19 juin 2010

Quelques réflexions au débotté

Certains me reprochent de ne pas évoquer suffisamment les situations locales. Il est vrai que, depuis quelques semaines, l'impression domine d'une certaine apathie de la part des exécutifs locaux. Plusieurs amis m'ont interrogé sur mon absence de réaction à la farce consistant à fêter le 200e anniversaire de la visite de Napoléon à Louviers. Ceux qui ont vu le maire dans son costume d'époque en rient encore. A-t-on jamais vu un si grotesque accoutrement ? Il fallait oser se promener dans les rues de la ville ainsi déguisé. Que faut-il le plus apprécier : le refus du ridicule du maire ou sa naïveté feinte. Les gogos se régaleront.

les travaux de voirie vont perturber la circulation routière pendant plusieurs mois à Louviers. C'est l'occasion pour la CASE et pour l'adjoint à la voirie (candidat aux cantonales pour le PRG) d'occuper le pavé. Nous aurions mauvaise grâce à nous plaindre des difficultés de circulation dans le centre ville alors que la majorité des Lovériens souhaitent une amélioration des routes et des rues. Pourtant, fallait-il rendre concomitants la fermeture de la rue du Gril, celle d'une portion du boulevard Jules Ferrey, ouvrir le cœur de la rue du Chatel…

L'appel d'offres à la maîtrise d'œuvre du centre nautique de Louviers (payé par la CASE) a été rendu public : Les principales caractéristiques du complexe sont les suivantes: Éléments intérieurs: — un bassin sportif de 510 m², — un bassin d’apprentissage de 150 m², — un bassin ludique de 120 m², — un bassin petite enfance de 80 m², — une aire de jeux secs de 50 m², — des gradins pour 100 personnes, — un toboggan avec une arrivée aqua freinée, — l’ensemble des locaux d’accueil, de vestiaires et sanitaires, infirmerie, bureau et local MNS, les locaux techniques, —— activités connexes: — Un plateau fitness / cardio-training de 200 m² (SU), — Un espace bien-être de 118 m² (SU), — Vestiaires, sanitaires, les locaux techniques et d’entretien liés à l’espace, — une chaudière bois (200 m²) séparée du bâtiment principal (centre aquatique). Élements extérieurs: — un jardin zen thématisé lié à l’espace bien être (200 m²), — espace de jeux d’eau (60 m²), — l’ensemble des autres aménagements des abords extérieurs: parkings, voie d’accès, solariums, parvis… (env 10 000 m²). En options: — un bassin sportif extérieur 75 0m² avec sas aquatique d’accès et couverture iso thermique, — un pentagliss extérieur 4 pistes. L’ensemble des bassins mettront en oeuvre un complexe d’inox revêtu. En cas d’acceptation par la maîtrise d’ouvrage du bassin extérieur, le bassin sportif intérieur sera ramené de 510 m² à 375 m² de surface. Enveloppe prévisionnelle des travaux: 15 280 000 EUR (HT). (hors options) et 16 510 000 EUR (HT). (options incluses).
Vous avez bien lu, le centre nautique coûtera 18 millions d'euros à la CASE. Quant la gestion et aux frais de fonctionnement, on ignore encore comment les charges seront réparties.

Un éditorial du Monde compare la situation de l'équipe de France de football et ses piètres résultats à celle et ceux du gouvernement de notre république. En gros l'analyse du journaliste est la suivante : morosité, tristesse, jeu individuel…
le tout au détriment d'un collectif uni, solidaire, combatif. Je ne suis pas un spécialiste du football. Comme de nombreux Français, j'ai regardé plusieurs matches de la coupe du monde. J'ai été frappé par la similitude du jeu français et du jeu anglais : des joueurs fourbus, hors de forme, des joueurs narcissiques, des joueurs isolés, esseulés, solitaires. Des joueurs perdus. Sans oublier la grossièreté de certains avant-centres pourtant minables.

Très belle vente chez Me Cousin, commissaire priseur aux Andelys dimanche 20 juin 2010 à 14 h30 à l'Etude, 15 rue Sadi Carnot Tel: 02 32 54 22 69. Visite Samedi de 15 à 18heures et Dimanche de 10h30 à 12 heures. Vente aux enchères des oeuvres illustrant le premier livre rétrospectif du mouvement du verre contemporain en France de 1971 à 1991. Beaucoup de ces oeuvres sont publiées dans les catalogues ou les documents de l'époque et maintenant référentes du "Studio Glass Movement" et de l'histoire des artistes importants de ce mouvement.

18 juin 2010

Val-de-Reuil, nouveau comptoir des Indes

De façon exceptionnelle, Val-de-Reuil accueillera lundi 21 juin une importante délégation indienne. Le but de la visite de cette trentaine de décideurs de haut rang, anciens ministres, préfets, élus venus de grandes métropoles indiennes (Delhi, Ahmedabad, Raipur…)? Etudier, à l’invitation de Marc-Antoine Jamet, après d’autres immersions sur le terrain en région parisienne (Clichy-Montfermeil, Garges-Lès-Gonesse), une expérience de renouvellement urbain que l’ANRU leur a décrit comme une réussite et mieux en comprendre les enjeux, les méthodes, les objectifs.

Grâce à son passé de ville nouvelle, parce qu’elle fut parmi les premiers dossiers sélectionnés par l’ORU en 2001 et l’ANRU en 2004, avec 95% de ses opérations lancées et 60% de son programme achevé, déjà tournée vers ce qu’on appelle l’ANRU de nouvelle génération ou le PNRU 2 (Programme National de Rénovation Urbaine) qui devrait débuter en 2012, Val-de-Reuil fait figure de modèle en matière de réhabilitation des logements, de revalorisation de l’ensemble urbain, d’amélioration du cadre de vie. Volonté urbanistique, capacité à résorber les désordres sociaux, retour à la tranquillité publique, gestion urbaine de proximité, priorité à l’école, modification des espaces publics, désenclavement, intégration forte des obligations du développement durable, appel à des architectes de renom, le dossier de la cité contemporaine intègre toutes les facettes de la politique de la Ville. C’est ce que les spécialistes indiens étudieront pour le retranscrire dans le Maharastra ou le Karnataka.

Comment ces défis ont-ils été relevés ? Comment cette dynamique urbaine a-elle été menée ? Quels sont les enjeux à venir ? Ce sont ces questions qu’est venue explorer la délégation menée par l’ancien Secrétaire au Ministère du logement et de l’urbanisme, accompagnés des préfets de Mumbai (Bombay), porte de l’Inde, mégalopole et territoire administratif qui compte plusieurs dizaines de millions d’habitants, et de Chandigarh, ville qui « possède » une dimension corbuséenne en partage avec Val-de-Reuil, ainsi que de nombreux autres représentants d’administrations, des aménageurs, des opérateurs et des architectes urbanistes du sous continent regroupés dans la Jawaharlal Nehru Urban Renewal Mission.

Co-organisée avec le Centre Euroindia et Ludovic Jonard, Administrateur et Président d’ « Architecture & Développement », la journée se déroulera autour de trois temps forts : le matin, la Ville et les projets en cours seront présentés. Suivra une visite sur le terrain pour découvrir comment a été menée à terme la réhabilitation près de 3 500 logements (67% de l’habitat de la Ville). Enfin, une session d’échanges entre la délégation indienne et différents intervenants de la Ville, comme les architectes Pascal Victor, Philippe Vignaud, Manuel Guislain, ou le promoteur Bernard Roth, clôturera la session. Cette visite dont l'objectif principal est de susciter des liens professionnels entre acteurs urbains indiens et européens, constituera la première pierre d’une future collaboration rolivalo-indienne.

17 juin 2010

Ce gouvernement est injuste et irresponsable : Martine Aubry a bien raison

Injuste et irresponsable ! Le jugement de Martine Aubry sur la proposition gouvernementale de modifier les règles sur la retraite est implacable. Ce sont les salariés les plus modestes, ceux qui accomplissent les tâches les plus pénibles et qui ont débuté leur carrière professionnelle le plus tôt qui vont raquer. Les hauts revenus et les revenus du capital se voient symboliquement mis à contribution mais dans des proportions bien moins importantes. Voilà le grand œuvre de la droite au pouvoir : régression sociale, atteinte aux droits acquis après des décennies de lutte, larges atteintes au pouvoir d'achat et au niveau de vie des Français dits moyens ou pauvres.

Cette réforme tombe mal pour le gouvernement. Elle tombe au moment même où on apprend que M. Christian Blanc fume pour 12 000 euros de cigares (sur le compte de l'Etat) par an ! Où on apprend que des ministres cumulent leur paye de ministre (14 000 euros nets) avec leur retraite de parlementaire (6000 euros nets). Où on apprend que M. Joyandet est suspecté d'avoir contourné les règles d'urbanisme pour sa maison de Grimaud. Où on apprend que Mme Bettencourt alimente les comptes de campagnes des candidats UMP…voire plus. Où on apprend que Christine Boutin, sous la pression, est contrainte de renoncer à une paye de 9 500 euros mensuels pour une mission pour laquelle elle a embauché des salariés membres du Parti chrétien démocrate qu'elle préside.

Ces gens-là, comme dirait Jacques Brel, sont pour les efforts, pour la rigueur et l'austérité. Mais chez les autres. Le président n'a pas oublié d'augmenter son salaire de 150 % quelques temps après son arrivée à l'Elysée, de faire croître le budget de la grande maison et de multiplier par 10 le nombre de conseillers ! idem pour la paie des ministres ! Augmentée dans de sensibles proportions !

Les Français doivent en revenir de la rupture et du travailler plus ! Ils doivent bien être conscients du j'menfoutisme gouvernemental à l'égard de leur situation. Ces gens-là sont injustes et irresponsables. Martine Aubry a bien raison.

16 juin 2010

Affaire Bettencourt : l'Elysée s'en serait mêlé

Liliane Bettencourt est à la tête d'une fortune colossale qui se chiffre en dizaines de millions d'euros. Elle est âgée de 87 ans. Sa fille assure qu'elle n'a plus toute sa tête et qu'il est facile d'abuser sa vigilance. Comme par hasard, Mme Meyers (la fille de Mme Bettencourt) vient de remettre à la police et donc à la justice des bandes enregistrées démontrant qu'il existe des interventions politiques plus que troublantes.

Je passe sur le procédé qui relève de l'enquête policière et de la moralité. Mais les faits demeurent et il apparait que Nicolas Sarkozy suit cette affaire de très près et que le conseiller justice de l'Elysée s'en est approché d'encore plus près. L'objectif de Mme Meyers est de démontrer que, comme elle le soutient, sa mère est en position de faiblesse et qu'il est possible de lui faire prendre des décisions financières graves mettant en jeu sa fortune. Comme déplacer des fonds résidents en Suisse pour les transférer à Singapour par exemple. Là où le fisc français ne risque pas d'enquêter…

Depuis qu'il est élu président de la République, Nicolas Sarkozy a la réputation d'être four et au moulin. Avec le temps, des affaires sortent et des enquêtes avancent malgré l'omniprésence du pouvoir et son extrême vigilance. L'attentat de Karachi ? Les policiers luxembourgeois évoquent le nom de l'ancien bras droit d'Edouard Balladur. la fortune de Mme Bettencourt ? Les conseillers de Sarkozy sont à la manœuvre.

15 juin 2010

Pour se grandir, tous les moyens se valent-ils ?

Les conséquences de l'affaire Boutin ne sont pas négligeables. Le premier ministre, François Fillon, vient d'interdire à ses ministres de cumuler leur paye de membre du gouvernement et leur retraite de parlementaire. Eric Woerth a demandé aux présidents du Sénat et de l'Assemblée nationale de revoir les règles qui permettent aux députés et sénateurs de toucher leur pleine retraite après avoir cotisé « double » pendant le premier et le second mandat. Et les présidents semblent d'accord.

A dire vrai, toutes ces mesures relèvent du symbole. Car dans la mer des déficits et de la dette, les rentrées ainsi dégagées ne représenteront qu'une goutte d'eau. Qu'importe, il pouvait sembler incongru que ces éminences gouvernementales ne soient pas logées à l'aune de la rigueur alors qu'on demande aux Français de faire bien des efforts en matière de retraite ou de taxes.

Il aura donc fallu un article du Canard enchaîné pour entraîner une réaction en…chaîne. Depuis une semaine, alors qu'on va apprendre à quelle sauce le gouvernement va manger les cotisants au régime de retraite par répartition, on ne parlait que de l'affaire Boutin, bouc-émissaire bien pratique. Elle avait d'ailleurs prévu, lors d'une intervention sur France 2, le scénario actuellement en cours : « je ne vais pas toucher les 9 500 euros auxquels j'ai droit mais d'autres que moi vont se trouver dans une situation bien embarrassante. »

Puisque je parle de situation bien embarrassante, je relève avec ironie la visite de deux émissaires de l'Elysée venus rendre visite à des salariés d'une entreprise du sud de la France. A cette occasion, ils auraient (ce que dément le préfet du coin) trié les salariés qui auront droit de figurer sur la prochaine photo avec le président Sarkozy. Comme par hasard, le critère de choix s'est fait sur la taille (pas plus d'1,70 m) ce qui fait gloser à tout va.

Notre président ne supporte pas d'être petit. Du moins à ses yeux. Voilà un complexe non résolu qui devrait faire la joie des psys de ce pays. Mais tous les moyens pour se grandir se valent-ils ?

14 juin 2010

« La honte de ce malheureux pays »


« Nous étions désarmés puisque nous étions honnêtes. Cette presse que nous voulions digne et fière, elle est aujourd’hui la honte de ce malheureux pays ». Ainsi s’exprimait en 1947 Albert Camus au lendemain du rachat à 50% de Combat par l’homme d’affaires Henri Smadja. Que dirait-il aujourd’hui ? Dans l’ouvrage « Les Jours heureux, le programme du CNR » dont nous avons déjà parlé ici même, François Ruffin, journaliste consacre un chapitre complet à la presse auquel nous empruntons les principaux éléments de cet article.

Le Conseil national de la Résistance voulait « une presse libre, indépendante à l’égard de l’État, des puissances de l’argent et des influences étrangères ». Les ordonnances de 1944 sur la presse y pourvurent. Mais déjà à l’époque, on omit d’en publier les décrets d’application. Et les puissances d’argent eurent tôt fait d’y reprendre pied.

La constitution du groupe de presse Hersant fut le scandale des années soixante dix. Robert Hersant, collaborateur notoire, pourtant condamné en 1947 à « dix ans d’indignité nationale » pour « avoir apporté de l’aide à l’Allemagne », parvint, en dépit des protestations, à racheter titre après titre les principaux quotidiens nationaux puis la plus grande partie de la presse régionale.

Dans les cent dix propositions du candidat Mitterrand figurait l’application des ordonnances de 1944. A-t-il vraiment souhaité mettre un terme à l’hégémonie de Robert Hersant, lui si peu enclin à reparler « de ces années où les Français ne s’aimaient pas » ? C’est qu’il lui aurait aussi fallu, pour faire bonne mesure, également démanteler le groupe Hachette dont Lagardère était le principal actionnaire. (1)

Toujours est-il que de petites lâchetés en renoncements successifs, les pouvoirs politiques qui se sont succédé ont conduit à la situation présente Le point d’orgue en fut le 6 mai 2007 la fameuse soirée où Nicolas Sarkozy invitait au Fouquet’s pour les remercier ses principaux soutiens et bailleurs de fonds de sa campagne. Bernard Arnault (LVMH) bientôt propriétaire des Échos, le principal journal économique, Martin Bouygues, patron de TF1 et de LCI, Vincent Bolloré, propriétaire de Direct 8, Direct soir, Direct matin, Havas, et de douze licences pour des télévisions régionales, Albert Frère qui préside le conseil de surveillance de M6 et l’ineffable Serge Dassault, propriétaire du Figaro. Seul absent pour que le panorama soit complet, son « frère » Arnaud Lagardère, propriétaire d’Europe 1, du Journal du dimanche, de Paris-Match, de La Provence et de Nice-Matin, etc…

Ne manquait alors à Nicolas Sarkozy pour maîtriser l’information dans son ensemble que de régler le sort des chaînes publiques de télévision. Ce qui qu’il a fait en s’arrogeant le pouvoir de nommer le président de France Télévisions, achevant ainsi la besogne de destruction du programme du CNR. C’est pourquoi on ne s’étonnera pas outre-mesure de le voir convoquer le patron du Monde, Éric Fottorino, afin de lui indiquer le bon choix qu’il lui faudra faire pour livrer définitivement son journal aux mains des puissances d’argent.

Reynald Harlaut - Parti de Gauche


(1) Le gouvernement Mauroy a bien tenté de faire adopter par le Parlement une loi contre la concentration de la presse mais le Conseil constitutionnel l'a déclarée contraire à la constitution.

13 juin 2010

Véolia en eaux troubles

Le Canard enchaîné – toujours lui – publie cette semaine un article très complet sur les grandes manœuvres qui viennent d’opposer les principales multinationales de l’eau dans le cadre du renouvellement du contrat d’affermage de la distribution en Île-de-France. Un contrat fabuleux pour un marché de 3,7 milliards d’euros que vient de remporter Veolia, concessionnaire sans discontinuité sous ses successives dénominations (C.G.E. puis Vivendi) depuis bientôt un siècle. Dans ce même article, un encadré dont nous reproduisons ci-dessous le texte, aborde la question de la tarification de l’eau.

« La baisse de quelques centimes du mètre cube que devrait négocier le Syndicat des eaux d’Île-de-France (Sedif) fait pâle figure à côté de la décrue des factures d’eau constatée un peu partout. Il y a quelques années, l’agglomération nantaise avait négocié une diminution de 30 % pour la moitié des communes. En 2008, le grand Lyon a décroché un rabais de 16 %, Biarritz de 18 %, et Saint-Étienne de 23 %. Toulouse vient d’obtenir de Veolia une remise de 25 % sur la distribution, ce qui se traduira par une réduction des factures de 12,5 %. Et Montbéliard, où le député PS Pierre Moscovici vient de décider une « remunicipalisation » de l’eau, espère une baisse de 10 %.

À l’origine de cette évolution, l’épluchage serré des contrats par des élus et des usagers mieux informés que naguère. Et l’arrivée d’un nouveau « régisseur » (public ou privé) dans un contexte de compétition : une demi-douzaine d’opérateurs (dont un allemand) se livrent une guerre des prix allant jusqu’au dumping.

Justement, le contrat aquatique de nombreuses villes arrive bientôt à échéance. C’est le cas de l’assainissement marseillais et bordelais (2012), de la distribution de l’eau à Brest (2012), Marseille (2013), Versailles (2014) et dans les communautés urbaines de Lille (2015) et Lyon (2016). Des marchés pour la plupart détenus par le duo Véolia-GDF Suez. Mais ces grands de l’eau savent encore protéger leur territoire, comme le montre l’exemple du Sedif… »

Quand le président de l’Agglomération Seine-Eure vole au secours de Véolia comme il l’a fait il y a quelques mois en déclarant que sa marge bénéficiaire annuelle dans le cadre du contrat de distribution d’eau qui la lie à la CASE serait comprise entre 2 et 3% du chiffre d’affaires, il prend les habitants de l’Agglomération pour des buses. D’abord parce qu’aucun actionnaire ne saurait aujourd’hui se satisfaire d’un si faible rendement. Ensuite parce que si c’était vraiment le cas, on voit mal en effet comment Véolia, dans le cadre de contrats similaires, pourrait consentir une remise de 25% sur la distribution de l’eau à Toulouse sans se mettre en difficulté.

L’acharnement que met Franck Martin à prendre fait et cause pour Veolia qui truste sur l’Agglomération les marchés de l’eau et de l’assainissement, du ramassage des ordures ménagères et des transports, paraît de plus en plus troublant. Cette attitude qui nie les évidences, remet en cause le principe selon lequel l’intérêt général doit passer avant les intérêts privés, fussent-ils ceux de grands groupes adossés au pouvoir. Il nous appartiendra d’en connaître les raisons profondes et de le faire savoir le moment venu à la population.

Sarkozy fait pression sur le directeur du journal Le Monde

Après que j'ai vanté l'indépendance et l'esprit libre des journalistes du Canard enchaîné, je ne peux passer sous silence l'intervention de Nicolas Sarkozy dans la recapitalisation du groupe Le Monde. On apprend avec effroi que le directeur du Monde, Eric Fottorino, a été « convoqué » à l'Elysée pour entendre les doléances du Président de la République quant à la personnalité des financiers appelés à sauver le groupe du dépôt de bilan.

Nicolas Sarkozy, c'est de notoriété publique, est ami de Dassault, Lagardère, Bouygues, Bolloré, Minc, etc. tous propriétaires ou tireurs de ficelles dans la presse écrite et télévisée. Le président nomme directement le président du groupe des chaînes publiques ! Et Patrick de Carolis, qui n'a pas démérité, sait qu'il est assis sur un siège éjectable !

Sarkozy n'a pas fait venir M. Fottorino à l'Elysée pour lui parler de la pluie et du beau temps. Il l'a menacé de lui couper les vivres de l'Etat qui subventionne la presse d'information en difficulté financière depuis de longues années si le trio Pigasse-Bergé-Niel (de Gauche…) était choisi pour renforcer l'indépendance du groupe le Monde. C'est inconvenant, anti-démocratique, absolument ahurissant. Les journalistes de la SDR (société des rédacteurs) du journal ont protesté et comme leur vote sera décisif dans le choix final, je parierais gros pour que les désirs du président de la République chef de l'UMP ne deviennent pas des ordres.

On apprend incidemment que le président du groupe Orange dont l'Etat est actionnaire à hauteur de 26 % (comme par hasard) s'intéresse au groupe le Monde et que Claude Perdriel, PDG du Nouvel observateur se verrait bien dans une alliance…un peu téléphonée. J'ose espérer que les journalistes du Monde et leur président vont conserver leur calme, leur lucidité et leur liberté de choix.

Le journal Le Monde, à tort parfois, à raison souvent, est considéré comme un journal important dans le paysage de la presse écrite française. On ne peut nier son rôle ni dans le débat politique ni dans l'analyse globale des événements de France et du monde. Que Sarkozy ait le culot de mander Eric Fottorino pour lui faire la leçon devrait susciter bien des questions de la part de la représentation nationale. Je vais inviter François Loncle à interpeller le gouvernement sur un fait qui est loin d'être anodin.

La concentration de la presse écrite dans les mains de quelques groupes ainsi que les interventions du pouvoir politique actuel sont dangereuses. Elles se font au mépris du pluralisme mais également au mépris du sens critique des citoyens. Ils ont droit à une presse indépendante, libre et, s'il le faut un jour, libérée.