons flingueurs. Le Grisbi ? C’est le nom du parti de l’extrême droite : le Front national. Papy a mis tant d’années à le faire connaître, il a connu tant de hauts et de bas sous l’oriflamme sponsorisée par Jeanne d’Arc qu’il ne peut accepter un seul instant que fi-fille songe à modifier le nom du parti comme elle en a manifesté l’intention. D’ailleurs Papy a poussé une grosse colère en apprenant la nature du caprice de sa progéniture : débile ! A-t-il résumé.
Marine Le Pen doit déjà porter un nom lourd de passif, si en plus elle doit encore se coltiner pendant des mois et des années un nom de parti raciste et xénophobe, jamais elle ne pourra accéder à certaines fonctions considérées (pour combien de temps encore) comme respectables. Je ne pense évidemment pas à la présidence de la République. Où alors il faudrait que les Français marchent sur la tête.

Lors des dépouillements, au soir des élections, les foules ne se pressent plus. (photo JCH)
Les responsables des partis politiques devraient lire avec attention une étude réalisée par Mélanie Gratacos, membre du Conseil économique et social et environnemental. Cette étude de la délégation à la prospective et à l’évaluation des politiques publiques, met le doigt sur une plaie vive. Une plaie qui risque bien de s’envenimer. Alors que la démocratie est considérée comme un acquis, la participation aux élections — excepté l’élection présidentielle — baisse sensiblement scrutin après scrutin.
Pour les élections européennes, par exemple, la participation était de 60 % en 1979, elle n’était plus que de 40 % en 2009. 54 % des Français considèrent que la démocratie ne fonctionne pas très bien ou pas bien du tout quand seulement 13 % d’entre eux font confiance aux partis politiques. Il est urgent qu’une réflexion large, pluraliste, aboutisse à des mesures réglementaires ou législatives pour redonner du sens à la décision des politiques, accroître la diversité des sexes, des âges, des professions des élu(e)s ce qui passe par la limitation du cumul des mandats (simultanés et successifs) l’amélioration su statut de l’élu (inégalité public-privé) et l’évaluation des lois et de leur application. 
étude à consulter sur www.lecese.fr

27 décembre 2013

La libération des Pussy Riots parasitée par l'agression d'une journaliste ukrainienne


Vive la liberté 
Les Pussy Riots ne lâchent rien
Réjouissons-nous. Réjouissons-nous après l’amnistie décrétée par Vladimir Poutine à l’égard des Pussy Riots et des militants de Green Peace. Sur les raisons qui ont poussé le « tsar » de Russie à décider ces libérations anticipées (tout comme celle de l’ancien oligarque Khodorkosvski) j’imagine que celles invoquées par la presse sont quelque peu crédibles. A quelques semaines des jeux olympiques d’hiver de Sotchi, le maître du Kremlin a tenté de se donner le beau rôle et de faire apparaître son pays comme une nation moderne…et un tout petit peu démocratique. Le pari n’est pas gagné.
Car on sait bien que tous ces gens se sont retrouvés en prison sur ordre du despote. Les Pussy riots ont été les victimes du grand chef de l’Eglise orthodoxe tandis que les militants de Green Peace se voyaient administrer une leçon valable pour l’avenir. Sur qu’ils y regarderont à deux fois avant de prendre d’assaut les navires russes quand bien même ces derniers navigueraient dans les eaux internationales.
Si je me souviens bien des propos d’Hubert Védrine à Val-de-Reuil il y a à peine un mois, la Russie n’est plus une super-puissance. Face aux Etats-Unis et à la Chine montante, Moscou est devenu un leader de moyenne importance. Certes, le gaz et le pétrole produits par la Russie ne sont pas négligeables mais l’influence politique des Russes se limite à quelques pays de l’Europe de l’Est (dont l’Ukraine évidemment) et au Moyen Orient où Poutine est parvenu à abattre une carte maîtresse dans le conflit syrien. Depuis, les morts se comptent par centaines, sous les yeux de la communauté internationale.
François Hollande et d’autres présidents ont annoncé qu’ils ne se rendraient pas à la cérémonie d’ouverture des JO d’hiver. C’est bien le moins qu’ils pouvaient faire.

Journaliste agressée
On apprend, aujourd’hui, qu’une journaliste ukrainienne s’est faite agressée et tabassée par des voyous qui l’ont laissée pour morte. Cette courageuse journaliste pistait depuis des mois les principaux responsables du Gouvernement et ne se lassait pas de dénoncer le système Ianoukovitch. Un système avec prébendes et corruption à tous les étages, grandes affaires pour grands affairistes. Une fois encore, on a cherché à faire taire l’opposition et à museler la presse qui est tout sauf libre dans certaines des anciennes républiques de l’URSS.
L’accord récent passé entre Vladimir Poutine et le président ukrainien permet au pays de faire face à ses dépenses courantes comme le paiement des salaires des fonctionnaires. Mais à terme, l’accord gazier avec remise exceptionnelle, tiendra-t-il la route ? Les protestataires de la place Maidan à Kiev, vont-ils retrouver de la voix et du geste pour fêter la nouvelle année ? Comme disait Rousseau « le despote n’est le maître qu’aussi longtemps qu’il est le plus fort ». Et comme tout a une fin…


Tapie…teusement…
Une fois de plus le site Médiapart nous livre un scoop dont il a le secret et qui fait le succès de la presse d’investigation. Laurent Mauduit, son spécialiste des affaires économiques, a publié un long article, hier, apportant la preuve — dont tout le monde se doutait mais que personne n’avait sous les yeux — que Bernard Tapie, son ancien bras droit et ses avocats, connaissaient très bien les conditions du rachat d’Adidas mêlant le CDR (le consortium de réalisation) le Crédit Lyonnais, Robert-Louis Dreyfus acquéreur ultime de la grande marque de sport.
Laurent Mauduit écrit : « Bernard Tapie a toujours prétendu qu'il avait été floué par le Crédit lyonnais car ce dernier lui aurait caché des clauses secrètes lors de la vente d'Adidas, en 1993. Mediapart révèle un document confidentiel, signé par l'ex-patron du groupe de sports, Robert Louis-Dreyfus, qui ruine cette version et sur lequel la justice n'avait jamais mis la main. »
J’invite ceux et celles qui ne sont pas abonné(e)s à Médiapart et qui souhaitent une information libre et crédible à faire ce geste utile toutes affaires cessantes. Là encore, il y va de la liberté de la presse.

26 décembre 2013

Dieudonné M'Bala M'bala ne me fait pas rire. Priollaud et Mao non plus.


Il fallait bien qu’un jour ou l’autre la quenelle de Dieudonné soit une source de conflits et de bagarres. De la quenelle, je retiens qu’il s’agit, surtout, d’une farce de poisson ou de viande. Une farce donc. Dieudonné a beau être classé dans la catégorie des humoristes, il ne me fait pas rire, ni pleurer d’ailleurs, car ses textes sont d’une grande pauvreté et sans les grimaces qui les accompagnent, le pourfendeur de la LICRA et de la Shoah, ne serait qu’un histrion tout à fait banal. Je trouve à la fois inconvenant et dramatique que ses salles se remplissent — du moins là où il n’est pas interdit —M. M’bala M’bala faisant la preuve soir après soir de la vacuité absolue de son discours.
Sa recette, autrement dit la clé de ses recettes sonnantes et trébuchantes, c’est de se payer les juifs comme au bon vieux temps de l’entre guerre quand MM. Céline et Brasillach écrivaient des romans criminels et des textes puants. Le Dieudonné de service attaque aujourd’hui la Ligue contre le racisme et l’antisémitisme suite aux propos qu’a tenus son président dénonçant en Dieudonné un fieffé voyou. Dieudonné ne manque ni de culot ni d’air. Lui, qui a été condamné à de nombreuses reprises pour ses déclarations négationnistes, ses théories du complot…forcément juif, ses agressions verbales, espère obtenir une réparation symbolique devant la justice de notre pays. On peut espérer que la justice ne tombera pas dans le piège tendu par Dieudonné. Les propos du président de la LICRA étaient frappés au coin du bon sens.

L'école maternelle de la ZAC de la Justice. C'était hier. (photo JCH)
François Xavier Priollaud sera donc la tête de liste UMP-UDI à Louviers. Un produit de remplacement puisque le leader devait être l’une des personnalités UMP connues à Louviers. Ni M. Aubert, d’abord, pour les raisons que l’on sait, ni M. Veyrat, ensuite, pour cause de maladie n’ont pu aller jusqu’au bout des accords départementaux passés entre les deux partis de la droite euroise. C’est donc FX Priollaud qui s’y colle. Qui connaît M. Priollaud ? Les Lovériens ont un souvenir vague du candidat UDI aux législatives de 2012. Il s’est fait remarquer pour un tract sur la sécurité qui fleurait bon le FN et l’extrême droite. Même si on ne le connaît pas bien, on sait donc qu’il est capable de beaucoup de démagogie. Sera-ce suffisant pour emporter la mairie de Louviers ? Celle-ci ne se donne pas au premier venu et encore moins quand l’impétrant se fait chaperonner par Bruno Le Maire, le chef des droites dans notre département. On peut comprendre FXP, il a besoin de la notoriété de BLM…
J’ai beaucoup ri en lisant dans La Dépêche que M. Priollaud voulait faire en sorte que Louviers retrouve son âme. Que sait-il de l’âme de Louviers ? Il ne sait même pas où se trouve la ruelle des cailloux !

En Chine, certains (pas tous) fêtent le 120e anniversaire de la naissance de Mao. Le grand Timonier a réussi l’exploit d’être populaire (comme la Chine) en France dans les années 68. Maoïstes, Mao spontex, marxistes léninistes, des jeunes Français et des jeunes françaises bien naïfs ont brandi le Petit livre rouge comme un étendard de liberté et d’émancipation.
On ne savait pas tout des crimes de Mao. On ignorait les épurations sanguinaires et la justice expéditive des masses. 
Plus le temps passe, plus le bilan du maoïsme est controversé en Chine même. Ses rapports aux femmes (jeunes surtout) son style de commandement, les purges toutes plus massives les unes que les autres, la révolution culturelle qui fut surtout l’occasion d’éliminer nombre de dirigeants ambitieux… Mao fut pour beaucoup la vérité révélée. Jamais il ne partagea le pouvoir. J’en connais qui ont le portrait de mao dans leur salle à Manger. Bon appétit.

24 décembre 2013

Le journal L'Equipe confond la fête de Noël et le 1er avril


Edwy Plenel, Médiapart. (photo JCH)
Les ventes des journaux quotidiens, hebdomadaires-magazines, d’information générale sont en chute libre. L’année 2013 a été une année noire pour « Le Monde », « Libération » surtout, « Aujourd’hui » et d’autres titres tout aussi importants les uns que les autres pour le pluralisme des idées et des opinions. On connaît l’une des raisons de cette baisse inexorable du lectorat. Lire un journal est un acte d’intérêt général à la fois pour ceux qui lisent et pour ceux qui sont lus. Le problème vient du fait que les jeunes générations sont moins éprises du journal papier, moins attentives à l’analyse et aux commentaires des faits qu’aux faits eux-mêmes. Un lectorat qui ne se renouvelle pas est un lectorat vieillissant et en perte de vitesse. les jeunes préfèrent Iphones, tablettes et réseaux sociaux.
Les journaux numériques, pourtant, connaissent un évident succès. L’exemple type est celui de Médiapart qui compte 75 000 abonnés payants. Sans publicité, sans aide capitalistique externe, sans appartenir à un quelconque groupe de pression, le site dirigé par Edwy Plenel dégage une marge bénéficiaire. Cette dernière est la garantie de l’indépendance des journalistes, la plupart d’entre eux sont même devenus des spécialistes de l’investigation. Combien d’affaires sorties par Médiapart : Bettencourt, Tapie, Cahuzac, Sarkozy…Je soutiens avec empressement la pétition mise en ligne par Médiapart (1) pour que les journaux numériques bénéficient des mêmes avantages fiscaux que la presse papier. Il n’y a aucune raison pour que l’Etat applique une TVA à 19,6 %  à la presse numérique au lieu des 2,1 % de la presse papier. Le taux élevé mettrait évidemment en danger la presse numérique et donc un secteur en plein développement.
Il est d’autres raisons de la désaffection des Français à l’égard des journaux. Les journalistes appartiennent à une profession décrédibilisée. On ne fait plus confiance à une corporation accusée de connivence avec les politiques ou les milieux financiers. Il faut dire que nombre de groupes de presse sont la propriété de gens très intimement mêlés à la vie politique : Dassault, Lagardère, Tapie…comment attendre une information large et complète de la part de journalistes qui ne peuvent pas mordre la main qui les nourrit.
Les lecteurs de « L’Equipe » de cette veille de fête auront d’autres raisons de ne plus acheter leur quotidien sportif. Les 6,16 mètres de Renaud Lavilenie qu’il aurait passés à Pékin avec un record du monde du saut à la perche à la clé voilà bien un titre sensationnel ! Il faut pourtant mettre des lunettes pour comprendre que la légende, en petits caractères, annonce qu’il s’agit d’un conte de Noël ! Pour un éditeur, confondre la fête de Noël avec le 1er avril est une façon de se moquer des lecteurs et une manière de sombrer dans une information galvaudée. Et après on s’étonne que l’image des journaux se dégrade ! Que les dirigeants de L’Equipe continuent à crier au loup et ils verront leurs piles de journaux se réduire jour après jour. 
L’information est sans doute quelque chose de trop sérieux pour la laisser aux mains des seuls informateurs professionnels. Les animateurs de blogs, notamment, savent depuis longtemps que la communication a pris le pas sur l’info. Pour le meilleur souvent mais pour le pire parfois. 
(1) blogs.mediapart.fr/blog/la-redaction-de-mediapart/211213/plus-de-6000-personnes-ont-deja-signe-notre-appel-pour-legalite-fiscale

23 décembre 2013

L'humour de Nicolas Sarkozy : « s'il continue comme ça, Copé va finir comme Harlem Désir »


Nul ne peut se prévaloir de ses propres turpitudes. Et si je comprends les mots de regrets exprimés par François Hollande après la réaction des autorités algériennes, il n’en est pas moins léger d’avoir cédé à son penchant naturel. Pour autant, peut-on accepter sans ciller le tweet de Jean-François Copé, président comme-on-sait de l’UMP, bien accroché à son siège. Il considère que l’expression de François Hollande ne s’accorde pas avec sa fonction. Le président de l’UMP est dans son rôle d’opposant qui saute sur tout ce qui bouge. Je n’ai pas souvenir, pourtant, qu’il ait jugé inadéquate les diverses interventions de Nicolas Sarkozy quand il jeta au visage d’un homme refusant de lui serrer la main un « casse toi pôv con » dont la presse unanime fit ses choux gras.
Certes, ses mots ne mettaient pas en cause nos relations avec un pays étranger et ami. Certes, Nicolas Sarkozy manie l’humour, quand il le manie, comme un homme qui voudrait repasser sa chemise lui-même sans rien connaître du maniement de l’engin. Tout de même. Il existe un florilège des meilleures expressions de l’ancien président de la République, notamment à l’égard de ses amis. Dire de Copé, par exemple, qu’il finira comme Harlem Désir, premier secrétaire du PS, n’est aimable ni pour Copé, ni pour Désir. Disons que le mot touche son but en faisant coup double. Il discrédite l’un et l’autre.

Olivier Aubert est sorti de la Maison d’arrêt d’Evreux le 28 novembre dernier. Il y a passé près de cent jours après sa mise en examen pour viol et agression sexuelle ce qu'il nie. Une affaire sur laquelle je n’ai aucun commentaire à faire. La justice suit son cours…Olivier Aubert m’a intrigué puisqu’il a donné pouvoir, lors de la dernière réunion du conseil municipal de Louviers, à Pascal Labbé, membre de la majorité Martin, alors qu’Olivier Aubert avait été la tête de la liste UMP en 2008 et était ainsi devenu le chef de l’opposition de droite ?
Renseignement pris à bonne source (Olivier Aubert lui-même) cette étonnante décision est justifiée par le fait que plusieurs élus de gauche lui ont témoigné une certaine sympathie après son interpellation et son incarcération. Ce ne fut pas, semble-t-il, le cas de ceux qu’il croyait ses amis notamment au sein de l’UMP. Rappelons que le concept de présomption d’innocence joue pour Olivier Aubert comme pour tous ceux que la justice n’a pas définitivement condamnés.

L'ilôt Renault va bien changer. (photo JCH)
Le mois de janvier est le mois des vœux. A Louviers, il sera aussi le mois des inaugurations. Le maire président délégué de la CASE a prévu d’organiser les vœux des élus de l’agglomération dans les nouveaux locaux situés sur la place Thorel de notre ville. Le déménagement est prévu dans les semaines qui viennent. J’en connais qui feront là leur première et dernière visite es-qualité eu égard aux nouveaux textes régissant le mode d’élection et le nombre d’élus au sein du CA de la CASE.
En février, pendant les vacances scolaires, la piscine « Caseo-Bernard-Lefebvre » — un nom facile à retenir — essentiellement financée par l’agglomération sera ouverte au public. Les entreprises donnent le dernier coup de collier avant…les municipales. Il serait quand même dommage voire préjudiciable pour les élus sortants de ne pas pouvoir revendiquer ces équipements dans leur bilan.

22 décembre 2013

Quand l'humour de François Hollande froisse la presse algérienne


François Hollande est connu pour la qualité de son humour. Quand il était premier secrétaire du PS, nombre de ses adversaires et plusieurs de ses amis sont passés à la moulinette de ses formules redoutables et redoutées. Depuis qu’il a été élu président de la République, François Hollande est contraint de se retenir, d’être sur ses gardes, de mesurer ses propos. On sent bien qu’il doit faire des efforts.
Mais si vous chassez le naturel, il revient au galop et, hier, devant le CRIF, le Conseil représentatif des institutions juives de France, François Hollande, faisant allusion à Manuel Valls, ministre de l’Intérieur et à son voyage récent en Algérie en compagnie du Premier ministre n’a pas pu se retenir : « il nous est revenu sain et sauf et c’est bien là l’essentiel » a déclaré le président.
Ce qui n’était que de l’humour est devenu un scandale dont la presse algérienne fait des gorges chaudes. Elle attaque Hollande en exigeant des excuses publiques et en regrettant des propos pour le moins maladroits. L’humour, il est vrai, n’est jamais innocent. Qu’il procède par association d’idées, par hasard, par désir de plaire ou de flatter, par la volonté de se montrer brillant et drôle, l’humour exprime une vision de la vie, de l’histoire et du présent surtout quand on est président de la République.
Au fond, que voulait signifier François Hollande en déclarant que Manuel Valls était revenu sain et sauf ? Tout simplement qu’il fut un temps où l’Algérie n’avait rien d’une société sécurisée mais que les temps ont changé. C’est une hypothèse. Il a peut être voulu dire, aussi, que l’avion de Manuel Valls ne s’était pas crashé. Mais comme il s’adressait à un public particulier, composé de nos compatriotes juifs, j’ai tendance à penser qu’il faisait allusion à ce grand pays — notre ancienne colonie — dont les liens avec la France sont à la fois affectifs et exigeants. Dans ces conditions on pardonne moins aux amis leurs écarts et leurs…bouteflikades.

Le combat des femmes espagnoles pour le droit à l'interruption de grossesse redevient notre combat


Une interruption volontaire de grossesse doit se faire dans un cadre hospitalier sécurisé et accueillant. (photo JCH)
Rien n’est jamais acquis à l’homme…surtout à la femme. Le gouvernement espagnol et sa majorité parlementaire de droite — majorité absolue aux Cortès — sont sur le point de modifier la loi adoptée sous le gouvernement Zapatero et accordant aux femmes espagnoles le droit d’interrompre leur grossesse selon leur propre volonté et en vertu des textes encadrant l'IVG. Ne subsisteront dorénavant que des possibilités exceptionnelles en cas de viol ou de mise en danger de la santé des femmes. (1)

Recul fantastique
Il s’agit là d’un recul fantastique. Les Espagnoles croyaient à l’irréductibilité d’un progrès devenu un droit. Elles constatent que ce qu’une majorité a fait un jour, une autre peut le détruire. Et pourtant s’il est un domaine où le combat des femmes espagnoles a rejoint celui de centaines de milliers femmes de toute l’Europe (et ailleurs sur la planète) c’est bien celui de conquérir ce droit absolu : celui de maîtriser leur corps.
Ce recul est rendu possible par une majorité idéologique machiste et religieuse. L’Eglise d’Espagne, réactionnaire et rétive à tout progrès, demeure figée sur des principes et des visions du monde totalement dépassés. Face à la liberté de l’avortement, le mot essentiel est le mot liberté : le droit de disposer de son corps et de choisir d’avoir ou non un enfant.
Il ne s’agit pas de la liberté morale ou intellectuelle, il s’agit d’une liberté bien réelle, bien concrète car chacun sait qu’un avortement n’est pas un acte simple. Quiconque a approché ou approche des femmes désirant interrompre leur grossesse connaît leur détresse, leur culpabilité, leur angoisse. Si en plus, la société s’ingénie à les empêcher de dépasser ce geste salvateur, cette société va faire le malheur de plusieurs êtres : la femme, l’enfant et qui sait, le géniteur. C’est bien pourquoi la loi Veil en France a été accueillie comme une loi de progrès et comme une loi enfin favorable aux femmes. Elles auraient le droit et les moyens juridiques, médicaux, de choisir librement. Une société civilisée ne réduit pas le champ des libertés, elle l'accroît.

Désir et envie
Car vouloir et attendre un enfant ne peut être que le produit d’une alchimie mystérieuse faite de désir et d’envie. En 2013, il existe bien des façons d’éviter ce qu’on appelait pudiquement un accident : contraception, pilule du lendemain, préservatif…mais si les aléas de la vie en décident autrement, une société évoluée doit répondre à la détresse des femmes, une détresse maîtrisée, accompagnée, positivée.
Le choix des élus espagnols va entraîner de graves conséquences. Les femmes désirant avorter iront jusqu’au bout de leur volonté. Ou elles feront appel à des avorteurs clandestins avec toutes les fâcheuses conséquences sanitaires, soit elles iront à l’étranger comme on le faisait en France avant la loi Veil. Combien, avant la loi, de traversées vers Brighton et l’Angleterre ? Combien, dans le pire des cas, d’avortements clandestins aux conséquences dramatiques pour la santé des femmes.
Ce qui se passe sous nos yeux en Espagne et aussi aux Etats-Unis où des médecins tombent sous les balles des fanatiques anti-avortement pourrait très bien se reproduire un jour en France si une majorité extrémiste venait au pouvoir. Certains promettent déjà d’abolir le mariage pour tous, pourquoi les mêmes ne proposeraient-ils pas d’interdire l’interruption volontaire de grossesse, l’homosexualité…Il s’agit de la même famille de pensée. Des Boutin et consorts…toujours à l’affut, toujours actifs, toujours prêts à sévir, à imposer leurs normes et leurs préjugés.
Le combat des femmes espagnoles redevient notre combat. Ne fermons pas les yeux sur cette régression coupable de la droite ibère. 

(1) Il s'est trouvé un conservateur américain, candidat au Congrès, pour affirmer qu'une femme violée pouvait ne pas tomber enceinte si elle ne le voulait pas. « Elle a les moyens d'empêcher une grossesse dès la conception. » Il a été heureusement battu par les électeurs et je le souhaite par les électrices.