12 novembre 2022

Hanouna n'a qu'un but : alimenter la machine à cash et à clash

Cyril Hanouna, animateur de touche pas à mon poste, n’est ni journaliste, ni agent de divertissement. C’est un histrion. Un méchant histrion-valet à 35 millions d’euros chargé de défendre les intérêts, les postures, l’idéologie de son maître qui a pour nom Bolloré. L’événement créé récemment par la diarrhée verbale d’Hanouna face à un député de la France insoumise est une caricature poussée à l’extrême (droite bien sûr) et destinée à répandre la « bonne » parole sur la base des théories les plus avilissantes pour ceux qui les proposent et ceux qui les défendent. 

Alors, les hommes et les femmes politiques, doivent-ils-elles fréquenter le mauvais garçon qu’est Hanouna ? Si on s’appelle Zemmour et si on doit son succès médiatique à Bolloré, la réponse est oui. Si on veut rester digne et ne pas alimenter la logorrhée d’Hanouna et ses équipes, il faut absolument s’abstenir de cautionner par une présence à ses côtés, les énormités, les insultes qu’il profère avec un unique but : faire le buzz et alimenter la machine à cash et à clash.

Le paysage audiovisuel français ne doit pas ressembler à Fox News, le canal TV américain qui a fait le succès de Trump. Il existe suffisamment de chaînes en France pour ne pas être obligé de s’avilir consciemment ou non, en côtoyant de près un personnage sinistre qui se complaît dans une fange où il veut entraîner certains de ses invités et les téléspectateurs.

11 novembre 2022

Une vraie provocation : Le Rassemblement national de l'AN veut présider un groupe d'étude contre l'antisémitisme !

Les groupes d’études de l’Assemblée nationale sont en train de se constituer. Ils s’intéressent à la chasse, à la corrida ou à …l’antisémitisme. Et l’on apprend que le Rassemblement national s’est mis en tête de tenter d'obtenir la présidence de ce dernier groupe. On croit rêver ou plutôt cauchemarder. Comment une majorité de député(e)s dignes de ce nom accepteraient-ils de confier au RN l’animation d’un groupe d’élus de la nation réunis pour étudier l’antisémitisme et appartenant à un parti dont le fondateur — Jean-Marie Le Pen — s’est illustré durant toute sa carrière par des mots et des attitudes que n’auraient pas rejeté(e)s le premier antisémite venu.

 

Il faut dire que la France et certains Français portent dans leurs bagages une histoire déplorable faisant des juifs, depuis des siècles, les boucs émissaires des malheurs nationaux. De l’affaire Dreyfus aux campagnes de haine contre Léon Blum, Jean Zay ou Pierre Mendès France, du statut des juifs de Pétain à la déportation qui causa la mort de tant d'hommes, de femmes et d'enfants, la vie politique française regorge d’actes, de discours, de livres, d’affiches, de tracts et de dessins antisémites dans un pays qui, après la monarchie, s’est pourtant construit sur la base des droits de l’homme et de l’égalité entre eux quels que soient leur couleur ou leur religion. D’ailleurs, l’Institut Mendès France auquel j’appartiens, organisera en 2023 une journée consacrée à la lutte contre l’antisémitisme puisque dans ce domaine, toutes les initiatives sont bonnes à prendre.

 

Mais que Marine Le Pen et les siens tentent de s’approprier la présidence d’un groupe d’étude sur l’antisémitisme relève, selon moi, de la pure provocation dont l’extrême droite française est coutumière. D’ailleurs, nombre de députés de gauche et du groupe Renaissance, se sont élevés contre cette manœuvre. La présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet a sagement décidé de différer l’attribution de la présidence du groupe d’étude qui, s’il n’a que peu de pouvoir réels, revêt quand même une charge symbolique très puissante. 

 

J’ose espérer que les députés, toutes appartenances confondues, vont s’opposer farouchement à cette demande du Rassemblement national dont l’un des députés s’est illustré récemment jusqu’à la caricature en invitant un député de la nation à « retourner en Afrique ». On a vu là le vrai visage de ceux qui, ce matin même, vont se rendre à Toulon pour vilipender les 254 migrants épuisés par plusieurs semaines en mer où, naufragés en Méditerranée, ils ont été récupérés par un navire de sauvetage.

7 novembre 2022

Nolwenn Léostic a rencontré un maraîcher dont la vie « n'est ni simple ni facile »


Nolwenn Léostic, conseillère municipale à Louviers, écrit :

Pour votre info, un retour sur ma rencontre avec B. qui m'a accueillie dans sa ferme mercredi de la semaine dernière. Depuis le COVID, notre autonomie alimentaire me préoccupe, elle me préoccupe surtout depuis que j'ai appris que nous pouvions nourrir les 100 000 habitants de notre agglomération pendant une semaine seulement avec nos productions locales, la plupart étant consacrées à l'exportation.

 

B. est maraîcher à 10 km de Louviers et il a accepté de répondre à la question suivante : comment les élus locaux peuvent-ils soutenir les maraîchers et les fermiers ? 

 

La réponse est la suivante : ce n'est ni simple ni facile. L'accès à la terre, mais surtout à une bonne terre cultivable, est compliqué. Un des terrains qu'il a racheté était une ancienne pépinière : « cela fait des années que j'alimente cette terre avec mon compost et je ne fais toujours pas pousser ce que je veux. Il faut du temps pour que la terre travaille pour nous.» Avec 7,6 hectares dont 1,6 sous serre, B. a déjà quatre salariés et bientôt cinq et il se fait malgré tout rattraper par les mauvaises herbes. 

«Je dépense 400 euros pour protéger mes haricots des acariens sans utiliser de produits chimiques au printemps/été. C'est pour cela que je ne peux pas vendre mes légumes aux cuisines centrales, parce que les prix d'achat sont trop bas. Et surtout, le prix d'achat, pour la moitié, c'est le coût du temps de récolte. C'est très dur physiquement, recruter est difficile.»

 

B. pratique la rotation des cultures : là où poussent ses choux, l'année suivante, ce seront des carottes et l'année d'après, du blé. « Ça permet de ne pas épuiser le sol et d'éviter les malformations des légumes qui finissent par attraper des maladies s'ils sont toujours dans le même sol. Et surtout, je cuisine ce que je cultive, il faut que ce soit bon, sinon je change de méthode !» B. rit quand je lui demande s'il a eu des aides financières. Il me répond qu'il a perçu celles accordée aux jeunes agriculteurs mais que le reste, c'est un prêt consenti par une banque.

 

La route sera longue pour retrouver notre autonomie alimentaire.