15 octobre 2020

Vendre le Manoir de Bigards au privé est une preuve de facilité

En réponse à la lettre ouverte que 160 Lovériens et Lovériennes dont plusieurs élu(e)s ont adressée à Stéphane Bern, invitant le féru d’histoire et de protection du patrimoine à intervenir pour « sauver » le Manoir de Bigards d’une aliénation au secteur privé, François-Xavier Priollaud a réagi dans La Dépêche de ce jour. Il précise, et en cela nous sommes déjà satisfaits, que le jardin ne sera pas bétonné et qu’aucun parking ne sera implanté en lieu et place de cet espace vert ! Cela n’autorise pour autant pas le maire à affirmer que notre propos est « mensonger » dans la mesure où la phrase construite au conditionnel évoquait une crainte et non une affirmation. Il reste que sur l’aspect principal de cette lettre — sa privatisation — le maire n’apporte aucune nouvelle assurance quant au devenir du site qu’il a donc bien l’intention de vendre au secteur privé. Le problème n’est d’ailleurs pas dans la nature du projet lui-même (un hôtel de luxe !) mais dans le fait que cette municipalité a une certaine inclination à vendre les bijoux de famille. Par sa situation et son histoire, le Manoir de Bigards est un « joyau » très bien situé en centre-ville et en bordure de rivière. On peut comprendre qu’un promoteur privé s’intéresse au Manoir et parvienne à justifier sa proposition. Le maire et sa majorité devraient, eux aussi, imaginer un équipement d’intérêt collectif (ou demander à des « experts » de réfléchir) pour protéger ce site abandonné depuis plusieurs années. Là se situe le choix : politique autant qu’économique. Vendre au privé est une preuve de facilité. Par ailleurs, il faudra à la municipalité faire acte de transparence pour que les citoyens puissent juger sur pièce de l’option qui sera finalement retenue.
légende : Du temps de l'expression libre

14 octobre 2020

160 Citoyen(ne)s et élu(e)s adressent une lettre ouverte à Stéphane Bern pour conserver le Manoir de Bigards dans le patrimoine public…

Des Lovériens et des Lovériennes (mais pas seulement) adressent une lettre ouverte à Stéphane Bern à l’occasion de sa venue à Louviers où il jouera sa pièce demain 15 octobre « Vous n’aurez pas le dernier mot ». Les signataires espèrent obtenir son soutien au maintien dans le domaine public du Manoir de Bigards (sis rue du Quai) que l’actuelle municipalité de Louviers veut vendre au secteur privé. J’ai accepté de signer cet appel dans la mesure où la défense du patrimoine devrait être une priorité pour tout élu en charge des biens collectifs. Quand ils concourent à la bonne image d’une ville à vocation touristique, notamment, ces équipements doivent être protégés, restaurés, promus. Stéphane Bern, grand défenseur du patrimoine devrait être sensible à cet appel.
« Monsieur, nous profitons de l'occasion de votre présence à Louviers le 15 octobre, pour attirer votre attention sur la cause de la défense du patrimoine qui vous tient à cœur comme à beaucoup de Français. Les Lovériens sont particulièrement attachés à un bâtiment qui, depuis plus de 400 ans, est le reflet de l'histoire de leur ville autant qu'un lieu de partage : le manoir de Bigards, avec ses façades à pan de bois, ses vitraux, sa grande porte sculptée et son jardin traversé par trois bras de l'Eure. Ce manoir a été construit entre la fin du XVIe siècle et le début du XVIIe siècle, pour la famille de Bigards, seigneurs du fief de Louviers. Parmi ces derniers, Louis de Bigards est connu pour s'être opposé aux anglais et avoir tenté de délivrer Jeanne d’Arc, prisonnière à Rouen. Racheté au XIXe siècle par des bourgeois drapiers, il fut alors transformé en usine de textile. Après être passé aux mains de particuliers, l'édifice est acquis, en juillet 1967, par la ville sous la période autogestionnaire d'Ernest Martin. Pendant trente ans, le manoir de Bigards a été un espace de projets, de rencontres et d'expression libre pour les habitants, notamment pour les jeunes, avec des cours de dessin, de sculpture, de travaux manuels et de musique. La première radio libre locale a été émise depuis ce lieu, qui a aussi accueilli un des premiers laboratoires de langue de France. La création du jardin, ouvert au public, a fait l’objet d’un concours organisé en 1999 avec le Conservatoire des jardins de Chaumont-sur-Loire, référence internationale en matière d’art paysager du XXème siècle. Traversé par la rivière, ce jardin est un formidable outil de valorisation touristique pour la commune. Identifié en tant que « référence » du genre, il a été primé et fait régulièrement l’objet de visites organisées par des professionnels, des associations ou des passionnés. Aujourd'hui, ce patrimoine exceptionnel est en péril. Après l'avoir abandonné pendant de nombreuses années, le maire de Louviers a annoncé sa volonté de céder le manoir de Bigards pour en faire un hôtel trois étoiles et un restaurant. Le jardin, actuellement public, serait bétonné et pourrait être transformé en parking. Ce projet ne porte pas seulement atteinte à l'Histoire de la ville et à son identité; il prive aussi les Lovériens d'un lieu ouvert, chaleureux, commun. Connaissant votre très grand engagement en faveur de la sauvegarde de notre patrimoine, c’est au nom de tous les Lovériens inquiets pour le devenir de leur héritage commun que nous sollicitons votre intervention pour protéger le manoir de Bigards. Dans l'attente de votre retour, nous vous prions de croire, Monsieur, en l'expression de nos sentiments les meilleurs. » Ont signé cette lettre : Carmen Alcaraz-Clément, Lovérienne, Sabine Anquetin-Ranger, ancienne directrice du service petit enfance de Louviers, Olivier Aubert, ancien conseiller municipal de Louviers, Jeannine Aveline, retraitée, Laurent Avenel, enseignant, Nathalie Bellevin, professeure, Jean-Philippe Bellevin, régisseur général, Marie-Thérèse Bellevin, retraitée, militante associative, Tom Bénard, artiste peintre, musicien, Gilles Bethon, retraité, Bernard Bidaux, accompagnateur, Thomas Blanchard, militant associatif, Pauline Blasquez, ancienne conseillère municipale, Alain Blondel, enseignant, Anthony Bobo, Lovérien, Catherine Bonnein, infirmière anesthesiste retraitée, Patrick Bouget, militant associatif, gilet jaune, Nicolas Boulanger, pompier professionnel, Sandrine Boulanger, enseignante, Clément Bresciani, président d'association, Maurice Brossaud, retraité, Philippe Brun, conseiller municipal de Louviers, Marie-Annick Bruneau, retraitée, Yves Buffetaut, éditeur, Delphine Caillière-Harlé, assistante maternelle, Natacha Cailly, auxiliaire de vie à domicile, Julie Cayeux, comédienne, François Charmot, journaliste retraité, Philippe Charpiot, retraité, Claudine Charpiot, retraitée, Michel Chevallier, intermittent du spectacle, Norbert Clément, professeur des écoles, Leslie Cléret, ancienne conseillère générale du canton de Louviers, Magali Collard, conseillère municipale de Louviers, Christian Collet, Lovérien, Marie-Claude Cousseau, retraitée SNCF, Axel Daché, electrotechnicien, ancien adjoint au maire, Dominique d'Almeida, retraité, Marie-Andrée d'Almeida, retraitée, Renée Dandeville, retraitée, Philippe Danois, ingénieur, Béatrice Dauvergne, agent de bibliothèque, Yohann Delarue, technicien hospitalier, Kim Deshayes, consultante, Nicole Duflo, retraitée de l'éducation nationale, Claude Duflo, retraité du BTP, Marine Dugord, conseillère municipale de Louviers, Claudine Duteuil, retraitée du secteur mutualiste, Nicole Fauvel, retraitée de l'enseignement public, Fatima Foughali, auxiliaire de vie scolaire, Corinne Fournier, adjoint technique, Alexis Fraisse, conseiller municipal de Louviers, Bruno Gallier, retraité, ancien directeur de l'école des Acacias et d'Anatole France, Véronique Georget, Lovérienne, Serge Gouget, agriculteur, Anne-Josy Guérard, psychologue libérale, Océane Guyomard, Lovérienne, Sofiane Hamici, informaticien, Patrick Harlé, retraité, Océane Harlé, étudiante, Pascal Hébert, ancien conseiller municipal, François Hebrard, directeur de la photographie retraité, Cindy Herrault, chargée fournisseurs, Nadège Hoffmann, ancienne conseillère municipale, Jean-Charles Houel, ancien journaliste à la Dépêche de Louviers, Lisa Houel, professeure des écoles, Patricia Houel-Deschamps, ancienne directrice de service culturel, Jonatan Houssin, responsable de magasin, Steven Houssin, intérimaire, Véronique Houssin, Lovérienne en recherche d'emploi, François Houssin, préparateur de commande, Pauline Jeanne, architecte, Véronique Jeanne-Tellier, retraitée, ancienne conseillère municipale, Daniel Jouanne, retraité de l’éducation nationale, Bertrand Jové, vendeur, Virginie Lambany, assistante maternelle, Valérie Lambert, Lovérienne, Nathan Landrieu, vendeur, Yann Langlois, enseignant, Lola Langlois, infirmière, Audrey Lanvin, artiste peintre, Priscilla Laporte, conseillère emploi, Jean-Yves Le Patezour, consultant en informatique, Gaëlle Lebaillif, conseillère emploi, Isabelle Lebrasseur, assistante de direction, Anita Lebrasseur, retraitée, Alain Lebrasseur, retraité, Sylvie Lecuyer, aesh, Jean-Michel Lekston, programmeur, Jean-Pierre Lemius, retraité, Isabelle Lenormand, professeur agrégée de l'université, Nolwenn Leostic, encadrante d'une ressourcerie, Anne Lesaulnier, conseillère emploi, Chloé Lesaulnier, attachée de recrutement, Marc Lesueur, vendeur, Philippe Letellier, cariste, Geneviève Letellier, assistante maternelle, Ingrid Levavasseur, conseillère municipale de Louviers, Fanny Levillain, étudiante, Manon Levillain, chargée de communication, Michael Loomis, artiste, Sandrine Manso de San Juan, assistante maternelle, Etienne Martin, Lovérien, Pierre Martin, Lovérien, Franck Martin, ancien maire de Louviers, Ghislaine Martin-Baudet, ancienne conseillère municipale, Marine Masure, vendeuse, Anne Maugé, retraitée, Martine Mention, retraitée de l'enseignement, Caroline Messe, vendeuse, Arnaud Monnier, automaticien, Nicole More, retraitée de l'éducation nationale, Frédéric Moy, professeur au lycée des Fontenelles, Michel Natier, conservateur honoraire du patrimoine, architecte, ancien directeur du musée de Louviers, Capucine Natier, militante associative, Augustin Natier, professeur de guitare, Liliane Netillard, Lovérienne, Colette Noé, Lovérienne, Diego Ortega, conseiller municipal de Louviers, Sophie Ozanne, Lovérienne, Corine Peignien, enseignante, Marie-Laure Pelletier, enseignante, Marie-Cécile Picard, enseignante, Mylene Pierlot, infirmière, Pierre Pillou, Lovérien, Anita Pilon, commerçante, Annick Portier, professeur retraitée, Guy Portier, formateur retraité, Chantal Pottier, Lovérienne, Joël Pottier, Lovérien, Marcelle Pouligny, retraitée, Etienne Prevost, agent hospitalier, Yves Ranger, retraité, entrepreneur couverture, Julie Raux, commerçante, Aurélie Rebours, conseillère ASH, Mickaël Rebours, soudeur, Samuelle Rocher, enseignante, François Saillot, Lovérien, Sonia Salles, webmaster, Estelle Sanchez, enseignante, Laetitia Sanchez, conseillère régionale, maire de Saint-Pierre-du Vauvray, Arnaud Savreux, ingénieur, Patrick Senecal, retraité de l'action culturelle, Maud Sow, opticienne, Mikael Sow, Lovérien, Olivier Taconet, ancien directeur territorial à la ville de Louviers, Nicolas Testart, technicien, Catherine Thiry, Lovérienne, Sylvain Thomas, ancien ouvrier, Annie Valin, gérante de société, Yves Valin, inspecteur de l'Education nationale, Paul Valin, Lovérien, Jacky Vallée, cadre social, Nathalie Van Hoorne, praticienne bien-être, Guillaume Vandevoorde, restaurateur de meubles et d'objets d'art, Claire-Lyse Verchotte, retraitée, Daphnée Vovard, assistante contrôleuse qualité, Lola Warin, étudiante.

12 octobre 2020

Audrey Pulvar propose « la gratuité » des transports en région parisienne

Je viens de lire l’entretien accordé par Audrey Pulvar au Journal du Dimanche. L’ancienne journaliste qui a fait les beaux jours de certaines chaines télévisées en est revenue et elle a décidé, en accord avec la maire de Paris, Anne Hidalgo, de se mettre sur les rangs pour devenir tête de liste aux futures élections régionales. En soi rien de bien extraordinaire. Mme Pulvar peut jouer de sa notoriété, de sa diversité, et de ses talents dont elle ne manque pas. Face à elle, elle trouvera une redoutable candidate, présidente sortante du conseil régional d’Ile-de-France, en la personne de Valérie Pécresse.
Ce qui a retenu mon attention, c’est sa volonté affichée publiquement de rendre les transports collectifs gratuits ou plutôt en accès libre puisque rien n’est gratuit et qu’il faut bien que quelqu’un paie le service rendu. Audrey Pulvar tient un raisonnement économique éloquent. Comme les recettes tirées de la billetterie ne représentent qu’un quart des recettes globales (taxe transport, subventions etc.) et que les sommes engagées pour les obtenir égalent (à la louche) le montant des dépenses, Audrey Pulvar, comme d’autres responsables de collectivités l’ont expérimenté avec succès avant elle, propose de permettre à tout un chacun d’utiliser sans bourse déliée train, métro, bus, RER… La droite va pousser des cris d’orfraie ! « Comment ! Des transports gratuits mais c’est honteux ! Il faut bien, pour se sentir responsable, apporter son écot, même symbolique. » Cette rengaine, on la connaît. A Louviers, jadis, le débat a fait rage quand l’accès à la piscine, au laboratoire de langues, au musée, à la bibliothèque, aux ateliers d’expression libre etc., était payé par l’impôt… dont on sait que localement, il touche plus les familles aisées que les autres. Une forme de ruissellement si chère à certains. Audrey Pulvar, en cherchant à rassembler les socialistes, les radicaux de gauche, les communistes et, pourquoi pas, les écologistes, a trouvé là un cheval de bataille passionnant. Rendre les transports « libres » en région parisienne aura certainement un effet multiplicateur puisqu’il n’y aura plus, si elle est élue et si majorité adopte sa proposition, ni contrôles ni amendes. Les forces de sécurité pourront réellement s’acquitter de leur tâche : la protection des biens et des personnes.