24 mai 2019

Clap de fin de campagne européenne à Louviers et Val-de-Reuil

Nicole Belloubet
La campagne européenne côté pile à Louviers
Une cinquantaine de personnes, prévenues en urgence de la visite de la Ministre de la Justice à Louviers jeudi soir, se sont retrouvées à l'Hôtel de ville avec François Loncle et Bruno Questel, député, FX Priollaud, maire, pour écouter les arguments ultimes susceptibles d'amplifier le vote en faveur de la liste « Renaissance » sur laquelle figure Anne Terlez (MODEM) adjointe au maire de Louviers. FX Priollaud en introduction de la réunion, a plaidé avec ardeur et flamme en faveur d’une Europe défendue avec passion et souligné combien la construction de l’union européenne était indispensable à la paix, à la lutte contre le réchauffement climatique et au progrès social.
Une salle studieuse.
Dans un registre moins explosif, la ministre de la justice, actuellement en proie à des critiques acerbes suite aux convocations de plusieurs journalistes d’investigation pour présomption d’atteinte au secret défense (1), a vanté les mérites d’une Europe de la sécurité qui ne soit pas seulement une Europe des marchandises et des flux de capitaux financiers. Elle considère notamment et même si cela déplait au Front national qu’il est vain de vouloir empêcher toute immigration alors que des millions de réfugiés climatiques, économiques, religieux, vont faire face à des bouleversements colossaux dans les années qui viennent. Elle a également regretté que l’Europe se soit montrée pusillanime laissant seule l’Italie face à des arrivées massives d’immigrés.

La campagne européenne côté face à Val-de-Reuil 
Boris Vallaud, MA Jamet et JL Destans.
En parfait contraste avec la réunion tenue dans la ville voisine, Val-de-Reuil a accueilli Boris Vallaud et Aurore Lalucq (Envie d'Europe avec Raphaël Gluksmann et le PS-RDG) dans une ambiance électrique. Il faut dire que Marc-Antoine Jamet ne lésine pas sur les moyens d'information et de communication pour diffuser la bonne parole. Le dancing de l'île du roi était plein de militant(e)s qui ont envie d'Europe, certes, mais aussi de revanche sur le mauvais sort qui s'acharne contre les socialistes depuis que François Hollande a renoncé à une nouvelle candidature aux présidentielles.

Les orateurs(trice) toujours métaphoriques, pleins d'humour et d'alacrité, n'ont pas ménagé leurs efforts pour vanter l'action passée de Jean-Louis Destans au conseil général de l'Eure, celle des élus socialistes et radicaux des villes passées à droite ou toujours dirigées à gauche (Les Andelys, Pont-de-l'Arche). Arnaud Hadrys, 23e de liste, avait pour devoir de canonner sur Emmanuel Macron et son gouvernement tout en espérant une bonne surprise au soir du 26 mai pour les sociaux démocrates européens. L'arrivée en tête, hier, de la liste travailliste aux Pays-Bas (contre l'avis des sondeurs) la baisse de la cote de Salvini en Italie laissent-elles présager un mini séisme après 18 heures dimanche ?
(1) La porte parole du gouvernement Sibeth Ndiaye affirme que les journalistes sont des justiciables comme les autres. Certes, mais il existe une loi sur la protection des sources qui fait de la profession de journaliste une profession à part. La liberté de la presse devrait être une préoccupation constante du gouvernement, quel qu'il soit.

22 mai 2019

Nicole Belloubet à Louviers ce jeudi 23 mai à 18 h 30


Dans le cadre de la campagne des élections européennes lesquelles ne semblent pas intéresser outre mesure les citoyen(ne)s, Bruno Questel, député LREM de Louviers accueillera ce jeudi 23 mai, Nicole Belloubet, ministre de la Justice et garde des Sceaux, à 18 h 30 dans la salle Pierre Mendès France de l’Hôtel de ville.
Les questions de justice et notamment de justice européenne n’ont pas été abordées au cours de cette campagne marquée par l’affrontement entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen. Cette dernière, gênée par la présence de Steve Bannon à Paris et par l’affaire Strache (en Autriche) dont elle vantait les mérites publiquement en 2018, fait face à une fin de campagne délicate. Il sera intéressant d’entendre Nicole Belloubet, non pas tant sur les « affaires » liées au rassemblement national, mais sur les lois proposées par le gouvernement et votées au Parlement au cours des derniers mois. Elle commentera la campagne électorale en cours en apportant son soutien à la liste « Renaissance » (LREM, MODEM, Agir…) qui, ne l'oublions pas comprend Anne Terlez, adjointe au maire de Louviers, en 51e position.
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Ma rencontre avec Ingrid Levavasseur : « je ne suis pas naïve mais ambitieuse »


 
©Photo Jean-Charles Houel
Elle écrit au Président de la République le 15 octobre 2018 pour lui exprimer ses difficultés de vie. C’est le moment qu’elle choisit pour dire son ras le bol ; d’une vie difficile, âpre, une vie sans vrai avenir. Elle ne reçoit aucune réponse. Elle avoue pourtant y avoir mis les formes et affirme notamment avoir respecté la fonction d’un président qui devrait présider pour tous les Français. Pour elle, pas de réponse égale incompréhension. Arrogance. Mépris.
Car c’est quoi cette vie ? Une femme seule, au chômage, mère de deux enfants de 13 ans (la fille) de 8 ans (le garçon) ex-aide soignante dans le secteur privé  après avoir fréquenté le secteur public à l’hôpital des Feugrais. Le tout forme une famille monoparentale. Ceux et celles qui se reconnaissent dans la définition connaissent bien l’angoisse du lendemain. Il y a, bien sûr, l’APL (90 euros (sur un loyer de 695 euros) il y a aussi les pensions alimentaires que verse régulièrement un mari « absent » mais pour des sommes forcément trop peu élevées.  Où va-t-on avec 100 euros par enfant et par mois ? Quand il faut se nourrir, s’habiller, se chauffer, assumer la survie d’une famille, l’indemnité de chômage ne suffit plus dont le montant si proche d’un SMIC complet net n’incite pas forcément à rechercher du travail ! Qu’attend-on ? Ingrid Levavasseur le déclare tout net : « Rien ou pas grand-chose. »

Je ne suis pas naïve mais ambitieuse
Alors à 32 ans, quand vous êtes consciente du monde dans lequel vous vivez, que vous avez suffisamment de qualités personnelles, une expérience (déjà) de la vie des autres et de l’éducation des siens, vous êtes disponible pour autre chose : « Je ne suis pas naïve mais ambitieuse. » Le ton, ferme, convaincant, laisse deviner des ressources intimes qu’elle-même découvre au fur et à mesure des aventures qui ne vont pas manquer de survenir.
Cette autre chose surgit le 17 novembre 2018. Souvenez-vous. C’était  le premier jour des rassemblements autour des ronds-points. Les gilets jaunes s’emparaient de l’actualité. Des noms circulaient : Drouet, Chalançon, Rodriguez…et Levavasseur. Une femme parmi tous ces hommes dont certains affichaient sexisme, machisme, homophobie, antisémitisme. « j’en avais entendu des vertes et des pas mures au péage d’Heudebouville. Je me sentais extérieure à cette protestation violente sous toutes ses formes. » Débutait un mouvement social de protestation qui n’en finit pas d’en finir. Chaque samedi depuis cette date, ils se sont retrouvés, toujours prêts à clamer que « cela ne peut plus durer. » Avec le temps tout s’en va, n’est-ce pas, et samedi après samedi, commerces vandalisés après banques incendiées, la protestation des gilets jaunes, longtemps majoritaire dans le pays, va s’étioler et laisser la place aux black blocks et au Front national. Comme il n’y a pas de place pour le vide politique, Marine Le Pen n’hésite d’ailleurs plus à lancer des appels précis à ces femmes et ces hommes désemparés à la recherche d’une dignité perdue. En quoi une Le Pen vulgaire serait-elle la solution aux problèmes du temps ? La peur de l’étranger n’est rien d’autre qu’un petit commerce prospère.

Le malaise était plus grand
Revenons à Ingrid. Elle entend parler des regroupements régionaux. Elle se décide en consultant les réseaux sociaux. Et aussi elle a en tête ces gilets jaunes que les gens affichent sur leur tableau de bord comme un signe de défi et de ralliement. Le 17 novembre, elle ira donc à Heudebouville au péage autoroutier de l’autoroute A13. « Le prix de l’essence était un prétexte. Le malaise était plus grand, plus général. Il parcourait toute la société »
Après ce premier samedi, elle décide de revenir tous les jours, d’informer les usagers, d’agréger une cause qui dépasse sa solitude et son quotidien. Au péage, on se parle, on échange, on s’informe. Même si des grandes gueules sexistes osent crier en plein jour leur haine des gouvernants et leur rancœur atrabilaire. Ingrid n’en a cure. Elle sait que le moment est important, sent que « c’est maintenant ou jamais. »
Il faudra la rencontre improbable entre cette jeune femme, si rousse, au joli minois, au discours construit et convaincant, avec un journaliste de l’émission C politique pour qu’elle surgisse sur les écrans un dimanche soir de grande écoute, et montre un visage de la révolte que les Français vont apprendre à connaître et à reconnaître.
Sur les plateaux télé où elle va dorénavant être invitée, Ingrid Levavasseur va s’accrocher avec Emmanuelle Wargon, ministre d’Emmanuel Macron. Elle va proposer de monter une liste au nom provocateur puisque RIC (référendum d’initiative citoyenne) veut aussi dire « rassemblement d’initiative citoyenne » une liste qui va faire long feu. Trop de contradictions internes, trop d’égos surdimensionnés, trop d’hommes pressés. Si elle continue de manifester, sa présence est de moins en moins souhaitée. Il faudra même le coup de main de quatre amis « gilets jaunes » pour l’exfiltrer d’une manif parisienne où on l’insulte, on la menace dans la veine des mails d’injures (« sale pute juive ! ») ou de promesses de coups et de blessures. « J’ai pleuré pendant plusieurs heures, je ne m’attendais pas à un tel déchainement, une telle violence. Mes enfants avaient peur pour moi. »
Quant à l’épisode Di Maio (venu en France soutenir Chalançon), elle en conserve un souvenir amusé et une forme d’écœurement. « Je ne me reconnais pas dans l’extrême droite. Mes valeurs sont à l’opposé de ce qu’elle propose. Je suis profondément écologiste, attentive aux autres, j’aime prendre soin de ceux et celles qui ont besoin d’aide, de soutien. » Aujourd’hui, Ingrid Levavasseur pointe à Pôle emploi. Sans travail, elle parvient tout de même à subsister grâce à une initiative qu’elle veut garder discrète en attendant d’en dire plus publiquement. Il fera beau cet automne. C’est tout ce que je saurai.

Passe ton bac d’abord
Ambitieuse dites-vous ? « Je n’ai pas pu devenir infirmière faute d’avoir passé le baccalauréat. Je vais me remettre aux études. Passer mon bac (littéraire) et puis, pourquoi pas, me lancer dans une voie que je sais difficile mais qui ne me fait pas peur. Pourquoi pas une classe préparatoire à l’entrée à l’école des Sciences politiques de Paris ? » Sa marque de fabrique : aller plus loin, plus haut. Elle a côtoyé pendant des semaines le bas et le haut, la base et le sommet. L’ambition politique s’est faite jour. D’où la création d’une association à portée nationale : « Eclosion démocratique », avec une adhésion gratuite sur Internet, l’élaboration d’un site puis d’un logo. La phase actuelle est une phase de structuration. Finis les projets sans lendemain. Les promesses abstraites. Finie aussi la candidature aux Européennes, Lalanne démontrant combien il est vain de se lancer dans le champ politique sans anticipation, sans préparation : « je vais voter aux Européennes mais les deux listes gilets jaunes en lice me paraissent ridicules. »
La rencontre d’Ingrid avec Etienne Chouard, un homme discuté, à l’origine d’un mouvement en faveur du RIC, si décisif lors du référendum de 2005, l’autorise à élargir sa vision des problèmes et de leurs solutions : « Notre association va créer des commissions de citoyens. Douze thèmes essentiels seront proposés. Je crois à la démocratie participative même si je sais qu’on ne peut pas se passer des élus. A eux de décider en toute connaissance de cause. »
Ce n’est pas donc pas par hasard qu’Ingrid Levavasseur veut quitter la ville de Pont-de-l’Arche dans l’Eure, où elle est domiciliée actuellement pour habiter à Louviers, ville centre d’une agglomération en plein boum. Louviers, la ville de Pierre Mendès France, du Comité d’action de Gauche. Cette ville où « l’autogestion » suscita une adhésion militante exceptionnelle dans les années quatre-vingt dont l’histoire nous a été racontée par Hélène Hatzfeld (1) et France Culture, en janvier dernier.

Les municipales peut-être ?
Pas d’Européennes mais des municipales peut-être ? Se présenter aux élections n’est pas difficile. S’appuyer sur un programme d’actions, un projet politique, une équipe soudée est autrement plus difficile. Il y faut de l’information (elle lit Le Monde tous les jours) une connaissance aiguisée de l’histoire locale et nationale, et aussi une empathie citoyenne. Il reste dix mois avant les municipales. Sera-ce suffisant pour qu’Ingrid Levavasseur intègre une liste à Louviers ? Personne n’ignore ses contacts avec de jeunes militants de gauche puisque c’est la famille où elle se sent le mieux. Prudente, sur ses gardes, elle ne souhaite pas brûler les étapes. Elle a encore en mémoire la proposition avortée de « chroniqueuse » sur BFM TV qui lui valut tant de noms d’oiseaux et de quolibets.

Racines positives pour les familles mono-parentales
Et que dire de cette propension à créer des associations. A côté d’« Eclosion démocratique », elle anime aussi « Racines positives » dont l’objectif est de venir en aide aux familles mono-parentales dont 85% est composée de femmes et d’enfants. La précarité et le provisoire, elle connaît ! Sa soif de savoir vient de là. Elle a compris combien une formation qualifiante était essentielle à la promotion individuelle. « Ce qui m’intéresse aujourd’hui, c’est la longue durée, le temps complet. Dans une voie que j’aurais choisie. ». Ses deux enfants seront, sans aucun doute, fière d’elle, après ces quelques mois d’agitation et d’incertitude. Derrière son sourire conquérant, naîtra forcément un destin exceptionnel. C’est tout le mal qu’on peut lui souhaiter.

(1) « La politique à la ville, inventions citoyennes à Louviers ». Hélène Hatzfeld. Presses universitaires de Rennes. 25 euros.
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20 mai 2019

Le 17 juin à l'Assemblée nationale Pierre Mendès France parle aux Français


Pierre Mendès France a toujours eu le souci de tisser, d’abord, et de maintenir, ensuite, le lien créé par l’homme politique et l’électeur. S’il était un fervent défenseur du scrutin d’arrondissement, comme on disait alors, c’est bien parce que ce système oblige l’élu à demeurer en contact permanent avec la base qui l’a choisi et aussi parce que le scrutin proportionnel fait une part trop belle aux partis c’est-à-dire aux appareils politiques et leurs apparatchiks. Jamais Pierre Mendès France n’a été inféodé à une ligne qui l’aurait mis en contradiction avec ses convictions.
Lorsqu’il devient Président du conseil en 1954, placé là par une majorité parlementaire pour régler le problème indochinois qu’il est le seul à pouvoir surmonter, Pierre Mendès France inaugure ce qui, pour l’époque, sera original et novateur : « Les causeries du samedi » à la radio. La télévision ne deviendra en effet média de masse que dans les années soixante. Il précise qu’un responsable de gouvernement se doit de justifier et d’expliquer sa politique puisqu’au fond, s’il est là où il est, c’est par la grâce du suffrage universel et qu’il a des comptes à rendre.
C’est peu dire que certains parlementaires ont mal vécu ce souci de démocratie participative avant l’heure. Ils furent un certain nombre à déplorer que le chef du gouvernement passe en quelque sorte, au-dessus des assemblées pour assumer ses choix, les commenter et évoquer les projets en cours. Dans l’esprit de Pierre Mendès France, il n’y avait aucunement la volonté de dessaisir le Parlement de ses prérogatives. Son but était simple : intéresser les Français(e)s à la vie publique, leur expliquer avec pédagogie les différentes politiques conduites dans tous les domaines de l’action : l’économie, la science, les relations internationales, les institutions, la culture, sans oublier le progrès social au cœur de la politique mendésiste. Le mot progrès est un mot que PMF utilisait souvent. Il alliait progrès technique et scientifique, progrès démocratique, le tout au service de l’intérêt général. 

Le 17 juin prochain, l’Institut Pierre Mendès France, en collaboration avec la Fondation Jean Jaurès, l’INA et les Archives nationales, organise une journée consacrée à « Mendès France parle aux Français. » Toutes les personnes intéressées par la vie politique et plus particulièrement par l’action de l’ancien maire de Louviers ont la possibilité de s’inscrire à cette journée. Richard Ferrand, le président de l’Assemblée nationale, à la demande de Bruno Questel, député de Louviers, a accepté de mettre à disposition de l’Institut Mendès France la salle Victor Hugo qui peut accueillir plusieurs dizaines de personnes.
Je publie ci-contre le programme de cette journée. On remarquera que l’action locale de Pierre Mendès France n’est pas négligée. Des intervenant(e)s de qualité aborderont les principaux chapitres d’une courte histoire que la mémoire nationale ne cesse de cultiver. Avec raison car les temps expriment la rareté du politique « possible », surtout à gauche.
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