23 juillet 2011

David Koubi a une défense élastique et protéiforme

J'ai évoqué sur ce blog avec beaucoup de précautions l'affaire DSK. Il se trouve qu'Anne Mansouret, mère de Tristane Banon, est également conseillère générale d'Evreux, conseillère régionale et secrétaire de section du parti socialiste et que je la croise au conseil fédéral de l'Eure. Je me garderai bien de commenter les tribulations sexuelles d'Anne Mansouret avec DSK. Elle les a commentées elle-même lors d'une interview récente et nous a laissé une impression de malaise. Ce que je veux mettre en avant c'est plutôt le comportement de David Koubi, l'avocat de Tristane Banon.

Au fil des semaines et des révélations des unes et des autres, cet avocat parisien des stars a exprimé des points de vue évolutifs. D'abord, il n'était pas question de porter plainte puis cette plainte devenait urgentissime. D'abord, il n'était pas question de mêler « la tentative de viol » de DSK contre Tristane Banon au dossier américain de Nafissatou Diallo puis David Koubi s'est rendu aux Etats-Unis où il a rencontré Cyrus Vance junior, le procureur de New York, aux côtés de Me Thomson, l'avocat de celle qui se dit victime de viol de la part de DSK. Il n'exclut plus, aujourd'hui, la traversée de l'Atlantique par sa cliente si les procédures de droit sont respectées. Autrement dit, David Koubi exige que les parquets américain et français agissent de conserve…mais n'hésite pas à affirmer que le dossier de la femme de chambre guinéenne n'est pas vide ! Lui qui déclare refuser aux Américains (actuellement) ce que le dossier français contient de faits et de témoignages. Voilà des attitudes étranges qui méritent, avouons-le, des explications rationnelles.

A la question, pourquoi cette plainte maintenant, huit ans après les faits présumés, David Koubi demeure assez imprécis. Je suis tout à fait apte à comprendre que Tristane Banon ait vécu, si elle a effectivement été victime des actes qu'elle décrit, un vrai traumatisme à la fois physique et psychologique. Je peux également admettre que la pression maternelle de l'époque et le contexte politique aient joué un rôle non négligeable dans le silence de Mme Banon. Ce que je comprends mieux, en tout cas, c'est que nous entrons dans une campagne présidentielle au cours de laquelle, si j'en juge par ce que je lis ici et là, les boules puantes ne vont pas manquer. Le Figaro s'est jeté avec délectation dans la fange en titrant de manière tordue sur François Hollande « entendu » dans l'affaire Banon-DSK. Comme si François Hollande avait à voir quoi que ce soit dans cette affaire sinon de réaffirmer ce qu'il a toujours dit à savoir « si vous avez un problème, portez plainte et adresse-vous à la justice ».

Je comprends bien également que la Sarkozye compte sur le « lent poison » de l'affaire DSK pour tenter de discréditer le Parti socialiste et ses candidats. Le feuilleton Banon-Diallo avantage la droite. Plus les épisodes et les rebondissements sont nombreux, moins on parle de l'affaire Takiedine et du financement de la campagne électorale d'Edouard Balladur, moins on évoque le rapport de la Cour des comptes sur l'échec de la politique contre l'insécurité, moins on glose sur la guerre en Libye qui n'en finit pas de causer morts et blessés. Et surtout, moins on commente les mauvais chiffres du chômage et les mesures antisociales.

le social, un champ de ruines…

« La démission de Xavier Emmanuelli de la présidence du Samu social est la dernière en date des illustrations du cours actuel de la politique sociale et du paradoxe qui consiste à mettre en cause tous les éléments de la politique sociale au moment où leur existence aurait le plus de sens. Au contraire, au nom de la réduction des dépenses publiques, au nom de la nécessaire augmentation de la productivité ou du développement de la performance, les inégalités en période de crise galopent !
L'égalité d'accès aux soins de santé, plus particulièrement pour les plus démunis, n’est plus garantie, l’Aide médicale d’Etat, pourtant reconnue comme une nécessité de santé publique, est devenue encore plus difficile à obtenir, en particulier pour les étrangers malades.
Le fondement de la Sécurité sociale est chaque jour un peu plus grignoté par des mesures du type des franchises médicales, ou la révision toujours à la baisse de la liste des affections de longue durée.
La loi « Hôpital, patients, santé, territoires », et singulièrement son principe directeur, la tarification à l’activité, apparaît dès lors comme l'arme du démantèlement du service public hospitalier, la logique de rentabilité de l'entreprise et de la production de soins prenant toute la place par rapport à l'assurance de soins et à l’accompagnement des patients.
La réforme des retraites de 2010 va aggraver les situations issues d'un marché du travail profondément inégalitaire, alors que les modifications apportées à l’organisation de la médecine du travail visent à redonner aux entreprises la haute main sur les conditions de travail et à diminuer en conséquence les preuves visibles de la pénibilité, renvoyée aux fragilités de chacun.
Enfin, les subventions allouées aux associations qui accomplissent, faut-il le rappeler, une grande part du social que ne fait plus le service public, sont soit signifiées à des dates imbéciles en fin d'année pour l'exercice courant, soit en forte diminution, voire en extinction. C'est ce que vient de subir le Samu social. Bénéficier en urgence d’un toit, d’un abri, même provisoire, l’espace d’un soir ou d’une nuit, n'est pas considéré comme une action prioritaire. Ainsi Dalo (1) ou pas, le respect de la loi, quand il s'agit des plus démunis, n'est pas un principe politique à respecter.
Assurément, le vent de l’iniquité souffle sur les droits sociaux et emporte avec lui les principes fondamentaux qui sont ceux de la République. La Ligue des droits de l’Homme s’oppose vivement à cette politique où la finance déconstruit la protection sociale, où la rigueur budgétaire sème sur son passage injustice et inégalité et laisse la place à un vaste champ de désolation. Une telle situation ne laisse qu'un seul choix : celui du retour à la solidarité. »

(1) Droit au logement opposable
(communiqué de la Ligue des droits de l'homme)
         

22 juillet 2011

L'eau monte et l'inondation est proche

Il y a quelques jours, je publiais un communiqué de Démocratie et socialisme, un courant du PS animé par l'inspecteur du travail bien connu, Gérard Filoche. Il y décrivait admirablement ce qui est en train de se passer en Europe et dans la zone euro : plus que les banques (notamment françaises) très exposées en Grèce, ce sont les contribuables européens qui vont payer les pots cassés par la spéculation, les hedge funds et les créances par défaut. Le système financier est constitué de telle sorte que ce sont les marchés et non les Etats qui fixent les conditions de la restructuration de la dette grecque autrement dit, dans un système libéral exacerbé, les spéculateurs s'enrichissent et les salariés-contribuables trinquent. Les banques privées, dont on nous raconte qu'elles vont aider la Grèce, sont en fait très peu sollicitées et si elles contribuent aux prêts nécessaires, ce sera avec des sommes ridicules.

Et pourtant. Il fallait voir la mine satisfaite de Sarkozy, en direct sur les chaînes d'information, nous bourrer le mou avec ses grandes discours et ses belles formules destinées à nous enfumer. Le résultat des cogitations européennes sont conformes à l'esprit du traité de Lisbonne et font sauter tous les verrous de sécurité que préconisaient le fameux pacte de stabilité destiné à rassurer la partie allemande. Car, soyons en sûrs, les Allemands ne voudront pas payer pour les Grecs et enverront les autres demandeurs à se faire empapaouter chez qui ils veulent. Sarkozy a été clair mais impuissant : ce que nous faisons pour les Grecs, nous ne le ferons pour personne d'autre. Les Portugais, les Espagnols et les Italiens sont prévenus mais comme on connaît la valeur de la parole sarkozyenne, je leur suggère de ne pas trop s'en faire : tous les contribuables de la zone euro mettront la main à la poche sans qu'on leur demande leur avis mais sans doute après 2012 et l'élection présidentielle française.

Sarkozy veut gagner du temps. Il veut à tout prix éviter l'éclatement de la zone euro avant avril 2012 lorsque la France sera en plein campagne présidentielle. Mais on sent bien que l'eau monte et que l'inondation est proche. L'Europe libérale soutient la Grèce et Sarkozy comme la corde soutient le pendu.

21 juillet 2011

L'avenir de l'Euro : l'heure est grave


François Loncle, député de l'Eure et Vice-Président du Groupe socialiste chargé des questions internationales, déclare:
« Seule une entente franco-allemande est capable de sortir l'Union européenne du bourbier monétaire dans lequel elle se débat depuis un an. L'heure est grave. Nicolas Sarkozy et Angela Merkel doivent taire leurs divergences, cesser leurs chamailleries, abandonner des postures nationales. Il en va de l'intérêt supérieur de l'Europe. C'est à la chancelière allemande et au président français de proposer un plan sérieux et durable pour remédier à la crise de la dette grecque. Le temps n'est plus à un raccommodage provisoire qui ne fait qu'exacerber les tensions spéculatives et accroître la méfiance. Les deux dirigeants français et allemand doivent faire preuve d'audace, d'imagination et de volonté. Bruxelles et, notamment, le couple franco-allemand doivent mettre fin, une fois pour toutes, à la cacophonie pour aider plus efficacement la Grèce. »

20 juillet 2011

« Mon seul tort est d'avoir été transparent »

Dans une déclaration faite à une journaliste de La Dépêche de Louviers qui l'interrogeait sur l'écrêtement de ses indemnités au bénéfice de sa compagne Ghislaine Baudet, elle-même adjointe au maire de Louviers, Franck Martin a eu cette réponse historique : « mon seul tort est d'avoir été transparent. » Que je sache, la transparence, pour une homme politique, est une vertu et non un défaut ou un tort. D'ailleurs, cette transparence n'est pas une faveur accordée au public puisque la loi impose aux écrêtés de désigner les bénéficiaires des sommes qu'ils ne pourront pas toucher. C'est ainsi que le conseil municipal de notre ville a eu à examiner une délibération faisant de Ghislaine Baudet la bénéficiaire des 1425 euros de « trop perçu » par Franck Martin, délibération qui, comme chacun sait, suscita la réprobation des oppositions mais aussi l'abstention de certains membres de la majorité. Ce qui se passe après dans le couple est une affaire privée. On sait seulement que Franck Martin récupère une part de la somme, le solde permettant à sa compagne d'améliorer ses revenus compte tenu de sa «faible» retraite…

Dans la même interview, le maire de Louviers affirme que ses indemnités sont réinvesties en politique. Heureusement pour lui que ce n'est totalement le cas. Il s'appuie même sur un exemple caricatural en affirmant que la campagne des législatives de 2007 lui a coûté 40 000 euros ! C'est tout de même bien sa faute s'il n'a pu être remboursé par l'Etat de ses frais de campagne compte tenu du fait qu'il ne réussit pas à atteindre les 5 % de suffrages. Je sais bien qu'il voulait envoyer François Loncle au cimetière des éléphants du PS mais le fait est que les 4,7 % des voix obtenus par le candidat PRG furent pour ce dernier un enterrement électoral de première classe. Il a coutume de dire méchamment que « je suis mort politiquement »…(ce qui ne serait pas grave en soi) il se trouve que mon score des cantonales m'a permis de bénéficier du remboursement des sommes que j'avais engagées pour mener campagne soit plus de 10 000 euros. Il n'y aurait donc pas de quoi se plaindre.

La morale de l'histoire ? Le maire de Louviers est favorable au cumul des mandats et des indemnités. René Dosière, le député apparenté PS de l'Aisne qui veut moraliser la vie publique en luttant contre ce cumul a été rejoint par la majorité des militants du PS lesquels en ont fait une priorité pour les prochaines élections. Quand on sait l'attachement des élus à leurs mandats, on mesure la somme d'efforts qu'il faudra réaliser pour aboutir à cette évidence : moins les élus se dispersent, plus ils sont efficaces et disponibles.

Du scandale Murdoch à l'affaire DSK

L'affaire Murdoch est passionnante. Le vieil homme de presse interrogé par les députés britanniques, par des réponses courtes et lentes à venir, a adopté une stratégie bien connue : ni responsable ni coupable. Alors qu'il est au sommet de la pyramide décisionnelle (avec son fils James) R. Murdoch passe la patate chaude à la hiérarchie de son groupe et notamment Rebeka Brooks, directrice d'une partie de son empire en Grande-Bretagne. Lui est blanc comme neige. Et c'est absolument pitoyable.

Aucun député, conservateur ou travailliste, ne peut croire ce déni. Aucun député ne peut accepter cette fuite de responsabilité après des actes condamnables et qui vont sûrement l'être par la justice britannique et aussi, peut-être, par la justice américaine. Pendant des années des enquêteurs d'un genre particulier ont eu accès, grâce à des complicités policières, à des coordonnées personnelles de personnalités royales ou roturières, permettant à Murdoch de sortir des scoops et de mettre en cause la vie privée de milliers de gens. Je sais bien que si cette presse à scandales ne se vendait pas aussi bien, il serait inutile d'aller fouiller dans l'intimité des politiques, des chanteurs, des acteurs, des personnes suicidées ou tuées…on peut rêver en espérant que cette presse restera lettre morte mais quand on apprend que Paris Match a battu des records de vente avec les mariages princiers récents, il est vain de postuler sur cette « morale attitude ». Les frasques des célébrités passionnent le bon peuple.

En France, il en va ainsi avec les affaires Diallo-Banon du nom des deux femmes qui accusent DSK de viol ou de tentative de viol. Depuis quelques jours, c'est le grand déballage. Anne Mansouret, mère de Tristane Banon et conseillère régionale et générale PS de l'Eure, affirme dans un hebdomadaire que DSK est un soudard obscène (pour l'avoir expérimenté elle-même). L'avocat de Tristane Banon est aux Etats Unis pour rencontrer le procureur Cyrus Vance et l'avocat de Naffisatou Diallo contrairement aux engagements qu'il avait pris publiquement (« je ne me mêlerai pas du procès américain ! »). Ils sont bien peu nombreux, les amis de DSK qui souhaitent un report du calendrier de la primaire socialiste. Ces faits nouveaux ne vont-ils pas inciter le procureur américain à aller plus loin dans la recherche de preuves ?

Quant à François Hollande, il demande à être entendu rapidement par les policiers français. ce qu'il savait ? Qu'un incident avait eu lieu opposant Tristane Banon et DSK mais affirme-t-il, il n'en connaissait pas toute la dimension factuelle, dramatique et psychologique. Ce qu'il a conseillé à Anne Mansouret ? Que sa fille porte plainte. Ce qu'il dira aux policiers ? La même chose.

Il est bien évident que l'affaire DSK fait vendre. Sexe, pouvoir et argent, voilà un alliage favorable aux fantasmes. Le rôle d'une presse majeure serait d'expliquer ce qu'on sait, de relater témoignages et prises de position avec distance et sérieux. Le contraire de ce que pratique la presse de Murdoch.